• il y a 9 mois
Au procès des attentats du 13-Novembre, Salah Abdeslam a fait usage de son droit au silence ces dernières semaines. Mais ce jour-là, l’accusé se lève. Durant deux heures, Salah Abdeslam expose sa version des faits, ce soir du 13 novembre 2015. Pour conclure, l’accusé demande pardon aux parties civiles. Olivia Ronen mesure le chemin parcouru par son client. Mais les avocats des parties civiles et les avocats généraux ne sont pas de cet avis, et remettent en cause la sincérité de l’accusé. Les réquisitions tombent : les avocats généraux demandent pour Salah Abdeslam la "réclusion criminelle avec perpétuité incompressible". La peine la plus lourde prévue par le droit français. Pour Olivia Ronen, la pression est à son comble. Il lui reste une dernière chance pour tenter d’alléger la peine de son client : sa plaidoirie. L’avocate a du mal à l’écrire. Elle souhaite trouver les mots justes. Le matin même, elle ne l’a toujours pas terminée. Dans ce procès XXL, et qui est par ailleurs filmé, elle doit plaider "pour l’Histoire"… Dans cet épisode du podcast "Le terroriste", Me Olivia Ronen raconte ses sentiments face à ce procès qui va changer sa vie au micro de Noémie Schulz, journaliste judiciaire.

Le podcast "Le terroriste" est produit par Europe 1 Studio.

[Le 29 juin 2022, Salah Abdeslam a été condamné par la cour d’assises spéciale de Paris pour sa participation aux attentats terroristes du 13-Novembre 2015. Il n’a pas fait appel. Sa peine, la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, est définitive. Ce podcast n’a donc pas vocation à refaire le procès. Il s’agit de le raconter avec un point de vue inédit, celui de l’avocate de Salah Abdeslam, Me. Olivia Ronen.]

