Politiques, à table ! - Alexis Michalik

  • il y a 8 mois
Un déjeuner partagé avec Alexis Michalik, auteur, metteur en scène et comédien, pour parler de l'association des Cuistots migrateurs qui permet à des chefs réfugiés en France de s'intégrer tout en nous faisant partager leurs traditions culinaires. Au menu également, le dry january, le mois sans alcool: des restaurants proposent des accords mets/vins sans vin !

Brigitte Boucher et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.

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00:00 Générique
00:02 ...
00:17 -Bonjour à tous et bienvenue dans "Politique à table" sur LCP.
00:21 Heureuse de vous retrouver.
00:22 On va parler alimentation, agriculture, écologie,
00:25 mais aussi politique pendant une heure
00:28 à un invité particulier. Nous recevons Alexis Michalik.
00:30 Bonjour. -Bonjour.
00:32 -Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:34 Avec moi, pour présenter cette émission,
00:36 Jean-Pierre Montanay. -Bonjour, Brigitte.
00:39 -Bonjour, Jean-Pierre. -Vous êtes acteur,
00:41 dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur
00:44 et écrivain. Vous avez remporté 5 Molières,
00:47 ce qui fait de vous l'un des metteurs en scène
00:50 les plus jeunes jamais récompensés.
00:52 Vous vous êtes aussi lancé dans la comédie musicale
00:55 avec succès en mettant en scène les producteurs.
00:58 Dès la première, vous devenez un artiste reconnu
01:00 avec "Le Porteur d'Histoire", "Le Cercle des Illusionnistes",
01:03 "Edmond", "Intramuros" et "Une histoire d'amour".
01:06 Vous avez fait de la pièce "Edmond" un film
01:09 et écrit en 2019 votre premier roman, "Loin".
01:11 On vous a vu au cinéma dans "Sagan",
01:13 "Des gens qui s'embrassent",
01:15 "La vérité sur l'affaire Ilhan Alimi"
01:17 ou dans la série "Kabul Kitchen",
01:19 petit extrait de l'étendue de vos talents.
01:21 A part ça, on sait que vous avez des origines polonaises
01:25 par votre papa et britanniques par votre maman,
01:27 c'est en Afrique du Nord que vous nous emmenez pour ce déjeuner.
01:31 -Oui, et il y a aussi des liens avec le Maroc,
01:33 parce que c'est un couscous royal et en dessert,
01:36 une salade de fruits.
01:37 -Dans "Le Dessous des plats", gros plan sur les cuistots migrateurs,
01:41 une association qui permet à des chefs réfugiés en France
01:44 de s'intégrer tout en nous faisant partager
01:47 leur tradition culinaire.
01:48 -Dans "Les pieds dans le plat", le dry januari,
01:51 à la cote des restaurants s'y mettent
01:53 et proposent des accords mai 20, mai 120.
01:56 Allez, on passe à table, tout de suite,
01:58 cuisine et confidence.
01:59 -Alexis Michalik, vous qui aimez porter les histoires,
02:08 voilà un conte planétaire qui a du sens le jour où vous évoquerez
02:12 votre pièce "Passeport", qui raconte le quotidien des migrants
02:16 de la jungle de Calais. C'est l'histoire d'une petite graine,
02:19 le couscous. Afin d'être cohérent, il fallait célébrer un plat
02:23 avec un petit passeport, encore moins de visa.
02:25 Voilà pourquoi vous nous proposez ce totem
02:27 de la cuisine multiculturelle, universelle,
02:30 inscrit au patrimoine immatériel de l'UNESCO.
02:33 D'origine berbère, il naît au Maghreb
02:35 et n'a cessé de s'enrichir au fil des ans
02:37 avec l'essor de la civilisation arabe.
02:39 Des épices comme la cannelle, puis la viande,
02:42 vont s'inviter dans la recette.
02:44 A partir du XIe siècle, il séduit le Moyen-Orient.
