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00:00 [Musique]
00:29 Bonjour à tous, merci d'être avec nous ce matin.
00:32 On a tous une part d'ombre, vous comme moi,
00:37 comme la personne qui va venir sur ce plateau dans quelques instants.
00:40 Une part d'ombre qu'elle révèle par un livre.
00:44 Ce livre, c'est une exposition, mais c'est aussi peut-être une consolation.
00:49 Et c'est le titre de ce livre, "La consolation".
00:52 C'est Flavie Flamand qui est avec nous sur le plateau.
00:54 T'es au café pour la première fois. Bonjour Flavie.
00:56 - Bonjour Catherine, merci de me recevoir.
00:58 - Merci à vous d'être là.
00:59 C'est vrai que c'est un récit poignant que le vôtre,
01:03 ce livre, chez Jean-Claude Lattès, "La consolation".
01:07 On ne s'attendait pas à ça.
01:09 On pensait que vous étiez une femme heureuse, épanouie, lumineuse,
01:14 comme vous l'avez toujours été durant toutes ces années sur TF1.
01:18 Aujourd'hui, on vous entend chaque après-midi sur RTL.
01:22 C'est un livre qui suscite de nombreuses réactions de la part de ceux, d'ailleurs, que vous accusez.
01:27 Est-ce que vous vous sentez dépassée aujourd'hui par cette forme de spirale ?
01:33 - Non. D'abord parce que je m'y attendais à cette spirale.
01:36 Je m'attendais précisément à certaines des réactions qui ont accompagné cet ouvrage.
01:41 Je ne m'attendais pas à cet engouement aussi et à cette chaleur qu'a suscité ce récit.
01:47 Et je ne me sens pas du tout happée.
01:50 Au contraire, je me sens portée par cette aventure parce que "La consolation", c'est mon histoire,
01:54 mais c'est aussi l'histoire de beaucoup de femmes aujourd'hui en France.
01:58 Beaucoup de femmes qui ont mon âge, qui sont aux alentours de la quarantaine,
02:02 sont en train de se dire "Mais ça fait des années et des années que je suis en train de taire quelque chose".
02:06 Et ce silence-là est parfaitement insupportable. C'est une torture que l'on s'inflige.
02:11 Et je ne suis pas seule aujourd'hui. Je ne suis pas seule parce que je sais que je partage ce chagrin
02:16 avec beaucoup d'autres femmes et surtout c'est un combat.
02:19 Cet ouvrage, c'est avant tout le début d'un chemin, qui est le chemin d'une bataille pour faire tomber la prescription.
02:26 Donc non, je ne me sens pas dépassée, je me sens portée par tout ce qui se passe.
02:30 Mais Flavie, comment vous avez réussi à transformer la réalité durant toutes ces années ?
02:35 Parce que je pense que j'ai été élevée comme ça.
02:37 Parce que je pense que cette petite fille poupette qu'on peut voir sur la couverture de ce livre
02:42 était une petite fille qui déjà, comme beaucoup d'autres, masquait,
02:47 qui déjà était ce qu'on appelle en psychiatrie, en dissociation.
02:50 C'est-à-dire que je savais ce qu'était de faire bonne figure.
02:54 Et j'étais une vraie graine d'animatrice pour ça, pour faire bonne figure.
02:59 Par élégance aussi ?
03:00 Oui, par élégance, parce qu'à un moment donné, il faut aussi pouvoir en parler quand les choses sont déjà digérées.
03:08 C'est-à-dire que moi, j'ai dû faire corps avec mon histoire.
03:10 J'ai dû réveiller cette petite fille qui pleurait au fond de moi.
03:13 Et aujourd'hui, je suis en paix, donc je peux en parler librement.
03:16 Vous avez grandi en Normandie. Qu'est-ce que faisiez vos parents ?
03:20 Mon père travaillait à la SNCF et ma mère ne travaillait pas.
03:26 Un père, vous diriez quoi ? Introverti ? Une mère, à l'inverse ?
03:32 Un papa assez introverti, je pense chargé d'une histoire pénible, douloureuse,
03:39 assez silencieux et qui voulait avoir la paix. Parce qu'il ne l'avait pas eue, je pense, avant.
03:47 Un climat familial assez tendu ?
03:49 Oui, un climat familial tendu. Vous savez, on ne sait jamais ce qui se passe derrière les volets clos des maisons.
03:54 Ça se traduisait comment ?
03:56 Ça se traduisait par des atmosphères de tension permanente,
04:02 par des dîners qui n'étaient pas forcément des dîners de rigolade.
04:09 Vous savez, les enfants apprennent parfois un peu à raser les murs.
04:12 Vous étiez trois. Vous étiez l'aînée ?
04:16 Oui.
04:17 Avec deux frères.
04:18 Votre mère vous a très vite infligée des régimes drastiques, des régimes alimentaires.
04:23 C'était une obsession chez elle, votre poids ?
04:26 Parmi toutes les obsessions qui ont été les siennes, oui, bien sûr, il y a eu celle-ci.
04:30 Mais je pense que j'étais un objet d'obsession.
04:33 Un objet d'obsession, c'est aussi une petite fille que l'on façonne,
04:37 alors qu'elle-même est dans une phase d'adolescence où elle est en train de sortir d'elle,
04:42 de se découvrir, de marcher avec un pas pas toujours assuré, d'ailleurs, sur le chemin de l'existence.
04:48 Et quand son corps commence à changer, je pense que je suis devenue l'objet, tout à coup, de certaines obsessions,
04:56 et notamment, effectivement, l'obsession du poids.
04:58 À 14 ans, Flavie, vous gagnez un concours, le concours de Hockey Magazine.
05:03 À qui ça a fait le plus plaisir, à vous ou à votre mère ?
05:06 Disons que moi, à 13-14 ans, je trouve ça assez marrant de faire ce genre de choses,
05:09 parce que je vis dans une petite ville de province,
05:12 et que tout à coup, ça peut être une expérience unique dans la vie de vous dire,
05:16 "Tiens, quand je serai plus vieille, je pourrai dire à mes petits-enfants,
05:19 'Tu sais que ta grand-mère est une vieille miss'".
05:22 Mais je ne voyais pas plus loin.
05:24 C'est-à-dire que pour moi, c'était une expérience comme certaines gamines pouvaient en rêver.
