La colère des agriculteurs ne redescend pas: les barrages se multiplient et les tracteurs se rapprochent doucement de Paris. Des blindés se sont positionnés pour stopper l'avancée des tracteurs aux portes de la capitale.
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00:00 [Générique]
00:05 Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, promet de ne pas laisser faire
00:09 alors que les convois de tracteurs se rapprochent de la capitale depuis hier soir.
00:14 À chaque fois, les forces de l'ordre ont été déployées sur les grands axes
00:17 pour empêcher ces convois de progresser.
00:19 Face à face auxquelles vous assistez depuis ce matin, Cédric Fech sur l'autoroute A6.
00:23 On est au sud de Paris, on n'est pas très loin de l'aéroport d'Orly,
00:26 du côté de Chili-Mazarin, Cédric.
00:29 - Oui, 17 km du périphérique parisien, 11 km de l'aéroport d'Orly,
00:35 10 km du marché international de Rungis.
00:39 Vous comprenez pourquoi ce point de blocage est particulièrement symbolique.
00:43 Avec ces deux blindés qui sont arrivés hier en fin de journée
00:47 et qui, je vais vous montrer, ne sont vraiment pas très loin des tracteurs
00:50 qui sont à quoi 100 mètres.
00:52 Cela dit, même si c'est impressionnant, les blindés,
00:54 les relations avec les agriculteurs sont extrêmement détendues.
00:57 Là, il y a un groupe de jeunes qui en revient.
00:59 Ils ont discuté pendant cinq minutes avec les gendarmes.
01:02 Qu'est-ce que ça change que ce soit des blindés
01:04 plutôt que des voitures de gendarmerie ou de police habituelles ?
01:07 Ça change quelque chose pour vous ?
01:08 - Ça change dans la forme, pas sur le fond.
01:11 L'autorité policière reste une autorité policière.
01:15 Donc, on s'arrête pour l'instant encore devant eux.
01:17 Je ne sais pas combien de temps ça va durer.
01:19 Je renvoie la balle du côté de nos politiques.
01:21 - Mais vous n'aviez pas pour ambition de toute façon de les pousser,
01:23 que ce soit des voitures de police, de gendarmerie ou des blindés,
01:26 pour arriver dans Paris ?
01:27 - On n'est pas encore dans cet état d'esprit.
01:30 - Qu'est-ce qui peut débloquer les choses ?
01:31 Parce que les décisions que le gouvernement français pouvait prendre,
01:34 ça y est, elles ont été prises.
01:35 Mais maintenant, ça peut prendre des mois,
01:37 parce que ça va se jouer au niveau européen.
01:40 - Il leur reste surtout une prise en considération et puis une mise en marche.
01:46 Parce que tous nos collègues européens, qu'ils soient allemands,
01:49 qu'ils soient espagnols, qu'ils soient italiens, qu'ils soient polonais,
01:52 critiquent aussi cette politique européenne.
01:55 Donc aujourd'hui, il ne se passe rien.
01:57 - Vous attendez par exemple que jeudi, ça avance ?
02:00 Vous attendez des engagements jeudi, c'est ça ?
02:02 - On attend des engagements jeudi au niveau de l'Union européenne,
02:05 puisque les choses doivent bouger de là.
02:07 On a une agriculture en France qui se meurt.
02:10 On est à la recherche de revenus.
02:12 Donc si ça ne bouge pas jeudi, je ne suis pas sûr qu'on soit si gentil
02:15 avec l'autorité policière dont on parlait au départ.
02:18 - Vous l'avez entendu, un petit espoir pour jeudi.
02:20 Alors tout à l'heure, vous m'avez demandé à 7h,
02:22 quel était l'âge de ces blindés.
02:23 Alors il y a Benoît qui nous regarde et qui m'envoie un message sur Facebook.
02:26 Il m'a dit qu'il faut prendre les deux premiers chiffres.
02:28 Alors je ne sais pas si c'est juste, je lui fais confiance.
02:30 Et donc ça voudrait dire qu'ils sont de 1965,
02:32 âge de l'année de construction de ces deux blindés.
02:35 - Ce qui est à peu près certain, Pauline Rovna,
02:36 c'est que ces engins datent effectivement de cette époque-là.
02:38 On disait nous ce matin, du début des années 70.
02:41 - Moi l'info que j'avais, c'est qu'il y en avait 179
02:43 qui avaient été produits en France.
02:45 Donc c'est l'un de ces 179, probablement les vieux VBRG.
02:50 - Voilà, dissuasif donc avant toute chose.
