• il y a 11 mois
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00:00:23 Le premier qui, ayant clos un terrain, s'avisa de dire "ceci est à moi" et trouva des gens assez simples pour le croire,
00:00:31 fut le vrai fondateur de la société civile.
00:00:34 En écrivant ses lignes en 1755, le célèbre philosophe suisse Jean-Jacques Rousseau
00:00:40 semblait parfaitement avoir identifié ce qu'il nommait "l'origine de l'inégalité parmi les hommes"
00:00:45 qui présiderait à l'instauration de nos sociétés actuelles.
00:00:49 Il ne lui manquait qu'à en définir l'époque.
00:00:53 Résonant dans une chronologie officielle devenue multimillénaire avec les écrits de Joseph Just-Scaliger en 1580,
00:01:01 Jean-Jacques Rousseau imaginait probablement le point de bascule de la civilisation dans un glorieux passé antique oriental.
00:01:09 Mais depuis notre premier épisode, où nous avions démonté le mythe de l'Antiquité,
00:01:14 puis le deuxième qui nous avait révélé l'époque réelle de la naissance de notre civilisation,
00:01:19 nous savons à présent que toute notre histoire est infiniment plus courte et plus récente que sa version officielle.
00:01:25 Car s'il fallait rechercher le premier homme qui s'appropria un terrain par la force,
00:01:30 qui exploita les paysans pour le cultiver à son profit,
00:01:33 et qui fut ainsi le fondateur de notre société civile,
00:01:36 ce n'est certainement pas dans une histoire multimillénaire que nous le trouverions.
00:01:41 Mais dans la figure d'un seigneur féodal bénéficiant soudainement de la porte d'une technologie nouvelle
00:01:46 qui lui avait fourni les moyens de ses ambitions malsaines.
00:01:50 La maîtrise du fer, à peine quelques siècles avant l'an 1000.
00:01:55 Mais dans cette révision chronologique drastiquement raccourcie que nous proposons,
00:02:06 une nouvelle question émerge.
00:02:08 Si la civilisation n'était née qu'au Moyen-Âge central en Occident,
00:02:12 de quand datent réellement les civilisations mythiques orientales qu'on nous présente comme très anciennes ?
00:02:18 Après tout, même s'ils sont récents, les vestiges égyptiens, grecs ou romains encore visibles de nos jours
00:02:25 ont bien été bâtis à un moment donné.
00:02:28 Mais quand exactement ?
00:02:30 C'est ce que nous vous proposons de tenter de découvrir pour Hommes dans ce troisième épisode.
00:02:36 Nous pourrions enfin dévoiler l'énorme manipulation dont nous sommes les victimes involontaires.
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00:03:19 En suivant le scénario débuté dans notre épisode précédent,
00:03:23 nous devrions à présent être en capacité de dérouler le fil du temps
00:03:27 pour découvrir comment notre société s'était progressivement bâtie à partir de l'an 1000
00:03:31 et était lentement arrivée à maturité.
00:03:37 Selon l'histoire académique, le sombre Moyen-Âge avait heureusement été secouru dans son développement
00:03:42 par de nombreuses périodes de redécouverte de l'Antiquité.
00:03:46 Bien sûr, au Quattrocento italien, mais également sous les Carolingiens et les Ottoniens au IXe et Xe siècle.
00:03:55 Mais évidemment, pour des récentistes qui réfutent l'idée même d'une Antiquité surévoluée,
00:04:02 ces renaissances ne peuvent consister en de banales résurgences d'un passé millénaire.
00:04:07 Mais au contraire, en des périodes de véritables avancées novatrices et décisives.
00:04:12 Savez-vous que dans ce concert de résurgences providentielles,
00:04:18 il existe une quatrième renaissance dont vous n'avez probablement jamais entendu parler ?
00:04:22 Elle est très opportunément située dans notre reconstitution, juste au milieu des précédentes.
00:04:28 Très justement nommée la Renaissance du XIIe siècle,
00:04:33 elle avait été le siège de nombreuses redécouvertes antiques.
00:04:36 Dans les faits, elle pourrait être l'époque réelle de la maturité de notre civilisation.
00:04:42 Elle ne serait alors aucunement une renaissance, mais bien une naissance.
00:04:47 La naissance du XIIe siècle.
00:04:50 Avouons-le, peu nombreux d'entre nous ont un jour entendu parler d'une quelconque renaissance au XIIe siècle.
00:04:59 Et pourtant, elle est aujourd'hui considérée comme capitale dans l'évolution de notre civilisation,
00:05:04 tant les avancées y furent décisives.
00:05:06 Popularisée par un médiéviste américain du nom de Charles Haskins au tout début du XXe siècle,
00:05:12 elle fut d'abord décriée comme toutes les idées nouvelles.
00:05:15 Puis, conformément à la tâche de Schopenhauer,
00:05:18 elle fut finalement admise par l'Académie 50 ans plus tard.
00:05:21 Même Wikipédia, la Bible de la Doxa, y consacre un long article.
00:05:28 On nous décrit ce siècle comme celui de spectaculaires résurgences disparues avec les fameuses invasions barbares.
00:05:34 Tout y passe.
00:05:36 Le commerce, la monnaie, la politique, la littérature, le droit, l'architecture, les arts et les sciences, la philosophie, et bien sûr, la religion.
00:05:46 Alors que la renaissance du Quattrocento avait glorifié l'excellence grecque,
00:05:51 celle du XIIe siècle avait consacré, elle, l'Antiquité romaine.
00:05:55 Cela pourrait-il signifier que toute l'histoire romaine qu'on nous décrit deux fois millénaire
00:06:00 aurait pu se dérouler à cette époque précise, à la fameuse renaissance du XIIe siècle ?
00:06:05 C'est ce que nous allons tenter de démontrer dans ce film.
00:06:09 C'est avec une monnaie très surprenante que nous allons débuter notre argumentaire.
00:06:15 Elle pourrait, entrée de jeu, placer l'Empire romain antique sur un terrain chronologique bien éloigné du scénario académique.
00:06:22 Au Moyen-Âge central.
00:06:25 Dans l'épisode précédent, c'est le fer qui nous avait guidés.
00:06:50 Nous allons à présent prendre du galon en suivant la piste d'un métal infiniment plus prestigieux.
00:06:56 "Follow the money", comme disent les Anglais.
00:06:59 Suivez l'argent.
00:07:01 Ils n'ont sans doute pas tort.
00:07:03 Sauf qu'en termes d'argent, ici, il s'agit d'or.
00:07:07 Nous avons déniché une véritable pépite, jusqu'alors jamais pointée dans la sphère récentiste.
00:07:16 Et pourtant, à l'image de l'ananas de Pompéi exhumée par Andreas Tchourilov,
00:07:21 elle pourrait bien devenir un indice incontournable à l'appui de l'hypothèse récentiste.
00:07:26 Cette pépite est d'or, bien évidemment.
00:07:30 Observez ce spécimen de monnaie.
00:07:39 Un buste d'empereur coiffé d'une couronne de laurier.
00:07:43 Un aigle-aisel déployé.
00:07:46 La légende abrogée de César Augustus Imperium Romanum.
00:07:49 Il y a là tous les repères incontournables des pièces romaines estampillées antiques.
00:07:54 Un seul détail est incongru.
00:08:00 Le nom du souverain qui émit cette monnaie est typiquement médiéval.
00:08:03 Fridibritus.
00:08:06 En l'occurrence, il s'agit bien d'un empereur.
00:08:14 Mais aucunement antique.
00:08:16 Frédéric II de Hohenstaufen,
00:08:19 empereur germanique, roi de Sicile et roi des Romains.
00:08:23 Il fit frapper cette pièce dans le sud de l'Italie, à Brindisi, entre 1231 et 1250.
00:08:31 On l'appelle une Augustale.
00:08:40 Ce que fiche en plein Moyen-Âge une pièce ressemblant comme deux gouttes d'eau aux oréous romains supposés antiques.
00:08:46 Pour les historiens académiques, elle n'est qu'une manifestation de la lubie excentrique d'un monarque mégalomane
00:08:55 qui souhaitait s'attribuer le lustre des empereurs antiques.
00:08:58 Pour le graphisme de son Augustale,
00:09:02 Frédéric II s'était probablement inspiré de cet oréous attribué au premier empereur romain, Octave-Auguste.
00:09:09 Une pièce de surcroît exactement frappée au même endroit, à Brindisi, mais 1200 ans plus tôt.
00:09:15 Incroyable ressemblance, non ?
00:09:18 Pour les historiens académiques, cette Augustale de Frédéric II émise au XIIIe siècle
00:09:29 est un parfait exemple de la Renaissance du XIIe siècle.
00:09:32 A ce titre, elle n'est évidemment qu'une simple résurgence isolée,
00:09:36 un unique exemplaire anachronique et sans lendemain.
00:09:39 Et si c'était en fait exactement l'inverse ?
00:09:43 Que l'Augustale soit parfaitement représentative de son temps,
00:09:47 et que ce soit au contraire tous les exemplaires qu'on nous présente comme antiques qui soient mal datés ?
00:09:52 Impensables, nous direz-vous.
00:09:58 Les pièces romaines d'estampillés antiques pourraient dater sensiblement de l'époque de l'Augustale de Frédéric II,
00:10:03 c'est-à-dire du Moyen-Âge tardif,
00:10:06 on ne peut assurément pas avancer une telle hypothèse sans en posséder des indices convergents.
00:10:11 En fait, il en existe beaucoup, à commencer par l'incroyable ressemblance entre ces pièces.
00:10:17 Ensuite, il y a l'absence de date gravée sur la moindre pièce.
00:10:25 Si bien que toute hypothèse contredisant la chronologie officielle en s'appuyant sur la monnaie
00:10:30 ne peut honnêtement pas être considérée comme totalement aberrante.
00:10:34 Autre absence suspecte, aucune monnaie médiévale en or n'est identifiable à Rome.
00:10:39 Pourtant, après avoir exclusivement battu de la monnaie d'argent durant plusieurs siècles,
00:10:47 ce fut une véritable frénésie pour l'or qui s'empara des monarques européens à partir du XIIIe siècle de l'Augustale.
00:10:53 En France, Saint-Louis émit cet écu en 1270 dans le sillage des Florins-Florentins ou des Ducas vénitiens.
00:11:02 Ce qui fut également le cas de la papauté à partir de son exil en Avignon au tout début du XIVe siècle.
00:11:08 Paradoxalement, dans la Rome médiévale, on avait curieusement omis d'émettre une monnaie d'or,
00:11:17 malgré l'abondance de semblables exemplaires durant l'Antiquité.
00:11:21 En fait, leur profusion est telle qu'elle affecte grandement leur cote.
00:11:28 Là se trouve probablement la preuve ultime de la falsification de la chronologie de l'histoire romaine.
00:11:34 Observez le prix qu'atteint cette Augustale médiévale.
00:11:41 Presque 26.000 euros.
00:11:44 Et bien sachez que ce prix prohibitif est bien souvent supérieur à celui d'authentiques spécimens supposés d'Antique.
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00:12:01 Vous percevez le problème ?
00:12:03 Des monnaies équivalentes en poids, en état et en composition mais distantes de plus d'un millénaire
00:12:08 se retrouvent à des cotes similaires sur le marché hyper-pointu de la numismatique.
00:12:13 Une seule caractéristique peut expliquer cet incompréhensible paradoxe.
00:12:21 Que ces pièces possèdent la même rareté.
00:12:23 Considérant alors leurs nombreuses similitudes, le même graphisme, le même poids d'or, le même état de conservation et finalement la même rareté,
00:12:43 rien ne nous empêche d'imaginer que ces pièces distantes conventionnellement de plus d'un millénaire ne datent pas dans les faits de la même époque.