02:47 En France, Rabelais l'évoque dès 1542,
02:49 mais nous le découvrons vraiment dans les années 60,
02:52 après la guerre d'Algérie, grâce aux vagues d'immigration
02:56 venues d'Afrique du Nord, au point de figurer
02:58 dans le top 5 de nos plats préférés.
03:00 Le couscous est-il un choix politique de votre part ?
03:03 Vous pensez que la cuisine peut aider à faire reculer
03:06 les préjugés racistes et la peur de l'étranger ?
03:09 -Si seulement.
03:11 Si seulement, ça pouvait être le cas.
03:13 Il me semble même avoir le souvenir
03:15 que certains députés du RN ont eu des ennuis
03:19 pour avoir mangé un couscous,
03:21 c'est dire, de leur propre électorat.
03:23 -Même Jean-Marie Le Pen, c'est son plat préféré.
03:26 -On leur reprochait d'aller à l'ennemi, l'étranger.
03:30 Non, c'est surtout un choix gastronomique,
03:32 parce que j'adore le couscous,
03:34 parce que ce plat est fait avec des légumes bouillis,
03:37 ce n'est pas le cas de beaucoup de plats en France.
03:40 J'adore cette composition.
03:42 Là, on a choisi un couscous royal,
03:44 donc avec absolument toutes les viandes.
03:46 -La totale. -La totale.
03:48 Ce qui est une hérésie pour mes amis marocains.
03:51 J'ai une amie qui me reproche de manger des merguez
03:54 avec le couscous,
03:55 parce que ça n'est pas du tout normalement comme ça.
03:58 -C'est pas dans les codes du vrai couscous,
04:01 il n'y a pas de merguez.
04:02 Vous avez un souvenir d'un couscous d'enfance ?
04:05 Votre premier couscous, vous vous en souvenez ?
04:08 -Non, pas particulièrement,
04:09 mais après, je rétorquerai quand même à mon amie
04:13 qu'elle mange bien des sushis california,
04:15 qui n'ont rien à voir avec les sushis de base.
04:18 Une culture s'additionne d'autres cultures,
04:20 et c'est comme ça qu'on arrive
04:22 à cette magnifique assiette de couscous royal.
04:25 -On va le goûter. -Il commence déjà un peu froid.
04:28 -Vous le regardez avec les yeux. -Il est incroyable.
04:31 Vous l'avez trouvé où ?
04:32 -C'est le restaurant Essaouira, à Paris,
04:35 qui nous l'a confectionné.
04:37 Là, c'est le couscous royal.
04:39 Vous pouvez nous dire trois choses sur le couscous royal ?
04:42 -Même si j'ai été spoigné par Alexis,
04:44 c'est normal, c'est un fin connaisseur et amoureux du couscous.
04:48 Symbole de sa parfaite intégration,
04:50 le couscous royal est une pure invention française,
04:53 qui figure parfois à la carte de restaurants très français,
04:56 qui le mettent à côté d'un boeuf bourguignon ou d'une blanquette.
05:00 Le couscous traditionnel, je parle sous le contrôle d'Alexis,
05:03 se caractérise par une seule viande à cuire,
05:06 mouton, poulet, bœuf, méchoui,
05:08 ou alors poisson, notamment en Tunisie,
05:11 où il y a un couscous de poisson.
05:13 Le couscous royal porte bien son nom,
05:15 car il est très riche en reluissant toutes ses viandes
05:18 dans un même plat, sans oublier le mélange d'épices.
05:21 Le couscous royal y ajoute donc des boulettes
05:23 et aussi ces fameuses merguez qui font hurler
05:26 les puristes de la graine, qui parlent d'hérésie.
05:29 Vous avez raison, jamais, en effet,
05:31 vous ne trouverez une merguez dans les trois couscous
05:34 différents du Maghreb, l'algérien, le marocain et le tunisien.
05:37 Alexis aime les merguez, donc on a un couscous royal.
05:40 -Vous êtes en train de déguster ce couscous.
05:43 On voit que ça vous fait très plaisir,
05:45 et ça nous fait du coup immensément plaisir.
05:48 Mais est-ce que vous le trouvez bon ?
05:50 -Il n'est pas très chaud, je ne vous le cache pas.
