« Le récap » par Valérie Brochard
Grand invité : Pascal Perrineau, politologue et professeur à Sciences Po
GRAND DÉBAT / Que faut-il retenir du discours de Gabriel Attal ?
Plateau 1
- Antoine Armand, député Renaissance de Haute-Savoie,
- Yoann Gillet, député RN du Gard,
- Marie-Christine Dalloz, députée LR du Jura,
- Ugo Bernalicis, député LFI du Nord.
Plateau 2 : Y a-t-il un « style Attal » ?
- Mariette Darrigrand, sémiologue,
- Philippe Moreau-Chevrolet, consultant en communication et PDG de MCBG Conseil.
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
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Grand invité : Pascal Perrineau, politologue et professeur à Sciences Po
GRAND DÉBAT / Que faut-il retenir du discours de Gabriel Attal ?
Plateau 1
- Antoine Armand, député Renaissance de Haute-Savoie,
- Yoann Gillet, député RN du Gard,
- Marie-Christine Dalloz, députée LR du Jura,
- Ugo Bernalicis, député LFI du Nord.
Plateau 2 : Y a-t-il un « style Attal » ?
- Mariette Darrigrand, sémiologue,
- Philippe Moreau-Chevrolet, consultant en communication et PDG de MCBG Conseil.
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NewsTranscription
00:00 [Musique]
00:06 Bonsoir et bienvenue, il était très attendu, en pleine colère des agriculteurs,
00:11 Gabriel Attal a donc présenté sa feuille de route aux députés dans l'hémicycle,
00:15 un hémicycle plein à craquer, le CAP, les réformes, le style Attal.
00:21 Ça vous regarde spécial déclaration de politique générale
00:24 du plus jeune Premier ministre de la Ve République.
00:28 C'est parti.
00:29 [Musique]
00:42 L'exercice est toujours périlleux, a fortiori sans majorité absolue et en pleine crise agricole.
00:47 Le discours de politique générale, c'est un temps fort de la Ve République
00:51 pour tout Premier ministre, même le plus jeune, fraîchement nommé Gabriel Attal.
00:55 34 ans, a-t-il réussi son baptême du feu ? A-t-il su trouver les mots
00:59 pour convaincre les députés sur sa vision du pays, sa feuille de route des réformes ?
01:05 Bonsoir Hugo Bernalicis, merci beaucoup d'être là.
01:08 Vous êtes député de la France Insoumise du Nord,
01:09 vous venez de voter pour l'IVG dans la Constitution,
01:13 vos collègues députés ont fait de même ou pas,
01:15 d'ailleurs ils vont nous rejoindre dans un tout petit instant.
01:18 Bonsoir Pascal Perrineau.
01:19 - Bonsoir.
01:20 - Merci beaucoup d'avoir accepté d'être le grand témoin de cette émission spéciale,
01:23 une heure en direct, pour décrypter ce discours de Gabriel Attal.
01:29 Le récap, qu'a-t-il dit, qu'en retenir ?
01:31 On va d'abord accueillir Valérie Beauchamp qui va nous le dire et nous inviter juste après.
01:35 Bonsoir Valérie.
01:39 - Bonsoir Myriam.
01:40 - Alors que retenir de ce discours de politique générale ?
01:43 - Bien Gabriel Attal a présenté sa feuille de route, Myriam,
01:47 une heure 20 de trajet porte à porte en roulant bien à droite,
01:52 des annonces sur l'emploi, le logement, la santé, l'éducation, le climat,
01:58 rangées dans cet ordre, un discours adressé aux députés,
02:02 enfin un discours qui voulait résolument tourner vers les classes moyennes,
02:06 ce qui, je le cite, "ne demande pas la lune mais simplement à pouvoir vivre de leur travail".
02:11 Alors pour justement vivre de son travail,
02:13 eh bien Gabriel Attal propose de "désmicardiser la France".
02:18 Il a fait ses propres calculs, on l'écoute.
02:21 Aujourd'hui, pour augmenter de 100 euros le revenu d'un employé au SMIC,
02:24 l'employeur doit débourser 238 euros de plus.
02:28 Quant aux salariés, ils perdent 39 euros de primes d'activité,
02:31 ils voient sa CSG et ses cotisations sociales augmenter de 26%
02:34 et ils rentrent dans l'impôt sur le revenu.
02:36 En bref, il n'y a quasiment plus aucun intérêt pour quiconque
02:39 à augmenter un salarié au SMIC.
02:42 On ne peut accepter une France où beaucoup sont condamnés à rester
02:46 proche du SMIC toute leur carrière.
02:48 Alors oui, j'assume de le dire, il faut désmicardiser la France.
02:53 Et dans le grand chantier de l'emploi, avec un E majuscule,
02:56 le Premier ministre souhaite une grande réforme sur les bas salaires en général,
03:01 qui concernera aussi les fonctionnaires.
03:03 Gabriel Attal veut conditionner le RSA à 15 heures d'activité partout sur le territoire.
03:08 Il veut par ailleurs garantir aux Français que chaque aide soit distribuée à la source.
03:13 Et puis, il a promis aujourd'hui une baisse d'impôt de 2 milliards d'euros.
03:17 Autre dossier qu'on attendait un peu plus haut dans la structure du discours.
03:20 Quand je dis "on", je veux surtout parler des agriculteurs,
03:23 qui restent mobilisés encore aujourd'hui sur les principaux axes autour de la capitale
03:27 et partout en région.
03:28 Eh bien, le Premier ministre s'est adressé directement à eux aussi.
03:32 Je le cite encore, "notre agriculture est notre force et notre fierté".
03:37 Aussi, je le dis ici solennellement, il doit y avoir une exception agricole française.
03:42 Une exception aux yeux de qui ?
03:44 Aux yeux des Européens, évidemment.
03:46 Au niveau européen, nos trois priorités immédiates sont claires.
03:51 Les jachères, les importations ukrainiennes, notamment de volailles, et le mercosur.
03:56 Ces sujets seront portés, et sont portés très fortement par le gouvernement et le président lui-même.
04:01 Nous nous sommes engagés, nous avons engagé une coalition de 22 pays sur la question des jachères
04:05 et nous sommes proches d'aboutir à une nouvelle prolongation de la dérogation.
04:09 Nous ne nous laisserons pas faire.
04:11 Un combat sur le ring européen, d'accord, mais sur notre territoire très concrètement.
04:17 Gabriel Attal a rappelé les dispositions fiscales prises la semaine dernière.
04:21 Vous aurez le temps, évidemment, sur votre plateau de revenir sur l'ensemble des annonces.
04:25 Mais peut-être un dernier point fort à retenir de ce discours, la santé, avec une action très concrète.
04:32 Écoutez.
04:33 Agir pour qu'il y ait plus de médecins devant les Français.
04:36 Les effets de la suppression du numerus clausus ne se feront pas sentir immédiatement,
04:40 alors nous devons mettre en œuvre des solutions fortes tout de suite.
04:43 C'est pourquoi, comme l'a annoncé le président de la République,
04:46 nous procéderons à la régularisation des médecins étrangers sur notre territoire.
04:50 Je vous l'annonce, je nommerai un émissaire chargé d'aller chercher à l'étranger
04:53 des médecins qui voudraient venir exercer en France.
04:56 Oui, il ne faut pas oublier, Myriam, que la santé est le deuxième sujet de préoccupation
05:00 des Français, juste derrière le pouvoir d'achat.
05:03 Alors Gabriel Attal a aussi parlé écoles, climat, sécurité, identité,
05:07 mais a-t-il fait un bon discours ?
05:09 Eh bien, comme le disait Coluche, un bon discours ne doit émettre que des idées
05:12 avec lesquelles tout le monde est déjà d'accord avant.
05:15 J'ai comme un doute, Myriam, sur le fait que ce soit le cas.
05:18 Je vous laisse en débattre.
05:19 On va tout de suite leur demander.
05:21 Merci beaucoup, Valérie Brochard.
05:23 Et venez, venez, venez, on est en direct, Antoine Armand.
05:26 Voilà, comme ça, le plateau est complet.
05:29 Antoine Armand, député Renaissance d'où... d'Annecy, je crois.
05:33 - De Haute-Savoie. - De Haute-Savoie,
05:35 et porte-parole du groupe majoritaire.
05:38 Je vais commencer avec vous.
05:39 On va faire un tour de table rapide, parce qu'après, on rentre dans le dur des thèmes.
05:42 Exercice réussi ou pas ?
05:45 Il avait un débit, on va dire, assez accéléré.
05:48 Je n'ai pas dit mitraillette comme d'autres, mais c'était rapide.
05:50 Vous l'avez trouvé à la hauteur ? Il y avait du souffle ?
05:54 Il y avait du souffle parce qu'il y avait deux choses qui sont indispensables
05:56 dans les périodes de crise qu'on connaît.
05:58 La première chose, c'est de mettre les mots sur les mots,
06:01 c'est-à-dire d'oser dire ce qui ne va pas,
06:04 y compris dans ce qu'on a pu faire nous-mêmes comme majorité auparavant.
06:07 Mais rappelez aussi le bilan et la constance.
06:09 Le cap qu'il a annoncé au début, souveraineté, indépendance du pays.
06:13 Pourquoi ? Pas seulement pour se regarder l'émirate
06:16 et dire que la France, c'est le plus beau pays du monde.
06:18 Parce qu'on a besoin de renforcer les démocraties
06:20 dans un monde où la fin de l'histoire heureuse annoncée n'a pas eu lieu,
06:24 n'aura probablement pas lieu dans les prochaines années,
06:26 et donc où on doit réarmer nos démocraties,
06:30 notre nation et notre continent.
06:31 - Il y a beaucoup de mots, réarmer...
06:34 - Mais dire ce qui ne va pas, c'est extrêmement important.
06:36 - Catalogue de mesures, de réformes, vous diriez,
06:39 de mots où on est dans la mesure,
06:40 "mesurette", comme dit Éric Ciotti.
06:43 Vous avez trouvé qu'il y avait une feuille de route, vraiment ?
06:46 - Bien sûr, et la feuille de route, c'est celle qui est fixée
06:48 par le président de la République depuis 2017,
06:50 qui consiste à renforcer notre industrie,
06:52 continuer à rouvrir des usines en France,
06:54 on le fait depuis 2017,
06:56 continuer à faire baisser le chômage.