00:12:51 Et comme celle de l'Augustale du XIIIe siècle ne peut honnêtement pas être mise en cause,
00:12:56 c'est nécessairement l'ancienneté des pièces romaines qu'on devrait questionner.
00:13:00 Et sans doute désormais les imaginer médiévales, contemporaines de l'Augustale.
00:13:06 Ou peut-être même pires.
00:13:10 En étant intrépide, elle pourrait même être postérieure à l'Augustale.
00:13:13 Si celle-ci avait été en fait le tout premier exemplaire des pièces de remise en Rome.
00:13:19 Car comme nous l'avons vu, ce n'est qu'à partir de l'époque de l'Augustale qu'on fera pas de l'or en Occident.
00:13:24 Et certainement pas de millénaire plus tôt.
00:13:27 Citer les Télocas, nous aurions alors résolu l'énigme de l'absence de monnaie d'or à Rome au Moyen-Âge.
00:13:36 Elle aurait bien existé, mais elle avait été artificiellement propulsée dans un passé millénaire fictif.
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00:14:00 Instantanément, ces pièces auparavant supposées antiques, mais subitement devenues récentes,
00:14:05 devraient nécessairement remettre en cause l'époque conventionnelle de l'antique empire romain et de sa prolifique monnaie d'or.
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00:14:15 Et peut-être le propulser naturellement douze siècles plus tard, à l'époque de l'empereur Frédéric II.
00:14:21 Un personnage passionnant en regard de la chronologie conventionnelle.
00:14:25 Car outre sa monnaie, il avait également ressuscité un pan essentiel de l'antiquité romaine.
00:14:32 Son droit.
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00:14:51 Unanimement reconnu par les historiens comme un monarque éclairé, Frédéric II s'entoura d'une cour qui fut en avance sur son temps dans de nombreux domaines,
00:15:00 notamment littéraires, artistiques et scientifiques.
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00:15:06 En contact étroit avec le monde méditerranéen de par leur localisation,
00:15:10 les érudits du royaume de Sicile avaient opéré une synthèse savante des connaissances européennes et orientales.
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00:15:20 Et pourtant, malgré son intelligence, son érudition et la modernité de son règne,
00:15:25 son anachronique Augustale aurait pu faire passer Frédéric II pour un furieux mégalo passéiste et réactionnaire.
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00:15:33 Mais il n'en est rien.
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00:15:38 En tant qu'empereur germanique, souverain du royaume de Sicile et roi des Romains, Frédéric II était avant tout un homme politique.
00:15:45 Une véritable bête politique, devrions-nous dire.
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00:15:51 A l'époque où de simples cités-étages jonchaient le nord de l'Italie,
00:15:54 où la France était administrée dans des fièvres et l'Allemagne via des principautés,
00:15:59 Frédéric II régnait sur une immense entité couvrant pratiquement la moitié de l'Italie actuelle, plus la Sicile.
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00:16:09 Avec la taille de son royaume, survissait nécessairement des difficultés inédites.
00:16:14 Frédéric II n'eut d'autre solution que de créer un tout nouveau type d'administration.
00:16:19 Un complexe système centralisé appuyé sur le droit.
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00:16:32 Cette initiative est tellement inédite pour l'époque,
00:16:35 elle ne naîtra en France qu'un siècle plus tard avec Philippe Lebel,
00:16:38 que sa modernité est unanimement saluée par les historiens.
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00:16:45 Cette admiration soudaine pour un homme du XIIIe siècle est bien curieuse de la part d'historiens
00:16:49 qui nous expliquent dans le même élan que les empires centralisés existaient en Égypte depuis 4 millénaires
00:16:54 et dans la Rome voisine depuis le 1er siècle de notre ère.
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00:17:00 Voici là un paradoxe supplémentaire concernant Frédéric II.
00:17:04 Comment peut-on à la fois nous le décrire comme un souverain doté d'une remarquable modernité politique,
00:17:09 tout en s'émerveillant qu'il ressuscite un système centralisé archaïque ?
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00:17:23 Pour accomplir le tour de force d'administrer son royaume à la taille inédite pour l'époque,
00:17:28 Frédéric II s'était appuyé sur le droit.
00:17:31 Mais sur quel droit ?
00:17:34 En tant que farouche opposant à l'église de Rome,
00:17:37 Frédéric II refusa bien évidemment de se soumettre aux droits canoniques.
00:17:42 Il initia donc un nouveau droit, civil cette fois-ci,
00:17:45 en promulguant les constitutions de Mélfie en 1231.
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00:17:53 D'où pensez-vous que ces constitutions tirèrent leur inspiration ?
00:17:58 Je vous le donne en mille.
00:18:01 Du fameux droit romain antique à l'orvieu de 1200 ans.
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00:18:12 Et oui, à l'image de nombreux domaines,
00:18:14 la renaissance du XIIe siècle avait providentiellement été le siège d'une fameuse redécouverte.
00:18:20 Celle du droit romain, dont avait évidemment bénéficié Frédéric II.
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00:18:28 C'est pas magique tout ça ?
00:18:30 Voilà qu'un empereur germanique du XIIIe siècle,
00:18:33 admirateur d'un empereur romain du Ier, dont il avait déjà piqué la monnaie,
00:18:37 rédige à présent un code de loi à son nom.
00:18:40 Le libère Augustalis.
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00:18:45 Ne commencez-vous pas à trouver le concept de renaissance un peu facile ?
00:18:50 En parfait argument d'autorité,
00:18:52 il permet à lui seul de justifier instantanément tous les paradoxes de Frédéric II.
00:18:57 Un souverain à la fois loué pour sa modernité politique,
00:19:00 et pourtant, manifestement tourné vers le passé.
00:19:05 Mais pour un ressentiste pour qui l'idée même d'une renaissance est parfaitement grotesque,
00:19:10 cette soudaine résurgence du droit romain antique au début du XIIIe siècle
00:19:13 pourrait sonner comme un indice temporel supplémentaire.
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00:19:20 Le règne de Frédéric II n'aurait aucunement été celui d'une providentielle résurrection d'une pratique millénaire,
00:19:26 mais tout simplement celle de la création d'un droit civil nouveau
00:19:29 pour les besoins de l'administration du vaste royaume de Frédéric II.
00:19:35 Et comme il était entre autres roi des Romains,
00:19:37 c'est tout à fait naturellement qu'on appela son droit, le droit romain.
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00:19:47 Ainsi, après sa monnaie, c'est à présent son droit
00:19:50 qui procure à Frédéric II une flagrante analogie avec l'Empire romain antique.
00:19:57 Certainement pas parce qu'il en était un inconditionnel aficionado,
00:20:00 mais peut-être tout simplement parce que ce qu'on nomme Empire romain
00:20:03 n'avait jamais existé durant l'Antiquité, mais beaucoup plus tard.
00:20:09 Et les indices commencent à lentement converger vers une cible de choix.
00:20:14 Le XIIe siècle et sa fameuse Renaissance.
00:20:22 D'autant plus convergent que les rapprochements ne s'arrêtent pas là.
00:20:26 En effet, une autre caractéristique essentielle attribuée à l'Antiquité romaine
00:20:31 allait également se retrouver à cette époque récente.
00:20:35 Sa langue.
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00:20:53 Selon la chronologie conventionnelle, le latin est évidemment une langue très ancienne.
00:20:58 Mais vraiment très ancienne.
00:21:01 Car les historiens n'hésitent pas à la faire remonter au VIe siècle avant notre ère,
00:21:05 ayant succédé à la langue étrusque des premiers siècles de la fondation de Rome, en -753.
00:21:14 En tant que langue parlée et écrite, elle fut un des ciments de la fameuse civilisation romaine antique.
00:21:21 Une langue tellement réolée d'un glorieux passé qu'elle perdurera presque exclusivement
00:21:25 dans le milieu scientifique jusqu'au XVIIe siècle.
00:21:29 Et qu'elle est encore actuellement celle de l'Église catholique.
00:21:34 Voici là une langue dont les origines supposées antiques
00:21:37 devraient bien évidemment attirer la suspicion d'un récentiste.
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00:21:45 Peut-on aveuglément faire confiance à la chronologie conventionnelle
00:21:48 qui nous décrit une longévité deux fois millénaire d'un latin remarquablement stable,
00:21:52 lorsqu'on constate que sans être initié, nous sommes incapables de déchiffrer un simple texte en français du XIVe siècle ?
00:21:59 [Musique]
00:22:04 Évidemment non.
00:22:07 Il est très improbable qu'en mille ans d'existence dans l'Antiquité romaine,
00:22:10 le latin ait si peu évolué au regard des langues vernaculaires.
00:22:15 Il est également très improbable que dès son apparition,
00:22:19 une langue ait directement bénéficié d'une subtile syntaxe,
00:22:22 d'une grande précision dans son vocabulaire et d'une complexité dans ses déclinaisons.
00:22:27 Ce qui est le cas du latin.
00:22:31 Un personnage de notre histoire pourrait à lui seul détenir la solution à ces deux mystères.
00:22:39 Ce n'est pas une figure mineure sortie des méandres du passé,
00:22:43 mais au contraire, un auteur incontournable qu'aucun linguiste ni aucun étymologiste ne peut ignorer,
00:22:49 puisqu'il fut indiscutablement l'un des pères de la langue italienne.
00:22:54 Dante.
00:22:58 Au début du XIVe siècle, Dante Alighieri identifia le principal écueil
00:23:04 à la diffusion de ses œuvres poétiques auprès d'un large public,
00:23:08 la multiplicité des langues parlées en Italie.
00:23:13 Ainsi, deux siècles avant que François Ier ne s'empare du problème
00:23:17 en promulguant l'édite de Biller-Cotteray,
00:23:19 qui instaurait le français comme langue officielle des États-Royaux,
00:23:23 Dante Alighieri opéra la première tentative d'unification de la langue italienne
00:23:27 dans son ouvrage intitulé "De vulgari eloquentia" paru en 1303.
00:23:34 Parmi les 14 principales langues qu'il identifia en Italie
00:23:42 auxquelles il fallait adjoindre les incontournables et infinis dialectes locaux,
00:23:46 Dante ne parvint pas à dégager celles qui seraient assez synthétiques
00:23:50 pour servir de langue commune à toute la péninsule.
00:23:54 Il se mit donc en tête d'opérer lui-même cette synthèse
00:23:57 en créant une nouvelle langue qu'il nomma le vulgaire illustre.
00:24:02 Pourquoi vulgaire ?
00:24:05 Parce qu'elle s'inspirerait, disait-il, des langues originellement employées par le genre humain,
00:24:10 des langues universelles qu'il décrit ainsi dans le chapitre 1er de son "De vulgari eloquentia".
00:24:19 Nous appelons langue vulgaire la langue que les enfants,
00:24:22 au moment où ils commencent à articuler des sons, apprennent des personnes de leur entourage,
00:24:26 c'est-à-dire la langue que nous assimilons en imitant sans aucune règle notre nourrice.
00:24:32 Face à cette description élogieuse des langues naturelles, Dante opposait curieusement le latin.
00:24:43 Il lui accordait de toute autre propriété, nécessairement très interpellante pour un ressentiste.
00:24:50 Il existe ensuite un autre parlé qui nous est secondaire,
00:24:56 que les Romains nommèrent "grammaire" et qui ne s'acquièrent que par l'étude.
00:25:01 Que doit-on comprendre de cette étrange comparaison ?
00:25:06 D'abord que le latin est secondaire aux langues vulgaires.
00:25:10 Mais secondaire en quoi ?