02:53 On va se tourner maintenant vers Marie-Jean Trick,
02:55 qui est elle sur l'autoroute de Normandie,
02:57 sur l'autoroute A13.
02:59 Au niveau de Gargenville, c'est dans les Yvelines.
03:02 Il y a beaucoup évidemment de Franciliens, de banlieusards
03:05 qui prennent cette autoroute pour aller travailler à Paris.
03:07 C'est compliqué ce matin.
03:09 - Exactement, nous on voulait vous montrer l'autre côté du point de blocage
03:14 parce que la circulation, elle est bloquée en fait.
03:18 Ça n'avance quasiment pas, même nous pour venir,
03:21 je ne vous cache pas que ça a été assez compliqué.
03:23 Alors là on est avec Fernando justement.
03:25 Fernando, bonjour, ça fait deux heures que vous êtes bloqué sur la route,
03:28 vous me disiez.
03:29 - Pratiquement deux heures et demie que je suis sur la route.
03:31 Et voilà quoi, je veux rejoindre Paris et je ne peux pas
03:35 parce qu'il y a tellement de voitures.
03:38 Ils ont coincé toutes les autoroutes de Mantes jusqu'à Gargenville.
03:43 Et donc voilà quoi.
03:45 - Et alors, vous, on va vous laisser avancer Fernando,
03:49 on va vous laisser avancer.
03:50 Vous, vous êtes dans quel état d'esprit ?
03:52 Vous en avez marre des blocages ou vous continuez à soutenir les agriculteurs ?
03:56 Parce que vous me disiez que jusqu'à présent vous les souteniez.
03:58 - Oui bien sûr, non je n'ai pas marre parce que c'est normal,
04:01 c'est logique qu'ils fassent leur grève.
04:03 C'est surtout un plus pour eux parce qu'ils vendent leurs produits pas chers.
04:12 Il est commerçant, il en vende les produits trois, quatre fois plus.
04:18 Donc ils ont raison de faire la grève, moi je vous le dis franchement.
04:21 C'est normal.
04:24 - Merci Fernando, on va vous laisser aller au travail, bon courage.
04:27 C'est intéressant de voir que malgré la galère,
04:29 deux heures et demie qu'il est coincé, il continue à soutenir les agriculteurs.
04:32 - Et ça c'est important pour vous évidemment Rémi Dumas.
04:34 Bonjour, vous êtes le vice-président des Jeunes agriculteurs
04:36 et président de l'association Demain je serai paysan.
04:40 Les présidents de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs ont de nouveau passé trois heures.
04:43 Hier on va peut-être voir les images avec le Premier ministre.
04:45 Ça fait quand même plus de six heures en deux jours.
04:47 Est-ce que ça a un peu avancé à Matignon ?
04:50 - Six heures en deux jours mais ça fait des mois et des années que l'on travaille.
04:54 Nous sommes des syndicats en responsabilité,
04:56 on travaille avec chaque gouvernement à chaque fois.
04:58 Donc on essaye de faire le maximum.
05:00 - Mais là il y a urgence.
05:01 - Et là il y a urgence.
05:02 - Est-ce que ça a avancé ?
05:03 - Et puis je ne vais pas dévoiler ici à la place des arts des chefs.
05:06 - Mais vous pouvez au moins nous dire oui ou non.
05:08 - Ce qui est sûr c'est que je pense que le gouvernement commence un petit peu à comprendre notre détresse.
05:15 - Qu'est-ce qui vous fait sentir qu'il y a un début de compréhension ?
05:19 - Parce que déjà il nous écoute un petit peu plus.
05:21 Effectivement ça fait six heures en deux jours.
05:23 Ce qu'il faut savoir quand même c'est que c'est dans toutes les régions,
05:25 ça concerne toutes les filières.
05:27 Il n'y a pas quelqu'un plus que l'autre qui a des problématiques.
05:30 Ça c'est très important.
05:31 Et donc le gouvernement a compris que par exemple sur nos 120 propositions,
05:35 il y en avait certaines où il pouvait aller vite.
05:37 Parce que eux ils ont les clés en main.
05:39 - Par exemple ?
05:40 - Ils ont déjà fait un petit peu le GNR.
05:42 La surtransposition des normes, c'est franco-français.
05:45 Donc là ils peuvent ratifier comme quoi on enlève toutes les surtranspositions.
05:48 Sur la fiscalité, sur des normes et des taxes qu'on met en France,
05:53 ils ont quand même les clés du camion aussi sur pas mal de choses.
