Témoignage de Christine Katlama, Co-découvreuse du VIH-2, à l'occasion des 40 ans du Sida.
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00:00 Il y avait tout à faire, c'était insupportable.
00:02 Ces gens qui étaient les mêmes que nous, qui devenaient aveugles,
00:06 c'était quand même horrible de voir tout le monde qui mourait.
00:09 Je suis Christine Catlamas, je suis professeure de maladies infectieuses
00:14 à Paris, à la PHP, à l'hôpital de la Piscée, salle pétrière.
00:19 Notre service, notre salle, on n'en avait qu'une à l'époque,
00:26 c'est du suli, c'est que du sida.
00:29 Les gens n'ont pas question d'arrêter de partir à 20h.
00:33 Les gens vont s'éteindre.
00:36 Et oui, je me souviens,
00:40 c'est des choses fondatrices quand vous êtes jeune.
00:44 T'as un administratif qui vient, je ne sais pas si c'était le directeur
00:47 ou un administrateur de garde en disant entre les...
00:51 On m'a dit les 21h, il y a encore des gens, des familles qui visitent.
00:58 Et voilà, j'étais dans des messieurs, c'était votre fils.
01:03 Voilà, oui, ils font l'œil, ils font pas de bruit.
01:06 Tu vois un peu de musique, ils ne dérangent personne.
01:08 Ils aident le personnel aussi.
01:10 Donc s'il vous plaît, ils partiront un peu plus tard.
01:13 Bon, ça nous a donné du culot aussi.
01:16 On a donné de l'envie de se battre, de l'envie de vivre.
01:25 Après, c'était aussi nos caractères à nous.
01:28 Mais en faisant ça, on se projetait.
01:30 Sinon, certains d'entre nous ne tenaient pas
01:33 parce que c'était quand même horrible de voir tout le monde qui mourait.
01:36 Oui, c'était difficile.
01:39 Je ne sais pas, on n'avait pas de choix.
01:43 Après, c'est nos caractères, on va de l'avant.
01:45 Il y avait urgence de faire parce que c'est une pandémie.
01:53 Et puis surtout, c'est le caractère inéluctable,
01:57 les gens qui se dégradaient à vitesse grandée.
02:00 Donc oui, on est obligé de se mettre en recherche d'inventer.
02:04 Je pense que j'ai testé tous les produits sur Amine HPA
02:09 dès qu'on avait un, dans des petits essais.
02:14 Parce que finalement, moi je me disais chaque fois qu'un homme,
02:20 c'était des hommes beaucoup à l'époque, partaient,
02:22 je me disais il faudra qu'il y en ait moins.
02:25 Donc en fait, on avait cette énergie,
02:31 d'abord elle était plus jeune,
02:32 mais on avait beaucoup d'énergie pour renverser les murailles.
02:37 Et voilà, en disant on n'a rien à perdre.
02:40 On avait cette situation et une époque aussi,
02:46 parce que maintenant tout est procédure.
02:49 Voilà, on a pu transgresser.
02:52 [SILENCE]