Le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau a été le premier des présidents de groupe à répondre au discours de politique générale de Gabriel Attal, ce 31 janvier 2024.
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00:00 Votre nomination a incontestablement une dimension symbolique.
00:06 La jeunesse dont vous vous réclamez et que vous revendiquez, l'audace aussi que vous
00:15 portez comme une bannière, évoque dans l'esprit de certains, et peut-être d'abord dans l'esprit
00:22 du chef de l'État, les premiers matins ensoleillés d'un macronisme triomphant.
00:27 Lorsqu'il fallait penser printemps.
00:30 Mais ces jours-là sont loin désormais, nous sommes en hiver, et face aux crises qui se
00:37 multiplient et parfois s'emboîtent les unes dans les autres, telles la crise de l'agriculture,
00:44 les Français seront achachés non pas à cette portée symbolique d'une nomination, mais
00:49 à la politique que vous allez conduire, que vous allez mener avec votre gouvernement.
00:54 Car l'engouement dont vous bénéficiez encore, encore, est un atout mais ce n'est pas un
01:02 acquis.
01:03 Vous savez plaire, mais saurez-vous faire ? Saurez-vous faire d'ailleurs ce que vous
01:11 nous promettez, ce que le président de la République nous a promis, une politique de
01:15 réarmement ? Et je voudrais commencer mon intervention par cette politique de réarmement,
01:19 parce qu'on ne peut pas faire une bonne politique sans bon constat.
01:22 J'ai entendu le 31 décembre, comme beaucoup d'autres d'entre nous, le président de la
01:29 République parler et se satisfaire, se vanter d'un réarmement économique.
01:33 Vraiment, vraiment, on est loin du plein emploi.
01:38 Le taux de chômage ne recule pas, il progresse, il tangentera les 8% à la fin de l'année.
01:45 Et nous sommes à la traîne de l'Europe.
01:48 L'Allemagne est à un peu plus de 3%.
01:50 Peut-on s'en contenter ? Peut-on s'en satisfaire ? On est loin aussi de la réindustrialisation.
01:57 C'est vrai, vous l'avez souligné ici à ma place, il y a quelques instants, la désindustrialisation
02:03 est sans doute stoppée, mais on est très loin de la réindustrialisation.
02:06 La preuve, le commerce extérieur.
02:09 Là encore, quand on se compare, on se désole.
02:12 Avant dernier des pays européens avec l'Espagne, juste derrière nous, l'Espagne.
02:19 Quant aux finances publiques, vous avez perdu le contrôle.
02:22 Là aussi, ce n'est pas avec l'Espagne, c'est avec la Belgique qu'on partage le
02:29 presque dernier rang, l'avant dernier rang.
02:31 Beaucoup de pays, 16 pays européens, sont désormais, dans leur taux d'endettement,
02:37 un taux d'endettement inférieur à 65% du PIB.
02:40 Vous avez indiqué que vous maîtrisiez la dépense.
02:42 Non.
02:43 Avec le rapport sur le général, nous l'avons encore il y a quelques mois montré, la dépense
02:47 n'est pas maîtrisée, elle continue d'augmenter.
02:49 Et nous sommes à la traîne de l'Europe, bien sûr.
02:52 Et malheureusement, le problème français, c'est que nous cumulons des records de dépense
02:58 publique, des records de prélèvement obligatoire et des services publics qui s'effondrent.
03:02 S'il y avait une corrélation, chers collègues, entre le niveau de la dépense publique et
03:07 la qualité des services publics, mais alors, on serait à l'avant-garde du bonheur universel.
03:12 Et ça n'est pas le cas.
03:14 Loin s'en faut.
03:15 De fil en aiguille et de déficit en déficit, qu'est-ce qui se passe ? C'est la dette
03:22 qui ne cesse d'augmenter.
03:23 Là encore, seule la Grèce et l'Italie font moins bien que la France, font moins bien
03:29 que nous.
03:30 Et ça place la France dans une situation extrêmement périlleuse.
03:34 Pourquoi ? Parce qu'avec une croissance qui est molle,
03:37 une croissance potentielle qui faiblit parce que la productivité est en train de s'effondrer
03:41 depuis 2019, les taux d'intérêt réels à long terme remontent et vont nous placer
03:46 dans cette situation que je décris comme périlleuse au moment où toute l'activité,
03:50 toute la richesse produite de la France devra servir uniquement, justement, au service
03:55 de la dette.