05:53 Il est un peu tiède, mais c'est les contraintes de l'émission.
05:56 Mais malgré tout, il est bon. J'ai rajouté une bonne dose d'harissa.
06:00 -Vous aimez bien quand c'est un peu relevé ?
06:03 -De plus en plus. Et il se trouve que c'est le plat de cet hiver.
06:06 J'en ai mangé peut-être un jour sur deux,
06:09 et mes acteurs se moquent de moi
06:11 parce que je suis obsédé par le couscous.
06:13 Mais je suis ravi de le partager avec vous.
06:16 -Mais tous les couscous, ou c'est tous les deux jours couscous royal ?
06:19 -Non, pas forcément royal. Ça dépend.
06:22 J'adore les merguez, effectivement.
06:24 Je trouve que ça relève un peu le plat.
06:26 Il y a un petit côté épicé, un petit peu piquant,
06:29 qui va contraster avec la douceur de la sauce, avec les raisins.
06:33 D'ailleurs, les raisins, c'est pas forcément...
06:35 C'est un petit ajout à nous. -Ah !
06:37 -Il n'y a pas toujours des raisins.
06:40 -Il y a des raisins, parfois. -Et les...
06:42 -Et moi, j'ai vécu presque un an au Maroc,
06:44 encumulé, puisque je tournais dans une série
06:47 qui s'appelait "Le Kaboul Kitchen",
06:49 et qui se tournait à Casablanca.
06:51 -Donc là, c'était Maroc tous les jours.
06:53 -C'était Maroc tous les jours, mais pas couscous tous les jours.
06:57 Le couscous, au Maroc, c'est un truc familial.
06:59 C'est le plat de famille, pas ce qu'on mange dans les restos.
07:03 -C'est un plat de fête. -C'est un plat du vendredi soir.
07:06 C'est un plat du moment où on se retrouve.
07:09 -Et là-bas, on le mange à la main ? -Pas forcément.
07:12 -Pas forcément.
07:13 La tradition ancestrale. -En tout cas,
07:15 c'est le plat de famille. Chacun a son couscous.
07:18 Toutes les familles ont leur couscous.
07:20 -Vous mangez des tagines, des pastillas ?
07:22 -C'est plutôt tagine qu'on mange dans les restos
07:25 que je mangeais au Maroc. -La salade de carottes au cumin.
07:29 -Effectivement. Du cumin un peu partout.
07:31 Le cumin, j'ai adoré, et j'en ai trop mangé.
07:33 Maintenant, j'ai un petit... -Ah oui ?
07:36 -Trop de cumin. Tu le cumins,
07:38 ils en mettent sur toutes les viandes.
07:40 -Il n'y a pas de rejet du couscous ?
07:42 Si vous en mangez aussi souvent, vous allez être un peu ras-le-bol.
07:45 -J'en ai pas trop mangé. Le couscous, on ne s'en lasse jamais.
07:49 D'abord, les légumes.
07:50 Ce qui fait un bon couscous, c'est la variété des légumes.
07:53 Vous remarquez que là, il n'y a pas de céleri.
07:56 -Non. -Or, le céleri,
07:58 c'est un peu la facilité du couscoussier cheap.
08:01 Le céleri, c'est pas trop cher. On en met plein.
08:04 Quand vous recevez un couscous avec plein de céleri,
08:07 c'est pas bon signe.
08:08 -Ca coûte moins cher que là, où on voit qu'il y a beaucoup de courgettes.
08:12 -On a des petites carottes, des courgettes.
08:15 -Des navets. Parfois, dans les couscous d'hiver,
08:18 il y a des courges, du potiron, parfois.
08:20 Et puis, il y a parfois... -Ca, c'est des variantes, du coup ?
08:23 -Dans le Maghreb. Parfois, c'est un peu oublié en France.
08:26 On en mangeait beaucoup à Lyon, c'est le cardon.
08:29 Et dans certains couscous maghrébiens,
08:31 il y a du cardon.
08:32 Une espèce de plante, une tige un peu dure,
08:35 qui se cuisine.