05:28 Je ne pensais pas qu'à un moment donné, elle allait m'amener à d'autres choses,
05:30 ouvrir d'autres portes qui nourriraient, effectivement, une obsession maternelle.
05:34 Qu'est-ce qui vous arrive, Flavie, à 16 ans ?
05:37 Qu'est-ce qui m'arrive à 16 ans ?
05:41 - Beaucoup de choses. - Les week-ends.
05:43 Ah, les week-ends.
05:45 Alors ça, c'est pareil.
05:48 Il faut lire l'ensemble de l'ouvrage pour comprendre, en fait, le mécanisme d'emprise
05:53 dans lequel je me suis retrouvée.
05:55 À 16 ans, je vais passer des week-ends chez un homme plus âgé que moi pour...
06:03 - Veuf. - Veuf.
06:05 Mais pour donner le sourire à ma mère.
06:07 Parce que je sais que cette histoire l'a rend heureuse.
06:13 Et finalement, je m'exécute.
06:19 Mais tout ça n'est pas clairement énoncé, tout ça n'est pas clairement dit.
06:25 En acceptant des relations sexuelles avec cet homme.
06:28 Oui, en acceptant de vivre une histoire. Je ne pourrais pas dire ça comme ça.
06:32 En acceptant de vivre une histoire.
06:34 C'est différent de ce qui m'est arrivé auparavant. Vraiment.
06:38 J'accepte de vivre une histoire dont je sais qu'elle va rendre ma mère heureuse.
06:46 Et qu'elle va encore une fois combler son ennui.
06:49 - Donc elle vivait par procuration. - Oui.
06:52 La suite de votre itinéraire racontée ce matin par Laurence Boulet.
06:57 Impossible d'ouvrir un journal sans tomber sur Flavie Flamand.
07:01 La consolation, son dernier livre autobiographique, bouleverse les médias et le public.
07:05 Et casse son image de belle animatrice un peu lisse.
07:09 En apparence, tout lui réussit.
07:11 Elle commence comme Miss Météo sur Canal+, puis elle passe sur M6, avant de s'installer sur TF1.
07:16 Avec Exclusif, c'est le début de la notoriété.
07:19 Bonsoir à toutes et à tous. J'espère que vous avez passé une bonne journée.
07:22 Bienvenue sur cette nouvelle édition d'Exclusif.
07:24 Puis elle s'attaque au Prime Time.
07:27 Nous sommes ravies de vous retrouver en direct dans le Lafayette pour cette nouvelle édition de Star à domicile.
07:32 Elle s'impose vite comme l'une des animatrices incontournables de la chaîne.
07:36 Je suis ravie d'être accueillie dans Vie ma vie.
07:38 Je suis ravie de venir.
07:39 Elle a une carrière fulgurante. En 9 ans, elle présente plus de 20 formats d'émissions.
07:43 Côté vie privée, c'est aussi le temps du glamour.
07:45 Elle se marie avec un animateur particulièrement populaire, Benjamin Castaldi, et fait les beaux jours de la presse people.
07:51 Une vie parfaite sur papier glacé qu'elle en voit pourtant valsée.
07:54 Elle divorce puis quitte TF1 dans la foulée.
07:57 Adieu les paillettes, c'est à la radio, à l'ombre d'un micro, qu'elle décide de s'installer.
08:00 On est fait pour s'entendre.
08:01 Venez, venez, installez-vous autour de la table de nos conversations.
08:05 Elle en profite pour écrire un roman et un livre pour enfants.
08:08 Aujourd'hui, Flavie Flamand va encore plus loin et nous fait découvrir l'autre côté du miroir.
08:13 Depuis que le vernis a craqué, c'est une toute autre vérité qu'elle a choisi de dévoiler ce matin sur le plateau de thé ou café.
08:20 Humainement, Flavie, est-ce que vous avez connu beaucoup de désillusions dans ce métier ?
08:27 Dans ce métier, oui, certaines.
08:29 Certaines.
08:30 Mais j'en ai connue dans la vie en règle générale, vous voyez.
08:32 Des gens qui vous ont déçues ?
08:33 Oui, des gens qui m'ont déçue, des gens qui m'ont blessée, trahie, bien sûr.
08:37 Mais j'en ai connu dans ce métier, j'en ai connu bien avant aussi dans mon existence.
08:41 Donc pour moi, la trahison, c'est malheureusement partie de la vie.
08:46 Alors après, j'ai compris il y a quelques années que je pouvais aussi m'extraire de ce genre de schéma.
08:53 Mais ça n'a pas été très évident.
08:54 J'ai d'abord pris des coups et puis ensuite, je n'ai pas spécialement eu envie de les rendre.
08:58 Mais j'ai compris que d'autres pouvaient être dans la bienveillance.
09:02 Vous avez un jour révélé votre salaire lorsque vous étiez à TF1, qui était un très très beau salaire.
09:07 Vous aviez un contrat absolument mûrifique, 400 000 euros par an.
09:12 Oui, ça devait être ça.
09:13 Même quand vous ne travailliez pas.
09:17 Oui, mais ça c'est une autre période de la télévision.
09:21 C'était la période où, et d'ailleurs j'étais parfaitement consciente de ça,
09:24 c'était une période où l'argent coulait à flot et les animateurs étaient des animateurs en exclusivité.
09:30 Donc vous apparteniez quelque part aux diffuseurs en étant payés, même lorsque vous ne travailliez pas.
09:35 Est-ce que vous considériez à l'époque que cet argent était mérité ?
09:38 Quelque part oui.
09:40 Parce que quand on avait le succès qu'on avait dans les émissions qu'on présentait,
09:46 et par exemple Star à domicile, pour parler concrètement, qui faisait jusqu'à 48-52% de parts de marché,
09:51 on rapportait aussi...
09:52 Ça, c'est plus possible aujourd'hui.
09:53 Ça, ça n'existe plus.
09:54 Mais on rapportait aussi beaucoup d'argent aux diffuseurs.
09:58 Donc à un moment donné, je ne suis pas contre les footballeurs qui...
10:00 Vous savez, on dit souvent que les footballeurs sont trop payés et tout.
10:03 Oui, enfin en même temps, ils rapportent beaucoup.
10:05 Donc moi j'ai beaucoup rapporté.
