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Revoir l'intégralité de la page spéciale de Morandini Live depuis le barrage de l'A15 : Jean-Marc Morandini donne la parole aux agriculteurs sur CNews

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00:00 [Générique]
00:04 [Générique]
00:09 Morandini Live depuis l'autoroute A15, édition spéciale.
00:13 Bonjour, merci de nous retrouver.
00:15 Nous sommes sur l'A15, sur un barrage qui a été monté par les agriculteurs.
00:20 Pour vous situer un peu, on est du côté de Gennevilliers.
00:24 La sortie précédente, c'est la sortie à Argenteuil.
00:26 On est sur le barrage qui est le plus près de Paris.
00:30 On est à une vingtaine de kilomètres de Paris.
00:33 Vous entendez des klaxons également depuis tout à l'heure.
00:36 Ce sont les automobilistes qui passent et qui soutiennent les agriculteurs qui sont là.
00:41 Il y a également la police qui est devant.
00:43 Vous allez voir, vous avez quatre camions de police qui sont devant pour sécuriser ce barrage.
00:50 Puisque l'idée est que tout se fasse bien évidemment dans la plus grande sécurité
00:54 pour éviter le drame qui s'est produit la semaine dernière.
00:57 Donc le cortège est très encadré, tout est très sécurisé.
01:02 On est avec Damien qui est céréalier.
01:04 Bonjour.
01:05 Bonjour.
01:06 Merci beaucoup d'être avec nous.
01:08 Si vous voulez bien, on va avancer sur le barrage pour voir un peu comment les choses sont organisées.
01:15 Expliquez-moi tout d'abord depuis combien de temps ce barrage est installé et quel est l'objectif ?
01:20 On est parti hier de nos fermes aux alentours de midi pour venir en cortège jusqu'ici.
01:25 Nous sommes installés à 15 heures.
01:27 Nous avons essayé de nous installer parce qu'on était accueillis par vos collègues journalistes
01:31 qui étaient en nombre hier pour savoir pourquoi on venait aussi proche de Paris.
01:35 Nous sommes là suite au non-annonce de M. Attal vendredi.
01:40 Nous avons tout un tas de revendications, une cent-vingtaine de demandes faites.
01:44 Leur albol est total aujourd'hui pour l'ensemble des filières du monde agricole français.
01:48 Il est temps de changer de logiciel.
01:50 M. Attal doit apporter des réponses rapidement car le gouvernement est aujourd'hui malheureusement
01:54 responsable de toute cette situation.
01:56 On est navré de ces bouleversements provoqués par nos amis franciliens.
01:59 Mais c'est vraiment le gouvernement qui doit réagir très vite.
02:02 On voit qu'il y a de nombreux tracteurs qui sont là.
02:05 Il y a une vingtaine de tracteurs à peu près qui sont installés là, qui ne bougent pas.
02:11 On entend tout le soutien de la population.
02:13 Ça doit vous toucher tout ça aussi quand même ?
02:15 Oui, c'est un total changement par rapport à ces dernières années où on souffrait d'agribashing,
02:20 d'injonctions, d'insultes même.
02:22 Certains collègues étaient insultés, voire frappés.
02:25 On avait traité de différents noms.
02:26 Et c'est vrai que là, ça nous fait vraiment chaud au cœur de voir l'ensemble de la population derrière nous.
02:30 L'idée quand on voit ces tracteurs, et c'est vrai qu'ils sont impressionnants ces tracteurs,
02:35 l'idée, c'est de ne pas bouger ou à un moment donné, vous vous dites si la situation s'aggrave,
02:41 on va aller sur Paris, on va avancer.
02:43 Et je l'ai dit, on est à peu près à une vingtaine de kilomètres là.
02:46 Écoutez, vous avez tout dit, je n'ai rien à rajouter.
02:48 C'est pour l'instant, on est effectivement positionné là de manière statique.
02:52 Le mot d'ordre était d'assiéger Paris.
02:55 On attend maintenant les annonces du gouvernement et il va falloir qu'elles soient concrètes,
02:59 que l'épreuve d'Amour annoncée par M. Attal soit vraiment là.
03:02 Sinon, effectivement, on avisera.
03:05 On a vu ce matin qu'il y avait un cortège qui était au niveau de Limoges à peu près.
03:09 C'étaient des tracteurs qui venaient sur Paris.
03:13 Ils venaient sur Rungis très précisément.
03:15 Par surprise, ils ont été bloqués par les forces de l'ordre.
03:17 Donc, ils ont été obligés de faire demi-tour, puis de passer par les petites routes.
03:22 Vous avez quand même le sentiment que le gouvernement ne vous autorise pas tout.
03:27 Et là, c'est vrai qu'il y a cette peur du blocage de Rungis qui existe.
03:30 Rungis, c'est un endroit stratégique.