06:57 On a le taux de chômage le plus bas depuis 40 ans dans notre pays,
07:00 mais il y a quelques mois, quelques années encore,
07:03 sur ce plateau, on parlait du fléau français,
07:05 du chômage de masse, de l'incapacité à le maîtriser.
07:07 Et voilà qu'il est à son plus bas historique.
07:09 - Donc la continuité des grands objectifs économiques.
07:11 - Quand vous parlez au chef d'entreprise,
07:12 il vous demande de la continuité.
07:14 Et puis, bien sûr, les chantiers à accélérer, à améliorer,
07:16 je pense à la simplification,
07:18 je pense évidemment à l'exception agricole annoncée par...
07:20 - On va y venir parce que ce soir,
07:22 alors on n'a pas encore les portes-paroles officielles
07:24 des grands syndicats agricoles,
07:26 mais la déception est au rendez-vous ce soir,
07:28 manifestement, on va attendre Johan Gillet.
07:30 Il parle d'identité, c'est un de vos thèmes.
07:34 Il a peur que la France disparaisse ou soit dissoute.
07:37 Il s'adresse aux classes moyennes.
07:39 Ce sont quand même des électeurs que vous regardez de près
07:43 qui craignent le déclassement.
07:44 Ça vous parle, non ?
07:46 - Le Premier ministre a surtout usé beaucoup de formules, finalement.
07:49 Et il n'y a rien de concret dans ses paroles.
07:50 - Rien de concret ?
07:51 - Il y a aussi beaucoup d'autosatisfaction.
07:53 Et il y a aussi eu beaucoup de mensonges,
07:54 parce que le Premier ministre a voulu parler notamment
07:57 de souveraineté, d'identité,
07:59 mais concrètement, que fait la majorité sur ces domaines-là ?
08:03 Rien.
08:04 Bien au contraire, d'ailleurs, puisque la déconstruction de la France
08:07 est organisée aussi sur le plan européen,
08:09 avec les députés européens de la majorité présidentielle
08:12 qui font tout pour déconstruire la France.
08:14 Et concrètement, à l'issue de ce discours,
08:16 est-ce que les Français ont des réponses
08:18 en termes de pouvoir d'achat ?
08:19 La réponse est non.
08:20 En termes de santé ?
08:21 La réponse est non.
08:22 En termes d'insécurité et d'immigration ?
08:23 La réponse est non.
08:25 Est-ce que nos agriculteurs, ce soir, vont se dire
08:27 "C'est bon, le Premier ministre a pris conscience de nos problèmes ?"
08:30 La réponse, là aussi, est non.
08:32 Donc résultat discours de politique général,
08:34 et rien à la sortie.
08:35 Hugo Bernalicis.
08:36 Alors vous, c'est particulier, vous avez déposé une motion de défiance,
08:39 de censure, avant même qu'il ne se soit exprimé.
08:41 Pourquoi ?
08:42 - Parce que... - Vous n'avez pas le goût de l'écouter ?
08:45 Si, si, je l'ai écouté d'ailleurs attentivement,
08:47 c'était assez pénible, mais je l'ai fait quand même.
08:49 Non, c'est surtout qu'on savait, à la feuille verte,
08:52 vous savez, qui annonce notre agenda parlementaire,
08:54 qu'il y aurait un débat sans vote.
08:57 On le savait à l'avance, depuis que ça a été acté
08:59 dans notre ordre du jour.
09:00 Il n'y a pas de vote, et qui dit problème de vote de confiance.
09:03 Donc nous avons provoqué un vote de défiance
09:06 pour ce qui nous concerne.
09:07 Mais un vote en tant que tel sur le discours de politique général
09:10 du Premier ministre.
09:11 Donc tous les parlementaires auront la possibilité de dire
09:15 s'ils pensent être dans la majorité ou dans l'opposition.
09:18 - Votre réaction générale ?
09:19 - S'ils sont dans l'opposition, ils votent la motion de censure,
09:20 s'ils sont dans la majorité, ils ne la votent pas.
09:22 Comme ça, au moins, ça fait une clarification politique.
09:24 - Fabien Roussel, le patron du PC, dit Gabriel Thatcher.
09:26 Est-ce que vous êtes comme lui ? Vous y avez vu un tournant libéral ?
09:29 - Alors, très clairement, on est, en termes de réarmement,
09:33 sur une déclaration de guerre sociale.
09:35 Ça, c'est clair.
09:36 - Sur quel point précis ?
09:37 - Sur un certain nombre de points.
09:38 Mais, par exemple, dire "la location, la LSH, c'est terminé,
09:43 maintenant ce sera le RSA, hors de question que les gens cotisent à la retraite".
09:47 - L'allocation spécifique de solidarité, l'ASS.
09:49 - L'ASS, pardon.
09:50 Mais je veux dire, ces choses-là, le fait de travailler 15 heures par semaine,
09:54 bon, après, c'est dû réchauffer,
09:55 puisque ça a déjà été voté dans les métiers.
09:57 C'est l'application de la loi que nous avons votée ici.
10:00 Nous avons voté contre, on reste opposés à ça.
10:02 Et en réalité, on voit bien que c'est toujours ce même discours.
10:05 "Il y a des emplois disponibles et les gens ne vont pas bosser."
10:08 Qui sont ces hordes de fainéants qui ne veulent pas travailler dans le pays ?
10:11 Il n'y a pas le droit à la paresse.
10:13 Tous les éléments de langage classique de la droite,
10:16 voire de l'extrême droite, ont été repris dans ce discours.
10:20 - Marie-Christine Dalloz, la droite, alors, s'y reconnaît ?
10:23 L'autorité, les classes moyennes, le travail ?
10:26 - Non, mais dans le discours, alors.
10:28 Moi, je voudrais qu'on distingue la forme et le fond.
10:31 Sur la forme, quelqu'un d'assez incisif, de dynamique,
10:35 oui, qui va forcément avoir trouvé un public qui va plaire,
10:39 parce qu'effectivement, contrairement au discours
10:42 de l'ancienne Première ministre ou de celui encore d'avant,
10:45 on a quelque chose de plus punchy.
10:47 Ça, c'est clair, c'est évident, donc voilà, il y a une réalité.
10:50 Après, moi, ce que je voudrais, le premier élément que je note,
10:54 c'est que j'avais un peu le sentiment qu'on lançait
10:57 la campagne européenne, ce soir, dans "Cet après-midi",
11:00 en fin de journée, dans l'hémicycle.
11:02 C'était le débat, d'ailleurs... - On va le réécouter,
11:05 c'était prévu à la fin de ce débat. - Mais l'extrême gauche...
11:08 - Le RN et l'Europe. - Je vais pas avancer.
11:10 Le RN a écopé à la fin de son discours.
11:12 Mais quand j'entends mon voisin dire
11:14 "il faut mettre les mots sur les mots",
11:16 alors oui, ça, c'est de la communication, je suis d'accord.
11:19 Il a fait un excellent exercice de communication.
11:22 Il a coché pratiquement toutes les cases, pour nous,
11:25 de mon point de vue personnel.
11:27 Mais il y a une chose qui me manque profondément,
11:30 et je viens sur le fond, c'est qu'à un moment donné,
11:33 il dit "il faut qu'on maîtrise notre trajectoire budgétaire,
11:37 "déficit et dette". Très bien.
11:39 Ca fait des années que, les Républicains,
11:42 on demande à ce qu'on respecte notre trajectoire financière.
11:45 Bon, moi, ça me va bien.
11:47 Sauf que quand j'entends toutes les mesures qu'il a annoncées,
11:50 j'ai pas eu le temps de faire le calcul, honnêtement,
11:53 mais j'aimerais bien le faire.
11:55 -Il y a au moins les 2 milliards de baisse sur les classes moyennes.
11:58 -Oui, mais il n'y a pas que ça.
12:00 Le SNU généralisé, le service national universel...
12:03 -Donc au ras, gratis, pour vous ?
12:05 Les caisses sont vides et on n'a pas les moyens.
12:08 -Le financement du fauteuil pour les personnes handicapées,
12:11 il y a énormément de choses.
12:13 Le logement social, si on prend en compte tout ça,
12:16 on a des dépenses.
12:18 On n'a pas vu où étaient les recettes.
12:20 Si on veut un équilibre budgétaire,
12:22 je suis à la Commission des Finances, je suis pragmatique.
12:25 Il y a des dépenses annoncées, où sont les recettes ?
12:28 -Vous allez répondre, Antoine Armand,
12:30 mais on a un grand témoin qui en a vu.
12:32 C'est l'avantage d'avoir un peu de mémoire
12:35 des discours de politique générale.
12:37 Certains ont dit Gabriel Sarkozy.
12:39 Est-ce que vous l'avez retrouvé ?
12:41 Est-ce qu'il va rester, il va faire date, ce discours ?
12:44 -Oui, d'une certaine manière, il va faire date
12:47 de celui qui prenait la parole.
12:49 C'était tout de même la première fois
12:51 qu'un aussi jeune Premier ministre prenait la parole
12:54 avec une expérience politique,
12:56 quand vous prenez des critères objectifs, relativement faible.
13:00 Donc il courait un risque.
13:02 Surtout, rajoutons que le contexte
13:04 n'est pas un contexte extrêmement porteur,
13:06 c'est le moins qu'on puisse dire,
13:08 et que la mise en place de son gouvernement a été difficile.
13:11 Donc tout le monde l'attendait au tournant.
13:14 Il aurait pu être, par exemple, un véritable dérapage,
13:18 certains s'y attendaient,
13:20 en disant qu'au fond, il n'a pas les épaules,
13:23 il n'a pas le style pour ça.
13:25 Il a surpris son monde.
13:27 Il a surpris son monde parce que le discours,
13:30 je ne le prononce pas sur le fond,
13:32 on va pouvoir aborder, des thèmes ont déjà été abordés.
13:35 Sur le fond, il a tenu la route pendant 1h20.
13:39 Il a su mêler à la fois des propositions
13:43 qui peuvent parfois apparaître presque trop concrètes,
13:46 mais c'est le style à Tal.
13:48 C'est le style à Tal.