10:06 En revanche, non.
10:07 Je pense quand même que là où j'en ai souffert, c'est que je me suis sentie finalement prisonnière.
10:12 C'est-à-dire que vous payez cher le fait d'être bien payé en exclusivité,
10:16 puisque vous ne vous appartenez plus.
10:18 Et c'était aussi toute cette histoire personnelle qui se répétait d'un point de vue professionnel pour moi.
10:22 Est-ce que les plateaux de télé, la vie vous manque ?
10:24 Non, mais je suis bien chez vous.
10:26 Non, ça ne me manque pas.
10:28 La télévision ne me manque pas pour ce qu'elle est, basiquement.
10:33 Avoir mon visage dans un petit écran ne me manque pas.
10:37 La notoriété telle que je l'avais ne me manque pas.
10:40 J'ai envie aujourd'hui d'être reconnue pour ce que je fais et ce que je suis profondément.
10:45 Vous étiez en recherche de crédibilité ?
10:47 J'ai été obligée à un moment donné d'être en recherche de crédibilité
10:50 parce que je me suis rendue compte que l'image que l'on façonnait pour moi,
10:53 à un prix mirobolan certes, mais que l'on façonnait,
10:56 cette image-là ne correspondait pas du tout à ce que j'étais.
10:59 Donc aujourd'hui, j'ai parfois le sentiment de devoir expliquer que,
11:02 oui, j'écris et que La Consolation, c'est mon troisième livre.
11:05 Oui, je présente une émission quotidienne sur laquelle j'ai fait un travail de journaliste.
11:09 Tout ça est très difficile, parfois, dans l'esprit de certaines personnes, à comprendre.
11:14 Alors que j'ai toujours été ce que je suis aujourd'hui.
11:16 On a passé un moment avec vous sur RTL.
11:19 On vous a suivie, vous y êtes toutes les après-midi.
11:23 Vous dialoguez avec les auditeurs et entouré d'experts.
11:27 C'est Laurence Boullée ainsi que Loïc Baffier qui vous ont accompagnés.
11:32 Ah ben, vous êtes là, vous !
11:40 Salut, accompagnés !
11:42 Félicie, qui est notre stagiaire.
11:45 Céline, qui est notre programmatrice.
11:47 Alexandra, qui est notre productrice, sous vos applaudissements.
11:50 C'est une volonté d'avoir que des collaboratrices.
11:53 Moi, j'ai envie de bosser dans des conditions sympas.
11:56 Alors après, une histoire de sexe, d'origine, de religion, de machin, on s'en fout complètement.
11:59 Il n'est pas un jour où je suis venue avec la boule au ventre.
12:04 C'est la période la plus enchantée de ma longue carrière.
12:09 J'écris toujours mes bonjours parce que je trouve que les mots ont un poids.
12:13 Il se passe quelque chose d'absolument incroyable pour moi en ce moment
12:16 et j'ai vraiment un soutien indéfectible de ceux qui m'écoutent.
12:19 Donc j'avais envie vraiment de leur écrire quelque chose.
12:21 Je ne vais pas l'improviser.
12:23 C'est sincère, mais c'est écrit.
12:25 C'est comme si vous écriviez un petit mot, une petite lettre à quelqu'un.
12:27 Vous pouvez me donner mes fiches qui viennent de sortir, s'il vous plaît ?
12:30 C'est très gentil.
12:34 On va descendre, si tu veux.
12:37 Alors, ne jamais prendre l'ascenseur quand on va prendre l'antenne.
12:41 Parce que si l'ascenseur tombe en panne, l'antenne est en danger.
12:44 En général, là, il y a la musique, on est à RTL2.
12:46 Donc en général, on fait un petit pas de danse.
12:48 Voilà, et après on redescend.
12:52 Là, ça dit "Bonjour tout le monde".
12:56 Je n'ai pas l'air, mais je me concentre.
12:58 Aujourd'hui, avec vous, on va se faire du bien.
13:03 On va regonfler ce petit égo tour à plat plat qui manque de punch.
13:07 Je suis nulle, ordinaire, je suis moche, j'y arriverai jamais.
13:10 Les autres sont meilleurs que moi, on peut le dire.
13:13 Nous sommes parfois, voire même très souvent, notre propre ennemi.
13:17 Le thème de la dévalorisation, ça fait écho à votre propre histoire ?
13:21 Oui, effectivement. Il y a encore du travail à faire.
13:24 Mais ce que je suis en train de faire aujourd'hui,
13:26 me permet peut-être aussi de restaurer une estime de moi-même
13:30 qui avait été piétinée à de nombreuses reprises.
13:32 Je me guéris moi aussi en faisant cette émission.
13:34 Elle m'a fait du bien, en discutant, en échangeant sur certains sujets.
13:38 Ça me fait un bien fou, en fait.
13:40 Je vous embrasse, merci pour votre soutien et votre fidélité.
13:43 À demain !
13:44 Là, on va enregistrer les promotions, une sorte de bande annonce de nos émissions.
13:50 Et parfois, j'ai même l'impression que je pourrais me compter une vraie chanteuse.
13:53 C'est classe quand même, hein ?
13:54 Vous pourrez croire que j'enregistre un disque.
13:56 J'ai deux amours.
14:00 Peut-on aimer deux personnes en même temps ?
14:02 Notre cœur se dédouble demain à 15h dans "On est fait pour s'entendre" sur RTL.
14:07 Et on dit à la semaine prochaine !
14:10 La radio m'a apporté une certaine liberté de ton.
14:13 Elle m'a apporté la liberté d'être moi-même.
14:15 Parce qu'on ne me demandait pas en télévision.
14:16 En télévision, on a construit une sorte d'image.
14:20 Et c'est vrai que dans laquelle j'étais en train de m'enfoncer,
14:23 je devenais malheureuse parce que je m'éloignais de moi-même.
14:26 Donc à un moment donné, c'était la télé ou moi.
14:28 Pardonnez-moi, mais la question ne s'est pas posée.
14:31 C'était moi.
14:32 Fin de journée.
14:36 Enfin bon, il y a une nouvelle vie qui m'attend.
14:38 Mais ça c'est la vie de tout le monde.
14:39 Quand la vie professionnelle est terminée, il y a la vie personnelle qui commence.