03:32 C'est la plateforme de l'alimentation de Paris et de la région parisienne, voire au-delà.
03:37 Donc, effectivement, le gouvernement met des barrières.
03:42 On a des lignes rouges. Ils ont manifestement les leurs également.
03:44 Il y avait une grosse colère ce matin.
03:46 On l'entendait sur ces news dans la matinale.
03:48 Des gens qui étaient à Limoges, dans le cortège, et qui disaient
03:52 "mais on est tombés dans un piège".
03:53 Finalement, on s'est fait avoir parce qu'on se retrouve bloqué sur l'autoroute.
03:57 Ce genre de petites choses, ça peut durcir le mouvement ?
04:01 Alors moi, je ne suis pas au cœur de ce mouvement.
04:03 Mais effectivement, vous imaginez bien le ras-le-bol.
04:06 Ce n'est pas notre métier de manifester.
04:08 On n'est pas dans notre environnement.
04:10 On fait des sacrifices.
04:11 Moi, j'ai laissé ma famille hier soir, mon exploitation.
04:14 J'essaye de la gérer à distance.
04:16 Vous comprenez bien que si on est là, c'est que, on a, comment dire,
04:21 comme je vous le disais, il y a un ras-le-bol profond.
04:23 Et si en plus, effectivement, on est méprisé et bloqué dans certaines situations,
04:29 ça peut déraper, ça pourrait. Je ne l'espère pas.
04:31 On n'est pas là pour ça.
04:33 Vous nous parlez de votre exploitation.
04:34 Ça se passe comment pour votre exploitation ?
04:36 Qui la gère en votre absence ?
04:38 J'ai un salarié aujourd'hui qui travaille sur l'exploitation.
04:41 On a fait le point ce matin au téléphone.
04:44 Et bon, il faudra que je fasse des allers-retours de toute façon
04:49 pour aller voir et m'occuper effectivement de la paperasse administrative aussi,
04:53 qui est un sujet.
04:55 Dans un instant, on parlera du fond avec les agriculteurs qui sont là.
04:57 Vous pouvez nous montrer un peu comment vous êtes installés ici,
05:01 nous faire visiter un peu ce barrage qui a été mis en place
05:07 avec des choses assez précises.
05:09 Donc là, vous avez la réserve de bois,
05:10 puisqu'on a quand même des nuits fraîches et il faut pouvoir s'alimenter.
05:13 Donc vous voyez qu'on a prévu quand même pour un siège.
05:17 Donc ça, c'est la première chose.
05:18 C'est-à-dire que vous envisagez de rester plusieurs jours ?
05:22 Je vous laisse constater.
05:23 Tout est dit.
05:24 Ensuite, là, on a installé la base de vie hier.
05:27 Donc quel que soit le temps,
05:29 vous voyez qu'on est en mesure de se protéger pour pouvoir se restaurer et vous accueillir.
05:35 On a les groupes froids, bien entendu,
05:36 puisque les produits alimentaires viennent de certaines exploitations
05:41 ou d'achats à des producteurs ou des boucheries.
05:44 Donc on les stocke au fur et à mesure des rotations.
05:47 C'est des frigidaires en fait,
05:48 c'est des frigidaires qui sont installés là.
05:50 ...alimentés par un groupe électrogène.
05:52 Là, on a des toilettes sèches qui sont fournies par un producteur
05:57 qui a monté cette diversification.
05:59 Donc on est là aussi pour maintenir un environnement propre.
06:02 Le but, c'est de repartir et de faire place nette.
06:05 Enfin, vous pouvez le constater.
06:07 C'est nickel, c'est impeccable.
06:08 Et on sent qu'il y a vraiment la volonté quand même de s'installer pendant plusieurs jours.
06:13 C'est clair, ce n'est pas fait pour deux, trois jours,
06:16 parce qu'on a couvert beaucoup de manifestations, beaucoup d'événements.
06:19 C'est assez rare qu'on vienne avec des frigidaires, qu'on installe des toilettes,
06:21 qu'on installe des tentes pour le déjeuner, le petit déjeuner.
06:25 Donc vous vous dites, ça va durer un moment
06:28 et le gouvernement n'est quand même pas prêt de nous satisfaire.
06:30 Alors encore une fois, on n'espère pas.
06:32 On espère que le gouvernement sera responsable et qu'il répondra rapidement.
06:36 — Et vous avez un doute ?
06:38 — Depuis vendredi, on ne peut avoir qu'un doute.
06:40 — Hier, la porte-parole du gouvernement a annoncé que des mesures seraient prises.
06:46 Aujourd'hui, elle parle d'aujourd'hui. Vous y croyez ?
06:50 — On l'espère toujours.
06:51 J'espère que par mesure, ils entendent du concret et du concret costaud.
06:56 — C'est quoi, du concret costaud ?
06:58 — On rentre dans le fond, maintenant.