05:56 - Vous voulez bien nous donner un exemple de la stupidité j'allais dire de certaines transpositions ?
06:01 Donnez-nous un exemple.
06:02 Peut-être l'exemple le plus courant chez les agriculteurs ou les éleveurs.
06:05 - Le plus courant, alors on va prendre les produits phytosanitaires.
06:08 C'est un gros mot mais en attendant c'est comme un médicament.
06:11 - Non le gros mot c'est engrais.
06:12 - Non mais c'est comme un médicament.
06:14 Il faut le savoir quand même.
06:15 On soigne nos plantes, on le fait par nécessité, pas juste par plaisir.
06:19 En Europe il y a des normes et des contraintes.
06:22 En France on en rajoute encore plus.
06:24 Donc moins de produits, moins de doses.
06:26 - Par exemple sur les pétraves, les néonicotinoïdes, c'était pour protéger les abeilles.
06:29 - Oui, mais protéger les abeilles.
06:31 La néonicotinoïde, oui c'est très important.
06:34 Vous savez ce que c'est ? C'est dans la graine, donc dans le sol.
06:37 À l'heure actuelle pour compenser ça on met des produits en foliaire.
06:40 Donc là, en fait, la contradiction elle est là, c'est que c'est peut-être "pire" entre guillemets.
06:45 Et surtout...
06:46 - Jean-Wilfried, je vais vous interrompre.
06:48 On va rejoindre Jean-Wilfried Forques qui est près de Toulouse
06:51 pour une opération de contrôle d'un camion, n'est-ce pas ?
06:54 Jean-Wilfried ?
06:55 - On va mettre quelques paysages si ça vous déraille.
06:57 - Oui c'est ça Guillaume va nous rejoindre.
07:00 Il fait partie de ces agriculteurs qui contrôlent ce camion.
07:03 Guillaume, vous faites quoi là ?
07:05 - En fait on regarde si les marchandises ne sont pas en concurrence directe avec nos producteurs locaux
07:10 qui peuvent produire de l'oignon, du fromage, des mandarines ou de l'ail.
07:14 Voilà, donc on regarde typiquement et là on a de l'ail qui vient d'Espagne.
07:20 Alors que l'Autrèque, on a la pénination de l'Autrèque juste à côté,
07:24 on a plein de producteurs d'ail en Occitanie et on continue à acheter de l'ail espagnol.
07:28 Donc voilà, c'est juste un constat.
07:30 Si vous voulez nous aider, mangez français.
07:32 - Voilà, donc là vous faites quoi concrètement de cet ail ?
07:36 Puisque là le camion contient de l'ail espagnol.
07:38 - Nous on ne fait rien, on ne fait que constater, on n'est pas là pour dégrader,
07:41 on n'est pas là pour faire quoi que ce soit.
07:43 On constate qu'on continue à importer des marchandises encore qui viennent d'autres pays
07:49 alors qu'on est capable d'en produire en France.
07:51 Bon voilà, donc on ne fait que constater et informer les consommateurs.
07:55 - Voilà Christophe, à l'intérieur de ce camion,
07:57 donc contrôlé à l'instant ici par ces agriculteurs à l'appel de la Confédération Paysanne.
08:01 Donc on peut avancer sur les transpositions à l'échelle nationale
08:04 et puis il y a d'autres dossiers qui pourraient se jouer à Bruxelles.
08:07 Lesquels ?
08:09 - Vous avez la signature du maire Caussure alors qu'il y a en ce moment le grand sujet,
08:13 les traités de libre-échange.
08:15 Aujourd'hui, ce n'est pas normal que l'on mette l'agriculture face à des Boeing ou des Airbus.
08:20 On n'a qu'à sortir l'agriculture des négociations.
08:23 Bien sûr on exporte, donc on est obligé d'importer parce qu'on ne produit pas assez.
08:27 Il y a des questions aussi...
08:29 - J'aimerais bien, parce que beaucoup de monde parle du maire Caussure,
08:32 en faisant semblant de comprendre ce qui se passe.
08:34 Quelles sont les conséquences du maire Caussure sur les agriculteurs français ?
08:38 Donnez un exemple.
08:39 - Nous allons importer par exemple de la viande,
08:41 qui est dans des conditions d'élevage à des années-lumière de chez nous,
08:45 dans des vraiment des élevages intensifs, etc.
08:48 - Il n'y a pas de contrepartie à ça en faveur de l'agriculture française ou européenne.
