Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, il s'interroge sur les problème de mémoire, afin de savoir à quel moment il faut s'en inquiéter.
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00:00 Joe Biden a multiplié les bourdes. Le président américain a tenté de se défendre après les nombreuses critiques sur son âge et sa mauvaise mémoire.
00:06 C'était lors de son allocution télévisée.
00:09 Il a dit "je suis bien intentionné, je suis un homme âgé et je sais ce que je fais". Je vous propose de l'écouter, c'est très court.
00:15 - Je suis gentil, je suis âgé mais bon sang, je sais ce que je fais. En tant que président, j'ai remis le pays sur pied. Je n'ai pas besoin de ces conseils.
00:24 - Bon, ensuite il a confondu quand même les présidents égyptiens et mexicains. Il y a quelques jours il avait déjà parlé de François Mitterrand pour évoquer Emmanuel Macron.
00:31 À quel moment faut-il s'inquiéter d'une perte de mémoire ? On a tous par moment oublié le nom d'une personne et c'est terrible d'ailleurs parce qu'on va être avec le professeur Philippe Amouyel,
00:41 professeur de santé publique au CHU de Lille. Bonjour monsieur Amouyel. - Bonjour.
00:46 - C'est vrai qu'on n'a pas besoin d'avoir qu'à être 20 ans. Si vous me demandez par exemple ce qu'il y avait hier dans l'émission et dans quel chapitrage nous avons avancé dans l'émission,
00:59 je pense que je ne saurais pas vous le lire parce qu'on est pris dans une machine à laver parfois de professionnels qui fait que j'ai déjà oublié hier cela.
01:12 Alors est-ce que je dois m'inquiéter alors que quand j'avais 16 ans je savais ce que j'avais fait la veille ?
01:16 - Non, il ne faut pas vous inquiéter. Dès 45 ans on commence à avoir ce genre de petits troubles.
01:22 Dans la mesure où ça ne vous gêne pas socialement, ça ne vous empêche pas de faire votre émission, il n'y a aucun souci.
01:26 Puis il faut savoir aussi que le cerveau ne peut pas tout retenir. Ceux qui ont des hypermédiaux ont des vies totalement impossibles.
01:32 Donc à ce niveau-là ce sont des événements d'oubli simple qui sont très fréquents dès qu'on passe 45 ans.
01:38 - Mais alors qu'est-ce qu'il faut faire ? D'abord est-ce que ça se travaille ? Parce que manifestement les comédiens par exemple,
01:43 eux ils arrivent à apprendre jusqu'au bout les textes qu'ils jouent.
01:49 - Oui, ça se travaille. C'est comme le sport, c'est comme l'activité physique.
01:52 Si vous voulez courir plus vite, il faut vous entraîner. Si vous voulez avoir une bonne mémoire, il faut vous entraîner.
01:57 Il n'y a pas de fatalité, je n'ai pas de mémoire ou autre. Il y a trois qualités pour avoir une bonne mémoire.
02:02 Il faut être attentif, le premier point. Le deuxième point c'est qu'il faut répéter les choses.
02:06 Et le troisième point c'est qu'il faut faire des associations entre les éléments que vous apprenez.
02:10 C'est des trucs classiques qui vous permettent justement de retenir un texte, de retenir une adresse, de retenir un numéro de téléphone.
02:17 - Et pourquoi on oublie, ce qu'on oublie le plus facilement c'est le prénom ou le nom des uns et des autres ? Pourquoi ?
02:26 - Oui, alors oui tout à fait. C'est la première chose qu'on oublie, c'est la première chose qui perturbe.
02:30 Alors si vous l'oubliez, de toute façon si ça vous revient dans l'heure qui suit ou dans le quart d'heure qui suit, il n'y a pas de problème.
02:35 Ce qui se passe c'est que le nom c'est quelque chose qui est vraiment uniquement lié à la mémoire.
02:41 On n'a pas d'association. Si tous les grands s'appelaient "Monsieur Grand" ce serait plus simple.
02:45 Donc ça veut dire qu'il faut faire un réel effort de mémoire. Et c'est là qu'il faut être attentif quand on vous donne son nom.
02:51 Vous le répétez un petit peu et puis faire une association rigolote qui vous permettra, dès que vous reverrez cette personne, de la reconnaître immédiatement et ainsi de la flatter.