07:00 — Ah, vas-y, non, mais parlez.
07:01 — Si vous voulez, on l'a dit et redit.
07:04 On souffre en France d'une surtransposition permanente, donc de normatifs.
07:08 — On va s'arrêter un peu, parce qu'il y a le bruit des groupes électrogènes. Vas-y.
07:14 — Tout à fait. Donc on souffre d'une surtransposition perpétuelle,
07:18 notamment en termes de normes environnementales.
07:20 Donc on demande l'arrêt de cette surtransposition
07:22 et la suppression de toutes les normes qui nous ont été posées en France depuis des décennies.
07:26 On demande à pouvoir produire avec les mêmes moyens de production
07:28 que nos homologues européens,
07:29 c'est-à-dire que ce soit en produits utilisés, en termes de pratiques,
07:34 en termes de coûts de la main-d'œuvre.
07:36 Et puis ensuite, il va falloir aussi s'atteler au niveau européen.
07:38 Et là, ça va être le rôle de M. Macron et du ministre de l'Agriculture,
07:41 qui se déplacera, j'espère, à Bruxelles,
07:43 parce qu'à priori, il n'est pas beaucoup présent,
07:46 qui se déplaceront pour pouvoir négocier avec nos homologues européens,
07:49 les autres pays, pour pouvoir arrêter cette ratification des accords de libre-échange.
07:54 — Mais c'est de la longue haleine, ça.
07:55 C'est quelque chose qui peut passer en 48 heures.
07:57 C'est quelque chose qui va se faire sur plusieurs semaines.
07:59 Et encore, on n'est même pas sûr du résultat.
08:01 C'est pas sûr que ça passe.
08:03 Donc qu'est-ce qui peut faire que là...
08:05 Marie peut-être peut nous montrer cette rangée de tracteurs qui est juste là,
08:12 parce que c'est vrai que c'est assez impressionnant.
08:14 Qu'est-ce qui peut faire que vous leviez le camp dans les prochaines heures ? Rien !
08:17 — Alors j'en profite pour... Vous avez une rangée de tracteurs,
08:18 puis on a ramené le sympa de Noël, parce qu'on espère toujours
08:20 les cadeaux du Premier ministre.
08:22 On sait jamais.
08:24 Et... Mais donc il y a des choses qui peuvent être prises rapidement.
08:27 Le Premier ministre a tout pouvoir par décret de supprimer toutes ces surtranspositions,
08:32 de pouvoir alléger le coût de la main-d'œuvre par un allègement des charges sociales,
08:37 de nous remettre les moyens de production et les pratiques.
08:40 Ça, c'est du franco-français.
08:42 Donc en une journée avec des engagements clairs et précis,
08:45 il est capable de nous redonner de la confiance
08:47 et de nous donner une ligne directrice plus claire que celle qu'on a actuellement.
08:51 Sinon, je vous vois vous tourner vers cette...
08:53 — Ouais, exactement. C'est ce que je voyais.
08:55 Notre fin sera votre fin, avec le hashtag #AgriculteurEnColère,
09:01 qui est juste là.
09:03 Et c'est vrai que quand on voit ces tracteurs,
09:06 cette rangée de tracteurs, c'est impressionnant.
09:11 Et il faut dire les choses aussi.
09:13 Votre force, c'est ça, ce sont ces tracteurs,
09:15 parce que le gouvernement peut pas s'attaquer à ça,
09:18 peut pas faire bouger non plus ces tracteurs qui sont sur les autoroutes aujourd'hui.
09:21 — Un blané en face d'un tracteur, c'est très équilibré, effectivement.
09:25 — Mais vous le savez ?
09:26 — On l'a déjà pratiqué.
09:28 — Vous voulez aller sur un gis ou pas ?
09:30 — Nous, à l'heure actuelle, ce n'est pas le sujet.
09:32 Le sujet, c'est l'assiègement de Paris.
09:34 On est dans ce cadre-là, avec les 7 autoroutes, dont celle-là, qui sont assiégées.
09:40 C'est la première mission à l'heure actuelle.
09:41 — Ce qui est assez étonnant, c'est qu'on entend beaucoup les agriculteurs également
09:44 qui s'excusent. Et ça, moi, je trouve ça très fort,
09:47 parce que j'ai couvert des dizaines de mouvements,
09:50 et c'est la première fois que je vois les manifestants qui s'excusent auprès des Parisiens,
09:54 d'ailleurs partout en province, de tous les soucis que vous pouvez causer.
09:59 Et je trouve que c'est une autre approche.
10:00 Et c'est quelque chose qui vous rend encore plus sympathique dans votre combat.
10:04 — C'est ce que je vous disais tout à l'heure.
10:05 C'est vraiment pas de quêté de cœur qu'on s'est installés là.
10:07 Déjà, c'est pas notre environnement naturel.
