7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Joe Biden est-il toujours apte à gouverner?
Une conférence de presse s'est improvisée hier soir à la Maison-Blanche, sous l'impulsion de Joe Biden, président des États-Unis. L'homme de 81 ans souhaitait faire taire les critiques concernant ses trous de mémoire et ses confusions. Il a ironiquement commis une nouvelle bourde lors de cette conférence. Au-delà des moqueries de ses adversaires politiques, la question se pose réellement: Joe Biden est-il suffisamment en bonne santé mentale pour assumer un nouveau mandat?
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00:00 Joe Biden est-il encore apte, si on pose la question un peu brutalement, est-il encore apte à diriger la première puissance de la planète ?
00:08 On en parle avec Patrick Sos, Benoît Ballet, le correspondant de BFM TV à Washington,
00:18 et le professeur Julien Dumurgier, neurologue à l'hôpital Larry Boisier.
00:21 Merci d'être avec nous, vous êtes chercheur aussi au centre de neurologie cognitive de l'hôpital Larry Boisier.
00:26 Si on parle de Joe Biden ce matin, c'est parce que tout le monde a été surpris cette nuit par la convocation d'une conférence de presse en urgence à la Maison Blanche.
00:34 En pleine nuit, Joe Biden voulait réagir à un rapport du procureur spécial qui a dénoncé dans ce rapport les lacunes de la mémoire du président américain.
00:44 Très en colère, donc, il assure ne pas avoir de problèmes de mémoire. Écoutez.
00:49 Est-ce que vous avez l'impression que votre mémoire flanche, monsieur le président ?
00:53 Ma mémoire va bien. Regardez ce que j'ai fait depuis que je suis président.
01:00 Personne ne pensait que je pourrais faire passer ce que j'ai fait passer. Comment ça se fait ? J'imagine que j'ai juste oublié ce qui se passait.
01:08 Oui, mais c'est bien ça le problème. Parce que, en fait, c'est la cune de mémoire. Il en a donné l'illustration cinq minutes après. Regardez.
01:18 Au début, le président du Mexique, monsieur Sisi, ne voulait pas ouvrir la porte pour permettre à l'aide humanitaire d'entrer.
01:27 Je lui ai parlé. Je l'ai convaincu de l'ouvrir.
01:32 Il y a mémoire et puis il y a confusion aussi. Parce qu'une nouvelle fois, Patrick, le président Sisi, c'est le président égyptien, c'est pas le président mexicain.
01:38 Si je ne m'abuse.
01:39 C'est inquiétant ?
01:41 Oui, c'est inquiétant parce que nous, on s'arrête sur ses noms propres. Ça nous parle. Mais sur des dossiers militaires, politiques, il peut y avoir une vraie confusion.
01:50 Rappelons-le d'abord. L'agenda d'un président américain, ce n'est pas celui d'un Français.
01:54 La journée est quand même relativement légère par rapport à ce que pourrait faire Emmanuel Macron en France, tout simplement parce que l'administration se fait par agence.
02:03 Et chaque État gère son propre système de santé, sa propre éducation, par exemple.
02:08 Oui, mais lorsque vous êtes président américain, encore plus lorsque vous êtes candidat à votre réélection, vous devez incarner le leadership de ce que vous avez appelé, Christophe,
02:18 la première puissance du monde et une vision pour l'avenir. Et lorsque vous avez, parce que ce n'est pas que ce côté un peu cognitif et confusion.
02:25 Vous avez vu la démarche de Joe Biden ? Vous avez vu ces mots qu'il va chercher ?
02:29 Le regard, c'est tellement important à la télévision. Depuis John Kennedy, c'est important, la télévision.
02:34 Vous rappelez l'âge du président des États-Unis ?
02:37 Il est en 1942. Il avait 10 ans quand Elisabeth II a été couronnée.
02:41 Benoît Ballet, vous êtes à Washington. Il est 2h du matin. L'âge de Joe Biden, la santé mentale de Joe Biden ont fait cette nuit un retour fracassant dans la campagne présidentielle.
02:52 On rappelle que l'élection passait en novembre.
02:56 C'est dans huit mois et c'est absolument terrible ce qui s'est passé pour Joe Biden cette nuit.