00:25:13 Certainement pas en prestige, puisqu'il est la langue des Éruidis.
00:25:17 Peut-être, Dante voulait-il simplement nous dire que le latin était juste secondaire, chronologiquement.
00:25:24 Mais voyons, comment peut-on prêter à Dante une culture linguistique aussi lacunaire
00:25:30 après tout son travail sur la langue italienne ?
00:25:33 Tout le monde sait très bien qu'en la matière, tout descend de l'ancestral latin.
00:25:40 D'ailleurs, dans son ouvrage le plus célèbre, "La Divine Comédie",
00:25:44 c'est bien en compagnie d'un auteur classique latin du 1er siècle de notre ère, Virgil,
00:25:49 qu'il entame son chemin vers l'enfer, le purgatoire, puis le paradis.
00:25:54 Mais sachant qu'antique veut simplement dire "ancien" en latin,
00:26:00 qui peut honnêtement savoir quelle antiquité Dante accordait à Virgil ?
00:26:05 Plus d'un millénaire ou juste quelques siècles qui auraient parfaitement suffi à lui valoir l'épithète d'antique.
00:26:11 Ce pourrait bien être le cas, car Dante nous dit ensuite que les Romains nommèrent cette langue "grammaire".
00:26:19 Or, s'il fallut lui donner un nom, c'est nécessairement qu'elle est nouvelle, et pas ancestrale.
00:26:27 Il persiste et signe enfin de la tirade.
00:26:34 Il oppose le latin, qui ne peut s'acquérir que par l'étude,
00:26:38 aux langues vernaculaires qui s'obtiennent automatiquement par la simple imitation de sa nourrice.
00:26:43 C'est donc que pour Dante, le latin n'est probablement pas une langue naturelle, mais artificielle.
00:26:52 C'est sans conteste une bien étrange description du latin que nous livre Dante au regard de la chronologie académique.
00:27:03 Alors que toute l'histoire romaine nous apprend que cette langue est ancestrale et naturelle,
00:27:07 lui pense au contraire qu'elle est nouvelle et artificielle.
00:27:11 Nous livrerait-il des informations complémentaires ?
00:27:17 Oui, dans la suite de cette tirade.
00:27:20 Il existe ensuite un autre parallèle qui nous est secondaire,
00:27:24 que les Romains nommèrent "grammaire", et qu'on apprend par l'étude,
00:27:28 qui n'est rien d'autre qu'une certaine identité inaltérable de la langue dans les divers temps et lieux.
00:27:33 Voici donc pour Dante la justification de sa description du latin,
00:27:41 et consiste en une identité linguistique inaltérable dans le temps et la géographie,
00:27:46 une langue figée en quelque sorte, car non soumise à l'inévitable évolution des langues naturelles.
00:27:54 Mais pour autant, suffisait-il de posséder une langue nouvelle pour qu'elle se fixe automatiquement ?
00:27:59 Probablement pas.
00:28:01 Cette condition est nécessaire, mais pas suffisante.
00:28:05 C'est une universitaire italienne, Donatella Copini, qui nous livre le fin mot de l'histoire.
00:28:11 A l'époque humaniste, la langue était une langue qui était à l'origine de l'humanité.
00:28:20 A l'époque humaniste, déjà depuis des siècles, le latin est "literatura grammatica",
00:28:27 étymologiquement langue écrite qui s'écarte des langues parlées à mesure que celles-ci acquièrent des connotations particulières.
00:28:34 C'est une langue non parlée, même si la vitalité du latin peut se relier à des usages eurosectoriels,
00:28:42 politiques, liturgiques, ecclésiastiques, de communication internationale.
00:28:48 Voici donc que Donatella Copini nous révèle ici la condition indispensable à la fixation du latin qu'on constate.
00:28:54 Qu'il n'ait jamais été une langue vulgaire parlée, soumise à l'évolution naturelle.
00:29:00 Mais un langage savant, littéraire, scientifique ou liturgique.
00:29:05 Et surtout, uniquement réservé à l'écrit.
00:29:09 Une description qui va de toute évidence à l'encontre de tout ce qu'on nous raconte de l'antiquité.
00:29:16 A eux deux, Dante et Donatella Copini nous offrent désormais de toutes nouvelles perspectives concernant le latin.
00:29:22 Ils nous permettraient sans doute d'éclaircir sa nébuleuse origine en résolvant ses deux principales énigmes.
00:29:28 D'abord sa remarquable stabilité qui s'expliquerait par son exclusivité écrite.
00:29:34 Et puis, son haut degré d'aboutissement dès son origine qui serait dû à une création tardive à l'époque où les langues parlées étaient les plus vulgaires.
00:29:44 Et puis, son haut degré d'abouissement dès son origine qui serait dû à une création tardive à l'époque où les langues vernaculaires avaient elles-mêmes atteint ce degré de complexité.
00:29:50 Le latin serait donc une création récente.
00:29:54 Mais de quand exactement ? Et par qui ?
00:29:57 Des documents primordiaux pourraient nous permettre de répondre à ces questions.
00:30:01 Voici les Placitic Cassinesi.
00:30:04 Les minutes d'un jugement qui sont considérées comme les plus anciens documents écrits en langue italienne.
00:30:11 Ils concernent un procès qui fut intenté en 960 contre l'abbaye du Mont Cassin pour une sombre histoire de possession territoriale contestée.
00:30:19 Mais plus que leur contenu, c'est la forme de ces Placitic Cassinesi qui nous importe.
00:30:25 Ils font partie de ce qu'on appelle des documents en semi-latin car ils mêlent langue vernaculaire et le latin.
00:30:31 Mais quelle sorte de latin exactement ?
00:30:34 On l'appelle le latin médiéval.
00:30:37 L'excellence des Classiques Antiques
00:30:40 C'est une forme particulière de latin, intermédiaire entre l'excellence des Classiques Antiques et celle déjà très aboutie de Dante.
00:30:48 Et bien sachez que la présence de ce latin intermédiaire au Xe siècle n'a strictement aucun sens du point de vue chronologique.
00:30:56 Car si, conformément à l'éternel refrain, on avait effectivement perdu le latin avec les invasions barbares,
00:31:05 puis progressivement redécouvert au cours du Moyen-Âge, quelle sorte de latin aurait-on possédé au Xe siècle ?
00:31:11 Un latin malbutiant comme à ses premiers jours au VIe siècle avant notre ère, il y avait 1500 ans,
00:31:17 ou la forme parfaitement aboutie qui existait juste 4 siècles plus tôt à la chute de l'Empire Romain.
00:31:23 Évidemment, on aurait logiquement directement redécouvert la forme la plus proche chronologiquement,
00:31:31 en utilisant alors le latin classique, sans avoir à revivre toutes les étapes archaïques de la formation de la langue.
00:31:37 Par conséquent, la présence d'un latin intermédiaire au Xe siècle ne peut en aucun cas être interprétée comme une étape dans un processus de redécouverte de la langue.
00:31:52 Mais sans doute tout le contraire.
00:31:57 Et c'est une étape logique dans le processus de création même de cette langue.
00:32:01 Les écrits de Dante décrivant le latin comme une création tardive, artificielle, prendraient alors tout leur sens.
00:32:12 S'il n'était encore pas tout à fait abouti au Xe siècle, c'est sans doute qu'on était alors relativement proche de son invention.
00:32:19 Mais par qui le latin aurait-il été créé ? Et dans quel but ?
00:32:26 Pas nécessairement dans celui de dépasser la barrière des langues en instituant un standard commun à l'écrit.
00:32:31 Et au Xe siècle marqué par la féodalité locale, une seule entité possédait à la fois l'envergure, l'érudition et l'intérêt de bâtir une langue universelle, comme le fut le latin.
00:32:42 L'Église.
00:32:44 Ceci pour des besoins de son expansion.
00:32:47 Un concept cher à l'antique empire romain.
00:32:55 Ainsi, la conception du latin ne daterait que des alentours du Xe siècle, tout au plus d'un siècle plus tôt.
00:33:01 Mais alors, où et comment aurait-il été créé ?
00:33:06 De par sa proximité linguistique, il naquitrait probablement en Italie, et comme son nom l'indique, plus précisément de la région du Latium, celle de l'Église romaine.
00:33:22 Pour le construire, on avait nécessairement puisé ses composantes dans l'existant, c'est-à-dire dans la langue vulgaire et naturelle romaine, et plus largement dans le vaste espace des langues romaines.
00:33:33 Instantanément, cette filiation démonterait l'ensemble d'une science savante, l'étymologie.
00:33:45 Car comme toute une voix est parallèlement un sens unique, elle identifie inexorablement les origines des langues romaines actuelles, dans leurs racines latines.
00:33:52 C'est malheureusement une voix sans issue, car personne ne serait alors capable de répondre à la question primordiale.
00:33:59 D'où vient le latin ?
00:34:01 En fait, cet énigme pourrait être très aisément résolu si l'enchaînement chronologique était à l'inverse de celui qu'on nous décrit.
00:34:11 Le latin, normalement, ne descendrait pas du latin, mais au contraire, c'est le latin qui descendrait des langues romaines.
00:34:16 Des langues dont on ne pourra évidemment jamais détecter l'origine naturelle, tant elle est enfouie au plus profond des âges.
00:34:23 Dépendant malgré eux de l'histoire falsifiée, les étymologistes continueront probablement longtemps à s'enfermer dans une voix sans issue.
00:34:32 Pourtant, il suffirait de relire Dante sans a priori chronologique pour voir enfin le bout du tunnel.
00:34:40 On pourra davantage croire ces tyrrudies du XIVe siècle qui maniaient quotidiennement le latin,
00:34:44 plutôt que des savants du XXIe siècle qui, forts de leur diplôme, pensent honnêtement détenir une vérité immuable malgré l'impasse à laquelle elle les conduit nécessairement.
00:34:53 Comme cet enseignant de l'école normale supérieure de Lyon, Stefano Corno, lorsqu'il écrit ceci avec une sincérité qu'on ne peut lui contester.
00:35:01 Même si aujourd'hui le fait que les langues romaines descendent du latin nous paraît évident,
00:35:08 ceci n'était pas le cas pour Dante, car à son époque, le latin apparaissait comme une langue artificielle,
00:35:13 la seule douée d'une vraie grammaire, qu'on avait constituée pour sauver les hommes de la Confusio Linguorum,
00:35:19 comme une sorte de langue franche ou d'espéranto.
00:35:22 Et oui, ainsi pensait Dante pour qui le latin était une langue artificielle, une création secondaire aux langues naturelles, probablement au sens chronologique.
00:35:34 Mais malheureusement, si on lui donnait raison aujourd'hui, le château de Carte de plus en plus chancelant de l'Empire romain antique ne tarderait pas à s'écrouler.
00:35:41 Car après Samonée, puis son droit, c'est désormais les origines de sa langue que nous identifions au Moyen-Âge central.
00:35:49 Il va devenir de plus en plus compliqué de nous faire avaler l'unique argument des subites redécouvertes.
00:35:58 Il ne manquerait plus à cette copie presque conforme de l'antiquité romaine au Moyen-Âge que nous y retrouverions sa fameuse République.
00:36:04 Pour le coup, le tableau serait parfaitement achevé.
00:36:08 Eh bien figurez-vous qu'elle existe, encore et toujours au XIIe siècle.
00:36:14 Elle pourrait définitivement sonner le glas de l'époque antique de l'histoire romaine.
00:36:20 Le mouvement communal
00:36:23 Le mouvement communal est typique de l'Occident du XIIe siècle.
00:36:42 Pas d'une Antiquité grecque ou romaine de moins 500, soit deux fois millénaire.
00:36:48 Les cités désormais matures avaient entamé un processus d'émancipation face au système féodal.