02:58 - Pourquoi à partir de 45 ans on perd ? C'est parce qu'on perd des neurones ? L'explication médicale c'est laquelle ?
03:04 - Alors on perd tous des neurones à partir de l'âge de 25 ans. On en perd un petit peu plus à partir de 45 ans.
03:11 On perd les neurones et on ne perd pas nécessairement les connexions entre ces neurones.
03:16 Et ce qui est important c'est quand vous faites travailler votre mémoire, quand vous avez des activités intellectuelles,
03:20 ou par exemple que vous faites des voyages, que vous faites du tricot, à ce moment-là vos neurones se reconnectent entre eux
03:26 et vous maintiennent un niveau de mémoire largement suffisant pour votre vie quotidienne.
03:30 - Et puis il y a quelque chose aussi qui abîme la mémoire, on le voit, c'est lorsqu'on boit un peu, même un soir si vous buvez 2-3 verres de vin,
03:37 je parle toujours pour lorsqu'on a l'âge qui est le mieux aujourd'hui, on s'aperçoit qu'on est moins vif
03:43 et qu'on a oublié des choses et qu'on n'est pas aussi clair que lorsque lorsqu'on est âgé.
03:49 - Tout à fait, c'est un des grands toxiques du cerveau, l'alcool, que ce soit à dose extrêmement élevée ou à petite dose régulière,
03:57 l'alcool pénètre dans le cerveau, généralement quand vous êtes âgé, vous avez une petite sensation ébrieuse,
04:03 il va directement dans votre cerveau pour vous équilibrer et puis ensuite il va vous embrumer le cerveau le temps de pouvoir l'éliminer.
04:09 Et ces accumulations répétées d'événements peuvent, là encore, générer des troubles qui peuvent aller jusqu'à des maladies qui ressemblent à des maladies d'Alzheimer,
04:16 qu'on appelle des maladies de Korsakoff, liées justement à cet excès de consommation d'alcool.
04:21 - C'est douloureux parce qu'on se souvient précisément de ce qu'on a appris entre 5 et 20 ans, des récitations ou des textes qu'on apprenait à l'école,
04:29 on se souvient par exemple en sport d'un match de football de 1975 et même de plusieurs,
04:35 du nombre de spectateurs quasiment qu'il y avait dans le stade, qui a marqué à quelle minute, etc.
04:40 Et on n'est pas fichus de savoir ce qu'il s'est passé il y a 8 jours.
04:44 Je trouve que c'est très douloureux, très douloureux, c'est pas forcément très agréable, on regrette,
04:49 on aimerait que la mémoire soit toujours la même.
04:52 - Alors la mémoire, là, quand vous prenez ces exemples, c'est souvent des exemples qui vous ont marqué,
04:56 c'est des exemples qui ont marqué tous vos sens, pas juste le fait de retenir un mot ou de retenir un visage ou un nom,
05:01 et plus vous avez des associations qu'on va qualifier d'affectives, lorsque vous rencontrez quelqu'un,
05:07 que vous êtes à un événement heureux ou malheureux, meilleure sera votre conservation de ces éléments dans votre mémoire.
05:13 - Mémoire des visages également, qu'on peut oublier, on a vu quelqu'un, ça, ça peut être troublant,
05:18 vous avez vu quelqu'un, par exemple, pendant 8 jours en vacances régulièrement,
05:22 vous le revoyez un an après et vous ne savez pas qui c'est.
05:26 - Vous n'êtes pas physionomiste dans ces cas-là ?
05:27 - Bien sûr, physionomiste, mémoire, ce sont des sujets, j'imagine, qui sont en parallèle, M. Amouyel.
05:32 - Tout à fait, mais à votre décharge, c'est pas la même chose quand vous voyez 10 personnes par jour
05:36 et quand vous en voyez 150 ou comme Joe Biden, plusieurs milliers.
05:40 Donc il y a une notion également de saturation de la mémoire qui fait qu'on ne peut pas tout retenir
05:44 et heureusement, sans ça, on ne s'en sortirait pas.
05:47 - Écoutez, merci, c'est toujours un plaisir d'échanger avec vous.
05:51 Je n'ai pas oublié ni votre numéro de téléphone, ni votre nom, Philippe Amouyel.
05:56 - Merci beaucoup. - Merci beaucoup.
05:57 - Le plaisir est partagé.
05:59 - Professeur de santé publique au CHU de Lille, il est 11h24.
06:04 Pascal Praud sur Europe 1.