Crédits

Journaliste : Noémie Schulz

Réalisation : Christophe Daviaud avec Clément Ibrahim

Production : Fannie Rascle avec Camille Bichler

Rédaction et diffusion : Lisa Soster

Musique Originale : Sandy Lavallart

Supervision Musicale : The Supervision

Visuel : Sidonie Mangin avec Axelle Maurel

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Transcription
00:00 Le 29 juin 2022, Salah Abdeslam a été condamné par la Cour d'Assis spéciale de Paris
00:05 pour sa participation aux attentats terroristes du 13 novembre 2015.
00:09 Il n'a pas fait appel.
00:11 Sa peine, la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, est définitive.
00:17 Ce podcast n'a donc pas vocation à refaire le procès.
00:20 Il s'agit de le raconter avec un point de vue inédit, celui de l'avocate de Salah Abdeslam.
00:25 Je me souviens ce jour-là, c'est un mercredi.
00:28 Ce 13 avril 2022, Salah Abdeslam a l'occasion de s'expliquer pour la toute dernière fois.
00:33 Ça fait huit mois que le procès des attentats du 13 novembre a commencé
00:36 et les débats touchent à leur fin.
00:38 La Cour d'Assis va maintenant se pencher sur les jours qui ont suivi les attentats.
00:43 Deux semaines plus tôt, vous vous en souvenez, Salah Abdeslam a fait usage de son droit au silence.
00:47 Et Olivia Ronen, son avocate, nous a expliqué qu'elle avait compris les raisons de ce mutisme.
00:52 Mais ce jour-là, tout change.
00:54 Je suis bouleversée. Je suis bouleversée. Alors après, je suis avocate, donc on va...
01:01 On reste... Voilà, il faut rester solide, mais je sais que quelque chose de très important est en train de se jouer.
01:07 Je m'en rends compte, en fait. Je prends conscience que quelque chose de très important,
01:11 que je n'avais pas soupçonné, était en train de se jouer là.
01:17 Et je ne sais pas exactement comment le prendre.
01:20 Je m'appelle Noémie Schultz. Vous écoutez Le Terroriste, un podcast produit par Europe 1 Studio.
01:26 Épisode 7, la version d'Abdeslam.
01:32 Comme à chaque fois que Salah Abdeslam doit être interrogé, il y a beaucoup de journalistes.
01:36 Mais je me fais la réflexion, il n'y a pas tant de parties civiles que ça.
01:39 Sans doute parce qu'elles imaginent qu'il va garder le silence.
01:42 Ou alors parce qu'elles n'attendent plus grand-chose de lui, en fait.
01:46 Moi-même, j'ai prévenu ma rédaction, Salah Abdeslam risque de rester muet.
01:50 C'est probablement ce que se dit aussi le président.
01:52 Il a prévu de l'entendre en toute fin de journée.
01:54 Manière de dire qu'il sait que cet interrogatoire ne durera pas.
01:57 Il posera ses questions, mais n'aura pas de réponse.
01:59 L'audience s'ouvre à 13 heures. Un premier accusé est entendu, puis un deuxième.
02:04 On regarde nos montres. Il est plus de 18 heures quand Jean-Louis Périès, le président,
02:09 se tourne vers Salah Abdeslam. L'accusé se lève. Cette fois, il veut parler.
02:17 Pendant plus de deux heures, Salah Abdeslam explique.
02:20 Le 13 novembre, un autre attentat était prévu, dans le 18e arrondissement de Paris.
02:25 C'était sa mission à lui, se faire sauter dans un bar.
02:29 Mais ce soir-là, en entrant dans l'établissement, il voit des jeunes rire, danser.
02:34 À cet instant, assure-t-il, il comprend qu'il ne va pas déclencher sa ceinture explosive.
02:39 Par humanité, ajoute-t-il.
02:42 Cet interrogatoire reprend le lendemain, à nouveau en fin d'après-midi.
02:46 Cette fois, Salah Abdeslam fait face aux avocats généraux et aux avocats de parti civil.
02:51 Pour l'accusation, si Salah Abdeslam ne s'est pas fait exploser, ce n'est pas parce qu'il a eu des états d'âme.
02:57 C'est simplement parce que son gilet n'a pas fonctionné.
02:59 Les expertises ont révélé qu'il était défectueux.
03:02 Tout l'enjeu, c'est de savoir si Salah Abdeslam a tenté de l'activer ou pas.
03:07 Et ça, aucune expertise ne peut le dire.
03:10 Pour les avocats généraux, l'accusé est en train de réécrire l'histoire à son avantage.
03:14 Et cette conviction, beaucoup de victimes la partagent.
03:17 Mais Salah Abdeslam le répète, c'est sa vérité.
03:20 Au troisième jour, c'est au tour d'Olivia Ronen d'interroger son client.
03:24 C'est vrai que je prends conscience que ce sont les derniers moments où il va pouvoir s'exprimer.
03:32 Je pose tout un tas de questions.
03:34 Ce sont des questions qui ne sont pas forcément faciles,
03:37 parce qu'elles portent sur des moments charnières,
03:41 des moments qui vont changer le cours de la vie de beaucoup de personnes,