00:36:54 Des chartes d'indépendance leur furent alors accordées, garantissant leur autonomie de fonctionnement en échange bien sûr de divers services,
00:37:02 comme des taxes, des redevances ou le soutien militaire au seigneur.
00:37:07 Elles s'organisèrent alors en ce qu'on peut légitimement considérer comme un système relativement démocratique,
00:37:16 en désignant ses dirigeants par le vote des congrégations de métiers.
00:37:19 Bien évidemment, les charges municipales incombaient à des notables, pas au bas-peuple.
00:37:26 Mais somme toute, face au totalitarisme seigneurial, le système représentait une avancée politique d'une portée républicaine incontestable.
00:37:35 En Italie, à l'instar des républiques maritimes, Rome n'échappa pas à l'irrésistible mouvement communal,
00:37:45 instaurant elle aussi en 143 son propre système de gouvernance pour s'émanciper de la tutelle des papes.
00:37:51 Cette période est appelée "Commune d'en Rome".
00:37:56 En avez-vous déjà entendu parler ?
00:38:03 Probablement pas, car elle est étrangement peu étudiée au regard de l'indéfectible attrait des historiens pour les cités-états italiennes de la même époque
00:38:13 comme Venise, Florence, Gênes ou Pise.
00:38:16 Mais également au regard de la vénérée République antique, qui malgré sa date conventionnelle de -509,
00:38:22 est infiniment plus connue que son homologue médiéval du XIIe siècle.
00:38:26 Ce paradoxe n'a véritablement aucun sens.
00:38:31 Et il doit nécessairement interpeller un récentiste.
00:38:40 Comment expliquer que des historiens pétris d'une antiquité romaine et d'un Moyen-Âge italien marqués par des systèmes républicains
00:38:46 aient pu faire un pass sur le même phénomène apparu au XIIe siècle dans la plus renommée des cités ?
00:38:51 Rome.
00:38:53 Sans doute parce que les sources sur la Commune d'en Rome sont relativement pauvres.
00:39:00 Alors qu'évidemment, elle pullule pour les autres républiques italiennes, ainsi que pour l'Antique République.
00:39:07 Le manque cruel d'intérêt des historiens pour la Commune de Rome fut heureusement comblé par un collectif d'auteurs
00:39:12 dirigés par un historien médiéviste, André Vauchèse,
00:39:16 grâce à l'ouvrage sorti d'abord en italien en 2006, puis traduit en français en 2010,
00:39:22 intitulé simplement "Rome au Moyen-Âge".
00:39:25 Conscient du vide sidéral qu'il semblait avoir frappé Rome,
00:39:34 durant les mille ans qui séparent la chute de l'Empire et le Quattrocento qui marqua le début de la Renaissance,
00:39:38 le collectif se livre à une réhabilitation en règle de l'histoire médiévale de la cité.
00:39:43 Et parmi les arguments développés se trouve enfin l'épisode communal de Rome.
00:39:48 Écoutons André Vauchèse nous en parler.
00:39:51 À partir du XIIe siècle, se produit comme partout en Italie un mouvement communal,
00:40:01 c'est-à-dire que la population de Rome, l'élite de la population,
00:40:04 ce n'est pas tout le monde bien sûr, aspire à ne pas être entièrement dépendant de la papauté et du clergé.
00:40:10 Et donc il y a une commune qui se crée et qui va co-diriger la ville,
00:40:15 mais alors de façon souvent extrêmement chaotique et difficile,
00:40:19 avec la papauté pratiquement jusqu'à la fin du Moyen-Âge, jusqu'à vers 1400.
00:40:23 Et donc dans cette commune de Rome, qui est siégée au Capitole,
00:40:28 là aussi il y a un palais qui est décoré, amplifié pendant toute cette période,
00:40:33 se déploie tout un faste qui essaye de remonter à une autre Rome qui est la Rome républicaine.
00:40:39 Le décor est ainsi planté d'une Rome communale siégeant au Capitole
00:40:47 et tentant de renouer avec un glorieux passé antique, vieux alors de quelques 1600 ans.
00:40:51 Une broutille.
00:40:54 Cette commune médiévale s'étala de 1143 jusqu'au retour de la papauté en 1410, soit 267 ans.
00:41:01 Mais étrangement, ses réminiscences sont si flugaces que ni les historiens,
00:41:07 ni le musée du Vatican ne semblent en avoir conservé les traces.
00:41:11 Si vous visitez ce musée, vous serez probablement très étonné de constater
00:41:20 que la salle consacrée au Moyen-Âge y est ridiculement petite,
00:41:23 au regard des kilomètres de galeries exposant des artefacts antiques.
00:41:27 Il ne s'était donc rien passé de marquant à Rome au Moyen-Âge
00:41:34 pour que son musée, le plus important, n'y consacre qu'un ridicule espace.
00:41:38 Il y eut pourtant cet épisode communal de plus de 200 ans,
00:41:42 c'est-à-dire le temps que durèrent les croisades.
00:41:48 Peut-on imaginer un Occident tronqué d'une période aussi incontournable de son histoire ?
00:41:53 Eh bien c'est le cas à Rome avec l'épisode communal.
00:41:57 Pour un récentiste qui se penche un tant soit peu sur la commune de Rome,
00:42:17 elle révèle un tel goût de déjà-vu avec l'antiquité qu'il est très improbable qu'elle ne constitue qu'une simple renaissance.
00:42:23 Mais bien une naissance.
00:42:26 Celle de la véritable République Romaine.
00:42:30 Au XIIe siècle.
00:42:31 Renouée avec un passé plus que millénaire était assurément une gage hors de taille pour la commune de Rome.
00:42:39 D'où allait-on tirer son inspiration à une époque où on avait à peine inventé la discipline historique ?
00:42:46 Avait-on déjà redécouvert en 1143 les célèbres écrits de titles livres,
00:42:50 auteurs au premier siècle avant notre ère de Hab Ublicandita ?
00:42:54 Il avait compilé toute l'histoire de Rome depuis sa fondation en -753.
00:42:59 En tenez-vous bien, 142 livres. Encore une broutille.
00:43:03 Parmi ces 142 livres, tous ne nous sont pas parvenus.
00:43:09 Il nous manque ceux relatant l'histoire de Rome entre -292 et -218.
00:43:15 Puis entre -166 et -6.
00:43:18 Soit une lacune de 234 ans.
00:43:21 En fait, c'est presque exactement la durée de la commune de Rome.
00:43:26 Un hasard ?
00:43:28 S'exprimant dans un parfait latin dont nous connaissons à présent la date de création au Xe siècle,
00:43:36 il est plus réaliste d'imaginer titles livres écrivant au XIIIe ou XIVe siècle plutôt qu'au premier.
00:43:43 Il nous décrirait alors non pas l'histoire du psaudo-républic antique,
00:43:46 mais bien celle du XIIe siècle.
00:43:49 C'est à des magistrats que la commune de Rome avait dévolu la charge de l'administration de la cité.
00:43:57 C'est ainsi qu'on vit refleurir après des siècles la notion de patricien ou la fonction de consul romanon.
00:44:04 Exactement comme dans l'Antiquité.
00:44:07 Un parfait anachronisme, penserez-vous ?
00:44:12 Eh bien pas du tout.
00:44:13 C'est exactement ce même titre de consul qui fut employé dans les bastides médiévales du sud de la France,
00:44:19 un terme qui donna plus tard naissance à celui de conseil municipal, toujours en vigueur de nos jours.
00:44:24 Savez-vous par qui étaient désignés les fameux consuls de la commune médiévale romaine ?
00:44:32 Je vous le donne en mille.
00:44:34 Ils étaient élus par une assemblée qui siégeait au capitole.
00:44:37 Le Sénat.
00:44:40 Ben voyons ! Encore une résurrection antique étrangement réapparue au Moyen-Âge,
00:44:45 et qui perdure encore aujourd'hui en France sous la même dénomination.
00:44:49 Ainsi, à l'image de la monnaie de Frédéric II en 1230,
00:44:57 peut-on encore adhérer au discours officiel qui fait de la commune de Rome de 1143 une simple redécouverte de l'Antiquité ?
00:45:04 La renaissance du XIIe siècle commence à avoir bon dos.
00:45:10 En fait, les analogies entre la République antique vieille de 2500 ans gabée de documents
00:45:16 et la commune médiévale vieille de 800 ans dont on ne sait pratiquement rien,
00:45:20 sont beaucoup trop frappantes pour ne pas interpeller un récentiste.
00:45:23 Il pourrait très bien en conclure que les artefacts, les documents ou les vestiges qu'on nous présente comme antiques seraient en fait médiévaux,
00:45:31 et qu'ils se rapporteraient en réalité à la commune de Rome.
00:45:35 Ce qui expliquerait parfaitement les lacunes constatées au musée du Vatican.
00:45:40 Si les traces qu'on pense antiques ne dataient que du Moyen-Âge,
00:45:51 qu'adviendrait-il alors du célèbre emblème né sous la République, le sigle SPQR ?
00:45:57 Serait-il lui aussi récent ?
00:46:00 Peut-être, car il trône encore de nos jours sur les armoiries de la ville de Rome.
00:46:23 Le sigle SPQR, cher à Astérix et à la République antique, réémergea soudainement comme symbole de la commune médiévale de Rome.
00:46:31 De manière totalement anachronique, penserez-vous encore une fois ?
00:46:36 Et bien à nouveau, pas du tout.
00:46:39 Ce sigle est parfaitement dans son temps.
00:46:41 Car comme nous l'indique Wikipédia, ces trois premières lettres SPQ se retrouvèrent dans toutes les cités italiennes du Moyen-Âge,
00:46:50 suivies de l'initial de la cité.
00:46:53 "La ville de Rome"
00:46:56 On retrouve même le SPQR au XVIe siècle, trônant sur la façade du château de Fontainebleau, érigé par François Ier.
00:47:08 Ne serait-il pas plus concevable d'imaginer que ce sigle datait alors d'uniquement quatre siècles de la commune de Rome, plutôt que de 2000 ans ?
00:47:19 "La ville de Rome"
00:47:22 Dans ce cas, sa signification réelle serait peut-être tout autre que celle que nous fournit la version officielle.
00:47:28 L'acronyme SPQR est unanimement retranscrit en "Senatus Populus Quae Romanus", "Le Sénat est le peuple de Rome".
00:47:40 Cependant, dans cette traduction, une lettre pose problème car elle ne devrait pas s'y trouver.
00:47:46 C'est la lettre Q, car en latin correct, la conjonction "quae" devrait être accolée au mot "populus",
00:47:53 ce qui donnerait alors le simple sigle SPR pour "Senatus Populus Quae Romanus".
00:48:00 Et pourtant, ce sont bien de tout temps les quatre lettres SPQR qui désignaient la cité romaine.
00:48:07 Cette lettre additionnelle pourrait-elle alors avoir une tout autre signification ?
00:48:14 Une signification qui collerait beaucoup plus opportunément à notre reconstitution.
00:48:18 La page italienne de Wikipédia consacrée au sigle SPQR s'empare de la polémique en exposant différentes propositions alternatives à la traduction consensuelle.
00:48:31 Et vous allez constater qu'il y a fort à en déduire.
00:48:43 La plus communément admise de ces alternatives est que le Q correspondrait en fait au terme "quiritium", signifiant "citoyen".
00:48:50 L'allocution correcte serait alors "Senatus Populus Quiritium Romanorum" et se traduirait par "le Sénat est le peuple des citoyens romains".
00:49:01 Cela sonne tout de même mieux et présente l'énorme avantage d'une syntaxe latine correcte.