14:43 Ça c'est vachement bien.
14:44 C'est fatiguant une heure d'antenne tous les jours quand même.
14:46 On n'en sent pas complètement indemne.
14:48 Mais même émotionnellement.
14:50 C'est physique mais c'est émotionnel.
14:51 Aujourd'hui on était dans un sujet positif.
14:53 Mais quand on aborde des sujets parfois qui sont très lourds,
14:55 là ça devient plus compliqué.
14:56 Moi je rentre à la maison et je...
14:58 Je vais retourner voir mes enfants.
15:00 Merci.
15:01 À la prochaine.
15:06 Dans l'émission, Flavie, vous avez souvent abordé, à plusieurs reprises, le viol.
15:12 Comment on réussit quand soi-même on en a été victime ?
15:17 Ça n'est pas difficile en soi parce que je...
15:21 Je peux aujourd'hui parler du viol.
15:24 Je peux aujourd'hui dire "j'ai été violée à l'âge de 13 ans".
15:27 Mais vous m'auriez invitée il y a 4 ou 5 ans et vous l'auriez entendue.
15:31 Et vous m'auriez dit "mais Flavie, qu'est-ce que vous êtes arrivée à cet âge-là ?"
15:33 J'aurais été incapable de prononcer ces mots-là.
15:35 Je pense que les émissions que j'ai consacrées à ce sujet m'ont permis aussi d'avancer.
15:40 Par ailleurs, j'ai fait tout un travail qui m'a permis de comprendre ce qu'il y a eu qui m'arrivait.
15:47 Et puis il y a eu un déclic.
15:48 Oui, il y a eu un déclic.
15:49 Il y a eu un déclic parce qu'un jour, effectivement, j'étais à la recherche de cette origine,
15:55 l'origine d'un mal-être permanent.
15:57 Vous savez, vous avez toujours un voile comme une toile tendue au fond de vous qui est sombre,
16:01 qui ne va pas...
16:02 Vous parliez tout à l'heure de parts d'ombre.
16:04 Je l'avais, cette part d'ombre en permanence.
16:06 Elle s'exprimait plus que la part lumineuse.
16:09 Et ce déclic, ça a été effectivement une photo qui un jour est tombée d'un album.
16:14 Après, j'ai eu le déclic, mais il a fallu remonter dans les souvenirs.
16:18 Il a fallu aller chercher loin.
16:20 Il a fallu combattre ceux qui voulaient que je me taise.
16:23 Il a fallu combattre ceux qui voulaient manipuler mes souvenirs.
16:26 Il a fallu combattre mes angoisses.
16:28 Donc c'était un ensemble de choses.
16:30 Et je pense que le fait d'avoir traité le viol dans mes émissions
16:33 et le fait d'avoir travaillé aussi en parallèle à ce point sur ce sujet personnel
16:37 me permet aujourd'hui, moi, d'avoir une parole que je veux partager avec les autres.
16:42 Vous dites "roman" parce que c'est votre histoire et une histoire intime.
16:48 Mais c'est aussi un livre très stylé.
16:53 Vous n'avez pas fait appel à quelqu'un comme ça arrive parfois.
16:57 C'est vous.
16:59 Il y a Poupette.
17:01 C'est ça qui est original et singulier dans ce livre.
17:05 Vous faites parler la petite fille et non pas vous.
17:09 Ce n'est pas "je".
17:11 Non, mais ça c'est quelque chose qui a été nécessaire au moment de l'écriture de "La Consolation".
17:15 D'abord, c'est un livre que j'ai commencé à écrire il y a six ans
17:18 quand sont arrivées mes premières crises d'angoisse.
17:21 Quand j'ai commencé à sentir que j'étais à quelques pas là de cette vérité
17:26 que je n'avais pas forcément pu voir auparavant.
17:30 Quand j'ai commencé à écrire, j'ai eu besoin d'aller chercher cette petite fille
17:35 que j'avais délaissée un jour et qui pleurait au fond de moi.
17:38 J'ai eu besoin de la faire parler.
17:40 Mais ça a d'abord été pour moi un vrai confort de faire parler Poupette
17:44 parce que c'était la mettre à distance aussi.
17:46 Ça n'était pas totalement moi.
17:48 Au fur et à mesure de l'écriture, on s'est retrouvés, elle et moi.
17:52 Mais c'est vrai que si j'avais été peintre, j'aurais fait un tableau.
17:56 Si j'avais été sculptrice, j'aurais fait une oeuvre.
18:00 Je voulais transformer le moche, le dégueulasse, l'indicible
18:06 en quelque chose de délicat et de joli.
18:09 Je voulais rendre hommage à cette petite fille.
18:11 - A l'âge de 13 ans, vous étiez en vacances avec votre mère au Cap d'Agde,
18:15 dans le sud de la France. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
18:18 - Il s'est passé que nous étions déjà dans un endroit un peu particulier
18:22 puisque c'est effectivement le Cap d'Agde, mais dans le quartier naturiste du Cap d'Agde,
18:26 un quartier où la nudité est de mise.
18:30 J'ai été repérée par un photographe mondialement connu
18:35 qui m'a proposé de faire des essais.
18:38 J'y suis allée, dans cet appartement.
18:40 Ce jour-là, ce photographe portait un bermuda et des sandales.
18:45 J'y suis retournée le lendemain, accompagnée par ma mère.
18:49 Ce jour-là, le photographe était nu.
18:52 Le simple fait que ma mère valide mon entrée dans l'appartement
18:57 en demandant au photographe "Je viens la chercher à quelle heure ?"
19:01 a validé aussi, chez cet homme, cette idée qu'il pouvait abuser de moi.
19:09 J'ai été violée à l'âge de 13 ans dans son appartement.
19:14 Je suis rentrée après la séance photo et le viol, comme si de rien n'était.
19:21 - Vous n'avez rien dit à personne ?
19:23 - Non. Je n'ai rien dit à personne.
19:26 Je n'étais pas certaine de pouvoir être entendue.
19:30 Parfois, il y a des familles défaillantes qui ne sont pas là pour vous écouter.
19:36 - C'est le cas de la vôtre.
19:38 - Je le savais, donc je n'ai pas parlé.
19:41 Je savais que la déception n'en serait que plus violente.