13:50 Des propositions extrêmement concrètes,
13:52 il faudra qu'il assure le suivi
13:54 de toutes ces propositions concrètes
13:56 extrêmement nombreuses qu'il a avancées,
13:58 et il les a mises, d'une certaine manière, en scène,
14:01 au travers des quatre thèmes qu'il avait retenus,
14:04 et au travers, au fond, d'un double mouvement,
14:07 où là, il renoue avec, au fond,
14:10 le en même temps macronien des débuts,
14:12 c'est-à-dire qu'il a commencé avec 1989, son âge,
14:16 en disant que l'homme jeune que je suis
14:19 constate que la France va mal,
14:21 que la France est inquiète,
14:23 et il s'agit de lui redonner du punch.
14:25 Et dans la forme, c'est vrai que c'était un ministre punchy.
14:30 Et puis, en même temps, il a dit, au fond,
14:33 l'essentiel pour redonner du punch, c'est libérer.
14:36 Et là, on retrouve des thèmes qui étaient les thèmes d'Emmanuel Macron.
14:40 -Tout à fait déverrouillés, désmicardisés,
14:42 c'était un peu nouveau, etc.
14:44 -Mais on voit bien, lui, sa ligne,
14:46 c'est, en effet, la France a besoin d'être débureaucratisée.
14:50 -Alors, on va y venir.
14:52 -Et puis, dans un deuxième temps, ça, c'est la deuxième partie
14:56 du discours, c'est un discours marqué
14:59 par une profonde croyance de ce jeune homme
15:02 dans les vertus de l'autorité.
15:04 Dans les vertus de l'autorité, quelles qu'elles soient,
15:07 on l'a vu quand il parle de l'école,
15:10 on l'a vu quand il parle des réformes, aussi,
15:13 il dit, voilà, je vais suivre ça très attentivement,
15:16 j'aurai ma feuille de route et je regarderai, etc.
15:19 -La parole performative. -Il y a un mélange,
15:22 mais ça n'est pas, dernier point, si vous voulez,
15:25 l'ombre de son maître, parce que beaucoup,
15:28 je crois que le RN avait dit, c'est pas la peine de l'écouter,
15:31 puisque c'est la voix de son maître.
15:33 -Emmanuel Macron. -C'est pas la voix de son maître.
15:36 Il a fait sentir sa différence.
15:38 Pas autant que Fabius par rapport à Mitterrand,
15:41 lui, c'est lui, moi, c'est moi, mais il y avait une différence.
15:45 Il ne parle pas du tout comme Macron.
15:48 Le rythme, le style, la longueur des phrases,
15:51 la syntaxe, ça n'est absolument pas Macron.
15:54 -Il n'y a pas de lyrisme non plus.
15:56 On va reparler du style, mais on va venir sur le fond
15:59 avec les élus, parce qu'on a même une sémiologue
16:02 qui viendra à la fin de cette émission.
16:04 Sur la question de la dette, c'est intéressant.
16:07 Est-ce que vous n'êtes pas en train de distribuer de l'argent
16:10 que la France n'a pas ? -Non.
16:12 Je pense que les débats qui viennent d'avoir lieu sur le plateau
16:15 en témoignent. D'abord, nous tenons notre objectif
16:18 de désendettement et nous tenons l'objectif
16:21 que nous nous sommes fixés au début du quinquennat
16:24 d'être sous 3 % de déficit en 2027, dans un monde,
16:27 non pas seulement perturbé, mais heurté par l'invasion russe
16:30 en Ukraine, par la crise mondiale.
16:32 -Il n'y a pas de paragraphe dans ce discours sur l'économie.
16:35 -Certains sur le plateau disent que nous serions
16:38 les pires austéritaires de l'histoire de la Ve République
16:41 et d'autres nous expliquent, d'ailleurs, dont nous attendons,
16:44 avec cordialité, toujours, les mesures d'économie budgétaire,
16:47 que la dernière fois qu'on a fait une proposition sur les retraites,
16:50 vous avez souhaité l'amender pour augmenter le déficit.
16:53 D'autres nous disent que nous sommes dispendieux.
16:56 Au fond, on essaye de trouver un équilibre
16:59 entre libérer les énergies, et ça, c'est ce que nous demandent
17:02 les Français, et ce n'est pas de droite ou de gauche.
17:05 Ils nous disent qu'on voudrait faire, que ce soit dans l'associatif,
17:08 on aimerait déposer des dossiers pour pouvoir aider,
17:11 que ce soit dans le secteur médico-social,
17:14 dans le secteur de la santé, on passe plus de temps
17:17 à faire de l'administratif que du soin, ou dans les entreprises.
17:20 -C'est vous qui avez mis en place tous ces machins.
17:23 -Le choc de simplification. -Vous n'êtes pas les seuls
17:26 à faire ça. -Les normes telles qu'elles existent
17:29 et telles qu'elles sont demandées par nos compatriotes,
17:32 qu'on les applique correctement. La loi EGalim,
17:35 les contrôles aux frontières... -On a bien compris
17:38 que la chasse aux normes et à tout ce qui est
17:41 pas de grâce bureaucratique est ouverte.
17:44 Je vous donne la parole, on va rejoindre Elsa Mondingava,
17:47 on va faire un petit tour des réactions à l'Assemblée nationale.
17:50 Vous avez tout suivi, les principaux chefs de partis d'opposition
17:53 et de la République, comment vous avez réagi à la réaction de la République ?
17:56 -C'est assez traditionnel dans une déclaration de politique générale,
17:59 c'est la majorité qui applaudit, les oppositions, elles,
18:02 elles huent, il y a un concours de décibels dans l'hémicycle,
18:05 c'était un hémicycle assez survolté, il y avait aussi énormément
18:08 de journalistes dans les tribunes, et vous l'avez dit,
18:11 Gabriel Attal, il a été pas mal chahuté, il s'est pas démonté,
18:14 il a dit "je ne m'arrêterai pas", malgré les hurlements.
18:17 Et puis, les oppositions, elles, ont eu de nombreuses critiques
18:20 qui ont été très originales, mais elles lui ont reproché tour à tour
18:23 d'être jeune, mais réac, que ce n'était pas lui qui décidait,
18:26 mais Emmanuel Macron, et puis que c'était un Premier ministre des Riches
18:29 et de l'entre-soi. Ecoutez ce florilège des punchlines
18:32 des oppositions concoctées par Clément Perroux.
18:35 -Nous défendons la France des ronds-points des sous-préfectures,
18:38 vous défendez la France du rond-point des Champs-Elysées.
18:41 Votre oeuvre destructrice, monsieur le Premier ministre,
18:44 abandonne les plus faibles à ce que vous pensez être leur destin
18:47 et leur propre. Je vous ai écouté, vous êtes le jeune visage du vieux monde.
18:52 -Tatcher, sortez du corps de notre Premier ministre,
18:55 parce que comme le dit le poète, quand on est réac, on est réac.
19:00 -Monsieur le Premier ministre, madame Oudéa Castera partage avec vous
19:03 un arrondissement du lycée Stanislas à l'école alsacienne.
19:06 On se comprend bien entre grands bourgeois.
19:09 -Les Français, en métropole ou en Outre-mer, n'en peuvent plus
19:12 des discours creux, de vos catalogues la redoute,
19:15 de promesses jamais tenues.
19:17 -Il ne sert à rien de vouloir écoper le bateau qui fait eau
19:20 quand les membres de l'équipage aux ordres du commandant
19:23 s'activent en même temps à ouvrir des voies d'eau partout dans la coque.
19:27 -Merci beaucoup, Elsa. Un tout petit mot, pardonnez-moi, je vous interromps.
19:32 -Justement, après ces prises de parole des oppositions,
19:35 Gabriel Attal, qui avait été un peu corseté par son discours d'une heure 20,
19:39 a été beaucoup plus offensif, notamment en rappelant
19:42 aux députés Rassemblement national leur vote au Parlement européen.
19:46 Beaucoup plus offensif, un peu plus libéré,
19:49 une prise de parole plus courte, plus directe,
19:51 après les prises de parole des oppositions.
19:53 -Merci beaucoup, Elsa. A tout de suite.
19:55 Je voudrais qu'on prenne quelques thèmes.
19:57 Il y avait beaucoup de choses. Comme il y a beaucoup de redites,
20:00 il y avait la conférence de presse du président.
20:02 Cette réforme des bas salaires, à ma connaissance, c'est nouveau.
20:05 La smicardisation de la société, on la constate.
20:09 En France, contrairement à nos voisins,
20:12 les salaires bas sont coincés, ils n'arrivent pas à augmenter.
20:16 Est-ce qu'il n'est pas temps de tous vous réunir pour dire
20:19 qu'on revient sur les aides sociales,
20:21 qui fait que légèrement au-dessus du smic,
20:23 on permet l'évolution des salaires ?
20:25 -Sur les bas salaires, il y a de nombreux Français
20:28 qui gagnent mal leur vie et dont le travail
20:32 ne leur permet pas de vivre dignement.
20:34 Nous, nous avions fait des propositions,
20:36 mais ce qu'a fait Gabriel Attal, c'est pas une proposition,
20:39 mais dire "je ne veux pas une France de la smicardisation".
20:42 C'est bien, mais ça veut dire quoi ?
20:44 -Il dit faire évoluer un système qui nous a conduit
20:47 depuis des décennies à concentrer nos aides
20:49 au niveau du salaire minimum.
20:51 -Quand il combat les mesures que nous proposons de bon sens,
20:54 à savoir permettre aux employeurs, comme le propose Marine Le Pen,
20:58 d'augmenter de 10 % les salaires avec une exonération
21:01 de charges patronales, il s'y oppose systématiquement.
21:04 Le gouvernement s'y est toujours opposé,
21:06 la majorité présidentielle s'y est toujours opposée.
21:09 Quand on propose des choses concrètes,
21:11 nous, contrairement à ces belles paroles,
21:13 on peut pas dire qu'ils s'intéressent
21:15 à ce que gagnent les Français,
21:17 parce que dans son discours en général,
21:19 il n'y a rien eu sur le pouvoir d'achat des Français.
21:22 -Le salaire, c'est du pouvoir d'achat, forcément.
21:25 -De nombreuses Français sont obligés
21:27 de choisir entre se soigner et se nourrir.
21:30 -Antoine Armand, on fait circuler.
21:32 -C'est la manifestation de votre incohérence
21:35 et de votre incapacité à gouverner.
21:37 Vous avez demandé il y a quelques mois la retraite à 60 ans.
21:40 -Non, monsieur, c'est faux, ce que vous dites.
21:43 -Ce que vous dites est totalement faux.
