15 000 habitants du littoral du Nord-Pas-de-Calais sont exposés au risque de submersion marine.
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00:00 15 000 habitants du Nord Pas-de-Calais sont exposés au risque de submersion marine.
00:04 On va justement avoir la réponse avec vous Stéphane Barbero, bonjour.
00:07 Bonjour.
00:08 Alors dites-nous, c'est quoi le risque de submersion marine et ça concerne qui ?
00:12 C'est d'abord la montée du niveau de la mer de plusieurs dizaines de centimètres d'ici la fin du siècle.
00:17 C'est problématique chez nous parce que nous avons un littoral qui est plat,
00:20 dans le Calaisie, dans le Dunkerquois, dans le Montreuil, parfois même sous le niveau de la mer.
00:25 Alors ça veut dire qu'en cas de tempête, à marée haute, il y a un risque que les vagues passent par-dessus une digue,
00:31 comme à Vimereux ou encore à Malolébin.
00:33 Autre risque, et là c'est lié à l'érosion des dunes côtières, qu'un ouvrage cède,
00:38 ce qui noierait alors les habitations qui sont situées juste derrière.
00:41 Bon Stéphane, ce que vous venez de nous dire quand même a de quoi préoccuper,
00:44 mais faut-il pour autant sombrer dans le catastrophisme ?
00:46 Non, ces prévisions, elles ne veulent absolument pas dire que le littoral va se retrouver sous les eaux à la fin du siècle.
00:53 Arnaud Eckett est professeur au laboratoire d'océanologie et de géologie à l'université du littoral Côte d'Opale.
01:00 C'est très anxiogène la question du changement climatique qui est carrément attesté.
01:04 Ça va dépendre finalement de la capacité d'adaptation à se protéger face à cette élévation du niveau de la mer.
01:12 Aux Pays-Bas, où c'est absolument critique, depuis des années, ils ont pris les grands moyens.
01:17 On rehausse les digues, on recharge les plages artificiellement, ce qui vient freiner les vagues et atténuer ces phénomènes de submersion possibles.
01:26 Il y a plusieurs façons de se protéger, de s'adapter, mais qui vont dépendre des moyens financiers, des enjeux.
01:35 Alors effectivement, si on parle du Dunkerquois, les enjeux sont très importants.
01:38 Donc là, c'est certainement des secteurs où il va falloir essayer de se protéger.
01:41 Oui, parce que dans le Dunkerquois, on parle beaucoup d'entreprises en ce moment qui sont en train de s'installer.
01:45 Il y a aussi évidemment les habitants, des lieux sensibles comme une maison de retraite.
01:49 4000 personnes vivent dans cette zone à risque, 4000 aussi du côté de Gravelinet ou à Plage,
01:55 avec un collège là et 6 écoles dont certaines n'ont pas d'étage ou se réfugient en cadre à de marée.
02:00 Enfin, les 3600 personnes vivent dans la zone à risque avec notamment l'hypermarché au Champs.
02:05 Des plans de prévention ont été créés ces dernières années avec des obligations de travaux qui sont pris en charge,
02:10 il faut le savoir, par l'État, jusqu'à 80% pour les particuliers.
02:14 Alors c'est quoi ? C'est par exemple avoir un étage à sa maison, un anneau d'amarrage sur l'habitation
02:19 pour permettre aux secours d'arriver en bateau ou encore un détecteur d'eau dans les pièces.
02:25 Tout cela doit être fait d'ici 2027 pour les habitants du Dunkerquois.
02:28 Pour l'instant, on peut dire que ça ne se bouscule pas puisque personne n'a encore sollicité les aides financières de l'État dans ce territoire.
02:35 C'est déjà en place. En revanche, côté Wapelage et Gravelinet, là, seulement 8 habitations sont équipées aujourd'hui.
02:42 On vient de l'entendre Stéphane, il y a donc des moyens de se protéger face au risque de submersion marine, mais quels sont-ils ?
02:47 On peut rehausser les digues, stopper ou ralentir l'érosion des dunes en installant par exemple des pieux en bois comme à Wapelage,
02:54 parce que juste derrière se trouve donc un lotissement.
02:56 On peut aussi ré-ensabler comme la digue des Alliés à Dunkerque depuis 10 ans et c'est plutôt un succès.
03:02 Voilà pour les solutions face au risque venu de la mer.
03:05 Mais il y a un autre risque venu des terres qu'on a hélas bien connues ces dernières semaines.
03:11 Il s'agit des inondations, des cours d'eau en creux qui se déversent vers la mer et une évacuation du trop plein d'eau qui va se compliquer selon Arnaud Eckett.
03:18 Il y a des écluses qu'on ouvre lorsque le niveau de la mer est bas, marée basse par exemple.
03:22 À une certaine hauteur, quand la mer remonte, on les ferme parce qu'autrement l'eau du côté de la mer rentrerait dans les canaux et envahirait tout.
03:30 Donc on ne peut évacuer l'eau qu'un certain nombre d'heures chaque jour.
03:34 Et en fait, avec le niveau marin qui va s'élever dans le futur, la période de temps dans laquelle on pourra ouvrir ces écluses va se réduire de plus en plus.
03:42 Puisque le niveau marin va augmenter. C'est tout ça qui menace ces territoires-là en fait.
03:46 Le Dunkerque et le Calaisie qui seraient donc pris en tenaille entre ces deux menaces.
03:50 Alors rassurez-vous, là aussi il y a une solution.
03:52 À Dunkerque, on a sacrifié des espaces en les inondant volontairement le temps des crues.
03:57 Exemple, le 2 novembre dernier lors de la tempête Kiran, le boulevard Simoneveil a été inondé
04:02 parce que l'ancien canal de Mardik a débordé. On ne pouvait plus évacuer l'eau en pleine marée haute.
04:07 Alors ça pouvait peut-être faire râler les automobilistes, mais il faut savoir que tout cela a été préparé, été volontaire.
04:12 Et on fera la même chose avec des parcs qui vont être créés ces prochaines années à Dunkerque.
04:16 Merci Stéphane Barbero. Donc pourquoi 15 000 habitants du Nord-Pas-de-Calais sont exposés au risque de submersion marine ?
04:22 C'est le décryptage du jour sur France Bleu Nord. Il est à retrouver sur l'application ici, ICI.
04:27 Merci Stéphane, merci Luc. 8h20, la une du prochain journal Luc.
04:31 On va parler encore évidemment de cette mobilisation des agriculteurs. Est-ce qu'il y aura encore des blocages ?
04:37 Quelles réactions après les annonces ? On y revient dans le journal de 8h30.
04:40 Merci beaucoup Stéphane, vous restez avec nous pour l'extrait de fin.