Le monde d'après : "l'UE souhaite entraîner les pays pollueurs à avoir des plans aussi ambitieux"
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00:00 On va en parler avec la climatologue Françoise Vimeux de l'Institut de Recherche pour le Développement.
00:05 Bonjour Françoise Vimeux.
00:06 Bonjour.
00:07 Merci d'être avec nous sur France 24.
00:10 Ces chiffres, -90% pour 2040, est-ce qu'ils sont en accord avec les objectifs de l'accord de Paris ?
00:18 Oui, alors l'accord de Paris stipule que le réchauffement doit être limité à 1,5 voire 2 degrés au niveau mondial.
00:29 Et si tous les pays du monde avaient le même plan de diminution des émissions de gaz à effet de serre que ce qui a été évoqué là à l'Europe,
00:40 alors oui, on suivrait les accords de Paris.
00:43 Le problème, j'allais dire, c'est que là finalement ce qui a été décidé, ça n'engage que l'Europe
00:49 et il faudrait que tout le monde suive cette trajectoire.
00:51 Mais je crois que l'Europe souhaite finalement se montrer sur la scène internationale en tant que leadership
00:58 et entraîner les autres pays les plus pollueurs comme les États-Unis ou la Chine à avoir des plans aussi ambitieux.
01:05 Est-ce que ça veut dire quelque chose aujourd'hui, Françoise Vimeux, de parler en émission nette ?
01:11 Parce que ça a été beaucoup critiqué justement de miser sur des puits carbone qui s'effondrent,
01:16 de miser aussi sur des solutions qui n'ont pas fait leur preuve.
01:19 Est-ce que ça a du sens ?
01:22 Oui, alors en fait c'est très critiqué depuis quelques heures et c'est très critiquable
01:28 pourquoi ? Parce que, vous l'avez très bien expliqué, on compte sur l'absorption du dioxyde de carbone
01:34 d'une part par les sols et les massifs forestiers.
01:38 Peut-être on peut dire que sur la dernière décennie, nos forêts ont absorbé deux fois moins de dioxyde de carbone
01:45 que sur la décennie précédente.
01:47 Pourquoi ? Parce que les forêts, elles subissent par exemple les vagues de chaleur, les sécheresses,
01:53 l'attaque de parasites qui se sentent bien finalement dans un climat qui change.
01:58 Et puis le deuxième aspect, vous l'avez aussi mentionné, c'est le captage-stockage du dioxyde de carbone
02:04 qui est une sorte de pari technologique sur est-ce qu'on va vraiment réussir à le faire ?
02:09 En plus ça ne concerne que le captage à la source en fait d'émissions du dioxyde de carbone.
02:15 Il n'est pas question de sortir un aspirateur et d'aspirer du dioxyde de carbone dans l'atmosphère.
02:20 Et puis vous l'avez aussi très bien dit, c'est quelque chose qui est très coûteux.
02:25 Et ce que nous dit le GIEC et ce que nous a rappelé très récemment le Haut Conseil pour le Climat,
02:29 c'est que cette technologie doit être réservée aux émissions résiduelles de CO2 que l'on ne pourra pas stopper.
02:37 Est-ce que ça ne risque pas cette solution aussi de rassurer inutilement
02:42 et de faire perdre du temps finalement dans cet objectif d'atteindre une vraie neutralité carbone ?
02:48 Je ne suis pas sûre parce que cet objectif à 2040 était attendu, on a un objectif à 2030.
02:57 Mais vous savez que dès 2025, l'ensemble des pays vont devoir redonner ce qu'on appelle
03:03 les contributions nationales déterminées au titre de l'accord de Paris.
03:07 C'est-à-dire redonner quels sont leurs engagements pour l'adaptation et pour l'atténuation des émissions.
03:15 Et donc quand on fait cela, on fixe un capte pour les 10-15 années qui viennent.
03:20 Et donc il était absolument nécessaire d'avoir une étape intermédiaire entre 2030 et la neutralité carbone en 2050.
03:28 Je disais à l'instant que l'agriculture était responsable de 11% des émissions de gaz à effet de serre de l'Union européenne.
03:35 Comment déjà on arrive à ce poids conséquent dans le bilan carbone de l'Union européenne ?
03:42 Et comment est-ce qu'on peut rendre l'agriculture plus sobre en CO2 ? À quoi il faut s'attaquer d'abord ?
03:49 Alors quand on parle des émissions de l'agriculture, dont 11% c'est au niveau de l'Europe, c'est plus en France, c'est un peu moins de 20%.
03:57 On parle en CO2 équivalent, c'est-à-dire que c'est à la fois du dioxyde de carbone et à la fois du méthane.
04:02 Et on transforme finalement l'effet du méthane dans une unité de mesure qui est le CO2 équivalent.
04:09 Tout ça pour dire qu'en fait, il y a une grosse partie des émissions qui est due à l'élevage des bovins ou des porcs.
04:18 Et c'est là que par exemple le Conseil pour le climat nous rappelle que diminuer sa consommation de viande,
04:24 ça peut aider à faire diminuer les émissions de ce secteur.
04:28 Merci beaucoup Françoise Vimeux, climatologue à l'Institut de recherche pour le développement d'avoir été avec nous sur France 24.