10:09 Et on a bien conscience qu'on gêne les Franciliens, qui sont nos amis, nos proches, nos familles,
10:14 qui vont travailler à Paris, nos voisins, qui ont leurs préoccupations propres également.
10:18 Et si on peut lever le camp rapidement, on le fera.
10:21 Et donc encore une fois, on n'est pas responsable de tout ça.
10:23 C'est le gouvernement, par ses injonctions passées, par ses non-réponses actuelles,
10:28 qui fait qu'on est dans cette situation-là et qui met les Franciliens dans cette situation-là.
10:32 — Alors, cette bâche, là, j'ai vu qu'il y avait la dame, je crois, qui était par là, qui gère ça.
10:40 — Qui est une maraîchère installée dans la couronne de Sergie, effectivement.
10:44 — Alors on va essayer de la retrouver. Venez avec moi. On va essayer de la retrouver.
10:49 Elle n'est pas par là-bas, alors voilà. On vit ensemble. Elle est passée de ce côté-là.
10:54 — Elle a mis son dortoir derrière. — C'est là qu'elle dort ?
10:56 Eh ben elle va nous montrer ça. Bonjour, madame. Vous vous appelez Audrey, c'est ça ?
11:00 — C'est ça. — Bonjour, Audrey. Merci d'être avec nous.
11:03 C'est votre camion ? — C'est ça, exactement.
11:05 — Alors qu'est-ce que vous voulez dire avec « votre faim sera notre faim »,
11:09 « notre faim sera votre faim », ça veut dire que sans agriculteurs, la France sera...
11:13 — Il n'y aura plus à manger. Voilà. Et en fait, c'est ce qui va arriver si ça continue comme ça.
11:18 Les normes... C'est trop. Là, il y a un moment où il faut que ça s'arrête.
11:22 — Vous avez des exemples précis... Vous êtes maraîchère, c'est ça ?
11:25 Vous avez des exemples précis de choses aberrantes que vous vivez au quotidien
11:29 et qui font que vous êtes là, aujourd'hui, sur ce barrage ?
11:31 — Bah... Les jachères... Pourquoi enlever 4% aux agriculteurs
11:38 alors qu'il y en a qui meurent de faim en France ou même dans le monde entier ?
11:44 Pour notre part, ce qui est aberrant, c'est les produits qui viennent des pays étrangers,
11:49 qui n'ont pas les mêmes normes que nous, qui n'ont pas les mêmes coûts salarials que nous,
11:53 et qu'on peut pas jouer la concurrence avec eux, quoi. C'est impossible.
11:58 — Vous, vous vous êtes installé depuis combien de temps ? — Depuis... 13 ans.
12:02 — Et aujourd'hui... Alors vous répondez si vous voulez,
12:05 parce que je pose la question à tous les agriculteurs qu'on a eu plusieurs jours,
12:07 mais comment vous vous en sortez, financièrement ?
12:09 — Ça devient très compliqué. Y a plus de trésorerie.
12:12 On est au maximum des investissements possibles. Voilà, comme...
12:19 — Vous arrivez à vous dégager un salaire ? — Bah ouais, un petit salaire, mais...
12:23 — Combien ? — 1 500 € par mois.
12:25 — Pour combien d'heures de travail par semaine ? — On compte pas.
12:28 — C'est autour de 70 heures, c'est ça ? — Oui, c'est ça.
12:31 — Et qu'est-ce qui fait que vous continuez, alors ? Pourquoi vous continuez ce métier ? C'est une passion ?
12:36 — C'est exactement ça. C'est une passion. On est nés dedans, voilà. Famille agricole.
12:41 C'est... Je voyais pas... Je me voyais pas faire autre chose.
12:46 — Ça veut dire que vos parents étaient dans l'agriculture ?
12:49 — Mes parents, mes grands-parents, mes arrière-grands-parents, ouais.
12:52 — Et leurs conditions de vie étaient différentes ? C'était plus simple, pour eux ?
12:55 — Je pense que c'était... C'était pas forcément plus simple. C'était peut-être plus dur.
13:00 Mais ils avaient plus... Y avait pas toutes les normes qu'on a aujourd'hui. Donc d'un côté plus simple.
13:09 — Je sais pas si vous avez des enfants. — Oui.
13:11 — Et ils veulent... Ils veulent prendre la suite ou pas ? — J'en ai un qui veut suivre.
13:15 — Et vous faites la grimace en le disant ? — Oui, parce que je suis pas pour.
13:18 — Ah bon ? — Mais qu'est-ce que vous voulez qu'on leur donne, derrière ?
13:21 Si on continue comme ça, vous voulez qu'on leur donne quoi, derrière ? Bah rien, en fait.
13:27 Donc... Non, en fait, oui, il fait des études agricoles, mais on sait pas où l'on va, quoi.
