• il y a 10 mois
L'actrice Judith Godrèche a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour "viols sur mineure". Selon le ministère public, les faits dénoncés ont eu lieu entre 1986 et 1992

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Transcription
00:00 Que pensez-vous des révélations de Judith Godrech ?
00:02 Est-ce que c'est une nouvelle étape dans ce mouvement #MeToo ?
00:05 Si c'est une nouvelle étape, non, parce que de toute façon,
00:08 on a plusieurs #MeToo qui ont été lancés dans le cinéma,
00:12 dans l'art contemporain, dans le théâtre.
00:15 À chaque fois, on fait état des mêmes faits.
00:18 Là, en ce moment, on parle des violences sexuelles sur mineurs,
00:22 mais les violences sexuelles sur mineurs, ça va du cinéma jusqu'au théâtre,
00:27 avec aussi Philippe Cobert.
00:29 Donc, en fait, on parle d'une question de génération ou d'art,
00:32 mais ça va beaucoup plus loin que ça, sur la conceptualisation
00:36 de la femme qu'il faudrait former, qu'il faudrait former à son propre désir.
00:40 C'est ce qu'on retrouve beaucoup dans les écoles de théâtre.
00:42 Et en fait, ce sont les écoles de théâtre qui forment aussi
00:45 les actrices et les acteurs de demain.
00:47 Donc, en fait, oui, cette parole est importante.
00:50 Et je me réjouis d'une chose, c'est que personne n'a remis en doute sa parole.
00:55 Par rapport à d'autres victimes qui ont parlé publiquement,
00:58 je n'ai vu personne soutenir Benoît Jacot.
01:01 Et ça, c'est quand même quelque chose qui, je trouve, est à noter.
01:05 Et en fait, ça me fait plaisir de voir qu'elle a pu se sentir libre,
01:09 même de faire de nouvelles révélations, parce qu'elle s'est sentie crue.
01:12 Et c'est le cas, en fait.
01:14 Les deux cinéastes n'y l'est fait.
01:16 L'avocate de Jacques Doyon, c'est Marie Dosé, maître Marie Dosé.
01:20 Elle dit que Jacques Doyon a découvert ses accusations par voix de presse.
01:24 Il les réfute avec force.
01:26 Il a hâte de s'expliquer devant la justice.
01:28 Et Benoît Jacot commence aussi à s'expliquer.
01:30 En fait, en gros, si on comprend bien, pour lui, c'était une relation consentante.
01:35 Il dit qu'il a été lui-même victime d'emprise de la part de Judith Godrech.
01:39 Est-ce qu'à partir de ce moment-là, on peut prendre sa parole comme étant argent content ?
01:43 Il parle d'une relation amoureuse.
01:45 Oui, mais une relation amoureuse, il y a pu avoir relation amoureuse.
01:48 Ça n'enlève à rien qu'une jeune fille de 14 ans ait pu être amoureuse.
01:52 Elle le réfute aujourd'hui, mais ça a peut-être pu être le cas à l'époque.
01:55 Et en fait, la violence, elle n'est pas là-dedans.
01:57 La violence, elle est dans le fait qu'un homme de 39 ans ait une relation intime.
02:01 Oui, c'est sur la question de l'abus, sur la question des rapports dissymétriques.
02:05 Mais ce qui est intéressant aussi, et dans le papier du Monde, qui est très bien fait,
02:09 on voit bien que l'environnement des tournages personne n'a rien dit.
02:13 Mais même dans la presse.
02:14 Ça n'a choqué personne.
02:15 Le producteur, qui s'appelle Carcassonne, dit "Ben non, je ne me rendais pas compte".
02:19 Pourquoi ? Parce qu'on était dans le déni ou parce qu'à l'époque, ça ne choquait personne ?
02:23 Parce qu'il y a une complaisance dans les milieux artistiques et intellectuels
02:26 par rapport au fait que de jeunes femmes mineures ou qui viennent d'être adultes
02:31 aient des relations avec des personnes de 40, 50, 60 ans.
02:35 Et personne ne remet ce système-là en question, en fait.
02:39 Et c'est ça la problématique.
02:40 Là, cette libération de la parole va remettre forcément ce système en question.
02:44 Pas forcément.
02:45 Peut-être aussi une question générationnelle, parce que je disais, c'est des gens qui ont le même âge.
02:48 La question de la violence, elle est toujours là.
02:50 Sinon, on n'aurait pas eu des accusations sur ce qui a été laissé à l'époque.
02:52 Vous croyez que ça continue encore sur les plateaux de cinéma ?
02:55 Mais évidemment, évidemment que ça continue.
02:57 Vous avez des preuves pour le dire ? Des témoignages ?
03:00 Avec le collectif Mise au théâtre, nous, la problématique qu'on a,
03:03 c'est qu'on parle beaucoup des écoles de théâtre.
03:07 Et oui, on a des plaintes qui nous reviennent, mais c'est tous les jours, en fait.
03:11 C'est tous les jours.
03:12 Il y a les plaintes qui sont médiatisées, les plaintes qui ne sont pas médiatisées.
03:15 Là, par exemple, on parle de cette plainte-là, mais il y a des plaintes dont on ne parle pas.
03:19 Procello, qui est directeur du Centre Dramatique National de La Réunion,
03:23 qui est sous une enquête pour viol incestueux, il est toujours directeur.
03:26 Et personne n'en parle. Personne n'en parle.
03:29 Donc, en fait, c'est ça aussi notre problématique.
03:30 Il y a les cas qui sont médiatiques et les cas qui ne sont pas médiatiques.

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