• il y a 10 mois

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Amusant
Transcription
00:00 Par le petit bout de la lorgnette, je regarde le monde que je ne croyais mieux connaître.
00:09 On m'avait dit quand j'étais gamin, regarde, comme il est beau avec ses montagnes, ses forêts.
00:19 Moi, je n'étais pas de bois, ça me tournait l'essence.
00:24 Mais l'homme est venu, il a déboisé, ou bien mis le feu.
00:30 Il ne faut pas jouer avec les allumettes, ça aussi on m'y avait dit quand j'étais petit.
00:35 Alors moi, par superstition, je joue avec les amulettes, histoire d'avoir un porte-bonheur,
00:43 peut-être pour me faire croire que le monde pourrait être bien meilleur.
00:50 Par le petit bout de la lorgnette, je regarde l'univers qui n'est pas toujours vert, parfois un peu gris.
01:00 Enfin, il nous offre dans sa palette de couleurs une mallette de menteurs
01:07 qui veulent agrémenter la planète avec leurs pesticides pour soi-disant produire beaucoup plus.
01:15 Il faut fuir les ours et les éléphants, qu'ils trompent énormément.
01:21 Tout cela, manière d'y voir un peu plus clair.
01:27 Et puis, surtout, de faire de la place pour garer leurs voitures,
01:33 parce qu'ils vont faire aussi des magasins où les gens vont venir glander,
01:39 parce qu'ils n'auront rien pour pouvoir se payer.
01:44 Et pendant ce temps, la faune, elle s'en fuit, tard, tard, surtout les aveigles.
01:53 Moi, ça me fout le bourdon.
01:56 Enfin, on m'avait dit, le monde, il est immense, il est grandiose, tellement immense,
02:04 tellement grandiose que le paradoxe de nos jours, grâce à Internet,
02:08 on va pouvoir aller serrer la main à un sympathique chinois.
02:13 Non, ce n'est pas de la chinoiserie, il est là, qui vous sourit, avec son bol de riz.
02:21 À ses côtés, il y a un petit Pétinois qui lui japonais tout ça,
02:27 parce que le Chinois voudrait bien le manger.
02:31 Mais, plus le Chinois rit, moins il y a de riz.
02:36 Mais, ça n'a pas l'air de lui faire du sushi.
02:40 Enfin, moi, de mon côté, je change de partenaire et je vais converser
02:47 avec un Américain, juste un quelqu'un du droit.
02:52 Par le petit bout de la lorniette, je regarde la vie.
02:57 On m'avait dit, elle est belle, avec ses jours de fête, de galas,
03:04 ses jours de turbin aussi, ses jours de paye, sans compter les primes.
03:10 Les primes, des primes, ça on connaît, des clopinettes.
03:17 À propos des clopinettes, on fume aussi n'importe quoi,
03:21 soi-disant encore pour trouver le monde meilleur.
03:26 Tous nos sushis s'envolent en fumée, on ne va pas mégoter,
03:30 on va mètre le paquet, toujours descendre, descendre,
03:36 descendre plus bas en croyant remonter le moral.
03:43 Par le petit bout de la lorniette, je regarde la Terre.
03:48 Moi, qui suis si souvent dans la Lune, mais l'une ou l'autre,
03:54 c'est le même problème.
03:56 On m'avait dit, la Terre, elle est bien ferme.
04:01 Quand les bombes tombent dessus,
04:03 elles cicatrisent très vite depuis des millénaires,
04:06 alors on ne va pas s'en priver.
04:08 Les marchands d'armes auront toujours des cartouches,
04:11 ils mèneront rondement leurs affaires, toujours pour aller droit au but.
04:16 Le plastique, c'est fantastique.
04:19 Ça ne donne pas de bonne mine, c'est peut-être pas biodégradable,
04:24 mais tout le monde s'éclate.
04:27 TNT, aujourd'hui, c'est plutôt pour la télévision,
04:32 pour nous mettre au courant du temps, de la guerre, la météo,
04:37 tout ce qui se passe de drôle depuis des années-lumières,
04:41 avec tous ces illuminés qui font souvent volte-face,
04:46 pour toujours tomber pile avec leurs infos aseptisées
04:50 qu'ils veulent bien nous donner, pour essayer de nous faire marcher au bas.
04:55 Au bas !
04:57 Alors moi, j'ai essuyé le petit bout de la lornaite,
05:02 parce que je n'y croyais pas vraiment.
05:05 J'avais peur que je loupe quelque chose.
05:08 Mais même en me couchant un oeil, pour essayer de n'en voir que la moitié,
05:14 c'est toujours la moitié la plus moche qui est reflétée.
05:19 Alors lunettes, longue-vue, stéthoscope,
05:24 ne vaut-il pas mieux regarder le monde à l'œil nu ?
05:28 On y voit bien moins loin, certes, dans le Nord absolu.
05:34 Éteignez ces lumières, éteignez les feux de Bengal,
05:38 les feux de forêt, les feux de détresse.
05:41 Rien que regarder autour de nous, c'est déjà pas si mal.
05:45 Pour de toute façon ne rien comprendre, toute une vie ne suffira pas.
05:51 Parce que, par le petit bout de la lornaite,
05:55 on ne voit toujours que ce que l'on veut nous faire voir,
05:59 et par conséquent, ce que l'on veut nous faire croire.
06:04 (Applaudissements)