03:56 Et qu'en sera-t-il des marges de manœuvre dont nous avons besoin, cruellement besoin
03:59 pour faire face aux défis, aux chocs, le choc démographique ? Vous avez très peu
04:05 parlé du vieillissement, si peu parlé de la dénatelité, le choc géopolitique, le
04:11 choc du réchauffement climatique.
04:13 Je vous ai entendu dire hier que la planification écologique, c'était l'écologie populaire.
04:20 Non, l'écologie ne doit pas être, ne doit pas se faire, en tout cas, sur le dos des
04:25 plus modestes d'entre nous.
04:26 Je pense que c'est une conviction que vous et moi, on peut partager, qu'on doit partager.
04:30 Mais très franchement, du point de vue du réarmement économique, en parler sans satisfaire,
04:36 c'est comme une hallucination.
04:37 Je ne le vois pas, nous ne le voyons pas.
04:40 La France est désarmée.
04:41 Voyons un moment, puisque vous en avez parlé il y a quelques instants, l'autorité et
04:47 le réarmement de l'État, l'autorité de l'État.
04:49 On a la confirmation des chiffres qui ont été publiés il y a quelques semaines par
04:53 le ministère de l'Intérieur.
04:55 Catastrophique.
04:57 Par jour, les coups et blessures ont augmenté.
04:59 Mille pratiquement, mille actes de coups et blessures quotidiennes.
05:04 Les violences sexuelles, qui étaient une priorité du quinquennat, annoncées comme
05:08 telles, près de 240 par jour.
05:11 Certes, ce sont des statistiques, elles sont froides, elles sont désincarnées.
05:15 Je vous assure que les Français, je vous assure que les Français subissent ces statistiques
05:20 dans leur chair, à travers eux-mêmes ou leurs amis et leurs familles.
05:24 Et beaucoup de Français trouvent que notre justice, 70%, n'est pas suffisamment ferme.
05:29 Elle est trop laxiste.
05:31 Là encore, ce n'est pas une question de moyens, c'est une question de courage.
05:35 Est-ce que vous êtes prêts à renverser la table ? À renverser la table, par exemple,
05:40 en créant des courtes peines, des peines minimales, enfin des places de prison ? Êtes-vous,
05:46 là encore, prêts à renverser la table pour qu'enfin, on ait un régime pénal des mineurs
05:53 adapté à la dangerosité des nouveaux ensauvagés, qui sont souvent délinquants ? Ça, ce n'est
05:59 pas le rôle de l'école, ça, c'est le rôle d'une justice pénale.
06:03 Donc, là encore, pas de réarmement.
06:06 Un mot des souverainetés.
06:09 La souveraineté budgétaire financière, simplement pour dire, je parle sous le contrôle
06:14 de notre rapporteur général, que notre dette est détenue à peu près à moitié par des
06:18 étrangers.
06:19 Napoléon avait une phrase qui illustre bien la situation de la souveraineté budgétaire
06:23 de la France.
06:24 La main qui donne, la main qui prête, est toujours au-dessus de la main qui reçoit.
06:28 Il ne peut pas y avoir de souveraineté financière, lorsqu'on est si dépendant de l'étranger.
06:34 Et la voix de la France s'y affaiblit en Europe.
06:38 N'allez pas chercher plus loin.
06:40 Un pays qui ne tient pas sa dette, qui ne tient pas ses comptes, c'est une nation qui
06:48 ne peut pas tenir son rang, et dont la voix s'affaiblit dans le concert, justement, et
06:52 notamment européen.
06:53 On a parlé beaucoup d'agriculture.
06:55 Je vais en parler quelques instants.
06:57 Le malaise des agriculteurs vient tout simplement qu'on les a enfermés dans une tonaille impossible,
07:03 intonale, intonable, et qui pousse au suicide un trop grand nombre d'entre eux.
07:08 Toujours plus de liberté à l'extérieur, d'ultralibéralisme, et toujours plus de dirigisme
07:14 à l'intérieur.
07:15 Ce sont les noces barbares du dirigisme à l'intérieur en France et du libre-échangisme
07:22 à l'extérieur.
07:23 C'est ce qui crée aujourd'hui ce mal-être.
