• il y a 9 mois

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00:00 Dans la voiture, un policier me dit "tu crois qu'il saigne du fion ?"
00:02 Et il rigole.
00:03 Qu'ils aient un prison 30 ans, 50 ans, ça allait rien changer à ma vie.
00:06 J'allais dire foutu ma vie en l'air depuis le 2 février 2017,
00:08 ça fait 5 ans que c'est comme ça.
00:10 Mais en fait ils se sont foutus, c'est fini.
00:11 Le 2 février 2017,
00:14 je sors faire une course pour ma sœur.
00:17 Je vais aller dire bonjour à mes amis.
00:18 Et là on tombe sur 4 policiers très agressifs qui
00:22 disent vouloir nous contrôler.
00:24 Mais l'un d'entre eux met une barfe.
00:27 Un petit est dans le contrôle.
00:29 Je retiens le petit pour pas que ça aille dans tous les sens.
00:32 Et quand je retiens le petit, malheureusement,
00:34 il y a un policier qui me met un coup à moi.
00:36 Et après, il y a un 3e policier qui vient sur moi.
00:38 Et là, il y a un policier qui est à ma gauche,
00:40 qui me pousse vers l'avant du muret.
00:43 Il me met la barfe dans les fesses comme ça.
00:46 Et quand il fait ça, moi je suis dans un trou noir.
00:48 Je ne sais pas ce qui se passe, je tombe par terre,
00:50 je ne sais plus ce qui se passe.
00:52 Mais il sait que j'avais une douleur,
00:53 qu'elle n'avait jamais ressuscité de ma vie.
00:54 Je suis par terre, donc il me note.
00:57 Et après ça, il met encore des coups.
00:58 Il me frappe, il me frappe, il me frappe.
01:00 Et un policier qui dit à un de ses collègues,
01:02 "Ne frappez pas ici, il y a des caméras.
01:04 On va ramener un angle mort et on va lui faire sa fête."
01:06 Dans la voiture, un policier qui me dit,
01:08 "Je crois qu'il saigne du fion."
01:09 Et il rigole.
01:10 Alors que je suis en train de partir.
01:13 Et arrivé au commissariat,
01:15 le policier dit, "Les gars, il y a un problème,
01:16 il faut appeler les pompiers."
01:17 Et les pompiers interviennent et me ramènent à l'hôpital.
01:21 Mon but était de rester en vie.
01:23 Je ne peux pas vous dire précisément les noms de mes blessures,
01:26 mais je sais qu'il y avait un trou anal de 10 cm au moins,
01:30 une blessure au feste de 10 cm,
01:32 des équimaux, je crois que ça s'appelle, après la figure.
01:35 Le mois dernier, il y a eu un procès, après 7 ans d'attente.
01:38 Ce qui s'est passé pour eux, c'est qu'il y a une peine,
01:41 c'est du sursis, il n'y a pas de prison ferme.
01:43 Le verdict, il condamne les trois policiers
01:46 sur une qualification qui est celle de violence en réunion
01:49 par dépositaire de l'autorité publique avec arme,
01:52 donc qui est une qualification lourde quand même.
01:55 On a eu beaucoup de discussions autour de, est-ce que c'est un viol,
01:57 est-ce que c'est une infirmité permanente,
01:59 est-ce que c'est une violence volontaire ?
02:01 Ce que ça veut dire, c'est que Théo est une victime,
02:03 ce n'est ni un agresseur,
02:05 ni quelqu'un qui a cherché quelque chose ce jour-là,
02:07 et la violence qui a été commise contre lui n'est pas légitime.
02:10 Moi, le verdict de ce procès, ce n'était pas vraiment mon obsession.
02:14 Parce que je savais très bien que c'était face à l'État,
02:16 c'est la police,
02:17 donc ça veut dire que c'était déjà un combat assez épineux.
02:20 Moi, ce que je voudrais, c'est juste de retrouver mon corps d'avant,
02:22 c'est une chose impossible.
02:23 Qu'ils aient un prison de 30 ans, 50 ans, ça allait rien changer à ma vie.
02:26 Ça veut dire foutre ma vie en l'air depuis le déferlé 2017,
02:29 ça fait 5 ans que c'est comme ça.
02:30 Mes fesses, elles ne reviennent pas mal.
02:32 Mes fesses sont foutues, c'est fini.
02:34 Ces dossiers dites de violences policières,
02:36 ils posent beaucoup de questions.
02:37 Ce n'est pas facile pour les juges de sanctionner les policiers
02:39 parce qu'il ne faut pas oublier que dans le cours des choses,
02:42 c'est les policiers qui aident les juges, normalement, à résoudre les dossiers.
02:45 Et on peut penser que la police ne va pas être la plus pronte
02:48 à récupérer des preuves impliquant des collègues.
02:52 C'est ça aussi qui a fait que c'était un dossier tout à fait particulier
02:54 dans lequel on peut être satisfait d'obtenir une condamnation
02:57 qui n'est pas toujours acquise et n'est pas toujours simple.
03:00 J'étais un footballeur,
03:02 je jouais au foot en Belgique en 3e division,
03:04 à deux divisions d'être pro.
03:06 C'était fait pour moi, c'était tout droit.
03:08 Et après ce drame, malheureusement,
03:11 j'ai handicapé la vie.
03:12 Tu n'as pas ta vie d'avant, tu ne peux plus sortir tranquillement,
03:16 tu sors dehors, tu peux faire tes pesées sur toi.
03:19 C'est difficile.
03:21 En fait, je vais vous dire une chose,
03:23 j'ai évoqué la même journée depuis 7 ans.
03:25 Tu rentres dans ta chambre, tu regardes mon oncle,
03:27 mes parents, ils me regardent et ils me regardent mourir.
03:30 Encore aujourd'hui, ils sont tristes de me voir dans ma chambre.
03:32 Ils savent comment je suis à la base.
03:33 Moi, je suis quelqu'un qui joue au vial,
03:35 qui met la chambre dans la bonne humeur
03:37 et là, on voit quelqu'un qui ne descend que pour aller aux toilettes.
03:40 La première suite, c'est des procédures
03:42 qui visent à obtenir réparation pécuniaire.
03:44 Il y a peut-être la responsabilité de l'État
03:46 qui va être engagée du fait de ses agents.
03:48 Et puis, deuxièmement, il y a la question de à quoi ça sert tout ça.
03:51 Est-ce que ça sert à Théo pour reprendre le fil d'une vie
03:55 en dehors de la sphère judiciaire ?
03:57 Et puis, est-ce que ce procès peut changer quelque chose
04:00 dans le débat public, dans la loi,
04:02 sur des thèmes comme par exemple la présomption d'innocence,
04:04 sur des thèmes comme la médiatisation de la justice
04:07 et puis sur des thèmes comme comment est-ce qu'on doit traiter
04:10 ces dossiers spécifiques de violences policières ?
04:12 [BIP]

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