08:36 A Lyon, on le faisait en gratin.
08:38 Souvent, on le retrouve dans les couscous,
08:41 dans certains couscous, au Maghreb.
08:43 -Je savais pas. Non, non, voilà, c'est...
08:45 -Je trouve que les viandes sont bonnes.
08:48 Ils souffrent d'être un peu tièdes, mais c'est un bon couscous.
08:51 -C'est une bonne adresse. -Le seul truc,
08:53 c'est qu'il y a beaucoup de sucre dans la sauce.
08:56 Ce serait parfait, hyper diète, mais dans la sauce,
08:59 elle est très sucrée. -C'est un peu calorique.
09:01 -Un peu calorique, si on rajoute, comme moi,
09:04 on peut manger ça à chaque fois.
09:06 -C'est un plat que vous mangez quand vous étiez petit ?
09:09 -Pas du tout. -Vous l'avez découvert plus tard ?
09:12 -Je l'ai découvert plus tard.
09:13 Aujourd'hui, je vis une belle histoire d'amour avec ce couscous.
09:17 -Avec ce couscous. -Exactement.
09:19 -Est-ce que vous savez le préparer ?
09:21 C'est un truc de faire le couscous, surtout la semoule.
09:24 Il y a un savoir-faire. -Bien sûr.
09:26 -Vous avez appris ? -Je suis vraiment une quiche en cuisine.
09:29 -C'est pour ça qu'on vous a invités.
09:31 -C'est pour ça.
09:33 Je cherche à me nourrir, donc merci de m'accueillir.
09:36 -Pour connaître vos astuces, vos petits trucs.
09:38 -Exactement. Je n'ai jamais préparé un couscous de ma vie,
09:41 mais c'est quelque chose à faire une fois.
09:44 -Vous savez faire le couscous ?
09:46 -Je ne sais pas faire le couscous.
09:48 -Je l'ai appris. Je n'arrive pas à faire de la semoule fine.
09:51 C'est souvent un travail de femme. Je ne sais pas si il faut voir
09:55 le patriarcat, mais c'est vrai que c'est souvent les femmes
09:58 qui roulent la semoule. Il faut un couscoussier,
10:01 mais il faut qu'il y ait plusieurs cuissons,
10:03 que la vapeur monte, et après, il faut mélanger.
10:06 On se brûle les doigts. En mettant les mains dans l'enfant,
10:09 il faut séparer. Et puis, rajouter...
10:11 Ce que m'avaient dit des cuisinières qui connaissaient
10:15 le couscous, c'est qu'il faut mettre de l'huile d'olive
10:18 que du beurre si on veut garder la semoule.
10:20 Le beurre peut rancir un peu si on la garde quelques jours.
10:24 C'est une petite astuce. -Bon type.
10:26 -Donc, si vous n'êtes pas en cuisine,
10:28 par exemple, si vous êtes chez vous,
10:30 il n'y a rien à manger, vous savez quand même
10:33 vous préparer un oeuf au plat,
10:34 vous ouvrez une boîte de conserve...
10:37 -Bien sûr, je sais faire le minimum nécessaire,
10:39 mais il se trouve que je suis beaucoup au resto,
10:42 je suis toujours avec des amis, j'ai une grande bande de potes.
10:46 Donc, si je ne suis pas au resto, je commande beaucoup à manger,
10:49 à tel point qu'une célèbre enseigne,
10:52 une célèbre app de livraison de nourriture
10:54 m'a déjà proposé par deux fois des solutions
10:57 pour mon entreprise, alors que je n'ai pas d'entreprise,
11:00 c'est juste moi qui commande de la nourriture.
11:03 -Peut-être qu'ils voudraient vous avoir comme figure
11:06 pour vendre leur entreprise...
11:08 -Ils n'en ont pas besoin,
11:10 je pense que ma consommation suffit déjà
11:12 à leur faire 30 % de leur chiffre d'affaires.
11:15 -Vous êtes jeune, vous devriez être déconstruit.
11:18 -Vous êtes gentil.
