• il y a 11 mois
Transcription
00:00 Madame Chloe Framerie, vous avez la parole.
00:04 Bonjour, mesdames et messieurs.
00:15 Bonjour, mesdames et messieurs les actionnaires,
00:19 et bonjour au conseiller d'Etat,
00:21 auquel je m'adresse plus particulièrement aujourd'hui,
00:24 puisqu'ils ont un poids en termes de vote
00:26 qui est 1 500 fois plus élevé qu'un petit actionnaire,
00:29 dont je suis.
00:31 J'ai six constats et cinq questions, en fait.
00:35 Commençons par la loi,
00:37 dont Mme Steiner et M. Jordan nous ont précisé
00:40 que KPMG respectait les contours
00:43 en approuvant le rapport financier 2022
00:46 et tous les précédents,
00:47 depuis qu'ils ont blanchi l'équipe de Philippe Hildebrandt
00:51 dans les années et dans la décennie précédentes.
00:53 Je rappelle, acquis de droit,
00:56 et je pense que c'est nécessaire,
00:59 puisque je ne l'entends jamais dans vos discours,
01:01 que la Constitution fédérale précise,
01:04 à l'article 99, alinéa 4,
01:07 que les bénéfices nets de la Banque nationale suisse
01:09 doivent être redistribués au canton à raison
01:13 de deux tiers de leur total.
01:16 Or, je rappelle aussi qu'en 2019,
01:18 il y a eu 42 milliards de bénéfices.
01:21 Cela aurait dû donner 28 milliards
01:24 de redistribution au canton.
01:26 Or, il n'a été que de 4 milliards.
01:30 Ceci étant dit, j'aimerais poser ma première question,
01:33 qui est pourquoi ne respecte-t-on pas
01:37 cet article 99 de la Constitution
01:39 et également l'article 31 alinéa 2
01:41 de la loi sur la Banque nationale, la NBN,
01:45 qui ajoute à la Constitution que le bénéfice net
01:48 doit être redistribué à raison de un tiers
01:50 à la Confédération.
01:52 Deuxième question qui est tout à fait en lien,
01:54 jusque quelle année le gel de ces redistributions
01:57 aura-t-il lieu ?
01:59 C'est-à-dire que cette année, en 2023,
02:00 il n'y a pas de redistribution.
02:01 J'aimerais savoir jusque quand ce gel
02:04 est prévu d'être appliqué.
02:06 Je vais parler juste maintenant des investissements
02:08 qui, comme l'ont rappelé nos prédécesseurs,
02:12 se placent dans les énergies fossiles,
02:15 chez ExxonMobil, par exemple,
02:16 à raison de 1,6 milliard fin 2022,
02:19 mais également dans les GAFAM
02:21 et puis également dans les labos pharmaceutiques,
02:24 notamment ceux qui ont produit les vaccins
02:26 contre la Covid-19.
02:27 Je rappelle que Johnson & Johnson a été doté
02:30 de 1,9 milliard en novembre 2022.
02:33 La BNS investit également dans la junk food,
02:35 notamment chez Coca ou chez McDo.
02:37 J'aimerais comprendre pourquoi on investit
02:42 dans des actions qui sont volatiles,
02:45 qui sont américaines pour celles que j'ai
02:48 en face de moi, sous les yeux,
02:51 qui ont donné lieu à 40 milliards de pertes
02:53 l'année dernière et 132,5 milliards,
02:58 si on les met toutes bout à bout,
03:01 de pertes pour la BNS en 2022.
03:03 Donc, mes questions.
03:04 Pourquoi ne pas avoir investi, par exemple,
03:06 dans les bons du Trésor américain
03:07 ou dans des dettes souveraines,
03:08 qui sont beaucoup plus stables
03:09 en termes de fluctuation de valeur ?
03:13 Et puis, j'ai une dernière question,
03:17 finalement, puisque j'avais deux questions
03:19 que j'ai condensées en une,
03:20 et ma dernière question est la suivante.
03:22 Est-ce que c'est toujours BlackRock
03:24 qui conseille la BNS en termes d'investissement ?
03:27 Donc, je rappelle que le vice-président
03:29 était, il y a 11 ans, le président
03:31 de la BNS, Philippe Hildebrandt,
03:34 et dont le président actuel,
03:36 Lawrence Fink, fait partie du conseil de fondation
03:39 du Forum économique mondial.
03:41 Et à ce sujet, j'espère que Thomas Jordan,
03:44 monsieur Jordan, et également monsieur Hildebrandt,
03:46 qui étaient présents, ont bien profité
03:48 du Forum économique en 2023,
03:50 en janvier 2023, et vous se sont trouvés.
03:52 Donc, voilà, je vous remercie de votre attention
03:54 et j'attends vos réponses.