00:49:09 Mais il existe une autre hypothèse, que Wikipédia nous décrit évidemment comme marginale.
00:49:13 Elle traduirait le sigle SPQR non pas en latin, mais dans la langue naturelle italienne, "Sheradante".
00:49:21 Il faut bien admettre qu'une traduction en langue vernaculaire serait parfaitement plausible si ce cycle datait bien du XIIe siècle.
00:49:28 Mais de surcroît, elle serait beaucoup plus logique pour plusieurs raisons.
00:49:34 Pensez-vous qu'une cité émergente souhaitant s'émanciper de la tutelle des papes emprunterait sa langue à son opposant, l'Église, afin de construire sa devise ? Ce serait un comble.
00:49:44 Pensez-vous que toutes les cités italiennes revendiquant leur autonomie seraient allées pêcher leur sigle dans une antique histoire romaine, l'archétype même d'un État centralisé dont ils souhaitaient s'émanciper ?
00:49:57 Il aurait été totalement aberrant qu'elles adhèrent à la plus fameuse des maximes antiques, tous les schmahmentaron, qui reléguaient instantanément toutes les autres cités italiennes à un rôle subalterne.
00:50:07 Forte de ces arguments, la traduction proposée est alors la suivante.
00:50:15 Senato, Popolo, Cumune, Romano.
00:50:21 La lettre Q correspondrait alors au terme Cumune, dans lequel on reconnaît évidemment la consonance du mot "commune". Un terme aucunement hanté, mais naît à Rome au XIIe siècle.
00:50:34 A ce stade, d'aucuns trouveront cette traduction alternative passablement tirée par les cheveux.
00:50:44 C'est sans doute parce que l'histoire n'est pas tout à fait finie.
00:50:49 Un dernier indice pourrait bien faire basculer le débat à son avantage.
00:50:52 Il est d'ordre chronologique, notre principal objet d'étude.
00:50:56 On pourrait sans doute imaginer cette traduction alternative issue d'un esprit contestataire de notre époque.
00:51:06 Oursorions-nous dire un brin complotiste, mis par de sombres dessins antisystèmes ?
00:51:11 Eh bien, pas du tout.
00:51:13 En cliquant sur le renvoi en bas de page, nous découvrons l'auteur de cette proposition.
00:51:19 Il s'agit d'un illustre inconnu pour la majorité d'entre nous, Antonio Pucci.
00:51:25 Mais plus que son nom, c'est l'époque de sa traduction qui nous interpelle.
00:51:29 Ainsi, la traduction du Q de SPQR en "cumune" n'émane pas d'un huluberlu moderne en malle de célébrité.
00:51:46 Mais d'un contemporain de Dante, également poète florentin, adepte de la langue vernaculaire.
00:51:52 Et comme Dante très impliqué dans la politique florentine.
00:51:56 Bref, un parfait érudit.
00:52:00 Qui doit-on croire dans cette histoire ?
00:52:05 Les historiens modernes vivant à des siècles des faits et tenus à respecter une chronologie multimillénaire
00:52:11 qui les pousse à imaginer un sigle SPQR en latin ?
00:52:15 Ou un érudit parfaitement informé qui avait justement vécu en pleine période communale de Rome
00:52:20 et qui voyait au contraire dans le sigle SPQR une locution en langue naturelle italienne ?
00:52:25 Évidemment, la traduction vernaculaire d'Antonio Pucci n'arrange pas du tout les affaires des historiens.
00:52:39 Car elle ne peut décemment pas coller avec la longue chronologie de Dante.
00:52:44 Et avec la longue chronologie dans laquelle on les a enfermés.
00:52:47 C'est probablement pourquoi Wikipédia la considère comme marginale.
00:52:51 Mais pour nous autres recentistes, libres de tout conflit d'intérêt, ce dernier indice pourrait s'avérer décisif.
00:52:59 En détruisant l'origine ancienne et latine du sigle SPQR, elle détruirait là automatiquement l'époque antique de la République Romaine.
00:53:12 Et nous aurions alors définitivement la resynchroniser 1600 ans plus tard, au XIIe siècle, dans l'épisode de la Commune de Rome.
00:53:20 Ainsi, après l'Empire Romain, c'est à présent ces républiques que nous pourrions retrouver dans la deuxième partie du Moyen-Âge.
00:53:35 Vous avouerez que la chose est hautement improbable. Sauf pour celui qui adhère encore aveuglément au grodesque concept de redécouverte subite lors des Renaissance.
00:53:44 Mais si les recentistes avaient raison, l'histoire antique Romaine se serait en réalité déroulée beaucoup plus récemment.
00:53:52 Elle aurait été artificiellement propulsée dans un passé multimillénaire fictif, bâti comme un habile mélange d'événements récents.
00:54:03 Les républiques italiennes, dont celle de Rome, l'Empire Romain Germanique, le royaume de Sicile de Frédéric II, et l'expansion de l'église catholique romaine grâce au Latin.
00:54:16 Des reflets tous situés après l'an 1000.
00:54:20 Mais dans ce cas, quid des fameux monuments passablement en vignes de la ville de Rome ?
00:54:30 Comme par exemple le Colisée. Peut-il réellement dater d'une époque aussi récente ?
00:54:35 A la simple vue de son relatif bon état de conservation comparé à celui de nombreux châteaux forts du XIe siècle totalement effondrés, la chose serait-elle si aberrante que cela ?
00:54:46 Le Colisée
00:54:50 Pour l'histoire conventionnelle, le Colisée est une construction antique datant des débuts de l'Empire Romain du 1er siècle de notre ère, plus exactement achevée vers l'an 80.
00:55:15 Il avait été le siège de joutes entre gladiateurs ou poètes, mais également entre des animaux féroces et des martyrs chrétiens.
00:55:21 Une histoire sanglante qui était froide en dos.
00:55:24 Mais après tout, la crueauté est sans doute admissible dans ces périodes enculées.
00:55:29 Peu importe si elle est en totale contradiction avec l'esprit éclairé et humaniste qu'on prête aux Romains Antiques.
00:55:39 L'histoire du Colisée est abondamment documentée jusqu'à la chute de l'Empire, époque où il disparaîtra des radars avec les invasions barbares.
00:55:45 C'est assez curieux, car on aurait pu imaginer que des barbares se seraient au contraire délectés de spectacles sanguinaires dans un amphithéâtre de 50 000 places.
00:55:55 Malgré quelques apparitions sporadiques dans les textes du haut Moyen-Âge, ce n'est qu'au XIIe siècle qu'on en retrouve la trace.
00:56:04 La puissante famille romaine des Frangipanes aurait transformé l'antique construction en une forteresse à laquelle on attribuera fornaturellement le nom de colosse.
00:56:12 Le Colisée.
00:56:14 Le problème, c'est qu'aucun monument antique n'a jamais porté ce nom, car il ne s'est imposé qu'au Moyen-Âge.
00:56:24 En fait, la reine de Rome s'est toujours appelée Amphithéâtre Flavia.
00:56:31 En romand, dit-on d'une ancienne famille impériale qui l'avait commandité.
00:56:34 Mais en latin, Flavia signifie tout simplement "jaune". Ce terme pourrait tout naturellement se rapporter à la couleur ocre de sa pierre de construction.
00:56:45 C'est ce que nous confirme Madame de Stael, visitant l'édifice au XIXe siècle.
00:56:50 Le Colisée, la plus belle ruine de Rome, se termine dans la plus noble enceinte où se manifeste toute l'histoire.
00:56:59 C'est un magnifique édifice dont seules les pierres nues d'or et de marbre suziste servaient d'arène aux gladiateurs combattant des bêtes féroces.
00:57:06 Ainsi, si le nom de Flavia correspondrait simplement à la couleur dorée des pierres de l'amphithéâtre, il ne viendrait aucunement d'une quelconque famille ancestrale nommée Flavius.
00:57:18 Quand on nomme Colisée qu'on attribue de nos jours à l'amphithéâtre jaune, il pourrait tout simplement provenir de la colossale forteresse bâtie au XIIe siècle par la famille Frangipane dont il ne reste rien.
00:57:28 Car c'est justement sur son site qu'on avait plus tard bâti le célèbre amphithéâtre.
00:57:33 Succédant à la forteresse, il serait alors nécessairement postérieur au XIIe siècle.
00:57:39 Mais de combien de temps exactement ?
00:57:45 L'histoire officielle
00:57:47 Rechercher l'époque réelle de l'édification des amphithéâtres est sans doute un exercice périlleux tant l'histoire romaine a été falsifiée.
00:57:59 Pour plus de confiance, nous pourrions peut-être nous diriger vers le sud de la France, à Arles ou à Nîmes, où deux exemplaires comparables au Colisée sont encore en activité de nos jours.
00:58:11 Malheureusement pour l'histoire officielle, rien en France ne vient au secours de l'origine antique de ces monuments.
00:58:16 Et certainement pas cet estampe que nous vous montrions dans notre premier film, représentant les monuments de Nîmes intactes au XVIIe siècle.
00:58:24 Comme à Rome, on constate le même vide sidéral pendant mille ans concernant la présence de ces monstres de pierre trônant en plein centre-ville,
00:58:33 qu'évidemment personne ne pouvait ignorer puisqu'ils constituent encore aujourd'hui les symboles incontestables de leur cité.
00:58:40 Après leur désaffection par les barbares ou zigotes au VIe siècle, ce n'est qu'avec les visites de François Ier dans le sud de la France en 1516 qu'on en retrouve la trace.
00:58:49 Et à cette époque déjà, le monarque s'attristait du pauvre or de ces joyaux, squattés par de pauvres gens qui y avaient élu domicile.
00:58:57 Leur état de délabrement au début du XVIe siècle laisse à penser qu'ils avaient peut-être à cette époque déjà quelques siècles d'ancienneté.
00:59:07 Sous l'impulsion de François Ier, ils auraient pu alors bénéficier d'une campagne de restauration visible sur les stampes.
00:59:14 Fort de ces indices français qui concentrent désormais notre recherche entre les XIIe et XVIe siècle, nous pouvons à présent revenir à Rome, puisque tous les chemins y mènent.
00:59:29 Nous possédons avec bonheur quelques représentations originales de cette époque que nous livre le site de Colosseum Voinet.
00:59:37 Ainsi, sur une image de la Rome de l'an 1000 reconstituée d'après des textes, tous les monuments antiques dont bien sûr le Colisée sont présents, de surcroît en parfait état.
00:59:46 Mais lorsqu'on en vient à une véritable carte du début du XIIIe siècle, tel cet exemplaire dessiné par l'allemand Gervais Debstorf, les choses se gâtent sérieusement.
00:59:58 Le Colisée est tout simplement absent des représentations censées illustrer au mieux la cité.
01:00:05 Ce qui nous indique que très vraisemblablement en 1200, l'Ampithéâtre n'était pas encore construit, sinon à coup sûr, aucun illustrateur ne l'aurait omis.
01:00:14 Notre fourchette temporelle serait récite un siècle, car c'est à présent entre le XIIIe et le XVIe siècle qu'il nous faut chercher notre cible.
01:00:23 Nous pourrions enfin atteindre, grâce à cette miniature tirée du somptueux ouvrage, les très riches heures du Duc de Berry.
01:00:31 Écrite et enluminée de manière magistrale en 1416.
01:00:34 La chronologie académique y retrouve enfin ses petits, puisque des édifices censés dater de plus d'un millénaire ont soudainement poussé en Rome.
01:00:42 Dans un parfait anachronisme, des édifices typiquement médiévaux comme les murailles, les tours ou les églises, côtoient allègrement les actuques, le Panthéon, une statue équestre, la colonne Trajan, la pyramide de Celsius et bien sûr, l'Ampithéâtre.