11:19 A quel niveau ? Au niveau de la cuisine ?
11:21 Ça n'a rien à voir avec un quelconque sexisme,
11:24 mais plutôt avec mes habilités personnelles.
11:27 -Vous êtes gourmand, vous n'avez pas envie de vous dire
11:30 "je dois le faire moi-même", vous n'avez pas de temps
11:33 car vous avez trop de boulot avec votre théâtre, votre cinéma...
11:37 Non, je pense que... Parce que moi, vous faites plaisir à voir.
11:40 Vous êtes l'un des rares invités qui se soucie des plats.
11:44 -On a l'impression que vous prenez beaucoup de plaisir.
11:47 -Je pense à la régie son, qui doit avoir un grand plaisir
11:50 à entendre mes bruits de mastication,
11:52 mais peu me chaud.
11:53 Il ne fallait pas m'inviter à manger à couscous.
11:56 -Vous avez de bonnes adresses à conseiller
11:59 à nos téléspectateurs en matière de couscous ?
12:01 -Oui, alors moi, j'ai mon petit pref.
12:04 -La Pique du Nord.
12:05 -Il se trouve que... On va parler de Passeport,
12:08 qui se joue au théâtre de la Renaissance,
12:10 à Strasbourg-Saint-Denis.
12:12 Il y a le bec fin, au bec fin,
12:14 chez Saïd, juste à côté,
12:16 et qui est... C'est vraiment gratos,
12:18 mais je l'aime particulièrement.
12:20 La sauce est bien comme il faut.
12:22 -C'est pas gratos.
12:23 -Les téléspectateurs y vont,
12:25 mais c'est pas la publicité.
12:27 -C'est mon petit pref, effectivement.
12:29 Des fois, je me fais livrer chez eux,
12:31 des fois, j'y vais.
12:33 Ils ont un couscous méchoui.
12:34 C'est pas une pièce...
12:36 C'est un espèce de pavé énorme, délicieux,
12:39 grillé comme il faut, au bec fin,
12:41 chez Saïd.
12:42 -Et toute la troupe aime partager le couscous,
12:45 sinon, vous leur imposez ça.
12:47 -Les forces. -C'est vrai.
12:48 -Les forces, non.
12:49 -Ils sont obligés de manger.
12:51 -On varie un peu, des fois,
12:53 mais parfois, on va aller chercher Thaï,
12:55 parfois, on va aller chercher Libanais.
12:58 Puis, le couscous, comme ils savent que c'est ma passion,
13:01 j'aime pas manger seul, donc je régale.
13:04 -Vous étiez le roi de la merguez,
13:06 mais il faut pas oublier le poisson.
13:08 En Tunisie, il y a le couscous de poisson
13:10 et le couscous aux poulpes.
13:12 Vous avez déjà goûté ? -Non.
13:14 -C'est sur l'île de Karnéra,
13:16 la grande île tunisienne.
13:18 Là, il y a un poulpe au couscous
13:20 et il y a ce choix au couscous de poisson.
13:22 -T'avais jamais goûté. -Le poulpe, on le faisait autrement.
13:26 Parce que, figurez-vous que quand j'étais jeune,
13:28 quand j'étais jeune, quand j'étais gamin,
13:31 on allait en vacances en Grèce souvent,
13:33 avec mes parents, tous les étés,
13:35 et moi, je pêchais le poulpe avec mon petit masque et mon tuba.
13:39 Et ma mère préparait ce qu'on appelle
13:41 octopo di stifado en grec,
13:43 c'est-à-dire une espèce de poulpe à l'étouffée
13:46 avec des oignons, tout ça,
13:48 et donc, on mangeait le fruit de la pêche.
13:50 C'est comme ça qu'on composait le poulpe.
13:53 Mon père, artiste peintre, plasticien,
13:55 il utilisait le poulpe, il prenait des morceaux de...
13:58 Il prenait sa propre encre, il la macérait dans son encre
14:01 et il les plaquait...
14:03 Pardon, excusez-moi, c'est le couscous.