03:56 -Many thanks.
03:59 -Merci beaucoup.
04:02 -Merci beaucoup, madame Framry.
04:07 Les questions concernant les investissements,
04:11 la politique des placements
04:14 seront traitées donc au point 8,
04:16 discussion générale,
04:17 et c'est le président de la direction générale
04:19 qui y répondra.
04:20 Et, bien oui, nous sommes bien conscients
04:26 qu'il y a beaucoup de personnes,
04:30 beaucoup de milieux qui aimeraient
04:32 que les distributions soient plus élevées,
04:35 et cela est possible quand nous avons...
04:38 quand les résultats sont au rendez-vous, justement.
04:42 Mais je vous ai expliqué tout à l'heure
04:44 que nous avons besoin d'une réserve de fonds propres,
04:49 et que c'est précisément à cause de la volatilité
04:52 des marchés que nous avons besoin de ces réserves
04:55 afin de ne pas avoir des fonds propres négatifs.
05:00 L'accord avec le département des finances
05:04 et la BNS, enfin, cette convention,
05:07 a été conclue il y a un an et demi,
05:09 et si je ne me trompe pas,
05:12 elle court jusqu'en 2025.
05:15 Donc, nous allons continuer
05:19 de travailler de la même façon
05:21 concernant des distributions à l'avenir,
05:23 et puis, évidemment, qu'il faudra trouver
05:27 ou discuter d'un nouvel accord après 2025
05:30 avec le département des finances.
05:32 Pour les autres questions...
05:33 Donc, les placements, par exemple, des investissements,
05:40 nous y reviendrons au point 8.
05:43 Le réctorium va donc essayer de répondre
05:46 à toutes les questions qui ont été posées
05:50 lors de ces moultes interventions.
05:54 Monsieur le Président.
05:55 Mesdames et Messieurs, merci.
06:02 Merci pour ces nombreuses questions,
06:05 des questions de grande importance
06:07 auxquelles je réponds très volontiers.
06:10 Je vais essayer de structurer les réponses.
06:12 Beaucoup de questions concernant le climat,
06:15 je vais essayer de les répondre de façon collective,
06:17 mais au préalable, je vais également essayer
06:20 de traiter les autres questions qui m'ont été posées.
06:23 Notre politique de placement
06:25 doit être au service de notre politique monétaire,
06:28 et donc doit être ainsi faite
06:31 que nous pouvons à tout moment envisager
06:35 d'accroître ou de réduire la taille de notre bilan,
06:38 ce qui signifie que nous avons besoin d'actifs très liquides,
06:42 donc des actifs fongibles qu'on peut vendre ou acheter
06:44 à tout moment, et en même temps,
06:47 notre but est de garantir la pérennité
06:50 de la valeur de nos réserves monétaires sur la durée.
06:53 En d'autres termes, nous devons avoir un mélange
06:56 entre des placements plus risqués,
06:58 mais qui sont rentables, qui produisent des rendements élevés,
07:01 et d'autres placements, et surtout, nous devons avoir
07:03 un portefeuille de placement aussi diversifié que possible.
07:08 La majeure partie de nos placements
07:10 intéresse des emprunts d'Etat, donc nos réserves de devises
07:13 sont surtout placées dans des emprunts publics.
07:16 D'autres Etats, 25 % de réserves sont investies en actions,
07:20 et nous aimerions que ces placements en actions
07:22 soient aussi neutres et passifs que possible.
07:24 En d'autres termes, nous essayons de couvrir
07:27 la réalité des marchés boursiers dans toute la mesure du possible.
07:30 Mais nous nous écartons de cette règle sur certains points.
07:34 C'est la politique d'exclusion, comme on l'appelle,
07:37 la BNS est pionnière au niveau du développement
07:41 de ces critères d'exclusion.
07:43 Et nous nous orientons, comme on l'a déjà dit,
07:46 essentiellement en fonction des normes et des valeurs de la Suisse.
07:51 Donc nous n'aimerions pas donner l'impression
07:53 qu'on pourrait obtenir de grands effets grâce à ces choix,
07:57 mais nous aimerions ne pas transiger sur les valeurs
08:00 et les normes de la Suisse.
08:02 Plus particulièrement, la BNS n'investit pas
08:04 dans des entreprises qui, de façon systémique,
08:06 provoquent des atteintes graves à l'environnement.
08:08 Exemple, pollution des sols ou des eaux,
08:11 atteinte à la biodiversité de façon grave.
08:15 Et depuis décembre 2022,
08:18 nous avons également élargi ce critère
08:23 parce que nous avons décidé d'exclure
08:26 des placements dans des entreprises
08:27 dont le modèle d'affaires est essentiellement axé
08:30 sur l'extraction de charbon
08:32 au fin d'en produire de l'énergie.