13:35 — Ça veut dire que vous êtes prêts à laisser tomber cette génération qui est la vôtre,
13:39 votre famille, qui a toujours fait l'agriculture. Aujourd'hui, vous vous dites
13:43 « Il faut arrêter, parce qu'on peut plus ». — Par dépit, oui. Pas par envie, parce que l'envie...
13:49 L'envie de travailler en agricole, elle est toujours là. Mais en fait, ça devient plus possible.
13:54 — Et ils disent quoi, vos enfants, justement, quand ils voient le nombre d'heures que vous faites,
13:57 quand ils voient également le salaire que vous dégagez ? Qu'est-ce qu'ils vous disent ?
14:01 — Bah on pense les dégoûter, quand on fait ça. Quand on a pas de week-end pour eux.
14:09 Mais en fait, non, ils s'accrochent et ils veulent le faire, quoi. Parce que c'est les racines,
14:16 parce que voilà. Ils sont nés dedans et ils veulent continuer. — Ça vous touche, quand vous en parlez ?
14:21 — Bah ouais, parce que c'est un métier qu'on adore et ça serait dommage qu'il disparaisse.
14:28 — Qu'est-ce que vous leur dites, à vos enfants ? Vous êtes fiers d'eux ? — Ouais. Exactement. Tout à fait.
14:36 Non, c'est super beau, parce qu'ils ont pas toujours eu une vie facile. Se lever tôt le matin,
14:42 parce que j'habitais loin. On est pas partis forcément tout le temps en vacances. Et ils veulent quand même...
14:50 J'en ai un qui veut quand même le faire, quoi. C'est quand même beau. — Vos larmes sont touchantes.
14:55 Et franchement, c'est très émouvant de voir ces larmes. Mais c'est quoi ? C'est des larmes de désespoir, en fait ?
15:01 — Ouais. Exactement. Comment voulez-vous qu'on s'en sorte à l'heure d'aujourd'hui ? C'est... En fait, c'est impossible.
15:15 — La faute à qui ? — Au gouvernement, à l'UE. Voilà, on a... Si on avait les mêmes normes que tous les autres
15:23 pays européens, déjà, on s'en sortirait peut-être un peu mieux. C'est pas le cas à l'heure d'aujourd'hui.
15:27 Et je pense que ça sera jamais le cas. Et on restera là tant qu'il aura pas fait ce qu'il faudra, quoi.
15:34 — On sent le désespoir, on sent la tristesse, la volonté de se battre. Et en même temps, le désespoir,
15:39 il y a un peu tout dans votre regard. — Bah en fait, on est là pour sauver notre métier, quoi. Donc non, on restera
15:48 jusqu'à temps qu'on obtienne ce qu'on veut. — Vous pouvez nous montrer comment vous êtes installés ? Allez.
15:53 On va venir avec vous, parce que c'est vrai que c'est... Attendez, attendez. Hop, j'arrive avec vous et avec le micro. Allez-y.
16:00 — Y a rien qui a été déchargé, donc c'est compliqué de passer. — Ouais.
16:04 (Bruit de voiture)
16:09 — Ah oui, alors au fond, c'est votre lit, c'est ça ? — Palette et matelas. Et couettes pour dormir.
16:14 — Et rien pour chauffer ? — Non, rien pour chauffer. On a les couettes, ça va, c'est bon. Bien habillé.
16:20 Avec les couettes, ça passe. — C'est « roots », comme on dit. — C'est bon. (Rires)
16:25 — Aujourd'hui, vos enfants vous soutiennent, dans ce que vous faites, là, dans ce mouvement ?
16:30 — Mon grand, qui est en école agricole, il est là tous les soirs. Il vient, il passe tous les soirs. Il nous soutient.
16:40 — C'est super. Tu vas aller lessemble ? — Non, ça va aller. — Ça va aller ?
16:45 — Il finit ses journées de travail et il nous rejoint. Voilà. — Bon. Vous êtes super. Franchement, j'ai envie de vous embrasser.
16:53 (Rires) Bon courage. Et vraiment, voilà. Vous savez, les Français sont avec vous, et...
16:58 — Et je vois. — Et voilà. Vous le voyez, vous l'entendez, et on est avec vous, parce que c'est...
17:02 — C'est formidable. — C'est formidable. Et votre discours, je crois, a dû bouleverser beaucoup de gens qui nous regardent.
17:07 — Merci. — Merci beaucoup. On va continuer à avancer. Je retrouve Damien Serrallier qui nous a amenés.
17:12 On va essayer de voir d'autres gens, peut-être, qui sont sur ce barrage. Je vous rappelle, hein, si vous nous rejoignez,
17:18 on est sur l'A15, sur le barrage qui est le plus proche de Paris. On est entre Gennevilliers et Argenteuil.
17:24 Et c'est vrai que c'est... Voilà. C'est vous qui avez réussi à vous approcher le plus de Paris.