01:01:00 Visiblement en parfait état, ces bâtiments se seraient donc considérablement dégradés en un siècle, jusqu'à la visite de François Ier.
01:01:07 Mais ils seraient restés intacts durant les 1300 ans qui les séparent de leur construction au premier siècle de notre ère.
01:01:14 Vous voyez bien que cette chronologie académique ne rime strictement par rien.
01:01:18 Ce plan est tellement emblématique qu'il ne sera jamais démenti par la suite.
01:01:24 Les monuments de l'époque supposée antique se retrouvant systématiquement sur toutes les représentations postérieures.
01:01:30 Y compris d'ailleurs sur ce plan d'allure résolument plus moderne, pourtant tiré de la "Géographie de Ptolémée", un servant antique ayant soi-disant vécu au deuxième siècle de notre ère.
01:01:40 Malheureusement pour la chronologie officielle, son ouvrage illustré ne fut publié pour la première fois qu'en 1478.
01:01:49 A une époque où l'amphithéâtre romain était déjà attesté depuis 60 ans par les enluminures du Duc de Berry.
01:01:55 En revanche, sur ce plan de 1320, impossible de repérer le moindre amphithéâtre.
01:02:02 Passionnant, car la fourchette temporelle serait durée à une simple centaine d'années, entre ce plan daté de 1320 et la miniature de 1420.
01:02:17 Et comme l'indice décisif de notre enquête, cette période est très particulière dans l'histoire médiévale de Rome.
01:02:22 C'est très précisément l'époque de l'exil des papes en Avignon, entre 1309 et 1418.
01:02:28 Parfaitement synchronisée avec notre estimation de l'époque réelle de la construction du plus grand amphithéâtre du monde, le Colisée de Rome.
01:02:38 Des gladiateurs qui s'entretuent, des bêtes féroces affamées du sang des condamnés, des courses de chars endiablées, des joutes oratoires satiriques ou des martyrs chrétiens.
01:02:47 Si le tableau qu'on nous décrit des jeux du cirque était exact, même théâtralisé à l'image de nos combats de catch actuel,
01:02:54 pensez-vous que la papauté ait pu tolérer de telles transgressions aux valeurs de l'église sous son autorité ?
01:03:00 Probablement pas.
01:03:02 Ce genre de spectacle sanguinaire n'aurait certainement pas pu se dérouler à Rome du temps des papes.
01:03:08 C'est d'ailleurs exactement ce qu'on nous explique de l'antiquité où leur violence causa leur condamnation par l'église.
01:03:13 D'abord par le plus chrétien des empereurs, Constantin Ier en 326, puis en 365 par Valentinien, pour finir par l'abolition de la gladiature en 438.
01:03:26 On conservera néanmoins les chasseurs d'animaux sauvages à Rome jusqu'en 523.
01:03:33 Par la suite, on n'entendit plus parler de gladiator avant 1139.
01:03:37 Sans doute car on avait rejoint la véritable chronologie.
01:03:41 Chose curieuse, en ajoutant simplement Milandre d'Azantique qui vire la condamnation des jeux du cirque par la papauté, nous pourrions peut-être obtenir la chronologie réelle.
01:03:55 Mais pourquoi Milandre au juste ? Une valeur sortie du chapeau ?
01:04:01 Eh bien non, c'est un des enseignements d'Anatoly Fomenko, le père du récentisme moderne.
01:04:06 Il a identifié de nombreuses dates médiévales où le i remplace curieusement le 1, comme dans cet exemple.
01:04:13 Par cette simple manipulation du i originel en 1, on faisait automatiquement gagner Milandre à toute la chronologie.
01:04:22 Ce qui expliquerait parfaitement que les Italiens nomment les années 1400 le Quattrocento, le 4ème siècle, et non pas le 15ème.
01:04:31 Dans le cas qui nous concerne, en rétablissant ces Milandres artificiellement tronqués, nous tomberions alors en 1326, puis en 1365 pour les premières condamnations des jeux romains, pile pendant l'exil des papes en Avignon.
01:04:45 C'est peut-être parce qu'en leur absence, sous la république, débarrassée de la tutelle castratrice de l'église, on avait bâti à Rome le grand amphithéâtre jaune, dont les papes avaient condamné les pratiques barbares depuis la lointaine Provence.
01:05:00 La date de 1438, promulguant l'abolition des combats de gladiateurs, tomberait alors en 1438, parfaitement compatible avec le retour de la papauté à Rome 20 ans plus tôt, en 1418.
01:05:14 On avait tout de même conservé au Colisée l'exhibition d'animaux sauvages jusqu'en 523, donc jusqu'en 1523.
01:05:25 Nous retrouverions alors magiquement l'époque de François 1er en visite des amphithéâtres du sud de la France.
01:05:30 Que pratiquait-on dans ces arènes du midi ? Eh bien peut-être exactement la même tradition qu'aujourd'hui, des courses torrines.
01:05:44 Si ce n'est qu'en 139 quand on trouve la trace des combats de gladiateurs dans les décisions papales, c'est sans doute que leur début ne date que de cette époque. Pas d'une longtelle antiquité et pas dans des amphithéâtres qui n'étaient pas encore construits, mais simplement sur les foires médiévales à l'image de nos animations gauloises à base de montres hors d'ours.
01:06:07 Ces combats, probablement fictifs, s'attirèrent néanmoins immédiatement les foudres de l'église qui les condamna lors du deuxième concile du latran, preuve qu'effectivement la papauté ne voyait pas d'un bon oeil ces pratiques guerrières et qu'il y avait fort peu de chance pour que le Colisée ait été bâti sous leur autorité.
01:06:22 Mais plutôt comme nous le pensons, au cours de leur exil en Avignon au XIVe siècle.
01:06:29 C'est d'ailleurs ici, dans la cité d'Avignon, devenue temporairement la capitale de la chrétienté, que nous pourrions trouver un indice décisif de l'époque récente que nous avançons.
01:06:37 En effet, il existe ici une caractéristique incompréhensible au regard de toutes les villes significatives de la vallée du Rhône.
01:06:45 De Nîmes à Luc-du-Nôme, en passant par Arles, Orange, Vaison-la-Romaine ou Vienne, elles sont toutes constellées de vestiges romains.
01:06:58 Une seule cité avait apparemment échappé à cette invasion architecturale.
01:07:02 Avignon.
01:07:04 Là, on identifie qu'un unique indice de l'omniprésence romaine constaté dans tout le sud de la France.
01:07:11 Et il est bien maigre.
01:07:13 Ce sont ces simples arcades attribués à l'Antiquité, mais tellement ressemblant à celles du Moyen-Âge.
01:07:24 Objectivement, comment l'histoire académique peut-elle justifier qu'une cité provençale située au cœur de la romanisation
01:07:30 échappe miraculeusement au phénomène qui frappe à toutes les villes environnantes ?
01:07:34 Pour comprendre cette exception, il aurait fallu que la cité bénéficie d'un statut pour le moins singulier à l'époque de l'édification de ces monuments.
01:07:44 Malheureusement, rien dans l'histoire de l'antique Avignon ne nous confirme sa singularité.
01:07:51 En revanche, il existe bien une époque tout à fait particulière dans l'histoire de la cité.
01:07:55 Mais elle se situe beaucoup plus tard, lors de la cuée de la papauté.
01:08:00 Ainsi, il n'existe probablement qu'une seule époque à laquelle Avignon aurait pu échapper à la vague architecturale venue d'Italie.
01:08:12 C'est au XIVe siècle, lorsque les papes y résidaient.
01:08:18 Opposés depuis deux siècles aux jeux du cirque, ils n'auraient jamais toléré dans leur cité des symboles qu'ils considéraient comme païens et hérétiques,
01:08:25 issus de la culture populaire et républicaine qui les avait chassés dans Rome.
01:08:30 C'est pour cela qu'on ne retrouve aucun vestige de monuments romains soi-disant antiques à Avignon.
01:08:38 Parce qu'ils sont en réalité beaucoup plus récents qu'on le dit, datant à peine du XIVe siècle,
01:08:44 et qu'on ne les avait évidemment jamais édifiés dans la cité papale.
01:08:48 Et surtout pas le plus ostentatoire de tous, un amphithéâtre.
01:08:52 En revanche, le phénomène inverse aurait parfaitement pu se dérouler à Rome.
01:08:59 C'est précisément en raison de l'absence de la papauté qu'on en avait profité pour bâtir ici le plus grand exemplaire de ces édifices,
01:09:07 le Colisée.
01:09:09 Non pas dans une lointaine antiquité, mais au XIVe siècle, durant l'exil des papes en Avignon.
01:09:16 Le grand amphithéâtre romain représentait l'aboutissement ultime d'une longue tradition de ce type d'édifice.
01:09:23 Bien plus modeste que le Colosse ou Cinquante mille places, les exemplaires originels avaient été érigés en Campanie, à Pompéi,
01:09:31 dont nous connaissons désormais la date réelle de l'ensevelissement en 1631,
01:09:35 et à Capoue, où se trouvait d'ailleurs une célèbre école de gladiateurs.
01:09:42 Selon la chronologie relative, le Colisée avait été bâti 150 ans après les premiers amphithéâtres.
01:09:48 Si on imagine le Colisée construit au cours du XIVe siècle, cela reporterait les premiers amphithéâtres aux alentours des années 1200,
01:09:56 dans deux cités qui faisaient alors partie du royaume de Sicile.
01:10:02 À cette époque, nous serions très opportunément sous le règne d'un personnage qui présente de furieuses analogies avec l'ancien royaume.
01:10:11 Et qui de surcroît s'était attiré les foudres de la papauté.
01:10:14 Tiens tiens, cet énigmatique personnage qui est Frédéric II réapparaît inopinément comme un chien dans le jeu de quilles de notre reconstitution.
01:10:31 Pourrait-il venir définitivement boucler la boucle de notre enquête ?
01:10:37 Déjà adepte de la monnaie impériale, puis du droit romain, c'est à présent sous son règne qu'auraient été bâtis les premiers amphithéâtres.
01:10:44 Les symboles pourtant incontestés des premiers empereurs antiques.
01:10:48 Que pensez-vous qu'il faille conclure de cette nouvelle concordance ?
01:10:54 Deux options s'offrent désormais à vous.
01:10:58 Soit vous persistez à adhérer au concept académique de la redécouverte de l'Antiquité.
01:11:05 Et là, nous ne pouvons plus rien pour vous.
01:11:07 Soit vous pensez désormais que l'histoire impériale romaine ne s'est jamais déroulée à partir d'un Auguste du premier siècle de notre ère,
01:11:15 mais en réalité à l'époque de Frédéric II, contemporain d'un autre Auguste.
01:11:19 Le roi Philippe II de France, dont l'énigmatique surnom de Philippe Auguste, n'aurait soudainement plus rien d'anachronique.
01:11:26 Dans ce cas, vous seriez sans doute définitivement devenu un affreux complotiste de l'Histoire.
01:11:34 Un récentiste.
01:11:59 Dans cet épisode, c'est essentiellement le concept de renaissance du XIIe siècle qui nous a guidés vers la resynchronisation de la réelle époque de l'Empire romain.
01:12:07 Il suffisait ensuite de tirer ce fil pour que toute la bobine se déroule naturellement.
01:12:13 L'Augustale de Frédéric II, puis son système centralisé appuyé sur le droit romain.
01:12:21 La langue latine récente.
01:12:24 La commune de Rome avec son Sénat et ses consuls.
01:12:27 Flanquie du sigle espécuaire.
01:12:29 Et pour finir, le Colisée, probablement bâtie durant l'exil des papes en Amignon.