14:05 C'est sur des grandes toiles blanches
14:07 et il arrivait à faire des oeuvres en utilisant le poulpe.
14:11 Donc, ce poulpe était entièrement utilisé.
14:13 -L'encre de sèche, quasiment. -L'encre de poulpe.
14:16 Qui est un poil différente que l'encre de sèche,
14:19 qui est extrêmement efficace.
14:21 Le poulpe avait un cycle complet d'utilisation,
14:23 mais je ne connais pas le couscous.
14:25 -C'est l'île de Kerkéna, en Tunisie, où il y a ce couscous.
14:29 -Vous nous avez parlé de la cuisine du monde,
14:32 mais pas du tout la cuisine traditionnelle française.
14:35 Elle vous plaît moins, celle-là, ou vous êtes lassé ?
14:38 -En fait, je pense que j'y ai été moins habitué,
14:41 ne serait-ce que parce que mes parents ont des...
14:44 Ma mère est anglaise et elle cuisinait
14:46 non pas de la cuisine traditionnelle anglaise,
14:49 mais de la cuisine méditerranéenne.
14:51 Mes parents se sont rencontrés en Grèce,
14:53 dans les années 70, et je pense qu'ils ont toujours eu
14:56 une âme à la fois de voyageurs et d'ouverture culinaire
15:00 et de manière générale au monde.
15:03 Donc, effectivement, ma mère, elle adore cuisiner
15:06 plutôt des baklava, des plats méditerranéens,
15:09 des tomates farcies, des trucs qui viennent plutôt de...
15:12 -Des poivrons farcis. -Exactement.
15:14 Et la cuisine anglaise, c'était plutôt ma grand-mère anglaise,
15:18 donc, chez qui on allait à Noël. -Qu'est-ce qu'elle préparait ?
15:21 -Noël, c'est... -La sauce à la menthe ?
15:23 -Cuisine du français chauvin, ça existe, la gastronomie ?
15:26 -Bien sûr. -Les beans ?
15:28 -Non, c'est une dinde rôtie, avec, par exemple,
15:30 des légumes rôtis, des panais, des carottes.
15:33 Moi, l'un de mes plats préférés, c'est un plat anglais,
15:36 qui est un gigot d'agneau avec deux sauces,
15:38 une sauce déglacée et une sauce à la menthe.
15:41 Si vous avez jamais mangé ça, je vous le conseille,
15:44 c'est un délice, cet alliage.
15:46 C'est une de mes viandes préférées.
15:48 L'agneau avec une sauce déglacée, une sauce à la menthe,
15:51 des patates rôties et des haricots verts, c'est extraordinaire.
15:54 La gastronomie anglaise existe. -La gastronomie polonaise,
15:58 il y a des choses qu'on peut découvrir, ici ?
16:00 -Sûrement. -C'est plus riche que...
16:02 -Votre papa cuisinait peut-être...
16:04 -Mon grand-père est arrivé de Pologne, il avait 2 ans.
16:07 Donc, il a émigré...
16:09 Enfin, son père a émigré de Pologne en 1926,
16:11 donc, du coup, il a grandi en France.
16:14 Donc, il n'y avait pas une tradition culinaire polonaise très ancrée.
16:17 En tout cas, elle n'est pas arrivée jusqu'à ma génération.
16:20 Mon père, ils se sont implantés dans le Nord,
16:23 vers Maubeuge, dans une région
16:25 où il n'y avait pas grand-chose, à vrai dire.
16:27 Mon arrière-grand-père était agriculteur.
16:30 Et donc, il y a quelques plats du Nord
16:32 qui ont survécu un peu.
16:33 Donc, mon père faisait... Mon père cuisine, lui, très bien.
16:36 Il fait un fricot de chou rouge, de temps en temps.
16:39 -Vous allez dire le chou. -Exactement.
16:42 Il fait des patates, des grosses saucisses,
16:44 un truc qui tient bien...
16:46 -Au costaud. -Un plat d'hiver.
16:47 -Oui. -C'est à peu près tout.
16:49 Et à part ça, j'ai pas vraiment de lien
16:51 avec la cuisine traditionnelle.