17:28 — C'est ça, c'est ça. Alors je vais me remettre de mes émotions, parce que tout comme vous, je pense qu'on est émus
17:31 par le témoignage d'Audrey, même si... — Ah oui, vous l'avez entendu. Vous étiez un peu loin. J'ai pas vu, mais...
17:35 Voilà. Elle était bouleversante. — J'ai vu son regard et son expression de visage. Ça disait tout.
17:39 Donc vous voyez dans quel état de détresse, aujourd'hui, on amène nos agriculteurs français.
17:43 Donc il va vraiment être temps de changer de logiciel, quoi. Enfin moi, ça me révolte.
17:48 — Mais c'est une révolte qui se fait dans le calme. Voilà. C'est ça aussi qui est étonnant. Je parlais tout à l'heure
17:53 du respect, quand vous nous faisiez visiter ce camp, parce que c'est un véritable camp qui a été installé.
17:58 Je parlais de respect. Mais ça se fait dans le calme. C'est-à-dire c'est une colère qui est maîtrisée.
18:03 — Vous avez raison de le préciser. Merci. Oui, oui. Nous sommes des gens responsables.
18:07 Nous avons le bon sens paysan. Il est encore avec nous. On est certes révoltés et en colère,
18:11 mais on sait contenir notre colère et l'exprimer. Mais il va falloir avoir des réponses et un accompagnement
18:16 et une ligne d'horizon, si vous voulez. Aujourd'hui, on ne sait pas où naviguer. Je pense qu'Audrey a dû le dire.
18:23 Quand on vous dit qu'on ne sait plus comment investir, emmener les générations suivantes, c'est ça.
18:27 C'est l'enjeu de l'agriculture de demain. On n'est pas là pour défendre notre bout de grade aujourd'hui.
18:31 C'est comment faire avec les générations de demain pour qu'on perpétue ce patrimoine, cet entretien du paysage,
18:36 mais en même temps d'apporter une nourriture saine et durable à nos compatriotes. C'est quand même ça, l'enjeu aujourd'hui.
18:41 Et la population, manifestement, l'a bien en tête, puisque, comme vous le disiez, on est soutenus comme jamais.
18:47 — On va voir, je crois qu'il s'appelle Rémi, c'est ça, qui est céréalier, que j'ai rencontré en arrivant ce matin sur ce barrage.
18:55 Bonjour, Rémi. — Bonjour. — Merci d'accepter de nous parler. On voit les camions, là, qui vous soutiennent derrière.
19:02 — On a beaucoup de soutien. Aujourd'hui, il y a bien moitié des personnes qui passent sur la route qui nous soutiennent, quand même.
19:08 — Vous êtes là pour quoi, vous, précisément ? — Alors nous, déjà, on est venus à deux voitures des Ardennes.
19:13 — Des Ardennes ? — Des Ardennes, ouais. On s'est levés à 3 heures du matin, ce matin. Et donc on voulait soutenir nos collègues de Paris,
19:21 enfin Val-d'Oise, Oise, pour tenir ce blocage. Et après, les raisons, elles sont simples.
19:28 C'est qu'on demande une sécurité dans la rémunération. On demande une souplesse au niveau de l'engagement de l'environnement,
19:36 enfin la place de l'environnement dans notre métier aujourd'hui. — Pour que les gens comprennent bien, parlez-moi de vous, peut-être.
19:41 Vous, vous êtes céréalier. Citez-moi un ou deux problèmes qui vous rendent fous, parce que vous vous dites
19:46 « C'est pas possible de continuer à travailler comme ça ». — Moi, dans mon métier de tous les jours, pour parler vraiment de l'environnement,
19:52 c'est les produits phytosanitaires. On met trop en question la chimie aujourd'hui.
19:58 — Vous entendez les écolos qui disent « Attention, ils sont en train d'empoisonner la terre, ils sont en train de vous empoisonner ».
20:02 Pourtant, c'est les écologistes. Donc normalement, ils devraient être de votre côté. Or, la plupart sont contre vous.
20:06 — Non mais ce qu'on comprend pas, enfin ce que nos opposants ont du mal à comprendre, c'est que la chimie qu'on utilise,
20:13 c'est les médicaments qu'on a pour nous, humains. Donc on voit pas pourquoi la chimie serait dangereuse pour les humains...
20:18 Enfin serait dangereuse, pardon, pour le végétal et pas pour les humains. Enfin y a aucun risque. Si c'est mesuré, si c'est raisonnable,
20:25 l'utilisation de la chimie n'est pas risquée pour la planète. On sait tous que rien n'est toxique à faible dose.
20:33 C'est dès qu'on dépasse une surdose que ça devient dangereux.
20:36 — Et ça, c'est la règle de Bruxelles qui impose au fur et à mesure d'enlever tous les produits phytosanitaires que vous utilisez ?