07:26 Vous avez dit, je veux créer une sorte d'exception agricole française.
07:31 La seule exception agricole que connaissent aujourd'hui en France nos agriculteurs, c'est
07:36 l'exception normative.
07:37 C'est ce qui les tue à petits faits, parce qu'on importe une agriculture en France qu'on
07:42 utilise justement, sans doute, pour préserver notre environnement et notre santé, évidemment,
07:47 à nos agriculteurs de produire.
07:49 Vous avez les moyens, vous avez parlé de surtransposition.
07:51 Prenez tout de suite un décret.
07:52 Interdisez tout de suite, ou plutôt acceptez tout de suite les molécules qui sont elles
07:58 interdites en France, mais autorisées en Espagne, en Allemagne, en Europe.
08:02 Rétablissez une juste concurrence.
08:04 Vous pouvez le faire.
08:05 Et il faut être conséquent, votre groupe, au Parlement européen, à voter toutes les
08:12 mesures de contrainte environnementaliste de nos agriculteurs.
08:16 Il faut être conséquent.
08:18 Emmanuel Macron veut le fédéralisme.
08:21 Le fédéralisme, comment vouloir le fédéralisme ? Le fédéralisme, mes chers collègues, c'est
08:25 que toutes les décisions soient prises de plus en plus à la majorité, majorité qualifiée.
08:29 Et il voudrait, pour le maire Cossour, à lui, sœur, empêcher l'Europe d'avancer.
08:33 Mais l'Europe avance sans lui.
08:35 Vous ne nous avez pas permis ici de dire notre opposition au CETA.
08:39 Vous l'avez fait à l'Assemblée, qui l'a ratifié, grâce notamment à votre majorité.
08:43 Ici, nous voulons voter contre le CETA.
08:45 Nous sommes cohérents, nous sommes conséquents, parce que nous voulons préserver précisément
08:50 la souveraineté de la France.
08:52 J'ajoute à ce panorama, pour terminer le bilan, un bilan que vous trouviez solide,
09:00 le bilan politique.
09:01 Jamais le Rassemblement national n'a été aussi élevé dans les sondages.
09:06 Jamais il n'a été aussi proche d'une prise de pouvoir.
09:09 Pourquoi ? Emmanuel Macron avait indiqué qu'il était le rempart.
09:14 Il se posait comme le rempart, il n'en aura été que le marche-pied.
09:17 Parce qu'à force d'organiser méticuleusement un face-à-face avantageux, vous le faites
09:25 grimper, bien sûr, dans les sondages.
09:27 Alors voyez, ce bilan, il n'est pas solide, il est liquide.
09:29 Vous voulez réarmer la France ? Soit.
09:32 Soit.
09:33 Nous le voulons, nous aussi.
09:34 Mais n'attendez pas de nous que nous devenions macronistes.
09:37 Vous dites, j'ai confiance.
09:40 Nous n'avons pas confiance.
09:42 Nous avons appris à nous méfier.
09:44 Aujourd'hui, il faudra que cette confiance, vous puissiez la reconstruire.
09:48 Parce qu'aujourd'hui, le sentiment qui domine ici, c'est précisément la défiance.
09:53 Mais nous ne serons jamais macronistes, parce que vous voyez, nous sommes les héritiers
09:57 du général de Gaulle.
09:58 Et nous pensons que sur la pratique des institutions, comme de la vision de la politique, le macronisme
10:04 est un antigoïsme.
10:06 Sur, d'abord, les institutions, un gouvernement qui ne détermine plus, qui ne conduit plus
10:11 la politique de la nation.
10:13 Un Parlement totalement anémié.
10:16 Vous avez parlé de la loi immigration.
10:18 J'en reviens.
10:19 Une loi censurée qui n'aurait jamais été votée, ni dans l'une, ni dans l'autre des
10:24 assemblées, une loi promulguée, une loi censurée qui était votée très majoritairement ici
10:32 à l'Assemblée, et une loi, au contraire, censurée, qui n'aurait jamais été votée
10:36 dans aucune de nos deux assemblées.
10:38 Et l'AME, vous allez contourner à nouveau le Parlement avec la voie réglementaire.
10:43 C'est un Parlement qui n'a jamais été aussi diminué, à coups d'ordonnances qui ne sont
10:48 plus ratifiées, à coups de règlements, de lois qui ne sont plus appliquées, et de
10:53 49.3.