01:12:34 Tels sont les éléments que nous avons développés dans ce film,
01:12:39 qui nous amènent à imaginer que toute histoire romaine qu'on nous présente comme antique,
01:12:43 se serait en réalité déroulée dans la deuxième partie du Moyen-Âge.
01:12:47 Bâtie autour d'un point central situé au XIIe siècle,
01:12:52 elle aurait pu démarrer à la suite d'un empereur germanique qu'Anatoly Fomenko identifie comme le véritable Jules César.
01:12:58 Auton III, empereur des Romains autour nord de l'Anvil.
01:13:02 Elle s'était probablement étalée jusqu'au retour des papes d'Arome au XVe siècle,
01:13:08 comprenant ainsi la période républicaine de la commune d'Arome.
01:13:11 On peut sans peine imaginer l'esprit revanchard qui anima les papes
01:13:17 lorsqu'ils foulèrent à nouveau le sol d'Arome dont ils avaient été chassés un siècle plus tôt
01:13:21 par les velléités impériales germaniques et les revendications républicaines locales.
01:13:26 Enfin de retour dans la ville sainte, plus question d'en perdre le contrôle.
01:13:33 On chamboula en profondeur le visage artistique, architectural et politique de la cité
01:13:40 pour la faire entrer définitivement dans une nouvelle ère, celle de la Renaissance,
01:13:46 un siècle avant que l'ensemble de l'Europe n'en boite le pas.
01:13:50 Il fallait effacer les traces d'un passé pour le moins embarrassant,
01:13:54 dont le souvenir risquait à tout moment de provoquer le même mal dont ils avaient été les victimes.
01:13:59 L'exil.
01:14:01 Propulsé dans un passé lointain, un empire et une république qui les avaient directement précédés,
01:14:10 c'était avéré une excellente stratégie, puisque la supercherie persiste encore six siècles plus tard.
01:14:17 En reléguant des systèmes concurrents à des époques archaïques,
01:14:21 dans des temps révolus depuis bien longtemps, on les rendait caducs.
01:14:25 Dans le même temps, on inventait un glorieux passé à la ville de Rome,
01:14:29 prestige dont ne manquerait pas de s'enorgueillir à la papauté.
01:14:32 Dans cette histoire fictive, le christianisme avait courageusement combattu le paganisme
01:14:38 pour brillamment finir par s'imposer comme la religion officielle d'un empire romain,
01:14:43 hégémonique et universel.
01:14:46 Cette religion était d'autant plus respectable qu'à son héroïque combat,
01:14:50 on pouvait désormais lui adosser une longévité d'un millénaire et demi.
01:14:54 Totalement artificielle, mais certainement le gage le plus indiscutable de sa légitimité.
01:15:00 Pour bâtir cette nouvelle histoire, on avait saupoudré par-ci par-là sur la frise des temps anciens,
01:15:08 des copiers collés d'événements récents.
01:15:13 Comme le sac de Rome perpétré en 1527 par les troupes de Charles Quint,
01:15:18 probablement le seul événement du genre que cogne Rome dans son histoire.
01:15:22 C'est ainsi que la capitale romaine, normalement la plus puissante des cités,
01:15:28 s'était étrangement retrouvée la victime la plus récurrente de saccages durant son histoire
01:15:32 de la part de pratiquement tous les peuples qui pointaient le bout de leur nez en Italie.
01:15:36 Un véritable sport national était né, la mise à sac de Rome.
01:15:42 Ici, ce fut à cette reprise exactement.
01:16:08 Quelle étrange fatalité s'était donc abattue sur la glorieuse cité
01:16:11 pour qu'elle s'attire ainsi les foudres permanentes de ses ennemis
01:16:14 et qu'elle soit incapable de se défendre malgré ses célèbres remparts.
01:16:18 Sans doute aucune autre fatalité que le copier-coller du sac de Rome de 1527.
01:16:35 Avec cette reconstitution de l'histoire romaine que nous situons désormais
01:16:38 dans la deuxième partie du Moyen-Âge, nous ne prétendons pas détenir
01:16:42 une quelconque vérité inaltérable ni le monopole de la bonne pensée récentiste.
01:16:46 Mais c'est l'époque à laquelle nous mènent aujourd'hui nos recherches.
01:16:50 Le cheminement que nous suivons depuis le film présente à nos yeux de nombreux atouts.
01:16:57 Il permet tout d'abord de dégager un scénario linéaire de l'évolution de notre civilisation.
01:17:04 Ensuite, il se suffit à lui-même sans avoir besoin de recourir à un quelconque autre
01:17:08 élément déclencheur que l'apparition de la technologie du fer.
01:17:12 Pour finir, il ne nécessite pas la fabrication de nombreux faux documents pour le justifier.
01:17:18 En effet, aucun document présenté comme antique n'étant explicitement daté,
01:17:23 comme d'ailleurs les monnaies, on peut les déplacer à volonté dans la chronologie
01:17:27 sans avoir à recourir à une fabrication massive de faux.
01:17:31 La seule limite que devaient se fixer les falsificateurs, c'est de respecter la chronologie relative,
01:17:36 sans quoi ils risquaient de se retrouver face à d'incohérentes récurrences.
01:17:40 Et c'est sans doute ici que réside le principal avantage de notre reconstitution.
01:17:45 Elle respecte la chronologie relative académique.
01:17:49 Nous aurions d'abord identifié les Gaulois maîtrisant le fer au 8e et 9e siècle,
01:17:56 puis la République Romaine antique en 143,
01:18:00 puis l'Empire de Frédéric II en 1230.
01:18:03 Dans cette nouvelle chronologie qu'il nous faut à présent étendre géographiquement,
01:18:10 il nous reste à replacer deux civilisations mythiques,
01:18:13 les Grecs et les Égyptiens.
01:18:16 Les premiers sont contemporains de la République,
01:18:19 donc certainement à rechercher aux alentours du 12e siècle.
01:18:23 Les deuxièmes, les Égyptiens, sont infiniment plus anciens dans la chronologie relative,
01:18:29 ce qui tend à nous indiquer que lorsqu'elles furent connues des Européens,
01:18:32 cette civilisation avait sans doute pris une longueur d'avance sur l'Europe médiévale,
01:18:36 notamment en matière religieuse.
01:18:38 C'est ce qui nous reste à découvrir à présent dans nos prochains épisodes.
01:18:43 Mais avant cela, il nous faut conclure celui-ci.
01:18:52 Ne dérangeons pas à la tradition, nous avons l'habitude de le faire à l'aide d'une anecdote.
01:18:58 Ce sont les fameuses enluminures médiévales qui vont nous la fournir.
01:19:01 Voici des illustrations issues d'un célèbre ouvrage réalisé en 1214.
01:19:07 On y découvre des scènes de bataille où les soldats sont naturellement vêtus avec l'arnachement de leur temps,
01:19:14 des armures et des casques métalliques.
01:19:16 On les imagine parfaitement sur un champ de bataille du temps d'Anton III ou de Frédéric II.
01:19:22 Le problème, c'est que le titre de cet ouvrage, "Les faits des Romains",
01:19:27 nous renvoie irrémédiablement à une lointaine Antiquité.
01:19:30 Et pour cause.
01:19:32 Lorsqu'on se penche sur le détail du texte, le contexte chronologique change diamétralement d'époque.
01:19:38 On découvre alors que l'ouvrage est consacré à décrire la vie d'un célèbre et signe personnage
01:19:43 issu de l'Antiquité, Jules César.
01:19:46 Que font donc ces soldats romains d'Antique censés avoir vécu au 1er siècle avant notre ère,
01:19:53 habillés à la mode du 13ème siècle ?
01:19:56 De deux choses l'une.
01:19:58 Soit les illustrateurs avaient été d'une parfaite incompétence,
01:20:01 imaginant naïvement qu'on possédait les mêmes armements 1 200 ans avant eux.
01:20:05 Soit comme nous l'expliquent les historiens, les artistes du Moyen-Âge ne s'embarrassaient pas de ce genre de détails
01:20:11 et représentaient les hommes de l'Antiquité selon les modes vestimentaires de leur temps.
01:20:15 Il existe peut-être une troisième voie qu'aucun historien ne pourra jamais emprunter.
01:20:22 Qu'il n'y ait en fait aucune erreur, aucune incompétence, aucune négligence,
01:20:27 ni aucun anachronisme de la part des meilleurs artistes de l'époque.
01:20:30 Ils avaient tout simplement représenté les soldats romains tels qu'ils les connaissaient,
01:20:36 c'est-à-dire en armure médiévale.
01:20:38 Parce qu'ils avaient en réalité vécu à la même époque que la parution de l'ouvrage décrivant leurs faits,
01:20:43 au Moyen-Âge, du temps des empereurs germaniques,
01:20:47 dans ce cas, ce serait en fait leur titre de Kaiser qui avait été latinisé en Kaiser,
01:20:53 et non l'inverse comme tout le monde le pense.
01:20:57 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
01:21:00 "La vie est une aventure"
01:21:04 "La mort est une aventure"
01:21:08 "La mort est une aventure"
01:21:34 Trois ans sont passés depuis l'apparition du coronavirus.
01:21:37 Voici trois fois que nous finissons notre propos récentiste par un retour vers le présent
01:21:42 que certains trouveront sans doute déplacé.
01:21:45 Mais cet épilogue nous paraît indispensable,
01:21:48 presque même plus essentiel encore que la dénonciation de l'histoire ancienne.
01:21:52 Car il nous permet de comprendre que ce que nous vivons actuellement
01:21:56 n'est rien d'autre que l'enchaînement logique de dix siècles de mensonges
01:21:59 destinés à conserver la position dominante de nos dirigeants.
01:22:03 Dans la sphère complotiste, tout est maintenant très clair
01:22:06 au sujet de cette pandémie orchestrée.
01:22:09 L'origine artificielle du virus, les mesures politiques disproportionnées,
01:22:13 la chasse aux sorcières, des médecins qui soignent et des lanceurs d'alerte,
01:22:17 la mise en place d'un système de passe, la vaccination forcée
01:22:21 et ses effets secondaires ravageurs.
01:22:24 Tout converge vers des buts évidents.
01:22:30 La dépopulation en masse et l'installation d'une société du contrôle social.
01:22:35 Tout est clair mais rien ne semble bouger.
01:22:38 Ce que nous attendons maintenant, c'est le temps de la justice.
01:22:43 Il est inconcevable que des crimes aussi malveillants
01:22:45 ne soient pas un jour fortement réprimés.
01:22:48 Malheureusement, l'histoire ne nous rend pas optimistes
01:22:54 et notamment celle des empereurs germaniques.
01:22:58 L'histoire de l'empereur germanique
01:23:01 Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi des princes territoriaux allemands
01:23:12 surpuissants dans l'Orlande, avaient accepté d'élire un empereur
01:23:16 et de se placer volontairement en position de second dans la pyramide féodale ?
01:23:20 Étrange non ?
01:23:22 Eh bien Frédéric II pourrait encore une fois détenir la réponse.
01:23:27 Dans une émission de Story of a Worship disponible sur Youtube,
01:23:30 l'historien Sylvain Guggenheim nous en apprend davantage sur la manière dont il fut choisi.
01:23:35 Frédéric est élu très jeune,
01:23:41 voire quasiment non pas à l'état de bébé mais presque,
01:23:45 il est élu à 3 ans.
01:23:47 Comment expliquer cette élection dans le contexte de l'époque ?
01:23:50 Il est élu à 3 ans parce que son père a proposé aux princes cette élection
01:23:55 et en échange d'un certain nombre de concessions, les princes ont accepté.
01:23:59 En fait c'est toujours une question de donnant-donnant ou d'échange.