21:45 -Vous avez demandé des milliards supplémentaires
21:48 pour les dépenses sociales.
21:50 Vous avez demandé des milliards de dépenses supplémentaires
21:53 dans le secteur social, et vous voulez supprimer
21:56 les cotisations qui permettent de le financer.
21:59 Vous voulez supprimer... -Sur les salaires.
22:02 -On ne peut pas supprimer
22:04 quelque chose que vous n'avez pas conscience.
22:07 -Marie-Christine Dallos, si je peux être un peu raisonnable
22:10 dans le débat, si je peux être un peu raisonnable
22:13 dans le débat, augmentez...
22:15 -Vous pouvez répondre sur la retraite rapidement,
22:18 mais on ne fait pas le débat qui n'existe plus.
22:21 -Le programme de Marine Le Pen était très clair.
22:24 C'était une retraite à 60 ans
22:26 pour les personnes ayant commencé à travailler avant 20 ans.
22:29 Pourquoi ? Parce que ces personnes-là sont les personnes
22:32 ayant les travails les plus difficiles.
22:34 Au-delà, c'est progressif.
22:36 -Rendez-vous à la présidentielle, si vous le voulez bien.
22:39 La réforme des retraites est passée.
22:41 Marie-Christine Dallos, les Républicains, tiens,
22:44 pourraient voter cette remise en cause des aides sociales
22:47 pour essayer de faire monter les salaires dans ce pays ?
22:50 -On parle de désmécardisation de la France.
22:53 J'ai appris un terme qui est assez nouveau,
22:56 mais on va en parler récemment, prochainement.
22:59 La réalité, c'est quoi ?
23:01 Si vous voulez augmenter les salaires,
23:03 parce que l'Etat doit être employeur,
23:05 avec un grand nombre de fonctionnaires,
23:08 la majorité des employeurs, des salariés,
23:11 sont dans les entreprises.
23:13 Quand vous allez annoncer aux entreprises
23:16 qu'il faut revaloriser de 10 ou de 15 % l'ensemble des salaires,
23:20 j'aimerais bien savoir, alors qu'ils sont,
23:23 certaines entreprises ont des difficultés
23:26 pour rembourser le prêt garanti par l'Etat,
23:29 le PGE qui avait été mis en place
23:31 au moment de la crise du Covid,
23:33 comment nos employeurs vont faire ?
23:36 Après, il y a toujours la solution, effectivement,
23:39 de supprimer les cotisations sociales patronales ou salariales.
23:43 -Les patrons disent qu'on n'est pas incité,
23:46 parce qu'on perd les aides quand on augmente les salaires.
23:49 -Ca pose deux problèmes.
23:51 Je ne sais pas qui finance le modèle social qu'on a aujourd'hui
23:55 si on exonère de cotisations les augmentations de salaires,
23:59 première chose.
24:01 Deuxième chose, la compétitivité de nos entreprises françaises.
24:05 On est dans un marché international.
24:07 Je ne vois pas comment elles vont s'en sortir.
24:10 Et le troisième élément, il y a une réalité qui fait
24:13 que si vous augmentez le SMIC,
24:15 que le SMIC, vous allez...
24:17 Il a très bien dit, à un moment donné,
24:19 il y avait une cinquantaine d'entreprises
24:21 qui rémunéraient leurs salariés
24:23 avec la dernière augmentation du SMIC
24:25 qui se trouvait en dessous du SMIC.
24:27 Quand vous avez des salariés, aujourd'hui,
24:29 dans certaines filières qui sont en dessous du SMIC,
24:32 vous voyez la course...
24:34 -Il a dit qu'il fallait que les partenaires sociaux
24:37 s'engagent dans toutes les branches à supprimer ça.
24:40 -On met tout le monde au SMIC.
24:42 -C'est ça, le gouvernal, ici.
24:44 -Est-ce que vous voulez indexer les salaires sur l'inflation ?
24:47 Il y a un vrai sujet, quand même, en France, sur le diagnostic.
24:50 Il y a un sujet sur les bas salaires.
24:52 -Il y a tellement un sujet que nous avons déposé,
24:55 pas dans cette liste, mais dans la précédente,
24:58 une proposition de loi qui prévoyait l'augmentation du SMIC,
25:01 d'ailleurs qui se fait par décret.
25:03 C'était plutôt mettre le pied dans la porte
25:05 pour que le débat puisse avoir lieu.
25:07 Nous pensons que l'augmentation du SMIC est nécessaire,
25:10 le salaire dans son entier.
25:12 L'augmentation sociale, c'est du salaire différé,
25:15 qui sert à la Sécurité sociale.
25:17 -Mais comment on fait au-dessus du SMIC ?
25:19 -Il faut mettre dans la caisse de la Sécurité sociale
25:22 et pas des remboursés.
25:24 -Et les retraites aussi. -Exactement.
25:26 De ce point de vue-là, nous sommes assez cohérents
25:29 à la France insoumise.
25:31 On augmente les dépenses, mais aussi les recettes.
25:34 Tout va bien sur l'équilibre en question.
25:36 Il faut se dire qu'il y a des entreprises
25:38 qui ne pourraient pas amortir une augmentation du SMIC
25:41 telle que nous la suggérons.
25:43 Nous avons pensé qu'une caisse de péréquation
25:46 entre les très grosses entreprises et les très petites
25:49 pourrait être bien, que la solidarité puisse marcher entre elles.
25:52 Les très grandes entreprises payent en moyenne
25:55 8 % de cotisations et impôts sur les sociétés diverses et variées.
25:59 C'est le grand évitement fiscal.
26:01 Si elles payaient 33 %,
26:03 comme la petite entreprise qui n'a pas le choix,
26:06 qui n'a pas de conseiller fiscal,
26:08 qui ne met pas dans les paradis fiscaux,
26:10 il y aurait plus de caisses.
26:12 Les macronistes ont beau jeu de pointer le RN
26:15 en disant que les cotisations sociales ne devaient pas être financées.
26:18 Mais c'est eux qui ont fait les exonérations de charges.
26:21 Pas juste pour le SMIC, pour toutes les entreprises.
26:24 -Ca remonte à loin.
26:25 -C'est le CICE qui est rentré comme règle générale et commune.
26:29 -La politique de l'ordre. -Il n'y a plus rien dans les caisses.
26:32 Quand on a proposé de taxer les superprofits,
26:34 il n'y avait plus personne.
26:36 Il faut de la justice sociale.
26:38 -Je veux augmenter les bas salaires.
26:40 -Je veux augmenter les bas salaires.
26:42 -Pensez à cette question.
26:44 -Mais pas de la même manière que Gabriel Attal.
26:46 Si c'est pour continuer les exonérations,
26:48 jusqu'à 1,4, 1,5, 1,6 fois le SMIC...
26:50 -Ca ouvre un débat. Soyez brefs, s'il vous plaît.
26:52 -Ce que le Premier ministre a annoncé,
26:54 à la fois comme vision et comme mesure concrète,
26:56 c'est une demande qu'on entend tous les jours,
26:58 et je pense tous autour de ce plateau,
27:00 mieux vivre de son travail.
27:02 Ca passe par une discussion des partenaires sociaux.
27:05 On va rappeler sur ce plateau que ce sont les partenaires sociaux
27:08 qui peuvent fixer les salaires.
27:10 -Vous n'en avez rien à filer. -Soyez pas insultants.
27:12 -Je ne suis pas insultant, c'est la réalité.
27:14 -Deuxièmement, une baisse des impôts
27:16 pour les classes moyennes de l'ordre de 2 milliards.
27:18 Je dis un point sur les baisses d'impôts.
27:20 On dit toujours que les impôts, c'est une catastrophe.
27:22 Nous avons baissé les impôts comme personne depuis 2010.
27:25 -Vous allez continuer les rentrées.
27:27 -Vous les trouvez où ? Qui va les payer, ces 2 milliards ?
27:30 -Le Premier ministre a annoncé qu'elles seraient financées.
27:32 Nous ferons des propositions d'économie
27:34 pour les rentrées.
27:36 -Vous ne le savez pas. -Je vous donne cet exemple.
27:38 Les impôts sur les sociétés ont baissé en France.
27:40 Nous avons fait baisser à 25 %.
27:42 Les rentrées fiscales sont supérieures.
27:44 Quand vous redonnez de l'argent aux personnes qui créent de l'emploi
27:47 ou aux personnes qui consomment en France,
27:49 ça a un impact économique.
27:51 Ce n'est pas aussi simple qu'un petit slogan
27:53 qui consiste à dire...
27:55 -Sur cette mesure... -Sur le pouvoir d'achat,
27:57 on a augmenté plus que l'inflation.
27:59 -Sur votre capacité à gouverner, ce n'est pas glorieux.
28:01 -On a augmenté plus que l'inflation
28:03 et on a satisfait.
28:05 Tout ce que vous avez fait de positif, c'est parfait.
28:07 -J'aimerais tellement vivre dans ce pays.
28:09 -La France irait un peu mieux si tout avait été parfait.
28:12 Les espoirs, quand vous dites
28:14 qu'on fera des économies plus tard,
28:16 les dépenses, c'est tout de suite,
28:18 les économies, plus tard.
28:20 On connaît, ça fait 16 ans et demi que je suis députée,
28:22 j'ai vu ça depuis 16 ans et demi.
28:24 La réalité, c'est que le gouvernement,
28:26 quand il nous parle de réarmement industriel,
28:28 de la souveraineté industrielle,
28:30 c'est qu'il espère que l'économie
28:32 se portera beaucoup mieux
28:34 et qu'on aura une continuité
28:36 d'augmentation des recettes fiscales
28:38 qui pourront financer ces dépenses.
28:40 Mais rien n'est acquis, aujourd'hui.
28:42 -Je voudrais qu'on parle des agriculteurs.
28:44 Je vous donne la suite du programme,
28:46 de l'autorité et des différentes mesures
28:48 pour se faire respecter
28:50 toutes les figures
28:52 qui la représentent dans notre République.
28:54 Les agriculteurs, comment on en sort ?
28:56 C'est vrai qu'on attendait...
28:58 -Si quelqu'un s'en rend.
29:00 -On s'attendait à des mesures nouvelles
29:02 par rapport à celles annoncées la semaine dernière.