03:01 Vous le disiez, il a donc commencé une conférence de presse improvisée à la Maison-Blanche pour faire taire les critiques sur son âge.
03:09 Et puis, voilà, il y a cette dernière question de la conférence de presse.
03:13 Joe Biden s'apprête en fait à partir. Il a répondu à quelques questions des journalistes.
03:18 Il a effectivement assuré que tout allait bien, qu'il n'avait pas de problème de mémoire.
03:21 Il s'apprête à partir. Et à ce moment-là, non, il décide de prendre une dernière question d'un journaliste au sujet de la situation à Gaza,
03:29 des négociations avec le Hamas et Israël.
03:32 Et c'est là donc qu'il finalement s'emmêle une nouvelle fois les pinceaux et qu'il confond effectivement le président du Mexique avec le président égyptien.
03:42 La campagne présidentielle va encore durer huit mois. C'est extrêmement long.
03:47 Et on s'interroge naturellement les journalistes, mais pas seulement tous les Américains,
03:51 sur la capacité pour Joe Biden de tenir pendant tous ces huit mois.
03:57 Et ensuite cette capacité mentale, physique de tenir ensuite quatre ans d'un nouveau mandat.
04:05 Et d'ailleurs, il y a un très récent encore de NBC News qui…
04:08 – Oui ?
04:09 – Est-ce qu'aux États-Unis, comme en France ce fut le cas d'ailleurs pendant un temps,
04:13 il y a un bilan médical officiel de l'état de santé du président ?
04:20 – Alors le médecin de Joe Biden, l'année dernière, a établi un rapport selon lequel,
04:29 selon ce médecin, Joe Biden est un homme en bonne santé.
04:33 Voilà pour le discours officiel.
04:35 Et d'ailleurs, évidemment, Joe Biden s'en est servi pour appuyer sa défense selon laquelle il n'y a pas de problème.
04:41 Donc côté, si vous voulez, Maison Blanche, jusqu'ici, on refuse de voir ces erreurs,
04:48 ces bourdes, ces trous de mémoire comme un vrai problème de santé de Joe Biden.
04:51 On explique que ça arrive à tout le monde d'oublier des choses, évidemment quand on a 81 ans,
04:57 mais ça arrive vraiment à tout le monde et on ne se prive pas non plus, côté Maison Blanche,
05:02 de rappeler que le principal concurrent et adversaire de Joe Biden, c'est Donald Trump.
05:07 Et lui, il aura 77 ans le jour de l'élection.
05:10 – Patrick Sos, est-ce qu'on peut rappeler ce que dit précisément le rapport de ce procureur spécial
05:16 sur la santé et la mémoire de Joe Biden ?
05:18 – En deux mots, Robert Hur, oui, il est républicain, mais il a été, pardon pour l'anglicisme,
05:23 appointé par Merrick Garland qui est le ministre de la justice actuelle.
05:27 Donc sur l'indépendance, il n'y a pas de problème.
05:29 Tout est extrêmement juridique, mais c'est vrai, on peut se poser la question,
05:33 il termine par cette phrase totalement assassine.
05:36 Nous avons aussi estimé qu'au moment d'un procès,
05:38 M. Biden se présenterait sans doute devant un jury comme il l'a fait lors de notre entretien,
05:42 c'est-à-dire comme un homme âgé, sympathique et bienveillant, avec une mauvaise mémoire.
05:46 – Terrible ! – Oui, et il ajoute, parce que ça c'est très concret,
05:50 Joe Biden ne se souvenait plus quand il était vice-président, lors de cette interrogation,
05:55 ni exactement de l'année de décès de son fils.
05:58 Professeur Dumurgier, alors on ne peut pas évidemment spéculer sur l'état de santé
06:03 du président des États-Unis parce qu'on n'est pas dans le dossier,
06:06 mais âge et mémoire c'est quand même un vrai sujet,
06:08 et là on a un certain nombre de symptômes, non ?
06:12 – Alors, vous avez raison, il faut savoir que les fonctions cognitives,
06:18 la mémoire c'est un phénomène complexe qui est influencé par de nombreux facteurs,
06:25 le stress et le sommeil par exemple sont des facteurs évidents.