10:54 Mes chers collègues, le problème de cette pratique institutionnelle, c'est que bien
10:58 sûr ces instruments de coercition sont dans la Constitution, mais le général de Gaulle,
11:03 comme Michel Debré croyait, non pas à la concentration des pouvoirs en un seul, mais
11:08 au contraire, pour reprendre la formule de Debré, à la collaboration des pouvoirs.
11:13 Aujourd'hui, Emmanuel Macron use de ses pouvoirs coercitifs sans avoir la contrepartie, c'est-à-dire
11:18 le recours au référendum ou même au peuple.
11:20 Voilà pourquoi il y a un point qui déséquilibre notre vie politique et notre démocratie.
11:26 Et puis la vision de la politique.
11:28 De Gaulle avait cette phrase, la politique c'est l'action pour un idéal à travers
11:32 des réalités.
11:33 L'action déjà remet a été supplantée par la communication.
11:37 C'est terrible.
11:38 Plus la politique est impuissante, plus elle se perd dans la surcommunication.
11:43 A force de vouloir crever l'écran, la politique en crève.
11:46 L'idéal battu en brèche par l'opportunisme.
11:51 Mes chers collègues, le débauchage ne fait ni de bien à la démocratie, ni de bien à
12:00 la politique.
12:01 Parce que signifier que tout se vaut, la droite comme la gauche, la fidélité comme les revirements,
12:06 ça veut dire que rien ne vaut et que tout est faux.
12:10 Et je m'honore qu'ici au Sénat, il y ait des femmes, des hommes de loyauté à gauche
12:15 comme à droite qui considérons toujours que l'ambition est en dessous de la conviction,
12:20 la conviction au-dessus de l'ambition.
12:22 Quant à la réalité, entendre le Président de la République dire que les émeutes c'est
12:34 parce que les jeunes étaient oisifs, franchement les Français n'ont pas compris.
12:39 Alors, Monsieur le Premier ministre, la tâche est herculéenne.
12:42 La fonction est difficile.
12:44 Quand un Premier ministre existe, il inquiète.
12:47 Quand il n'existe pas, il manque.
12:50 Mais justement, nous traversons un moment tellurique et dans un moment tellurique, on
12:54 ne peut pas simplement continuer les bilans.
12:56 On ne peut pas simplement faire des ajustements, ajuster, faire quelques petites mesures.
13:03 Il faut revoir les principes, des principes nouveaux.
13:05 Ce que vous n'avez pas dit ici à cette tribune et c'est ce que nous attendons.
13:09 En revanche, je vous ai entendu, vous voulez vous adresser au français ordinaire.
13:12 Pourquoi pas ?
13:13 Mais alors, adressez-vous à nos compatriotes, non pas dans la langue du marketing, de la
13:20 segmentation catégorielle, mais parlez-leur comme un seul peuple.
13:23 Parlez-leur la langue de l'unité.
13:26 Abandonnez-le en même temps.
13:27 Rompez avec le macronisme.
13:28 Vous voulez parler à tous ces français ordinaires.
13:31 Mais alors, faites comme le général De Gaulle.
13:35 Pratiquez la politique de la majorité nationale.
13:37 Rendez au français ordinaire, rendez à cette France-là, bien sûr, cette capacité,
13:44 cette liberté, cette école, cette école qui instruise et qui ne déconstruise pas.
13:49 Rendez-lui ce travail, bien sûr, au-delà de la spicardisation.
13:52 Rendez-lui sa souveraineté.
13:54 Rendez aux maires, évidemment, cette liberté.
13:57 Les maires ne demandent pas l'aumône.
13:59 Les maires souffrent du même mal que les agriculteurs.
14:02 Ce mal, c'est l'overdose de normes.
14:04 Les maires veulent un réarmement civique parce qu'eux sont au service de la cité.
14:09 La cité, le civisme et puis les maires.
14:12 Rendez à cette France-là ses frontières pour qu'elle puisse se protéger.
14:16 Rendez-lui sa souveraineté, c'est-à-dire sa liberté.
14:19 En résumé, rendez aux français ordinaires des raisons d'espérer dans la France.
14:25 Cette France que nous aimons et cette France que nous voulons servir de tout notre cœur.
14:29 Merci de votre attention.
14:30 (Applaudissements)
14:32 (Générique)