19:45 Parfois, vous préférez vous taire pour éviter une douleur supplémentaire.
19:49 Le temps est allé très vite et tout de suite, cette mémoire traumatique s'est enclenchée.
19:56 J'ai toujours su qu'il s'était passé quelque chose d'étrange.
20:00 Mais je n'étais pas capable de mettre des mots dessus.
20:03 - Comment avez-vous réussi à exprimer ce que vous avez vécu à l'âge de 13 ans ?
20:07 Avec des mots, avec des images aussi.
20:11 On a presque l'impression de vivre avec vous cette scène.
20:15 - Parce que je l'ai revécue, en fait, Catherine.
20:18 Les souvenirs me sont remontés au fur et à mesure.
20:21 Le propre de la mémoire traumatique, parce que c'est ce qui m'est arrivé,
20:25 si je prends la parole aussi tard, et trop tard d'ailleurs,
20:28 c'est parce que ma mémoire m'avait fait défaut,
20:32 ma mémoire m'avait protégée pendant toutes ces années.
20:35 C'est un phénomène qu'on ne connaît pas assez.
20:38 Il y a encore des gens qui viennent me voir et qui n'ont pas lu le livre
20:41 ou des articles et qui me disent "Pourquoi vous n'en parlez que maintenant ?"
20:44 Je n'en parle que maintenant parce que je le sais depuis très peu de temps en réalité.
20:47 Cette mémoire traumatique est intacte.
20:50 Les souvenirs qui vont dans cette boîte, nichés quelque part au fond de vous,
20:54 sont exactement les mêmes qu'au moment où vous les avez vécus.
20:57 Les odeurs sont là, les sensations, les frissons, l'effroi, tout est intact.
21:03 Donc en fait, je n'ai pas eu de problème pour le réécrire parce que je l'ai vécu à nouveau.
21:07 C'est un phénomène incroyable où vous devez à un moment donné
21:10 accepter d'être traversée par des émotions qui viennent d'un temps lointain
21:14 mais qui pourtant vous reviennent en pleine face avec la même intensité.
21:18 - Pourquoi vous ne révélez pas aujourd'hui l'identité de votre violeur ?
21:22 - Je ne veux pas la révéler, c'est ce que je lis partout.
21:26 Elle refuse de révéler l'identité de son violeur,
21:28 elle ne veut pas dire qui est son violeur,
21:30 elle cache le nom de son violeur.
21:32 - Vous ne pouvez pas. - Je ne peux pas.
21:34 - Vous voulez mais vous ne pouvez pas. - Je n'ai pas le droit.
21:36 Et tant que la loi sera comme ça, je ne pourrai pas révéler le nom de l'homme
21:41 qui m'a violée quand j'avais 13 ans.
21:43 Parce que la loi est faite de telle sorte qu'aujourd'hui, cet homme peut dormir tranquille,
21:49 même si la honte restera collée à son visage et à son histoire jusqu'à la fin de ses jours.
21:54 Et moi en revanche, je suis obligée de vivre, à priori, dans le secret.
22:00 Mais un secret que j'ai voulu briser.
22:02 Et ça s'appelle la prescription.
22:04 Et aujourd'hui, quand on est victime de viol, je vous parle d'aujourd'hui, je ne vous parle pas de mon époque,
22:08 mais aujourd'hui quand on est victime de viol, il faut se réveiller 20 ans après sa majorité.
22:13 Vous avez jusqu'à l'âge de 38 ans pour porter plainte.
22:15 Sinon, on vous dit "écoutez, non, on ne peut rien faire pour vous, il est trop tard".
22:19 - Alors il y a une personne qui s'appelle Chantal Joano, qui est sénatrice UDI,
22:23 qui elle est présidente de la délégation aux droits des femmes
22:27 et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes.
22:30 Et elle tente de remettre en cause ce délai de prescription.
22:34 - Aujourd'hui, quand on a été victime d'un viol, quand on est mineur,
22:42 le délai de prescription est de 20 ans à partir de 18 ans.
22:45 C'est-à-dire qu'on ne peut pas porter plainte après 38 ans.
22:48 Tout le problème, c'est que quand on est victime de viol ou de crime sexuel,
22:52 on est victime ensuite de ce qu'on appelle l'amnésie post-traumatique.
22:55 Donc on n'a plus conscience des faits, notre corps s'en souvient,
22:58 mais pas nécessairement notre esprit.
23:00 Et on ne peut reprendre cette conscience que très longtemps après,
23:03 et donc après la fin du délai de prescription.
23:06 Et donc moi, j'ai toujours jugé cette situation anormale.
23:09 Avec une collègue d'ailleurs, avec Muggedini, on a déjà plusieurs fois levé ce débat,
23:14 porté des amendements, pour faire en sorte soit que ces crimes soient imprescriptibles,
23:20 parce qu'on considère que c'est quand même d'une extrême gravité,
23:23 et que l'ampleur de ce type de crime en France est telle qu'il faudrait aujourd'hui
23:26 un vrai sursaut national pour y mettre fin,
23:29 soit au moins qu'on rajoute 10 ans, c'est-à-dire qu'on passe de 20 à 30 ans,
23:33 pour permettre à ces personnes justement de porter plainte,
23:36 et qu'au moins l'auteur soit connu, reconnu,
23:39 et qu'il doive répondre de ses actes devant la justice.
23:42 Pour refuser l'allongement des délais de prescription, il y a trois types d'arguments.
23:47 Le premier argument est de dire que dans le cadre du bel ordonnancement juridique,
23:51 il faut que tous les types de délais de prescription soient à peu près identiques.
23:55 Le deuxième argument est de dire que l'amnésie post-traumatique n'est pas confirmée scientifiquement.
24:02 Si c'est confirmé scientifiquement, il y a comme beaucoup aujourd'hui,
24:05 il n'y a plus de débat sur ce sujet, mais j'ai entendu au Sénat,
24:08 aux responsables, nous dire qu'il n'y avait pas de garantie scientifique.
24:11 Et le troisième argument est de dire qu'il n'y aura plus suffisamment de preuves
24:17 après un délai trop long, que par conséquent, c'est un faux espoir qu'on donne à la victime
24:22 et que la justice n'a pas une vocation thérapeutique.
24:25 Et là, moi j'ai trouvé cet argument absolument scandaleux, puisque le sujet n'est pas là.