29:05 Il y a peu de choses, il y a juste la confiance
29:07 qu'à Bruxelles, le président pourra emmener
29:09 une vingtaine de pays pour reporter
29:11 un certain nombre de règles, notamment sur les jachères.
29:14 -Vous voyez de manière évidente
29:16 que l'on est dans une séquence européenne.
29:18 Juste avant le Premier ministre,
29:20 le président de la République intervenait de Suède
29:23 et a déjà abordé ce sujet
29:25 en disant qu'il allait se porter
29:27 très fermement sur ce dossier
29:29 à Bruxelles.
29:31 Donc on est dans la séquence européenne.
29:33 Il s'agissait d'une déclaration de politique générale.
29:36 Vous n'imaginez pas une déclaration
29:38 entièrement consacrée à des mesures
29:40 concernant le monde agricole.
29:42 -Sur les barrages, ils l'écoutaient.
29:44 -Certainement.
29:46 Mais ils ne s'adressaient pas simplement
29:48 aux agriculteurs, ce soir.
29:50 Ils s'adressaient à l'ensemble du pays
29:52 et ils fixaient un cap pour son gouvernement.
29:55 Donc, j'étais sûr
29:57 que la déclaration de politique générale
30:00 ne ferait pas refluer
30:02 les tracteurs qui se sont portés vers Paris
30:05 et qui cherchent à bloquer
30:07 plus ou moins efficacement la capitale.
30:10 Non, ça viendra, des rencontres,
30:12 et des rencontres pas simplement
30:14 des rencontres un peu médiatiques sur le tas,
30:17 même si c'est bien d'envoyer le symbole
30:19 d'un Premier ministre qui va au charbon,
30:21 qui n'hésite pas à aller sur le terrain.
30:23 -Une boute de paille. -Ca viendra, bien sûr.
30:26 Mais ça viendra, si vous voulez,
30:28 des négociations avec les organisations syndicales,
30:32 parce qu'on est dans un milieu tout à fait spécifique.
30:35 Les syndicats, ça ne représente pas grand-chose en France,
30:38 sauf dans un secteur, le monde agricole.
30:41 8 % des salariés français sont syndiqués.
30:44 -En la police aussi. -Il a raison.
30:47 -Mais là, vous avez un monde, le monde agricole,
30:50 dans lequel il y a une présence d'un acteur syndical,
30:53 ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de pluralisme syndical,
30:57 et on le voit.
30:58 -Donc la position de la FNSEA, de la Confédération, est centrale.
31:02 Johan Gillet, vous, aux affaires, qu'est-ce que vous faites ?
31:05 Il y a Bruxelles, il y a les fameux traités de libre-échange,
31:09 il y a les négociations sur le fameux Green Deal,
31:12 mais il y a, vous, aux affaires, en France, pour le moment,
31:15 qu'est-ce que vous feriez ?
31:17 C'est un mouvement hétéroclite, il n'y a pas une seule revendication.
31:21 -C'est de la cohérence qu'il faut en la matière.
31:24 Quand le Premier ministre et le président de la République
31:28 et quasiment l'ensemble de la majorité présidentielle
31:31 finissent par avouer, parce que les agriculteurs
31:34 mettent la pression sur le gouvernement,
31:37 que les traités de libre-échange sont en partie nocifs
31:41 pour notre agriculture...
31:43 -Vous ne me répondez pas. -Je vous réponds.
31:46 Les députés européens de Renaissance votent
31:49 un énième traité qui vient tuer notre agriculture.
31:52 C'est le cas, il y a trois jours,
31:54 au Parlement européen. -Avec le Chili ?
31:56 -Tout à fait. Ensuite, vous avez le Premier ministre
31:59 qui dit qu'on va taper du poing sur la table
32:02 et on va obtenir des avancées de l'Union européenne.
32:05 C'est drôle, parce qu'en même temps,
32:07 la présidente von der Leyen a désavoué
32:10 le président de la République pas plus tard qu'aujourd'hui.
32:13 Ce qu'on ferait, c'est très clair,
32:15 on n'approuverait pas ce genre de traités
32:18 si on réclame un moratoire sur les traités de libre-échange
32:21 qui pourrissent la vie de nos agriculteurs
32:23 et qui ne leur permettent pas de vivre de leur travail.
32:26 -Antoine Armand, vous répétez.
32:28 -On remettrait aussi une sorte de priorité nationale
32:31 dans la commande publique pour nos produits locaux.
32:34 -Ca veut dire sortir des traités ?
32:36 -On peut très bien négocier les traités
32:38 et mettre des choses miroir dans ces traités.
32:41 -Déjà le cas dans l'école fiscolaire en Egalim.
32:44 -Non, non, aujourd'hui, il faut...
32:46 -Il faut user de techniques
32:48 pour réussir à avoir un maximum de produits locaux.
32:51 -Antoine Armand, est-ce qu'il y a de poids de mesure
32:54 en Macronie sur les traités de libre-échange ?
32:57 La Nouvelle-Zélande, la Chilie, c'est oui,
32:59 le Mercosur avec l'Amérique latine, Brésil, Argentine, c'est non.
33:02 -On tient une ligne très claire qui consiste à ne pas être simpliste
33:05 sur les accords de libre-échange.
33:07 Les accords de libre-échange peuvent bénéficier et bénéficient
33:10 à l'agriculture française dans tout un tas de domaines.
33:13 Le secteur agricole, le secteur viticole,
33:15 le monde girondin, qui ne pourrait pas aujourd'hui subsister
33:18 à avoir cette rentabilité sans certains traités,
33:21 y compris certains secteurs laitiers et bovins,
33:23 avec les derniers traités avec l'Amérique du Nord.
33:26 Mais on ne peut pas se livrer à une concurrence déloyale.
33:29 Le combat du président de la République,
33:31 c'est de fixer des clauses miroir pour dire
33:34 concurrence loyale, climatique, sociale et économique.
33:37 C'est ce que nous avons fait dans les traités précédents.
33:40 C'est pour ça que nous refusons aujourd'hui,
33:43 que j'ai signé une tribune contre le maire Coture.
33:47 La difficulté que nous rencontrons,
33:49 et je le dis avec la modestie qui s'impose sur le sujet,
33:52 tant la colère des agriculteurs et les éleveurs de certains secteurs,
33:56 je pense aux ovins ou aux volailles, est légitime,
33:59 c'est le contrôle, c'est la capacité à le vérifier.
34:02 Donc oui, il faut qu'on sorte d'une forme de naïveté
34:05 selon laquelle la Commission européenne,
34:07 les services de l'Etat, peuvent appliquer efficacement
34:10 tous ces contrôles. -On va laisser la crise agricole là.
34:13 -C'est ça, tout à fait simple. -Jeudi, comment ça va se passer ?
34:16 On parle aussi des sujets régaliens, que vous connaissez,
34:19 Hugo Bernalicis. -Pour l'agriculture,
34:21 c'est dommage, parce qu'il a fait un paquet d'annonces,
34:24 et notamment, il a parlé des volailles d'Ukraine.
34:27 Moi, j'ai été marquée par cette expression,
34:30 parce que, que ce soit les céréales, les céréaliers
34:33 ou les volaillers, sur le problème de l'Ukraine,
34:36 il y a une vraie question de la part de nos agriculteurs,
34:39 et c'est complètement dans le champ européen.
34:42 -On a laissé depuis la guerre, pour expliquer à nos téléspectateurs.
34:46 -Il y a un sujet, et puis, franchement,
34:48 les normes, s'elles ne sont pas rigoureusement appliquées
34:51 de façon identique par l'ensemble des pays européens,
34:54 on doit pouvoir dénoncer simplement ces accords.
34:57 C'est pas possible. -On va consacrer un débat complet
35:00 jeudi à l'issue de ce sommet européen.
35:03 L'autorité, en quelques mots, façon formule choc,
35:06 Gabrielle Attal, voilà ce que ça donne.
35:08 -Tu casses, tu répares, tu salies, tu nettoies,
35:11 tu défies l'autorité, on t'apprend à la respecter.
35:14 -Voilà, Gobernalysis, on a pris cette formule choc,
35:17 parce que peut-être qu'elle va rester.
35:19 -C'est en rapport avec les agriculteurs ?
35:21 -Non, je parle de l'autorité du régalien.
35:23 -On ne sait plus bien sur quel pied danser.
35:25 -C'était le chapitre où il parlait sécurité,
35:27 où il parlait autorité, il a parlé de l'uniforme à l'école
35:30 qui serait peut-être généralisé,
35:32 il a parlé aussi d'une peine pour les moins de 16 ans,
35:35 de nouveaux travaux d'intérêt généraux.
35:38 En gros, ça a le mérite d'être clair, non ?
35:41 -Oui, ça a le mérite d'être clair.
35:43 C'est malheureusement un retour en arrière au siècle dernier,
35:47 c'est dans la proposition concrète,
35:49 c'est même pas dans le style de Gabrielle Attal,
35:52 parce que je ne sais pas si vous savez qu'existe déjà
35:55 aujourd'hui la réparation pénale pour les mineurs
35:58 de moins de 16 ans qui permet à celui qui casse
36:01 de faire un travail d'intérêt général,
36:03 qui répare et qui est prononcé par le procureur de la République,
36:06 et le juge, proposé par le procureur,
36:08 ensuite le juge au tribunal pour enfants.
36:10 La grosse différence entre la réparation pénale,
36:13 c'est qu'elle est assortie dans un ensemble de mesures,
36:16 y compris des mesures éducatives,
36:18 y a pas qu'un versant et un volet répressifs.
36:20 Là, le travail d'intérêt général, c'est clair,
36:22 y a pas d'accompagnement, c'est juste,
36:24 tu vas bosser gratuitement comme le font les adultes,
36:27 sachant que le signal qu'on lance,
36:29 c'est un signal signal, très concrètement.
36:31 Bien sûr, y a intérêt général,
36:33 parce que comme ça, ça rend mieux, mais c'est ça.
36:35 Elle est où, la vertu pédagogique ?
36:37 On voit bien le coup de menton,
36:39 on voit bien ce que ça produit comme effet,
36:41 mais est-ce que ça aura un effet
36:43 sur le nombre d'infractions commises
36:45 par des mineurs dans le pays ?
36:47 Parce que c'est au fond, c'est ça, le sujet.
36:49 Si on dit, voilà, y a des mineurs
36:51 qui sont en rupture avec la loi,
36:53 et donc on voudrait savoir si ça va améliorer les choses.