01:24:03 Les princes acceptent d'élire le fils du roi comme futur roi
01:24:08 à condition que le roi répond favorablement à certaines de leurs exigences
01:24:13 ou maintienne certains de leurs privilèges.
01:24:15 Tiens donc, l'élection du roi d'Allemagne,
01:24:22 qui seul peut ensuite devenir empereur,
01:24:25 était donc régie par de petits arrangements entre puissants de ce monde.
01:24:29 L'élu n'était ainsi aucunement le plus méritant,
01:24:32 mais le plus corruptible, celui qui accorderait ensuite le plus de privilèges aux princes électeurs.
01:24:37 Dans le fond, il n'était qu'une simple marionnette à la solde des commanditaires
01:24:42 qu'il avait placée sur le trône.
01:24:45 Pourrait-on y déceler un parallèle avec la situation actuelle ?
01:24:51 La suite de l'entrevue nous éclaire davantage sur le rôle exact de l'empereur germanique.
01:24:56 Alors, il ne séjourne que trois fois en Allemagne.
01:25:01 Il a séjourné une première fois pendant huit ans,
01:25:03 parce que bien qu'il ait été élu roi d'Allemagne,
01:25:05 il y a eu guerre civile en Allemagne,
01:25:08 parce que les princes se sont divisés.
01:25:10 Ils ont donc appelé Frédéric II, ils ont renouvelé leur confiance en lui,
01:25:15 mais il a dû se rendre en Allemagne et véritablement livrer une expédition militaire.
01:25:20 Il est définitivement couronné roi en bonne et due forme en 1215,
01:25:24 mais il ne rentre pas en Sicile.
01:25:26 Il a besoin à ce moment-là de parcourir son royaume
01:25:28 et de faire ce que tout le monde attend d'un roi,
01:25:31 c'est-à-dire de confirmer des privilèges,
01:25:33 d'en donner de nouveaux, d'écouter les princes, les évêques,
01:25:37 les représentants des bourgeoisies urbaines,
01:25:40 les représentants des grands monastères, etc.
01:25:42 Est-ce normal, la vie normale d'un roi germanique,
01:25:47 d'un empereur germanique, que de confirmer ses privilèges
01:25:52 et donner tout ce pouvoir à ses hommes ?
01:25:57 Oui, en gros, c'est normal,
01:25:59 parce que ça s'explique par l'histoire du royaume de Germanie,
01:26:03 le fait que le royaume de Germanie a eu, dès le départ,
01:26:08 des duchés très puissants,
01:26:11 et que les rois de Germanie n'ont toujours été, en fait,
01:26:14 que des primus inter pares, comme on dit en latin,
01:26:17 ils doivent leur pouvoir à l'élection,
01:26:19 ils peuvent être par moments très puissants,
01:26:21 mais ils n'éliminent jamais le pouvoir des princes.
01:26:23 Les rois ont toujours agi avec le souci, finalement,
01:26:28 de maintenir une politique d'équilibre à l'intérieur des princes
01:26:31 et des réseaux d'alliances entre les princes.
01:26:34 Ainsi, l'empereur germanique n'avait rien de l'image
01:26:39 de surpuissance qu'on imagine.
01:26:41 Dans les faits, il ne faisait pas de poids face au pouvoir des princes,
01:26:44 tout au plus contentait-il d'arbitrer les conflits internes.
01:26:48 En revanche, il possédait un pouvoir exorbitant en matière de droit,
01:26:53 celui d'octroyer des privilèges à des princes électeurs.
01:26:57 Et si c'était justement là que résidait la véritable fonction de l'empereur germanique ?
01:27:03 Si les princes fabriquaient la loi dans leur fief,
01:27:07 ils ne pouvaient évidemment pas se placer ostensiblement au-dessus d'elle.
01:27:11 Sauf s'ils se voyaient octroyer des passerois par une tête couronnée,
01:27:16 considérée unanimement comme leur supérieur hiérarchique,
01:27:19 l'empereur.
01:27:21 On comprendrait alors toute son utilité pour ces princes surpuissants
01:27:27 et pourquoi ils avaient accepté de se placer en second derrière ce personnage.
01:27:33 Grâce aux privilèges que leur offrait généreusement ce dirigeant fantoche
01:27:37 dont ils maîtrisaient entièrement l'élection,
01:27:39 les princes bénéficiaient d'une parfaite immunité en matière de droit sur leur terre.
01:27:43 Ils pouvaient alors échapper en toute légitimité aux lois qu'ils avaient eux-mêmes promulguées.
01:27:49 Et s'il en avait toujours été ainsi en matière de justice,
01:28:01 qu'elle avait de tout temps eu comme seule fonction de protéger les dirigeants au détriment du petit peuple ?
01:28:06 C'est ce que dénonçait déjà Jean de La Fontaine au XVIIe siècle.
01:28:12 « Selon que vous soyez puissante ou misérable,
01:28:15 les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
01:28:18 Ces privilèges dénoncés par La Fontaine ont-ils vraiment disparu avec la Révolution française,
01:28:24 comme tentent de nous l'expliquer les manuels scolaires ?
01:28:29 Eh bien pas du tout. Ils ont simplement changé d'hommes.
01:28:33 De la royauté et la noblesse, ils sont passés aux nouveaux puissants de ce monde,
01:28:38 les riches industriels avides et les dirigeants politiques corrompus.
01:28:42 Ce sont eux désormais que les jugements de cour feront blanc.
01:28:47 Si bien qu'il existe probablement peu d'espoir du côté de la justice
01:28:53 pour châtier ceux qui ont généré et entretenu la pseudo-pandémie de coronavirus.
01:28:58 Ils s'en sortiront à coup sûr lavé de toute accusation,
01:29:01 exactement comme du temps de La Fontaine,
01:29:04 parce qu'on a soigneusement organisé leur impunité depuis des siècles.
01:29:08 Ne comptons évidemment pas sur les médias pour établir une justice à géométrie variable.
01:29:17 Ils sont désormais détenus en totalité par les grands financiers,
01:29:21 et naturellement, ils protègent leurs intérêts.
01:29:24 Ils ne dénonceront donc jamais les terribles révélations qui émergent uniquement dans la sphère alternative.
01:29:30 On le sait désormais avec certitude, ce virus n'a rien de naturel.
01:29:40 Il résulte d'une manipulation en laboratoire.
01:29:43 On le découvre progressivement, ce vaccin n'est pas un vaccin.
01:29:48 Il ne protège ni de l'infection, ni de la transmission,
01:29:52 et probablement apprendrons-nous bientôt qu'il n'a aucune incidence sur la gravité de la maladie.
01:29:57 Alors, à quoi est-il destiné ?
01:30:01 Les révélations pleuvent actuellement sur ce que les scientifiques nomment la "transcriptase inverse".
01:30:09 Étonnant réveil tardif lorsqu'on sait que cette découverte vallue à son inventeur, Howard Timmins,
01:30:14 le prix Nobel en 1975.
01:30:18 Pouvait-on ignorer en 2021 lorsque les vaccins anti-covid à ARN messagers furent injectés à des milliards d'individus,
01:30:25 une réaction qui fut décrite 50 ans plus tôt ?
01:30:28 L'enzyme de certains rétrovirus est capable de transposer son ARN messager en de l'ADN, composant de l'hérédité.
01:30:36 Ce nouvel ADN s'intègre alors au génome de l'hôte, se transmettant ensuite à sa descendance.
01:30:46 Cela signifie qu'en injectant un ARN messager bien choisi chez un humain,
01:30:50 on peut aboutir à la modification de son ADN, et donc de son génome.
01:30:55 Terrifiant !
01:30:58 Dans cet océan de mensonges et d'impunité entretenu par la justice et les médias,
01:31:05 qui pourra réellement s'opposer au machiavélique plan mondialiste contre les populations ?
01:31:12 S'il existe des dirigeants souverainistes qui s'opposent aux Young Global Leaders infiltrés dans la plupart des États,
01:31:18 des milliardaires prêts à se battre pour établir la liberté de parole,
01:31:22 ou de courageux lanceurs d'alerte, ils n'y arriveront pas sans nous, le peuple.
01:31:27 Alors n'allez pas croire que cet épilogue n'est qu'un pamphlet anecdotique dans notre discours récentiste.
01:31:34 C'est tout l'inverse, il est un appel au réveil des populations.
01:31:40 Ne pensez pas que le retour sur la situation présente que nous effectuons depuis trois épisodes
01:31:45 à l'éclairage de la manipulation de l'histoire ancienne soit hors sujet.
01:31:49 Il est en fait le même sujet, celui de l'éternelle propagande institutionnelle à des fins de contrôle des masses.
01:31:56 Le problème, c'est que nous sommes arrivés à un terme où les progrès scientifiques ouvrent toutes les portes aux plans les plus malsains.
01:32:05 Ce qui se joue actuellement pourrait être d'une importance capitale pour l'humanité.
01:32:10 C'est désormais de notre sagacité déveillée que dépend en grande partie l'arrêt de cette course folle
01:32:15 vers un changement radical de civilisation qui nous mènera insidieusement à une impitoyable technocratie du contrôle numérique.
01:32:22 Car lorsque cette dictature se sera définitivement installée, il sera trop tard pour s'y opposer.
01:32:32 Entrer ou non en résistance découlerait alors du fameux pari de Pascal, philosophe et mathématicien-physicien du XVIIe siècle.
01:32:40 Il prétendait qu'une personne rationnelle avait tout intérêt à croire en Dieu, qu'il existe ou non.
01:32:46 En effet, si Dieu n'existe pas, le croyant et le non-croyant ne risquent rien, ou presque.
01:32:52 Par contre, si Dieu existe, le croyant gagne le paradis tandis que le non-croyant est enfermé en enfer pour l'éternité.
01:33:01 Selon l'argumentaire de Pascal, qu'avons-nous à craindre d'imaginer qu'il existe un complot mondialiste contre l'humanité ?
01:33:08 S'il n'existe pas, nous ne risquons pratiquement rien à part une stigmatisation dont beaucoup d'entre nous se fichent éperdument.
01:33:16 En revanche, si ce complot existe bien et qu'il a pour ambition de contrôler l'humanité via la modification de son ADN,
01:33:24 alors le bénéfice de sa prise de conscience serait gigantesque.
01:33:29 Les seuls êtres en mesure de préserver la quille le plus ancestrale de l'humanité seraient les êtres les plus rationnels,
01:33:35 ceux qui eurent comme simple mérite d'avoir ouvert les yeux avant les autres.
01:33:40 Malgré tous les maux dont on les accable, les complotistes qui refusèrent un jour la première injection génique
01:33:47 pourraient être demain les uniques garants de la sauvegarde du bien le plus cher de notre espèce.
01:33:52 Son patrimoine génétique
01:33:56 Le premier jour de la première injection génétique
01:34:01 Comme le disait le regretté professeur Luc Montagné, ardent résistant jusqu'à son dernier jour,
01:34:11 "Les gens non injectés sont les gardiens de l'humanité".
01:34:15 Le premier jour de la première injection génétique
01:34:20 Le premier jour de la première injection génétique
01:34:25 Le premier jour de la première injection génétique
01:34:29 Le premier jour de la première injection génétique
01:34:41 Le premier jour de la première injection génétique
01:34:54 Le premier jour de la première injection génétique
01:34:58 Le premier jour de la première injection génétique
01:35:17 Le premier jour de la première injection génétique
01:35:21 Le premier jour de la première injection génétique
01:35:28 Le premier jour de la première injection génétique
01:35:34 Le premier jour de la première injection génétique
01:35:45 Le premier jour de la première injection génétique
01:35:49 [Musique]