20:42 — Oui. Alors la règle de Bruxelles, c'est l'étape n°1. Mais sauf que le défaut de la France aujourd'hui, c'est qu'elle souhaite
20:47 aller plus loin que l'idée de Bruxelles. Donc du coup, même par rapport à nos voisins européens...
20:52 Donc je penserais à l'Espagne, à l'Allemagne ou à la Belgique. On va se situer au-dessus en termes de normes par rapport à eux,
20:59 parce qu'on veut se croire les meilleurs, alors que la base n'est pas là qu'on...
21:05 — Vous, vous venez des Ardennes, vous m'avez dit. Pourquoi vous êtes venus à Paris ? Pourquoi Paris ?
21:10 — Bah Paris, c'était un appel quand même au niveau de notre syndicat national. Donc on répond à cet appel-là.
21:16 Et après, Paris, parce qu'aujourd'hui, c'est le... Oui, c'est surtout parce que le blocage se situe ici, quoi.
21:22 — Et vous, vous êtes prêts à aller plus loin ? Vous êtes prêts à bloquer plus encore Paris ?
21:26 — Je pense que là, aujourd'hui, si on arrive à tenir... Enfin on va tenir objectif de 3 à 4 jours.
21:33 Je pense qu'on a assez de pression aujourd'hui. On dérange assez pour se faire entendre, pour se faire écouter.
21:39 Donc aller plus loin, ça va dépendre des annonces. Après, personnellement, ou même notre syndicat,
21:46 on ressent qu'il y a quand même une écoute et un avis positif sur notre métier, donc avec une volonté d'évolution.
21:54 Mais aujourd'hui, ça reste que des idéologies. Aujourd'hui, on a besoin que ça se pose sur le papier.
21:59 Et on a besoin d'avoir des choses concrètes, avec des dates...
22:04 — Est-ce que vous croyez encore que le gouvernement peut faire des gestes qui puissent débloquer la situation ?
22:11 On a vu Gabriel Attal qui s'est rendu dans une ferme. Il a l'air à l'écoute, quand même, Gabriel Attal.
22:16 Il connaît sans doute pas tous les problèmes de l'agriculture, parce que c'est vrai que c'est très particulier.
22:20 D'ailleurs, on a vu des ministres qui n'y comprenaient rien non plus de l'agriculture, donc voilà.
22:23 Mais c'est vrai que Gabriel Attal a l'air quand même à l'écoute.
22:28 — Oui, c'est sûr. Bon, après, aujourd'hui, malheureusement pour lui, il vient d'arriver. Donc je sais pas s'il a assez de recul vis-à-vis de la situation.
22:36 Mais bon, là, je sais que mon syndicat, le syndicat des Gires, le syndicat FNSO, l'ont déjà rencontré deux fois.
22:42 On sent qu'il y a des discussions. Et je pense que quand il y a une discussion de 3-4 heures, on sort pas de 3-4 heures
22:48 sans avoir posé des objectifs derrière. Après, on est dans la tente.
22:51 — Vous, vous êtes serralier. Vous êtes serralier depuis combien de temps ? Et comment ça se passe financièrement ?
22:58 Parce que c'est vrai que c'est un des problèmes qui revient régulièrement. Et d'abord, pourquoi vous avez choisi ce métier
23:03 alors qu'on sait que c'est difficile, agriculteur, quand même ?
23:05 — Alors moi, je suis installé depuis 2016. J'ai travaillé 12 ans en alimentation animale avant. Donc je travaillais avec des éleveurs.
23:12 Donc aujourd'hui, je connais quand même les deux... Enfin j'ai une vision des deux métiers. Bon, alors pour parler de la rémunération,
23:19 enfin en premier, moi, j'ai tout mon soutien, j'apporte tout mon soutien au monde de l'élevage. Enfin je pense qu'en premier,
23:27 c'est d'abord ce point-là. Après, je dirais mes collègues serraliers qui n'ont pas de culture spécifique type pommes de terre et betterave.
23:34 Et après, nous, on a une surveillance aussi sur nos rémunérations, mais dans l'ordre, je dirais...
23:39 — Financièrement, vous arrivez à vivre ? — Aujourd'hui, oui. Enfin moi, depuis 2016, on arrive à sortir un revenu.
23:47 Mais après, tout reste fragile. On n'a pas de... En fait, notre principale crainte – je reviens toujours à l'environnement –,
23:55 mais aujourd'hui, on est dans une décroissance agricole parce qu'on nous retire des pratiques qu'on faisait avant.
24:01 Et du coup, on perd de la production. Donc c'est toujours l'équilibre entre nos charges et nos ventes de production.
24:09 Mais nos charges restent identiques. Enfin là, aujourd'hui, depuis un an, elles ont fait x10 ou x20%, ou même... Enfin j'ai pas le détail.