03:45 mais aussi le cours de sa vie, à lui.
03:48 Et il se pose la question de savoir s'il regrette.
03:51 Et c'est à ce moment-là que je sens, j'entends,
03:58 que le propos se fait plus lent,
04:01 un peu très réfléchi,
04:06 et en même temps, emprunt d'émotion.
04:10 Et je vois qu'il est en train de se tramer quelque chose.
04:14 Je ne pensais pas que ça allait donner ça, pour être très sincère.
04:19 Je pensais qu'il allait pouvoir expliquer certaines choses,
04:23 mais je ne pensais pas qu'il commencerait à dire
04:25 que le sort des victimes, le destin des victimes et le sien sont liés à jamais,
04:31 et qu'il leur demande de bien vouloir le détester modérément.
04:38 Et il leur demande pardon.
04:41 Et c'est un moment qui est d'une très très grande force.
04:46 Je vois des larmes et je vois que le souffle se fait court.
04:53 Et je ne m'attendais pas du tout à ça.
04:57 Ce n'est pas du tout ce que j'essayais d'avoir.
05:01 Mais je trouve ça beau.
05:07 Le premier sentiment que j'ai, c'est de l'inquiétude.
05:12 Parce que je pense que c'est très dur, comme position.
05:22 Je pense que c'est une chose très difficile à faire,
05:25 d'avoir le recul nécessaire pour présenter ses excuses.
05:33 [Musique]
05:38 Quand Olivia Ronen se retourne sur les 8 mois qui viennent de s'écouler,
05:42 je sens qu'elle mesure le chemin parcouru par son client.
05:45 Pourquoi ses excuses étaient inespérées, même pour l'avocate ?
05:48 A quel point ça semblait impossible,
05:50 après avoir été aussi loin dans ce projet criminel ?
05:53 C'est quelque chose qui m'émeut encore,
05:56 parce que c'était un moment de sincérité important.
06:02 Et surtout, je ne m'attendais pas à ce qu'on arrive à aller aussi loin.
06:13 On se dit qu'il s'est passé quelque chose d'important.
06:17 Et que peut-être que ça a pu faire avancer les choses.
06:23 Mais ce regard qu'Olivia Ronen porte sur les larmes de sa labdé-slam,
06:27 beaucoup de témoins de la scène ne le partagent pas.
06:29 Moi-même, je ne sais pas trop quoi en penser.
06:31 Oui, Salah Abdeslam a fendu l'armure,
06:34 il a laissé paraître des émotions.
06:36 Et oui, il l'a fait en présentant ses excuses aux victimes.
06:39 Mais juste avant, il a aussi évoqué sa mère, sa famille.
06:43 Alors, on est nombreux à se demander
06:45 si ce n'est pas d'abord sur lui-même qu'il pleure.
06:47 Et ça, Olivia Ronen a du mal à l'encaisser.
06:50 Disons que je suis un peu déçue,
06:52 parce qu'il s'est passé quelque chose de tellement fort
06:54 que j'aurais bien aimé qu'on puisse être suffisamment honnêtes intellectuellement
06:58 pour en convenir.
06:59 J'ai l'impression que se joue quelque chose d'humainement très fort
07:05 et que malgré ça, on ne peut pas en convenir tous ensemble tranquillement.
07:10 Je sais que de toute façon, quoi que dira Salah Abdeslam,
07:13 globalement, ça n'ira pas.
07:15 Donc, s'il dit qu'il est combattant de l'État islamique,
07:18 on va crier au scandale.
07:20 S'il dit ses excuses, on n'y croit pas.
07:22 S'il dit qu'il n'y était pas, on n'y croit pas.
07:24 Globalement, il n'y a pas une réponse de Salah Abdeslam
07:27 qui pourra faire le job.
07:28 Et si ça colle trop au dossier,
07:30 il a été trop bien préparé, ça a été très travaillé,
07:34 et puis si ça ne colle pas au dossier, c'est qu'il ment.
07:37 De toute façon, ça ne va pas.
07:38 Salah Abdeslam regarde son avocate et il ajoute
07:42 "Si j'ai pu ne serait-ce que faire du bien à une seule des victimes,
07:46 c'est déjà une victoire.
07:48 C'est tout ce que j'ai à dire.
07:50 Je ne veux plus m'exprimer, Olivia."
07:52 C'est ainsi que se termine son dernier interrogatoire.
07:55 Le printemps passe.
07:59 Nous sommes presque en été à nouveau.
08:01 Ce procès se sera déroulé sur les quatre saisons.
08:04 Au début du mois de juin,
08:05 les plaidoiries des avocats de partie civile se terminent.
08:08 Place maintenant à l'accusation,
08:10 c'est-à-dire aux magistrats qui représentent les intérêts de la société.
08:13 À l'issue d'un réquisitoire de trois jours,
08:15 les avocats généraux demandent, pour Salah Abdeslam,
08:18 la réclusion criminelle avec perpétuité incompréhensible.
08:22 J'en garde le souvenir de quelque chose d'extrêmement long.
08:24 Et d'extrêmement dur.
08:29 Leur raisonnement juridique est pointu.
08:31 Mais je vais essayer de le résumer.
08:33 Les magistrats estiment que les attentats du 13 novembre forment un tout.
08:37 Le Stade de France, les terrasses, le Bataclan