16:53 On mangeait pas vraiment de la blanquette,
16:56 on mangeait pas vraiment des plats.
16:58 Donc, j'ai toujours eu cet amour de l'extérieur,
17:01 des cuisines du monde...
17:02 -Cette curiosité, en tout cas, vers les cuisines étrangères.
17:06 -Pas encore. -Cuisine et autres.
17:07 -Et l'Asie, on a parlé de l'Afrique du Nord.
17:10 -Bien sûr. -Et puis la Grèce.
17:12 -Les Californiens ont un rôle. -Un peu tout.
17:14 -Et l'Asie aussi, vous êtes... -Oui, l'Asie, moi,
17:17 pareil, ado, c'était un peu les premiers restaurants sushi.
17:20 J'ai découvert les sushis, c'était pas comme aujourd'hui.
17:24 C'était un truc un peu particulier d'aller manger des sushis.
17:27 J'ai adoré. Encore une fois, ils étaient très ouverts.
17:30 Et aujourd'hui, moi, je suis fan de toutes ces gastronomies.
17:36 -Chine, Vietnam, Ames, sans doute.
17:38 -Oui, je connais une entrepreneure qui s'appelle Céline Chun
17:42 qui a créé Bao Family à Paris.
17:44 Plein de restaurants Bao. -C'est formidable.
17:47 -Délicieux, j'adore.
17:48 Moi, je me régale, et par-dessus tout,
17:52 ce que j'aime, c'est le côté un peu meze tapas.
17:56 J'adore...
17:57 -Pour le partage, pour l'ambiance ? -Absolument.
18:00 -L'envie de goûter. -Oui, oui.
18:01 Je suis allé beaucoup de fois au Liban,
18:04 à la cuisine libanaise.
18:05 Je suis allé aussi beaucoup de fois en Israël,
18:08 où on a des cuisines similaires sur plein d'aspects.
18:11 Toutes ces cuisines méditerranéennes
18:13 qui mettent à l'honneur le légume, qui rendent le légume un peu sexy,
18:17 où on utilise des aubergines, des patates douces,
18:20 et on y rajoute énormément de sauce.
18:22 J'ai découvert qu'on pouvait manger végétarien
18:25 et pourtant que ce soit un mélange de saveurs extraordinaire.
18:28 -J'ai un conseil pour vous.
18:30 Achetez l'ivre d'Otto Lenghi et mettez-vous à la cuisine.
18:33 -Si vous croyez que je l'ai pas,
18:35 vous cuisinez pas. -Vous l'avez la.
18:37 -Ouvrez-les. -Je fais quelques cuillers.
18:39 J'exagère. Je dis que je fais pas le couscous,
18:42 mais je sais faire de trop de trucs.
18:44 Je l'ai simple d'Otto Lenghi.
18:46 -C'est pas si simple que ça, mais...
18:48 C'est vrai. -J'ai quand même...
18:51 -Il y a plein de recettes. -Jérusalem aussi.
18:53 -Toute cette inspiration israélienne, turque.
18:56 C'est intéressant.
18:57 Faites-vous attention quand vous consommez,
19:00 de dire qu'il faut manger moins de viande ?
19:02 Il y a beaucoup de viande dans ce plat,
19:04 pour des raisons écologiques,
19:06 pour des raisons de bien-être animal.
19:08 Les légumes que vous aimez,
19:10 est-ce que vous vous dites qu'il faut consommer plus de bio,
19:13 de local ? -Oui.
19:14 De base, c'est ironique de dire ça
19:17 alors que je fais la fête à couscous,
19:19 mais je suis pas un gros viandard.
19:21 Je vais pas commander de la viande rouge,
19:23 c'est pas mon premier truc.
19:25 La viande que je consomme le plus, c'est clairement du poulet.
19:28 Et non, je suis...
19:31 J'adore, le soir, pouvoir manger des légumes,
19:34 et que des légumes, ça me convient très bien.
19:36 Sauf que, en restauration, c'est assez difficile
19:39 de trouver des plats...