24:16 Mais voilà. Ce qu'on souhaite, c'est avoir une sécurité, une vision d'avenir. Et si tous les jours, on nous retire
24:25 des produits et de nos pratiques, et puis aussi la surcharge administrative, on perd en production. Et du coup, on dégrade nos revenus.
24:33 — On remonte depuis tout à l'heure, pendant qu'on parle. On remonte tous ces tracteurs qui sont une vingtaine, une trentaine,
24:40 des tracteurs qui sont... — 50. — 50 ! Ah oui, bah d'accord. Ah oui, c'est vrai qu'on n'est pas au bout. Et c'est vrai que c'est impressionnant, quand même.
24:50 Voilà. C'est une vraie démonstration de force, ce que vous faites. Et je disais également tout à l'heure, c'est une démonstration de force,
24:59 mais qui se fait dans le calme. Et ça, ça fait partie des choses importantes pour vous.
25:03 — Oui. On souhaite respecter les biens et les personnes. Donc on n'a pas l'objectif de dégrader ou de... Vous voyez même,
25:10 le feu qu'on prévoit, il est pas sur le Macadam. Il est bien entre les deux zones. Enfin on est... Je sais que quand mes collègues
25:19 de Loise, Val-d'Oise, partiront d'ici, je suis persuadé que le site sera nickel et propre et tout sera... Il y aura rien à reprocher à notre syndicat.
25:26 — Est-ce que c'est le combat de la dernière chance, aujourd'hui ? Parce que j'entends beaucoup d'agriculteurs qui disent ça, qui disent
25:31 « Voilà, si on gagne pas ce combat, ce sera foutu pour l'agriculture en France ».
25:37 — Le combat de la dernière chance... Oui, enfin là, c'est sûr qu'on a... Moi, j'estime que le mouvement, il a démarré il y a 10 ou 20 ans.
25:46 Entre ce que faisait mon père il y a 30 ans et aujourd'hui, c'est... Depuis 10... Ouais, 10 à... Enfin 15 à 20 ans, pardon,
25:53 on subit ce rouleau compresseur qui est en train de nous faire rentrer dans une décroissance agricole. Donc lui, c'est sûr que c'est aujourd'hui
26:02 que le virage doit se prendre. Et une chose importante, c'est que demain, nous souhaitons ne pas être... Justement, ne pas être sur un chemin unique.
26:13 On souhaite que nos dirigeants arrivent à nous faire des propositions. Enfin... Voilà, je vais revenir au jachère. Demain, moi,
26:20 faut pas empêcher un agriculteur qui souhaite mettre des terres en jachère. Et donc demain, nous aimerions qu'un agriculteur ait le choix
26:27 entre aller vers la jachère et toucher les aides qui sont attribuées à ça, ou alors aller vers la production, mais sans pénalité
26:34 pour le gars qui fait pas de la jachère. C'est... Demain, on... — En fait, il faut vous ouvrir. Il faut vous ouvrir la porte.
26:39 Il faut arrêter de vous encadrer. Il faut vous encadrer pour la base, c'est-à-dire un encadrement basique. Mais ensuite, vous laissez
26:44 des ouvertures et vous laissez la possibilité de travailler comme vous le voulez. Puis on parle beaucoup également de cette concurrence
26:51 qui arrive, concurrence de pays étrangers qui respectent pas les mêmes règles que vous, les mêmes normes que vous. Et ça aussi,
26:57 il va falloir faire quelque chose. Et arrêter que la France rajoute des règles aux règles, des règles qui sont déjà assez insupportables.
27:04 Et la France en rajoute. — J'ai envie... Enfin je sais pas si je peux utiliser le mot « protectionniste », mais aujourd'hui, on...
27:10 — Protégeons nos agriculteurs, en tout cas ! Protégeons nos agriculteurs, parce que si on mange, c'est grâce à vous. Et voilà.
27:16 Et puis c'est une certaine France. C'est le poumon de la France. — Surveillons ce que nous importons. Et on a peut-être atteint une limite
27:23 en termes de libre-échange. Aujourd'hui, ça mérite d'être mis en question vis-à-vis de l'Europe. J'ai pas envie de raisonner France,
27:27 mais vis-à-vis de l'Europe. Et demain, je pense que l'avenir est dedans, quoi. — Merci beaucoup, en tout cas. Merci, Rémi.
27:33 Voilà ce qu'on pouvait vous dire depuis ce point de blocage. On est sur l'A15, donc, entre Gennevilliers et Argenteuil.
27:39 Je vous le disais, c'est le point de blocage qui est le plus près de Paris. Vous entendez les voitures qui passent, les voitures qui soutiennent tout ça.
27:45 On va faire une pause. On va faire le CNews Info. Et puis ensuite, on se retrouvera en direct avec nos invités pour débattre de la situation.
27:54 Tout de suite, donc, voici le CNews Info.
27:56 ...

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