08:34 Donc transformer du charbon en électricité.
08:37 Nous avons élargi ce critère parce que nous sommes convaincus
08:40 qu'il y a là un large consensus pour dire
08:43 qu'il faut sortir de la production charbonnière
08:46 au fin de produire de l'énergie.
08:48 Nous sommes allés assez loin dans notre interprétation,
08:50 mais nous sommes convaincus
08:52 que de tels investissements n'étaient plus compatibles
08:55 avec les normes et les valeurs de la Suisse.
08:58 Nous faisons appel à une entreprise
09:01 qui nous soumet des indices et qui nous dit
09:03 quelles entreprises relèvent de ces critères,
09:05 entreprises que nous excluons ensuite.
09:07 Par exemple, nous n'avons pas exclu le charbon
09:12 pour la production sidérurgique,
09:14 tout simplement parce que pour l'instant,
09:15 on ne peut pas faire autre chose
09:17 que d'utiliser du charbon pour produire de l'acier,
09:19 en tout cas dans certaines régions du monde.
09:21 On nous a demandé à plusieurs reprises également
09:23 pourquoi la BNS ne renonçait pas à placer
09:25 dans les industries gazières et pétrolières.
09:29 Eh bien, simplement parce qu'il suffit de voir
09:30 ce qui se passe en Suisse.
09:32 Le pétrole et le gaz sont très largement utilisés.
09:34 On ne peut pas dire que la BNS va décider
09:37 du jour au lendemain que plus personne n'utilisera plus
09:40 de gaz ou de pétrole et que l'utilisation du gaz
09:42 ou du pétrole ne serait plus compatible
09:44 avec les valeurs de la Suisse.
09:45 Sans gaz et sans pétrole, la Suisse ne fonctionnerait plus.
09:49 Pour ce qui est du charbon, tout à l'heure,
09:51 on a également...
09:53 Enfin, plutôt, j'aimerais dire autre chose encore.
09:55 Nous n'investissons pas dans des entreprises
09:58 qui ont leur siège en Suisse,
10:00 et notamment dans des traders,
10:03 des négociants en charbon qui ont leur siège en Suisse.
10:05 Nous n'investissons qu'à l'étranger.
10:08 Pour notre politique de placement,
10:11 nous ne violons pas nos directives de placement.
10:15 Au contraire, nous les respectons scrupuleusement.
10:18 Scrupuleusement.
10:20 D'ailleurs, nous n'avons pas d'oeillères non plus,
10:22 comme on nous a reproché d'en porter.
10:25 Avec des experts, enfin, nous nous entourons d'experts,
10:28 nous essayons de mettre en oeuvre nos directives de placement
10:30 de façon aussi fidèle que possible.
10:32 Dans l'ensemble, on peut dire que notre portefeuille action
10:35 évolue avec les évolutions de la structure
10:37 de l'économie mondiale.
10:38 Nous n'entravons pas ces changements structurels.
10:40 Au contraire, nos placements,
10:43 indépendamment de ces critères d'exclusion,
10:45 nos placements évoluent au fur et à mesure
10:47 de l'évolution du tissu économique international.
10:50 Et la BNS, et c'est un choix, c'est voulu,
10:53 ne dispose pas d'une légitimité démocratique
10:56 pour influer sur les changements structurels
10:59 de l'activité économique mondiale.
11:02 C'est ce que dit le rapport du Conseil fédéral.
11:04 Nous n'avons pas mandat pour ce faire,
11:06 pour de bonnes raisons, d'ailleurs.
11:07 On a dit tout à l'heure qu'il y a d'autres choses
11:09 dans lesquelles nous ne devrions pas investir,
11:11 ce qui montre bien la portée du problème.
11:13 Si les changements structurels de l'économie mondiale
11:18 devaient nous interdire d'investir dans des entreprises
11:20 qui produisent des vaccins, par exemple,
11:23 ou qui produisent des denrées alimentaires, comme McDo,
11:26 ou qui produisent des boissons, comme Coca-Cola,
11:28 donc ça montre bien la complexité du dossier.
11:31 Nous devons, de façon assez étroite,
11:33 respecter les normes, les règles et les valeurs
11:37 qui valent en Suisse, qui ont cours en Suisse.
11:40 Et de ce fait, nos critères d'exclusion
11:43 sont utilisés de façon à la fois scrupuleuse,
11:45 mais très sélective également,
11:48 de façon très rigoureuse.
11:50 Je crois avoir répondu à toutes les questions,
11:52 du moins, je l'espère, et je vous remercie
11:54 de m'avoir posé ces questions et merci de m'avoir écouté.
11:57 (Applaudissements)