24:29 C'est qu'au moins la victime soit reconnue par la société et qu'on essaye de condamner l'auteur.
24:34 On a une police scientifique aujourd'hui qui a tellement évolué
24:37 qu'on est capable aujourd'hui de reconstituer énormément de faits.
24:41 Donc je trouve que l'argument n'est pas recevable.
24:43 Et c'est surtout, ça protège beaucoup plus l'auteur que la victime.
24:47 À la lecture du livre de Flavie Flamand, on a retrouvé tout ce phénomène de l'amnésie post-traumatique
24:52 et de la violence que ressent la victime.
24:55 C'est extrêmement important que les victimes témoignent, qu'elles aient le courage de témoigner.
24:59 Plus elles sont connues, plus elles peuvent porter ce combat,
25:02 parce qu'on n'est pas très nombreuses d'ailleurs.
25:05 Vous me disiez un tout petit peu en aparté que d'autres victimes
25:14 - Oui, je n'ai pas été la seule. - Voilà, c'était déjà manifesté.
25:17 Je ne suis pas la seule à avoir souffert.
25:20 - De la part de cet homme ? - Je ne suis pas la seule à avoir souffert de la part de cet homme.
25:25 Vous insistez beaucoup d'ailleurs sur l'importance du vocable.
25:28 Vous dites, on dit souvent d'ailleurs, c'est un terme assez classique, "s'être fait violer".
25:35 Non, on ne se fait pas violer. On ne se fait pas violer, on est violé.
25:39 On est victime de viol. On ne se fait pas violer comme on se fait une couleur de cheveux.
25:43 C'est comme de dire, flaviflammement, "révèle ou avoue son viol".
25:49 Non, l'aveu ne se situe pas du côté de la victime. L'aveu doit se situer du côté du coupable.
25:54 Et aujourd'hui, le coupable, de par la loi, n'est pas obligé d'avouer.
25:58 Et donc, il peut être hors de toute atteinte juridique.
26:03 On est dans un monde qui est complètement à l'envers.
26:06 Vous croyez en la justice ?
26:08 Dans l'ouvrage, j'explique à Poupette, cette petite fille que j'étais,
26:13 tu sais, la loi n'est pas toujours la justice.
26:16 Mais je crois aussi qu'en parlant, en s'éveillant, et en faisant ce que je fais,
26:21 et en faisant tout le travail que font des psychiatres comme Muriel Salmona,
26:25 toutes les associations aussi qui luttent pour l'imprescriptibilité des crimes sexuels,
26:31 je pense qu'un jour, la loi pourrait être la justice pour des victimes de viol.
26:35 J'espère en tout cas. En tout cas, je suis prête à... C'est un combat maintenant pour moi.
26:38 Flavie, quel est votre rapport aux hommes aujourd'hui ?
26:41 Apaisée. Mais parce que j'ai rencontré un homme formidable.
26:45 - Apaisée. - Votre compagnon. - Oui.
26:49 - Il a fallu du temps ? - Il a fallu trop de temps pour le rencontrer, je trouve.
26:54 Mais c'est déjà extraordinaire de l'avoir eu sur mon chemin.
27:01 Mais d'abord, j'aime... Vous voyez, j'ai deux fils.
27:06 Et j'avais vraiment très envie d'avoir des fils.
27:08 Et j'aime les hommes qu'ils sont en train de devenir.
27:10 - Vous n'auriez pas aimé avoir une fille ? - Non.
27:13 - Pourquoi ? - Vous n'aurez pas été à l'aise ?
27:15 Parce que je pense aussi qu'en écrivant tout ça, je casse une sorte de malédiction familiale des rapports mère-fille,
27:21 et que j'aurais été terrifiée à l'idée de commettre le moindre impaire.
27:26 En l'occurrence, en ayant des garçons, je suis protégée de ce type de relation que j'ai vécue.
27:33 - Quel est votre rapport aujourd'hui à votre famille, et notamment à votre mère ?
27:37 - Je n'ai aucun lien. Je n'ai aucun lien avec ma famille.
27:40 Mais d'ailleurs, qui n'est pas ma famille.
27:42 Ma famille aujourd'hui, c'est mon oncle, ma tante, l'homme que j'aime, nos enfants, mes amis.
27:49 On peut choisir une famille.
27:50 - Flavie, est-ce que ça vous touche quand votre mère, Catherine Lecanu, dit
27:54 "J'espère que ma fille trouvera un bon médecin qui lui donnera un bon traitement" en réaction à ce livre ?
28:00 - Je ne suis pas très surprise parce que ça fait des années que j'entends ça.
28:03 Donc si vous voulez, ça ne me touche pas parce qu'on est dans l'illustration formidable et pitoyable du déni familial.
28:17 Et encore une fois, je ne suis pas la seule à vivre ça.
28:20 Malheureusement, il y a des entourages familiaux qui ne veulent pas assumer leurs responsabilités
28:25 dans des histoires qui touchent des enfants aussi innocents qu'une gamine de 13 ans.
28:30 Il y a des entourages familiaux qui sont défaillants.
28:33 Il y a des gens qui ne veulent pas prendre parti.
28:34 Et il y a des gens qui, lorsqu'ils sont mis en accusation, au lieu de se remettre en question,
28:38 vont effectivement sortir cette carte classique, d'ailleurs.
28:44 - Mais vous étiez si bien prise de votre mère ?
28:46 - Oui, on peut parler d'une relation d'emprise, bien sûr.
28:48 Et quand on casse l'emprise, ça crée forcément des réactions extrêmement violentes, évidemment.
28:53 On ne peut pas vivre ce que j'ai vécu sans être dans une relation d'emprise.
28:56 On ne peut pas dire à une gamine de 13 ans que ce qu'elle a vécu,
28:59 elle en était parfaitement consciente et elle le voulait.
29:01 On ne peut pas dire à une mineure qui est violée qu'elle en est responsable.
29:05 Il y a bien des adultes pour protéger les enfants qui sont abusés.
29:09 Il y a bien des parents qui doivent veiller.
29:12 Donc si vous voulez, ces réactions-là ne font qu'illustrer le schéma classique du déni
29:21 de ceux qui ne veulent surtout pas voir la vérité parce qu'elle fait mal.