08:51 - Avec ces pays-là, on va exporter un petit peu,
08:53 mais on va exporter de l'excellence pour faire rentrer de la merde.
08:55 Est-ce que vous croyez que c'est normal ?
08:57 - Le consommateur aussi...
08:59 - Mais le consommateur...
09:00 - Il faut dire, n'achetez pas la merde de viande qui vient du Brésil ou d'Argentine.
09:03 - Bien entendu, mais attendez.
09:05 Oui, on peut considérer comme ça, quand on voit notre excellence de l'élevage.
09:08 Par contre, ce qu'il faut savoir aussi, c'est qu'on comprend le consommateur
09:11 qui ne peut pas tout acheter parce que c'est trop cher.
09:13 Ce que l'on demande aussi dans nos revendications,
09:15 c'est justement pour le consommateur,
09:17 c'est de pouvoir produire moins cher
09:19 pour que ce soit plus accessible à l'ensemble des Français.
09:22 Si on produit moins cher, on le vendra moins cher
09:24 et ce sera plus facile d'accès aux Français.
09:26 C'est ça que l'on demande aujourd'hui.
09:28 - Comment pouvez-vous produire moins cher ?
09:30 - Moins de taxes, moins de normes, moins de contraintes.
09:32 On nous laisse bosser, quoi.
09:34 - Vous avez dit tout à l'heure que ça représentait toutes les régions,
09:36 tous les métiers d'agriculture, mais ça ne représente pas tous les syndicats.
09:39 Est-ce qu'il n'y a que vous qui discutez avec le gouvernement ?
09:41 Est-ce que ça vous pose un problème ?
09:42 Est-ce qu'il n'y a pas un risque que les deux autres syndicats,
09:44 qui ne sont pas des petits syndicats,
09:45 ils représentent chacun 20% de la profession,
09:47 ne se sentent pas engagés par vos discussions ?
09:49 - Écoutez, nous, je l'ai dit en intime,
09:51 on discute, on travaille, on propose.
09:53 À l'heure actuelle, il y a une session de travail
09:55 sur le renouvellement des générations d'agriculture
09:57 qui se déroule à Strasbourg, en plus,
10:00 avec plus de 120 agriculteurs qui travaillent
10:02 sur des positions sur l'installation.
10:04 On bosse, nous, monsieur, toute l'année.
10:06 Et du coup, après, le gouvernement,
10:08 il va vers qui ? Il va vers les gens qui bossent.
10:10 - Vous êtes en train de dire que la coordination rurale,
10:13 il ne bosse pas ?
10:14 - En tout cas, on ne les voit pas souvent,
10:16 sauf en an des élections,
10:18 sauf quand il y a un peu les autres qui bougent.
10:20 Ça, c'est ce qu'on constate.
10:22 Nous, on est dans la discussion, on est dans la construction.
10:24 Aujourd'hui, ça ne suffit pas avec ce gouvernement.
10:26 Donc forcément, il faut monter.
10:28 Il faut aller monter en puissance.
10:29 Donc, on vient vers Paris.
10:30 - Rémi Dumas, un dernier mot.
10:32 Est-ce qu'il y a un risque de durcissement
10:34 sur les barrages d'ici la fin de la semaine ?
10:37 - Ce qui est sûr, encore une fois,
10:39 en responsabilité, on appelle chacun
10:41 à ne pas dégrader les biens des personnes,
10:43 à ne pas détruire, à faire ça gentiment.
10:45 Vous le voyez, avec les forces de l'ordre,
10:46 ça se passe très bien,
10:47 parce qu'il n'y a pas eu de blessés nulle part.
10:49 - Pas d'interpellations.
10:50 - Pas d'interpellations, etc.
10:52 On fait ça gentiment, proprement.
10:54 On est désolés pour les Français,
10:56 mais il vaut mieux perdre 5 minutes
10:57 et bien manger demain.
10:58 Par contre, ce qui est sûr, c'est qu'effectivement,
11:00 on a besoin de réponses fortes.
11:01 On en attend beaucoup,
11:02 notamment les filières viticoles,
11:04 à 8h30 avec le ministre de l'Agriculture,
11:06 parce qu'on en a un.
11:07 Et puis, on espère que d'ici la fin de la semaine,
11:09 entre les discussions à Paris, à Bruxelles, etc.,
11:12 il y ait de vraies annonces,
11:13 mais au-delà des annonces et des belles paroles,
11:15 des actes concrets sur nos exploitations.
11:18 Merci d'avoir été avec nous ce matin sur le plateau de première édition.