36:55 Bien sûr que non, c'est de l'effet d'annonce
36:57 qui est en l'air à un électorat,
36:59 qui ont envie qu'on parle durement,
37:01 qu'on tape du poing sur la table.
37:03 Tout ça ne sert à rien. -C'est du gadget.
37:05 -C'est du verbiage. -Ca sera pas dissuasif.
37:07 -Et pourquoi on l'a pas mis dans le code de justice pénale ?
37:10 Pourquoi Eric Dupond-Moretti y a pas pensé avant ?
37:12 Lui qui est arrivé sur ce texte-là,
37:14 particulièrement dans la mandature précédente.
37:16 Parce que ça sert à rien. -Yohann Gillet ?
37:18 -Non, je pense qu'il faut pas tout mélanger.
37:20 Effectivement, le Premier ministre
37:22 a usé de formules, des slogans, toujours et toujours.
37:25 En l'occurrence, si on veut de la vraie fermeté,
37:28 parce que la délinquance chez les mineurs est un vrai sujet,
37:31 il faut supprimer l'excuse de minorité.
37:33 C'est ce que nous avons proposé à plusieurs reprises
37:36 au sein de l'Assemblée nationale.
37:38 -Vous devriez compter. -Rappelez-nous, s'il vous plaît.
37:41 -Il a été systématiquement refusé.
37:43 -C'est-à-dire que quand on est mineur,
37:46 la loi devrait déterminer que, finalement,
37:49 on n'est pas excusé de par sa minorité.
37:52 -Le droit des majeurs s'applique ?
37:54 -Devant un juge, le droit des majeurs s'applique.
37:57 -Une rupture de la Convention internationale des droits
38:00 de l'enfant, RSA, l'école... -C'est essentiel.
38:03 -Ca marche pas, votre truc. C'est le siècle dernier.
38:06 -Lors des émeutes, vous savez, tous ces gens
38:09 qui ont commis des émeutes dans les quartiers,
38:12 une partie de votre rectorat, d'ailleurs,
38:14 et de gens que vous souteniez,
38:16 beaucoup étaient mineurs.
38:18 -Vous condamnez les émeutes des agriculteurs ?
38:21 -Les Français... Les agriculteurs...
38:23 -C'est pas un duel, on va pas vous mettre d'accord.
38:26 -Il faut prendre conscience que les Français
38:29 réclament de la fermeté, car on en a marre
38:32 de cette impunité qui touche toute une part de la société.
38:35 Donc, si le Premier ministre veut vraiment agir,
38:38 qu'il reprenne nos propositions de loi que nous avons déposées
38:41 et qu'il aille dans le sens que veulent les Français.
38:44 -Ce discours permet de faire le marche-pied à l'extrême droite.
38:48 Voilà le fil conduiteur du discours.
38:50 Pas que là-dessus, mais sur l'ensemble des sujets.
38:53 -Dernière séquence, c'est le jeu.
38:55 C'est un débat et en même temps, on essaie de commenter le discours.
38:59 Peut-être le moment le plus politique
39:01 quand Gabriel Attal devient le chef de file
39:03 de la campagne des Européennes.
39:05 -Ceux qui prônent la fin de l'application des traités
39:08 sont les partisans d'un Frexit déguisé
39:10 qui affaiblirait la France.
39:12 Moins d'Europe, moins de puissance pour la France.
39:15 Il fera mal à certains ici, le Brexit.
39:18 Ces partisans promettaient des jours heureux
39:20 à l'économie britannique et au peuple anglais.
39:22 La semaine dernière, à cause du Brexit,
39:24 les derniers hauts fourneaux de Grande-Bretagne ont fermé.
39:27 On ne produit plus d'acier au Royaume-Uni.
39:29 Nous, en France, au contraire, grâce aux investissements de l'Europe.
39:33 L'industrie revient.
39:34 -Il est attendu sur ce rôle-là, en fait, Gabriel Attal.
39:38 C'est lui qui mène la campagne.
39:40 Vous organisez déjà le face-à-face avec le RN.
39:43 -Il n'y a pas de face-à-face entre un Premier ministre de 34 ans
39:46 qui vient de faire son discours de politique générale,
39:49 d'annoncer des mesures... -Et Jordan Bardella.
39:52 -Et le président d'un parti qui n'a jamais été élu,
39:55 qui est absent du Parlement européen
39:57 et qui se contredit entre ce qu'il dit à Bruxelles...
40:00 -Vous savez que Jordan Bardella est l'un des eurodéputés français
40:03 qui présente le Parlement européen.
40:05 -Si il arrivait à mettre en accord ses votes,
40:07 ce serait un pas supplémentaire.
40:09 Ce qui compte ici, c'est de dire que quand on est aux responsabilités,
40:12 oui, c'est un peu plus compliqué.
40:14 Quand on est français et qu'on arrive dans les enceintes européennes
40:17 pour la politique agricole commune, on se bat.
40:19 Qu'est-ce qu'on a obtenu dans la dernière politique agricole commune ?
40:22 S'assurer que les jeunes agriculteurs aient un montant d'aide minimum.
40:25 Continuer à verdir les aides de la politique agricole commune,
40:28 c'est ce que je disais sur l'application,
40:30 continuer à augmenter l'avertissement des aides
40:33 de la politique agricole commune et continuer à faire de la France
40:36 le premier bénéficiaire net, tout en corrigeant ces inéquités
40:39 et faire des compromis.
40:40 C'est ce que nous faisons au niveau européen
40:42 avec le Parlement européen et la Commission européenne.
40:45 -Ils sont vraiment un race électriqueur de mobilisers.
40:48 -Quand vous allez dire, comme le Rassemblement national,
40:51 à tous vos électeurs et à tous les agriculteurs qui se plaignent,
40:54 vous avez raison, c'est affreux,
40:56 et que vous l'avez voté au Parlement européen,
40:58 vous êtes pris en flagrant délit d'inconséquence.
41:01 -M. Dallon, dans cette période en pleine crise des agriculteurs,
41:04 est-ce que l'Europe peut être encore sollicitée de l'adhésion ?
41:07 -Je croyais qu'on était sur la notion d'autorité du premier ministre.
41:11 -J'ai avancé. -On a avancé.
41:13 -Ca passe vite. -Je crois que l'Europe...
41:15 Il a eu une phrase que j'ai beaucoup aimée.
41:17 Il a dit que quand la bureaucratie recule, la liberté avance.
41:21 J'ai dû prendre des guillemets.
41:23 "La bureaucratie qui recule, c'est la liberté qui avance."
41:26 On peut le mettre au niveau de l'Europe, partout.
41:29 La réalité, c'est qu'il faudrait que l'Etat français
41:32 arrête de créer des commissions trucs-muches,
41:35 des enquêtes sur je sais pas quoi.
41:37 On est sans arrêt en train de créer de nouvelles structures.
41:41 -Vous le saluez, ce choc de simplification ?
41:44 -Justement. Moi, j'attends de voir les fêtes.
41:47 Vous savez, il y a deux ans, on avait une direction,
41:50 la DGAFP, en France, qui s'occupait de la fonction publique,
41:53 de tous les agents de la fonction publique.
41:56 On a créé, il y a deux ans, la dièse,
41:58 la direction interministérielle de l'encadrement supérieur de l'Etat.
42:02 On a pas supprimé la première, on a rajouté des collaborateurs
42:05 qui s'occupent de l'encadrement supérieur de l'Etat.
42:08 C'est le mal franco-français.
42:10 Moi, j'ai envie de faire confiance sur sa capacité
42:13 à réduire toutes ces structures qui, pour moi,
42:16 sont complètement inutiles aujourd'hui
42:18 et qui coûtent beaucoup d'argent au budget français.
42:21 Si on arrive à faire ça...
42:23 Quand monsieur disait qu'on avait pas fait de proposition,
42:26 on vous a proposé, dans le budget de l'année dernière,
42:29 une capacité administrative. -David Wissner, c'est son cheval.
42:32 -Si vous aviez suivi, on aurait réduit tant soit peu le déficit.
42:36 -On est capables d'exister à la France insoumise
42:39 et aux Républicains dans cette campagne européenne
42:42 qui s'annonce quand on voit déjà le ton qui est donné
42:45 par Gabriel Attal, qui désigne clairement l'adversaire,
42:48 comme s'il n'y avait que deux possibilités de vote.
42:51 -Je crois qu'on sait faire campagne sans avoir besoin
42:54 des macronistes. -L'Europe ou l'Europe les populistes.
42:57 -On a dit ça à plusieurs reprises.
42:59 Ce qui est intéressant, c'est que même au RN,
43:02 on prétend avoir telle ou telle position au Parlement européen.
43:06 Quand on gratte de plus près, c'est toujours plus compliqué.
43:10 Le groupe dans lequel il siège a majoritairement validé
43:13 tous les traités de libre-échange, alors que le groupe dans lequel
43:16 nous siégeons est pur et parfait.
43:18 On peut pas nous en faire le reproche,
43:20 on peut avoir le débat politique, le désaccord,
43:23 mais on a quand même là-dessus des clarifications
43:26 qui sont plus intéressantes à gauche pour la France insoumise,
43:29 même si je pense qu'il serait plus utile
43:31 qu'on ait une liste commune de la Nouvelle Union.
43:34 Je le redis à nos partenaires,
43:36 plutôt que d'aller se disséminer à droite.
43:38 -On n'a pas pris le chemin. -Tant que les listes
43:41 ne sont pas déposées, tout est possible.
43:44 -L'espoir fait vivre. -Je pense sincèrement
43:47 qu'on peut faire confiance à notre tête de liste,
43:50 qui est François-Xavier Bélamy, qui connaît bien le sujet,
43:54 qui s'est beaucoup investi, et qui, justement,
43:57 a un regard toujours très attentif sur les conséquences.
44:00 -On s'arrête là. -Je vais terminer,
44:02 parce que Manon Aubry, qui va courir,
44:04 a fait un travail avec son équipe.
44:06 On a eu une victoire politique sur la reconnaissance
44:09 des travailleurs ubérisés
44:11 comme étant des travailleurs en tant que tels,
44:13 et pas des auto-entrepreneurs.
44:15 C'est une bataille qu'on a menée au niveau européen.
44:18 Même si on conteste le cadre de l'Union européenne,
44:21 on a racheté des victoires politiques.