29:25 Mais elle ne fera jamais autant mal qu'à moi, vous voyez ce que je veux dire ?
29:28 - Un de vos frères, Olivier, dit "c'est pour nous totalement hallucinant,
29:32 elle entremêle des faits réels et des passages totalement romancés".
29:38 Vous lui répondez quoi ?
29:40 - Je n'ai rien à répondre. Je n'ai rien à répondre à ça.
29:43 C'est dans la même veine de tout ce que je vous ai dit auparavant.
29:47 Vous savez, c'est très difficile pour moi de m'exprimer comme ça là-dessus
29:54 parce que je ne suis malheureusement pas surprise.
29:57 Je suis tristement convaincue que…
30:03 - Quelle attitude vous auriez aimée qu'ils aient ?
30:07 - Vous savez, l'attitude normale dans ce genre de situation,
30:11 c'est de vouloir consoler, c'est de vouloir aider.
30:15 On ne peut pas préjuger ce qui est arrivé à une gamine de 13 ans
30:20 quand on en avait soi-même 9 à l'époque. Ce n'est pas possible.
30:23 Est-ce qu'on sait à 9 ans ce qui se passe ailleurs ?
30:26 Est-ce qu'on est conscient de ce qui se passe pour sa grande sœur ?
30:28 Non, bien sûr que non.
30:30 - Est-ce que vous pensez que l'on guérit de son enfance ?
30:36 - Je ne pense pas que l'on guérisse complètement de son enfance.
30:39 Mais je pense qu'une enfance cabossée, un cœur un peu piétiné,
30:43 on se la trimballe toute la vie, mais on peut la transformer.
30:49 C'est ce que j'ai fait en écrivant, c'est ce que je fais en essayant
30:52 d'être une bonne mère pour mes enfants, c'est ce que je fais
30:55 en faisant mon émission de radio.
30:57 Je pense que parfois, les plaies, les bleus peuvent…
31:04 - Se cicatriser ? - Se cicatriser et apporter
31:07 parfois aussi une fragilité dont on peut servir pour d'autres choses.
31:11 - Si je vous dis votre amie collaboratrice Alexandra, n'est-ce pas, Paula Gzyk ?
31:19 Et puis si je vous dis aussi votre patron, Christopher Baldelli,
31:24 tous les deux, ils ont croisé leur regard sur "Bouffe la vie".
31:33 - Je dirais que c'est quelqu'un qui a beaucoup d'énergie,
31:36 beaucoup de volonté, beaucoup d'envie.
31:39 - Flavie est une personne profondément humaine,
31:42 qui est à l'antenne ou à la télé par le passé, comme elle est dans la vie.
31:49 - La marque de fabrique de Flavie, aujourd'hui en radio,
31:52 c'est sans doute une empathie, une écoute, une complicité avec l'auditeur.
31:56 - Le goût de l'autre, toujours. Malgré tout ce qu'elle a pu vivre,
32:00 endurer, elle a toujours gardé le goût de l'autre, et ça, je suis assez admirative.
32:04 - Je crois qu'elle a au fond cette idée d'essayer de donner aux gens des choses
32:07 pour qu'ils puissent progresser, avancer dans leur vie.
32:10 - Elle a sorti d'une émission qui n'était pas à la hauteur de nos attentes,
32:13 et elle ne va pas être bien, et ça va même se manifester physiquement.
32:16 Et elle va me dire "je me sens empoisonnée par un sentiment assez désagréable",
32:21 effectivement, parce que c'est toujours le souci de perfectionnisme.
32:24 - C'est quelqu'un de rigoureux, qui veut bien faire,
32:27 et qui du coup s'en donne les moyens et travaille.
32:30 - Sa vie est assez surprenante, parce qu'elle ne râle jamais.
32:33 J'ai eu l'occasion, dans les embouteillages, d'être à côté d'elle,
32:36 je pestais à côté d'elle, et elle était d'un calme olympien.
32:39 Au volant, elle est comme ça, elle prend toujours le côté positif des choses,
32:43 elle est extrêmement solaire.
32:45 - Je ne sais pas, j'espère que dans la vie, elle est également avec de l'enthousiasme
32:48 et de l'envie, mais en tout cas, professionnellement, elle en a toujours beaucoup.
32:51 - Je vais vous révéler un secret, elle est légèrement hypochondriaque.
32:54 Elle nous a valu des grands moments, notamment nous rendre à l'hôpital en urgence,
32:59 parce qu'elle s'était autodétectée à un cancer de la cheville.
33:02 - Ce qui compte, c'est à la fois d'être heureux professionnellement,
33:05 et d'être heureux dans sa vie, et c'est toujours difficile de réussir les deux en même temps,
33:10 et je souhaite, autant que faire se peut, de réussir les deux en même temps.
33:13 - Elle est ma plus belle rencontre professionnelle, à n'en pas douter,
33:16 et elle est l'une de mes plus belles rencontres personnelles,
33:19 et je souhaite à chacun d'entre vous d'avoir la chance d'être entourée par une personne telle qu'elle.
33:25 - Ah, je l'adore !
33:28 - Quel témoignage qui vous fait le plus plaisir ?
33:31 Celui de l'ami ou celui du patron ?
33:33 - Les deux me font très plaisir, je suis très touchée là.
33:36 Les deux me font très plaisir.
33:38 - Vous n'allez pas vous fâcher avec vos patrons en plus ?
33:40 - Non mais mon patron, vous savez, bon, déjà mon patron,
33:43 et puis après je vous parlerai d'Alexandra.
33:45 Mon patron, vous devez connaître ça,
33:48 moi j'ai besoin de travailler pour des gens, pour avoir leur reconnaissance.
33:51 Donc ça, Christopher Baldéli, pour moi c'est une rencontre fabuleuse.
33:54 Et alors Alexandra, d'abord elle est trop belle.
33:57 Et Alexandra, elle est...
34:01 Je ne peux pas vous dire, quand elle est là, je suis bien,
34:04 et surtout en fait, elle est toujours là.
34:07 Mais pas simplement physiquement, c'est pas ça,
34:09 mais je sais que c'est quelqu'un qui sera toujours là,
34:11 et pour moi, j'ai été malheureusement assez rompue à l'exercice des ruptures,
34:15 et elle, il y a une sorte de constance dans son amitié,
34:18 et c'est une des filles, alors moi je dis toujours,
34:21 mais c'est vrai, c'est une des filles les plus brillantes que je connaisse.