06:29 Effectivement, le diagnostic de maladie négérative,
06:34 c'est une question qui peut se poser en vieillissant,
06:37 il faut savoir que c'est un diagnostic qui est complexe
06:40 et qui ne peut absolument pas être fait en prenant quelques extraits de vidéos,
06:46 sachant qu'une personnalité comme Joe Biden, bien sûr,
06:49 est filmée quasiment 24 heures sur 24,
06:51 l'intégralité de ses discours sont filmés,
06:55 et bien entendu l'accent est mis quand il fait des erreurs et pas quand…
06:59 – Quand il a une erreur, il ne s'y trompe pas.
07:01 – Voilà, il faut savoir par exemple que la mémoire des noms propres,
07:04 puisque c'est ce dont on parle ce matin,
07:06 est assez influencée par le vieillissement,
07:09 et c'est quelque chose d'assez banal en vieillissant,
07:11 d'avoir une moins bonne mémoire des noms propres,
07:14 c'est une plainte assez fréquente dans la population en vieillissant,
07:17 et c'est quelque chose qui est banal, lié au vieillissement,
07:20 en tout cas qui n'est pas très évocateur de maladies neurodégénératives.
07:24 – Justement, la confusion des noms propres,
07:27 il y en a eu trois illustrations cette semaine,
07:31 et notamment au sujet du président Macron.
07:36 – Juste après mon élection, je suis allé au G7,
07:40 et j'ai rencontré tous les dirigeants de ces pays,
07:42 on était dans le sud de l'Angleterre,
07:44 je me suis assis et je leur ai lancé "l'Amérique est de retour".
07:52 Et là, Mitterrand, le président de l'Allemagne,
07:55 euh de la France je veux dire, m'a regardé et m'a dit,
08:02 "vous savez, vous êtes de retour, mais pour combien de temps ?"
08:06 – Voilà, autre confusion donc autour des noms Patrick,
08:08 est-ce que dans le process jusqu'à l'élection,
08:11 évidemment du mois de novembre,
08:13 est-ce qu'il peut être empêché Joe Biden ?
08:15 – Oui, par les démocrates, mais pour le remplacer par qui ?
08:18 Souvenez-vous, moi j'ai vraiment,
08:20 c'était la première fois qu'on voyait ça,
08:22 deux personnes qui étaient affichées comme vainqueurs de l'élection en 2020.
08:26 D'habitude, vous avez le nom du nouveau président,
08:29 là c'était Kamala Harris et Joe Biden.
08:31 Six mois plus tard, elle était totalement débranchée,
08:33 notamment parce qu'elle avait été assez mauvaise
08:35 dans sa gestion de l'immigration.
08:37 Joe Biden avait dit "moi je serai un pont
08:39 entre ce qui s'est passé, le chaos Trump,
08:42 et l'avenir sans doute Kamala Harris".
08:44 Il l'a totalement débranchée, résultat, elle parle de très très loin,
08:47 et c'est difficile, on l'a vu à moult reprises
08:51 avec d'autres chefs d'État, d'aller lui dire
08:53 "écoutez monsieur le président, ça n'est plus possible".
08:56 On comprend le côté extrêmement objectif pour un homme de 81 ans,
09:00 mais on ne demande pas à un homme de 81 ans
09:02 de devenir président des États-Unis habituellement.
09:05 Aller le dire en disant "monsieur le président,
09:07 faisons-le avant que ce soit trop tard, arrêtons les frais,
09:11 il faut aussi penser à la campagne derrière,
09:12 les financements c'est extrêmement difficile".
09:14 En février c'est trop tard,
09:15 on rappelle qu'il n'a que 4 ans de plus que Donald Trump quand même.
09:18 Oui mais Donald Trump, il commence aussi à avoir des problèmes cognitifs,
09:21 il s'est trompé entre Nikki Haley et Nancy Pelosi,
09:23 mais il a un énorme avantage, c'est que lui raconte tout le temps n'importe quoi.
09:27 Donc il a l'avantage du fou.
09:28 Non mais vous comprenez, ça ne surprend personne d'avoir des inepties qui sortent de la bouche de Trump.