08:41 composent une seule et unique scène de crime.
08:43 Comme si tous les points sur la carte étaient reliés entre eux.
08:46 Les terroristes qui étaient présents à un endroit
08:48 sont aussi responsables des faits commis ailleurs.
08:51 Ce soir-là, Salah Abdeslam a déposé des terroristes au Stade de France.
08:55 Puis, il est allé dans le 18ème arrondissement.
08:58 Pour l'accusation, plus qu'un complice, il est un coauteur.
09:03 Il y a un dernier point important.
09:05 Au Bataclan, des terroristes ont tiré sur des policiers.
09:08 Ça s'appelle une tentative d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique.
09:13 Et c'est ça qui fait qu'on passe, pour Salah Abdeslam,
09:16 de la réclusion à perpétuité à la perpétuité incompréhensible.
09:20 Depuis que la peine de mort a été abolie,
09:22 c'est la peine la plus lourde prévue par le droit français.
09:25 On l'applique aux condamnés dont on estime qu'ils représenteront toujours un danger pour la société.
09:29 Elle n'a été prononcée que quatre fois,
09:31 notamment à l'encontre du tueur en série Michel Fourniret.
09:34 Si la Cour d'Assise suit ces réquisitions,
09:37 alors ça veut dire que pour Salah Abdeslam, 32 ans,
09:40 les chances de ressortir un jour de prison sont infimes.
09:43 C'était dit avec beaucoup de douceur,
09:46 beaucoup de rondeur, des pauses.
09:49 Vraiment, à écouter, c'était agréable.
09:52 L'ennui, c'est que sur le fond, la violence m'a terrassée.
09:57 Parce que le fond, c'était de dire à quelqu'un
10:02 qu'il est irrécupérable,
10:04 que son cerveau est gangréné,
10:08 et qu'on demande qu'il meure en prison,
10:13 parce que c'est ce qu'il mérite, en fait.
10:16 J'ai une espèce de souffrance physique qui se crée.
10:19 Ça me dépite.
10:20 Mais en même temps, d'un côté, ça me dépite.
10:23 Mais après, alors c'est peut-être aussi un côté résilient,
10:27 j'en sais rien, mais après, je me dis,
10:29 ça me donne de la matière.
10:31 J'ai des choses à dire.
10:32 Il est presque 18h quand Olivia Ronen quitte la salle d'audience.
10:35 Elle a pile deux semaines pour préparer sa plaidoirie.
10:38 Préparer une plaidoirie en soi, c'est toujours dur,
10:41 parce que j'ai toujours un mal fou à écrire,
10:43 et c'est toujours au dernier moment.
10:46 J'attends d'être dans l'urgence absolue
10:48 avant d'arriver à produire quelque chose.
10:50 Évidemment que sur les bornes à défense,
10:53 on se dit tous, "Alors, toi, t'en es où ?
10:55 Et alors, toi, t'as commencé à dire ?
10:57 Et tu as plaidé combien de temps ? ", etc.
10:59 On se pose tous plein de questions.
11:01 Et je vois que les gens commencent à écrire,
11:03 certains ont même terminé.
11:05 Et moi, pas du tout.
11:06 Pas du tout.
11:07 Après, ça peut pas être non plus,
11:09 vraiment, que de la dernière minute,
11:11 parce qu'évidemment,
11:13 qu'il y a une somme considérable de choses à dire,
11:16 qu'il a fallu aussi s'organiser avec Martin Vette
11:20 pour ne pas redire les mêmes choses.
11:23 On avait envie de faire quelque chose
11:26 qui soit efficace,
11:28 qui ne soit pas dans la redite.
11:30 Donc, on se divise la tâche.
11:33 Et évidemment, il est prévu que je termine.
11:35 Je sais les sujets sur lesquels je vais intervenir.
11:39 Et ce sont des sujets qui me plaisent particulièrement aussi.
11:42 Après, c'est tellement important
11:44 que j'ai beaucoup de mal à figer ma pensée.
11:48 Parce que tant que ce n'est pas écrit,
11:50 ce n'est pas encore trop définitif.
11:52 Et ça laisse un champ des possibles très important.
11:54 Et à partir du moment où j'écris,
11:57 j'ai l'impression que ma pensée est enserrée.
12:00 Et il faut que j'ai au moins la satisfaction
12:03 d'avoir le mot juste.
12:04 Et alors, trouver le mot juste, c'est compliqué.
12:07 Donc, j'écris petit peu par petit peu.
12:10 Je mets 15 ans à me décider
12:13 sur le fait de savoir si je vais écrire à l'ordinateur
12:15 ou si j'écris la main.
12:16 Après, il y a certains passages
12:18 qui ont été plus fluides que d'autres.
12:21 Et qui sont sortis parfois dingés.
12:26 Et je pense notamment au passage
12:30 qui est le dernier de Ma Plédoirie
12:33 sur le sens de la peine.
12:35 Sur la peine de mort blanche.
12:37 Et c'est ce passage-là que j'ai testé.
12:40 Sur ma mère, comme d'habitude.
12:42 C'est des bribes, Oly.
12:44 Ce n'est pas vraiment rien de construit.
12:46 Moi, j'étais un peu affolée, je vous avoue, franchement.
12:48 Un petit peu inquiète.
12:53 Parce qu'elle ne me parle pas d'une Plédoirie
12:57 bien construite, bien faite,