34:24 Donc elle permet de s'éveiller.
34:26 - Bon, bel hommage, bel hommage.
34:28 Je vous emmène aux deux ados, Flavie, vous êtes d'accord ?
34:30 - Oui, absolument.
34:32 - Deux ados avec vous, Flavie Flamand et des réponses du Tac au Tac.
34:38 Chez quelle personnalité vous aimeriez entrer en Catimini ?
34:41 - Chez Michel Serres.
34:43 J'aimerais en fait aller passer un week-end avec Michel Serres.
34:46 - Qu'est-ce que vous faites d'inavouable devant la télé ?
34:49 - Qu'est-ce que je... Mes ongles ?
34:54 - Votre geste le moins écolo ?
34:56 - Mon geste le moins écolo, allez, il m'arrive parfois de prendre des bains.
35:02 Très chaud.
35:04 - Le luxe dont vous ne pourriez pas vous passer ?
35:06 - Une bonne bouffe dans un bon resto.
35:09 - La critique qui vous a le plus blessée ?
35:11 - Quand on pense que j'écris par opportunisme.
35:15 - Est-ce que vous avez déjà menti à votre psy ?
35:19 - Oui, mais il l'a vu tout de suite.
35:22 - Est-ce que vous avez déjà souhaité la mort de quelqu'un ?
35:25 - Oui, quelques secondes. Mais vraiment, enfin, même, pardon, quelques microsecondes.
35:29 Pour que cesse la douleur.
35:31 - Si vous étiez une héroïne de fiction, qui seriez-vous ?
35:34 - Je sais pas, mais...
35:37 Une nana qui a des super pouvoirs et des gros seins.
35:40 - Qu'est-ce que vous feriez si vous étiez un homme le temps d'une journée ?
35:44 - J'irais faire pipi en premier.
35:48 Et...
35:51 Et après, j'irais m'acheter un beau costume trois pièces.
35:55 - Le rêve que vous n'avez pas encore réalisé ?
35:58 - Faire des doublages.
36:00 Des doublages, vous savez, de dessins animés. J'adorerais faire des doublages de voix.
36:05 - Un bon entendeur, salut ! - Ouais.
36:07 - Si vos fils vous demandaient la définition de l'amour, qu'est-ce que vous leur répondriez ?
36:11 - Le respect.
36:14 De soi-même et de l'autre.
36:16 - À quelle occasion mentez-vous ?
36:18 - Parfois quand il s'agit de protéger mes enfants.
36:23 - Est-ce que vous avez menti durant cette émission ?
36:25 - Non.
36:27 - Si je vous dis "Louis Bertignac", vous me répondez quoi ?
36:30 - Super souvenir. Super souvenir.
36:34 Grand... Grand poète. Charmant.
36:36 - Un duo. - Oui.
36:38 - C'était génial.
36:40 - C'était pas du dos à dos, ça. On l'écoute.
36:42 - Je sens bien qu'elle m'inspire
36:45 La trame de mes désirs
36:48 Et je me dis que t'es bonne chose
36:51 - J'adore.
36:52 - Fleur de peau pas toujours rose
36:56 Oui, je me dis que t'es bonne chose
36:59 Non, pas de fin
37:02 - C'est beau, non ?
37:04 - Vous avez pris votre pied ?
37:06 - J'ai pris un pied total.
37:08 Je ne vous cache pas que je prends mon pied quand je l'entends
37:11 parce que je ne l'écoute pas très souvent
37:13 mais c'est un peu ma fierté, ça.
37:15 - C'était il y a quelques années, déjà.
37:17 - Oui, c'était il y a 3-4 ans quand Louis m'avait proposé
37:19 de faire un duo avec lui
37:21 alors qu'il n'avait même pas entendu mon brin de voix.
37:23 Et ça, ça fait partie de mes petites fiertés.
37:27 - Je comprends.
37:29 Je voudrais remercier l'artiste qui est exposée sur le plateau Thé au Café.
37:32 Il s'agit d'un homme.
37:34 Il a pour nom Teru Isa Yamanobe.
37:36 Il est japonais.
37:38 Il est exposé jusqu'au 26 novembre à la Galerie Rochefeld
37:41 qui est à Rue de Seine, au 22 d'ailleurs, à Paris, dans le 6e.
37:45 Ses paysages sont peints à l'huile, avec beaucoup de glacis,
37:49 des couches de peinture, ce qui offre de la profondeur, des lumières
37:53 et puis un côté un peu brumeux, une sorte de grand flou artistique.
37:58 Un petit peu comme cette photo.
38:00 Et enfin, c'est la consolation, c'est chez Jean-Claude Lattès.
38:04 Merci beaucoup, Flavie.
38:06 - Merci à vous.
38:07 - Merci d'être passée sur le plateau Thé au Café ce matin
38:09 pour raconter cette histoire très intime
38:13 et qui ne peut pas nous laisser insensibles,
38:17 que nous soyons hommes ou femmes.
38:20 On rencontrera demain un féministe, un homme qui aime aussi beaucoup les femmes.
38:24 Il s'agit de Magie de Cherfie.
38:27 C'est un monsieur que vous connaissez, c'est le parolier de Zepda.
38:31 Il a écrit un très beau livre.
38:34 Il explique l'importance pour sa famille, notamment sa mère,
38:38 d'avoir obtenu le bac.
38:41 Qu'est-ce que ça a découlé ensuite dans sa vie ?
38:44 C'est un récit extrêmement intéressant.
38:47 Il sera demain sur le plateau Thé au Café.
38:50 D'ici là, vous passez une très belle journée.
38:52 L'émission avec Flavie sera rediffusée cette nuit.
38:56 Vous pourrez la revoir sur PLUS.fr, sur notre site et sur notre chaîne YouTube.
39:01 Profitez-en.
39:03 Merci beaucoup. Passez une journée pleine de bonheur,
39:06 de sourire et de gaieté.
39:09 On se retrouve demain pour un nouveau Thé au Café dès 7h.
39:12 Au revoir et merci Flavie.
39:14 On fait un petit selfie ?
39:16 Avec plaisir. Je l'attendais.
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