44:23 -C'est dit. On va terminer avec Elsa Mondingava.
44:26 Elsa, le Premier ministre, a annoncé
44:28 quelques projets de loi, pas tant que ça,
44:31 sur l'économie, principalement.
44:33 Faut-il s'attendre à des bras de fer homériques
44:36 dans les mois qui viennent à l'Assemblée,
44:38 comme le 49-3 sur les retraites, ou ça peut passer ?
44:41 -Des projets de loi, il y en aura du travail.
44:44 On annonce un projet de loi Industrie verte 2,
44:47 un projet de loi sur l'aide active à mourir.
44:50 Ça fait assez consensus dans les mimes-cycles,
44:53 même si les débats risquent d'être riches.
44:55 Un projet de loi sur Mayotte.
44:57 Et un projet de loi à justice des mineurs,
44:59 avec la création des travaux d'intérêt éducatif
45:02 pour les jeunes et des travaux d'intérêt général
45:04 pour les parents d'enfants délinquants.
45:06 Dans le législatif, ça sera à l'automne.
45:08 Dans le budget, les bases d'impôts pour les classes moyennes.
45:11 A priori, le budget, c'est toujours avec un 49-3.
45:14 Et des grosses réformes sur le logement,
45:16 sur le marché du travail.
45:17 Ça nécessitera peut-être de passer par le législatif.
45:19 Ou alors, tout se réglera d'un point de vue réglementaire.
45:22 On le sait, le gouvernement veut axer ces réformes
45:25 justement pour aller vite sur des réformes réglementaires.
45:28 Ce qu'on sait aussi qui passera par le réglementaire,
45:30 c'est la réforme de l'AME, l'Aide médicale d'Etat.
45:32 Ça, ça fait des mécontents chez les Républicains,
45:34 qui s'estiment trahis.
45:36 Alors, comment on va faire passer tout ça, Myriam ?
45:38 C'est toujours le même enjeu.
45:39 Il n'y a toujours pas de majorité.
45:40 Peut-être des accords avec la droite.
45:42 Oui, mais il faudra régler ce problème
45:43 de la réforme de l'Aide médicale d'Etat,
45:45 puisque Eric Ciotti était particulièrement en colère
45:47 de cette annonce du Premier ministre tout à l'heure.
45:49 Merci beaucoup, Eric Ciotti, qui parle même de trahison.
45:52 Vous l'avez dit, merci Elsa Mondingava.
45:54 On s'arrête là, on suivra les éventuels projets de loi
45:57 et les éventuelles batailles parlementaires
46:00 qui sont issues directement de ce discours de politique générale.
46:03 Vous restez avec moi, Pascal Perrineau,
46:05 parce qu'on va parler à présent uniquement de la forme,
46:08 avec notre stémiologue Mariette Darrigrand
46:10 et le communiquant Philippe Moreau-Chevrolet
46:12 qui nous rejoignent juste après ce sujet.
46:14 Hélène Bonduelle n'a rien manqué de la gestuelle
46:17 et des mots employés par le Premier ministre.
46:19 Regardez.
46:20 -Concentré, mais détendu,
46:23 Gabriel Attal prend même le temps de s'arrêter
46:26 pour une photo quelques minutes avant son discours.
46:29 Le plus jeune Premier ministre de la Ve République
46:33 sait qu'il est attendu et il assume.
46:36 Il prend même exemple sur sa génération.
46:38 -Je suis né en 1989.
46:41 Notre génération, partout dans le monde,
46:44 voit son monde chambouler plus fortement encore
46:46 que tout autre avant elle.
46:48 Elle est en proie au doute.
46:50 -Face au doute, un mot que Gabriel Attal a prononcé
46:53 à de nombreuses reprises au début de son discours,
46:56 il faut créer de l'espoir, dit-il.
46:59 Et cela passe par la conquête.
47:01 Affronter pour avancer, combattre, réarmer.
47:04 Un vocabulaire martial déroulé à un rythme effréné.
47:07 Le Premier ministre veut occuper l'espace,
47:10 ne pas le laisser à ses adversaires politiques,
47:13 malgré le brouhaha.
47:15 -Un peu de silence, s'il vous plaît, mes chers collègues.
47:18 Juste un peu de silence, il y a un brouhaha continu.
47:21 Je vous remercie de bien vouloir baisser d'un ton.
47:24 Merci. Monsieur le Premier ministre.
47:26 -Je pense, madame la présidente, qu'ils ont compris
47:29 que je ne m'arrêterai pas malgré leur hurlement
47:31 et donc je peux continuer sans aucune difficulté.
47:34 -1h20 de discours au cours duquel le Premier ministre
47:39 multiplie les annonces avec parfois un style très direct.
47:43 -Dès le plus jeune âge, il faut en revenir à un principe clair.
47:46 Tu casses, tu répares, tu salies, tu nettoies,
47:49 tu défies l'autorité, on t'apprend à la respecter.
47:52 -Gabriel Attal choisit une conclusion plus intime
47:55 dans laquelle il fait directement référence
47:58 à sa situation personnelle.
48:00 -Être français en 2024, c'est, dans un pays
48:03 qui, il y a 10 ans seulement, se déchirait encore
48:06 d'un mariage pour tous, pouvoir être Premier ministre
48:09 en assumant ouvertement son homosexualité.
48:12 De tout cela, je vois la preuve que notre pays bouge,
48:16 la preuve que les mentalités évoluent.
48:19 -Voilà, c'est d'ailleurs la seule fois
48:22 où il a parlé véritablement de lui.
48:24 Bonsoir, Philippe Morochevrolet. -Bonsoir.
48:26 -Merci d'être avec nous, experts en communication,
48:29 MCBG Conseil, bonsoir, Mariette Darrigrand.
48:31 C'est miologue et chroniqueuse dans cette émission.
48:34 Philippe Morochevrolet, il a légèrement fendu l'armure.
48:37 -Un petit peu. -C'était attendu.
48:39 -Il y avait trois parties à son discours.
48:41 Il y avait une partie service après-vente
48:43 du président de la République, ça, c'est la discipline,
48:46 c'est les parties économiques un peu dures, etc.
48:48 Il y avait la gestion de crise avec les agriculteurs,
48:51 on les a beaucoup aidés aujourd'hui.
48:53 Et puis, la troisième partie, c'est parler de lui.
48:55 Il a cité 144 fois, parce qu'il y a des pervers
48:57 qui ont calculé ça, le mot "je".
48:59 C'est deux ou trois fois plus que ses prédécesseurs.
49:02 Il a commencé en disant "je suis de la génération de 89",
49:05 donc de la chute du mur.
49:07 On croyait que la guerre était finie,
49:09 que l'histoire s'était arrêtée, et c'est pas vrai.
49:11 Il a quand même beaucoup parlé de lui.
49:13 C'est quelque part intéressant,
49:15 parce que ça ouvre une autre perspective
49:17 que la répétition du macronisme.
49:19 -Vous avez vu une personnalité
49:21 qui n'est pas là ou qui s'affirme vraiment différente
49:24 de celle du président ? -Il est encore porte-parole,
49:27 il est en train de devenir Premier ministre,
49:29 il n'est pas encore Premier ministre,
49:31 et pour un président aussi écrasant et sans majorité,
49:34 c'est très difficile. -Il n'est pas encore
49:36 Premier ministre. Qu'est-ce que vous retenez
49:38 sur le style à Tal, les mots employés,
49:41 ceux qui reviennent particulièrement ?
49:43 -Je crois qu'il y a un vrai style, déjà,
49:45 ce qui n'était pas évident.
49:47 Pour moi, il y a vraiment une rupture stylistique
49:49 avec ce discours.
49:51 -Comment vous le définiriez ?
49:53 -Je pense que c'est le mot "pragmatisme"
49:55 qui lui va. On est dans une génération née en 89.
49:58 Il a dit que c'est 200 ans après la Révolution française,
50:01 mais c'est surtout la chute du mur.
50:03 Et à partir de ce moment-là, le monde devient,
50:05 comme disent les Américains,
50:07 c'est le "view-coward", et là, tout est instable,
50:10 c'est illisible. Quand on est là-dedans,
50:12 eh bien, on le voit, les enquêtes sociologiques
50:15 le montrent, on devient pragmatique,
50:17 on s'accroche à la praxis.
50:19 On n'est pas dans la théorie, on n'est pas dans les concepts.
50:22 Il n'y a pas eu de mots conceptuels.
50:24 Il n'y a pas eu "liberté", il n'y a pas eu...
50:26 Non. Il n'y a pas eu de mots.
50:28 Il y a eu "espoir", mais il n'y a pas eu...
50:30 -C'est la recherche du résultat au-delà des idéologies ?
50:33 -C'est la recherche de l'action.
50:35 C'est le résultat de l'action, en effet, c'est agir.
50:38 Nous avons eu la posture de l'agissant.
50:41 C'est pas la posture du guerrier, pas du tout,
50:44 et c'est pas non plus la posture, disons, du grand sorcier.
50:47 Si on prend la fameuse triade
50:49 où on a le paysan, le sorcier et le guerrier,
50:52 il est dans les agissants, il est bien là-dedans.
50:55 Il produit des choses, il est au service d'eux, etc.
50:59 Je crois que c'est ça qu'il faut retenir,
51:02 et c'est générationnel, parce que c'est pragmatique.
51:05 Il nous a pas entraînés, par exemple,
51:07 quand il a parlé du travail, il a beaucoup parlé du travail.
51:10 Ca a été un énorme thème.
51:12 Il y a eu deux grands thèmes pour moi,
51:14 c'est la France, l'identité de la France,
51:16 et dire "identité française", c'est rare en politique.
51:19 Depuis Sarkozy, je crois pas qu'on l'ait vraiment entendu.
51:22 -On l'entend pas mal.
51:24 -Pas dans le clan d'extrême droite.
51:26 Dans la politique classique, c'est assez rare.
51:29 Donc il a repris ça, l'identité française, la France,
51:32 et le travail.
51:33 Et le travail, il a martelé, il parle au nom du travail,
51:37 il travaille, il agit,
51:39 et quand on dit qu'il aime le performatif du langage...
51:42 -Ca, c'est quoi ?
51:43 Pour ceux qui nous regardent, on entend ça,
51:46 systématiquement, une action performative,
51:49 un mot performatif, ça veut dire quoi ?
51:51 -En gros, c'est "lève-toi et marche".