12:59 qui arrive et qui est là.
13:01 Non.
13:02 Elle doute de ne pas être à la hauteur, peut-être.
13:06 De ce qu'elle va arriver.
13:08 Elle a quand même l'avenir de cet homme entre les mains.
13:12 Et je pense que c'est important pour elle.
13:15 J'ai fait confiance.
13:16 Parce que souvent, je l'ai vue écrire ses Plédoiries
13:18 sur un bout de banc, comme ça.
13:20 Et après, c'était bien.
13:22 Et je crois qu'elle a besoin de cette urgence
13:24 pour arriver à exprimer tout ce qu'elle a en elle.
13:29 Et je crois que tout ce qu'elle dit,
13:32 elle le ressent très fort.
13:34 Nous sommes le vendredi 24 juin.
13:36 Tous les avocats de la Défense ont plaidé, sauf deux.
13:39 Martin Vette et Olivia Ronen.
13:41 Le matin de ma Plédoirie,
13:44 je ne me sens pas terrible.
13:46 Je ne me sens pas très bien.
13:48 Déjà parce que je n'ai pas beaucoup dormi.
13:50 Je n'ai même pas terminé d'écrire, d'ailleurs.
13:53 J'ai écrit jusque très tard.
13:56 Je reçois beaucoup de messages,
13:58 ce qui est très chouette.
14:00 Je reçois beaucoup de messages d'encouragement.
14:02 Ce qui réconforte et met la pression.
14:05 Parce qu'on voit que c'est quelque chose d'important.
14:07 Je reçois aussi toutes les notifications
14:10 des médias divers et variés
14:13 qui disent que c'est le jour de la Plédoirie,
14:17 de la Défense de Salah Abdeslam.
14:19 Donc ça aussi, ça met une pression supplémentaire.
14:22 Le temps file très vite.
14:25 J'essaie de camoufler mes cernes,
14:28 tant que possible.
14:30 Et on se pose la question
14:33 de comment s'habiller pour une Plédoirie comme ça.
14:35 J'ai refait comme d'habitude,
14:37 avec une fumice blanche, que j'aime beaucoup,
14:40 et un jean troué.
14:42 Ce qui n'a pas beaucoup de sens,
14:44 parce que la fille qui fait la Plédoirie de sa vie
14:47 et qui se ramène en jean troué,
14:49 il n'était pas très troué, mais un petit peu.
14:51 Mais je me sentais à l'aise.
14:53 C'était la tenue dans laquelle j'étais moi,
14:57 et c'est important que je sois moi
14:59 pour plaider ce dossier-là.
15:01 Comme tous les dossiers, mais particulièrement là aussi.
15:03 - On y pense ? On se dit que c'est une Plédoirie pour l'histoire ?
15:06 On sait que c'est filmé,
15:07 on sait que c'est un procès historique ?
15:09 - Filmer, c'est drôle.
15:10 Moi, ça n'a jamais fait aucun effet.
15:12 Je ne me suis jamais préoccupée de trop savoir.
15:14 Peut-être que je m'en préoccuperai plus tard,
15:16 mais à ce moment-là, pas du tout.
15:18 Par contre, le côté pour l'histoire,
15:20 ça a pu vraiment me crisper à un moment donné.
15:25 Parce que je me disais,
15:27 il faut que je fasse vraiment quelque chose de formidable,
15:30 de très réfléchi.
15:32 Il faut qu'il y ait de la philosophie,
15:34 un regard très éclairé sur tel et tel point.
15:37 Quelques jours avant, je m'étais mis une pression
15:39 en disant, il faut vraiment que ce soit
15:41 un truc, mais magnifique,
15:45 à en faire palire Robert Beninta.
15:48 Mais on revient sur terre et on se dit,
15:52 il faut faire comme d'habitude.
15:54 Et mettre de côté ce truc historique,
15:59 parce qu'en fait, ça paralyse
16:03 et ça n'a pas beaucoup de sens.
16:05 Parce qu'une plaidoirie, elle est historique
16:08 éventuellement après, si elle est bonne,
16:11 et si ça vaut le coup.
16:13 Il y a plein de paramètres qu'on ne décide pas.
16:15 On ne décide pas de faire une plaidoirie historique,
16:17 elle est ou elle n'est pas.
16:19 Donc on fait une plaidoirie,
16:20 et on espère juste qu'elle soit bonne.
16:23 Vous venez d'écouter Le Terroriste,
16:25 un podcast européen produit par Europe 1 Studio.
16:28 Réalisation, Christophe Daviau avec Clément Ibrahim.
16:32 Production, Fanny Rascal avec Camille Bichler.
16:35 Diffusion et rédaction, Lisa Soster.
16:38 Musique originale, Sandy Lavallart de Supervision.
16:42 Je vous donne rendez-vous très vite pour l'épisode 8,
16:45 le dernier de la série, Un goût très amer.
16:48 Monsieur le Président, mesdames et messieurs,
16:51 entendons-nous bien.
16:53 Je ne vous demande pas du courage,
16:55 je vous demande d'appliquer le droit,
16:58 avec toute la rigueur que cela implique,
17:00 avec toute l'honnêteté que votre conscience exige.
17:04 Si vous avez aimé Le Terroriste,
17:05 n'hésitez pas à en parler autour de vous,
17:07 c'est la meilleure façon de soutenir ce podcast.
17:10 Je vous dis à bientôt.
17:12 Je vous dis à bientôt.
17:14 [Musique]

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