51:53 Il n'y a que ça.
51:54 La performativité du langage, c'est quand le mot produit la chose.
51:58 C'est référé vraiment...
52:00 C'est remis en cause par les linguistes,
52:02 parce qu'il y a très peu de situations
52:04 où le mot crée la chose.
52:06 Donc ça a été...
52:07 Alors, lui, les politiques ont le défaut de penser
52:10 qu'ils vont dire quelque chose.
52:12 Lui, je pense que c'est pas ça, sa performativité,
52:15 c'est qu'il l'incarne lui, son corps.
52:17 On a eu un discours corporel, énergétique, incarné.
52:20 Je sais pas si c'est bien ou mal, mais c'est différent.
52:23 -C'est vrai que moi, ce qui m'a frappée,
52:25 c'est qu'en général, dans le discours de politique générale,
52:28 il y a des références historiques, littéraires,
52:31 des mentors, une généalogie politique.
52:33 Pas du tout, là.
52:34 Ca allait vite, ça disait "je", certes,
52:36 mais au nom du faire, de l'action.
52:38 -Voilà, c'est un homme, beaucoup plus, d'ailleurs,
52:41 qui voudrait se présenter comme étant un homme
52:44 davantage du faire que du dire.
52:46 Et en tout cas, le dire référentiel,
52:49 qui se reporterait à des idéologies, etc.,
52:54 on voit bien que c'est pas le genre de beauté de Gabriel Attal.
52:58 Il est dans le pragmatisme.
53:00 C'est un discours, en effet, de pragmatisme,
53:02 mais en cela, il est très porteur,
53:04 très représentatif de la culture de sa génération.
53:07 Parmi les Trentenaires,
53:10 certainement, beaucoup d'hommes et de femmes
53:12 se sont retrouvés dans son style.
53:14 Un langage simple, d'autre part, des phrases...
53:17 -Oui, sujet-verbe complément.
53:19 -Des phrases très courtes, très éloignées
53:22 de l'aspect, par moments, conceptuel,
53:25 extrêmement long, un peu alambiqué,
53:27 de son patron, le président de la République.
53:30 -Il n'est pas lyrique, comme Emmanuel Macron.
53:32 -Vraiment pas, comme Emmanuel Macron.
53:34 En cela, c'est pas le clone d'Emmanuel Macron.
53:36 -Justement, on dit souvent qu'un président
53:38 et un Premier ministre doivent être complémentaires.
53:41 Ceux-là le sont ? -Oui, c'est fait pour ça.
53:43 C'est fait pour être complémentaire.
53:45 Le président donne l'impulsion au cadre intellectuel
53:48 et lui, il vient remplir le cadre.
53:50 La partie dure du discours, c'était le service après-vente
53:53 du président. C'était la mise en oeuvre
53:55 de l'action pensée par le président.
53:57 -C'est un sans-faute, du point de vue de la communication ?
54:00 -Oui, il n'y a pas d'erreur. Le seul problème de Gabriel Attal,
54:03 c'est qu'il ne va pas susciter la haine,
54:05 la défiance, et risque de susciter l'indifférence,
54:08 qui est le contraire de l'amour.
54:10 C'est le vrai problème, l'indifférence.
54:12 Il est à 100 % des Français, à peu près,
54:14 pour qui le remaniement, c'est intéressant, mais pas plus.
54:17 Ils n'ont pas envie de creuser.
54:19 Ce qui risque de se passer de pire pour lui,
54:22 c'est qu'il passe sous les radars.
54:24 Il a moins de temps que Jordan Bardella
54:26 pour installer une marque politique.
54:28 Il a le même problème qu'un N+1 assez envahissant,
54:31 on va dire, et tutélaire, mais il a moins de temps.
54:34 Et puis, il n'a pas le même parcours, Jordan Bardella,
54:37 puisque les deux vont s'opposer pour les Européennes.
54:40 -Tout le monde attend le face-à-face.
54:42 -Il est là pour les Européennes.
54:44 C'est son test. S'il perd les Européennes,
54:46 Gabriel Attal, c'est fini politiquement,
54:48 pour un an ou deux, en tout cas, pour ce quinquennat.
54:51 Mais en tout cas, ça va être un match intéressant,
54:54 car ils n'ont pas le même parcours.
54:56 -Il s'adresse aux classes moyennes.
54:58 C'est toujours compliqué de savoir ce que c'est exactement,
55:01 les classes moyennes, mais en tout cas,
55:03 c'est la majorité des Français.
55:05 Lui, il ne vient pas de la classe moyenne.
55:07 Il a à peine 34 ans.
55:09 Est-ce qu'il peut être compris d'eux ?
55:12 -En tout cas, il a eu, pour le coup,
55:14 une des rares formules littéraires.
55:16 Je ne sais pas si on lui a soufflé,
55:18 si c'est une de ses plumes.
55:20 Je vais essayer de la retrouver,
55:22 parce que c'était très intéressant.
55:24 Il a dit "Ces Français de l'entre-deux du pays
55:27 et qui en sont pourtant le cœur battant".
55:30 Là, c'est de travailler, ça.
55:32 Et j'ai trouvé que c'était intéressant à relever,
55:35 parce que, justement, ça faisait contraste
55:38 avec son discours très technique, pragmatique.
55:41 Alors, est-ce que ça va faire de l'effet ?
55:44 C'est vrai que son interlocuteur était très présent.
55:47 Dès le début, il s'est adressé à ses classes moyennes.
55:50 C'est clair, puisque c'est l'enjeu vis-à-vis du RN.
55:53 C'est maintenant, tout le monde l'a vu.
55:55 C'est intéressant. Là aussi, je pense que c'est un talent.
55:58 -Il peut y avoir, je dirais pas une identification,
56:01 mais une écoute attentive de ses classes moyennes ?
56:04 -Il a fait ce que Emmanuel Macron avait réussi en 2017,
56:07 c'est-à-dire qu'il a fait son discours très cognatif.
56:10 Le discours s'ancre sur l'interlocuteur.
56:13 Bien qu'il dise "moi, je", il parle quand même à l'autre.
56:17 Et ça, c'est fondamental quand on veut séduire.
56:20 Il faut partir de l'autre.
56:22 Donc je crois que là, il a réussi quelque chose,
56:25 il a appris ça, il l'a fait.
56:27 -Philippe Moreau-Chevrolet, à qui vous fait-il penser ?
56:30 -Historiquement, à Sarkozy, je pense.
56:32 Nicolas Sarkozy, c'est le plus proche.
56:34 Alors, il manque beaucoup d'éléments de Nicolas Sarkozy.
56:37 Il manque un côté... D'abord, il n'a pas le même âge.
56:40 Il manque le côté séducteur, le côté conquérant,
56:43 qu'il n'a pas encore, parce qu'il est un peu frais.
56:46 Sarkozy, quand il rentrait dans une pièce,
56:49 les gens disaient qu'en fait, il dominait vraiment.
56:52 Tous les regards convergeaient vers lui,
56:54 il avait un côté solaire et presque animal dans la relation.
56:57 Il n'a pas ça, Gabriel Attal.
56:59 En revanche, il a ce côté assertif, l'ambition,
57:02 l'omni-premier ministre,
57:04 il va être partout, il va faire un événement par jour,
57:07 et puis il a un langage direct et simple.
57:10 Après, ce qui lui manque, pour l'instant,
57:12 c'est encore une fois l'épaisseur.
57:14 Il faut remplir tout ça. Il ne l'a pas, c'est normal.
57:17 -34 ans, justement.
57:19 -Il a une voix encore un peu perchée.
57:21 -On va terminer là-dessus. La patine, l'expérience,
57:24 est-ce qu'un Bruno Le Maire, un Gérald Darmanin
57:27 vont accepter d'être sous ses ordres ?
57:29 Est-ce qu'ils vont bien...
57:31 -Au nouveau, c'est plus Bruno.
57:33 -Vouloir se passer du coup de fil en direct à l'Elysée ?
57:36 -Non, mais je crois, quand vous le regardez fonctionner,
57:39 vous vous dites, en tout cas,
57:41 ce jeune homme ne manque pas d'autorité.
57:43 Ce sont des vertus qu'on ne prête pas spontanément
57:46 à cette tranche d'âge. On dit cette tranche d'âge,
57:49 c'est le domaine de l'ouverture, de la permissivité,
57:52 l'autorité, ils n'en ont rien à cirer. Pas du tout.
57:55 Lui, c'est un jeune qui peut être certainement permissif,
57:58 en effet, la fin de son discours le montre,
58:00 il fait son outing, enfin, il ne le fait pas, tout le monde le savait,
58:04 mais il parle à la tribune de son choix sexuel,
58:08 donc on se dit, tiens, c'est un libéral culturel.
58:12 Mais ce libéral culturel a une autre face.
58:15 C'est un homme d'autorité.
58:17 En cela, il est assez révélateur de quelque chose de très profond
58:21 dans la société française. La société française,
58:24 elle se dit aujourd'hui de plus en plus de liberté privée,
58:27 c'est une chose inévitable, c'est le sens du changement culturel,
58:30 mais en même temps, cette société est de plus en plus,
58:33 et on le voit tous les jours, difficile à diriger,
58:36 parce que les jeunes n'obéissent plus à grand-chose,
58:39 parce qu'il y a les émeutes, parce qu'en classe,
58:42 c'est difficile de se faire respecter, et donc, il faut un peu d'ordre public.
58:46 -S'il réconcilie la liberté avec l'autorité,
58:49 là, Mariel, pour terminer, le mot de la fin, c'est gagner.
58:52 -C'est gagner. -C'est ça.
58:54 -Bon courage à celui qui y arrivera. -Vous avez raison.
58:57 Les jeunes, ça dépend de la tranche d'âge,
59:00 mais les jeunes Z qui arrivent aiment l'autorité.
59:03 -On le voit. -On va continuer à l'observer
59:06 de près, sur la forme comme sur le fond.
59:08 Merci beaucoup, Philippe Moreau-Chevrolet,
59:10 Mariette Darrigrand, et merci à vous, Pascal Perrineau,
59:13 d'avoir été notre grand témoin en direct ce soir.
59:16 C'est la fin de cette émission. Merci à vous de l'avoir suivie.
59:19 A demain, même mieux, même heure.
59:21 Très belle soirée sur LCP.
59:23 ...
59:36 *Générique de fin*