19:40 On peut trouver des plats végétariens,
19:42 mais quand même, quand on arrive dans un resto,
19:45 on a plutôt tendance à avoir des frites et du riz
19:48 qu'une vraie variété de plats à base de légumes.
19:50 Et pourtant, je suis persuadé,
19:52 et je pense que c'est une autorité publique,
19:55 que la santé de tout le monde s'en porterait mieux.
19:57 -On va voir si vous êtes incollables.
20:00 C'est le quiz.
20:01 -Donc, avec ce sang britannique,
20:03 qui coule dans vos veines, Alexis,
20:05 vous êtes sans doute accro aux fish and chips.
20:08 Sauriez-vous nous dire si ces affirmations sont vraies ou fausses ?
20:11 A, le plus vieux commerce de fish and chips référencé
20:15 a ouvert en 1860 dans l'est de Londres.
20:18 -Oui, ça me semble tout à fait vrai.
20:21 -Oui, vrai. Mais Manchester, Dundee et Dublin
20:24 revendiquent aussi, bien sûr, la paternité du fish and chips.
20:27 B, la friture, comme technique de conservation du poisson frais,
20:32 est d'origine ottomane.
20:34 -C'est vrai ?
20:35 -Non, c'est faux, c'est d'origine juive.
20:38 C'est mentionné dans un livre de cuisine anglais
20:41 du 18e siècle.
20:42 Pas de fish and chips sans patates, bien sûr,
20:45 dont la culture arrive d'abord en Irlande.
20:47 -Bon. Est-ce que c'est vrai ou faux ?
20:49 -Oui. -J'ai tendance à dire
20:51 que c'est au Belgique, mais je vais peut-être me tromper.
20:54 -Alors, c'est... Je parlais du Royaume-Uni.
20:57 -Au Royaume-Uni, alors. Oui, c'est possible.
21:00 -Oui, c'est possible. C'est arrivé, et ensuite,
21:02 en Grande-Bretagne, au début du 19e siècle.
21:05 -C'était les plus pauvres, les Irlandais.
21:07 -C'est arrivé d'abord.
21:09 Entre les deux guerres,
21:10 qui est l'âge d'or du fish and chips,
21:12 l'aigle fin était le poisson roi
21:14 qui était consommé dans ces commerces.
21:17 -L'aigle fin ? Je sais que c'est le code,
21:19 mais je sais pas la traduction.
21:21 C'est l'aigle fin, le code ? Non, c'est du cabillaud.
21:24 -C'était le cabillaud. Bravo !
21:26 Ca fait combien ? 3 réponses sur 4 ?
21:28 -C'est pas mal. Attendez, deuxième quiz.
21:30 On va voir si vous êtes forts.
21:32 "Les hommes de théâtre sont friands de tirades ciselées,
21:36 "mais aussi de bonne cuisine.
21:37 "Sauriez-vous nous dire si ces affirmations sont vraies ou fausses ?
21:41 "A. Le parmesan était le fromage préféré de Molière."
21:45 -Le parmesan ? -Vrai ou faux ?
21:46 -Ca me semblerait étonnant.
21:48 -Aussi, mais c'est vrai. -C'est vrai ?
21:51 -Comment on sait ? -Incroyable.
21:52 Jean-Pierre, vous êtes sûr de votre réponse ?
21:55 -Qui vous a dit que le parmesan
21:57 ne me parlait pas au moment où je gère la boulette ?
22:00 -Justement, c'est plus drôle. -A quel moment ?
22:03 -Si c'est une boulette, Jean-Pierre ?
22:05 -Je l'ai lu et je l'ai vu, mais c'est pas étonnant,
22:08 car le parmesan est un vieux fromage italien.
22:11 A cette époque, les messes circulaient déjà,
22:13 il n'y avait pas de mondialisation,
22:15 mais c'est, pour Molière, le fromage préféré.
22:19 -B. Shakespeare considérait que le thé
22:22 était la boisson reine.
22:24 Vrai ou faux ? -Ca m'étonnerait.
22:26 Le thé, a priori, ça vient d'Inde, donc c'est un peu plus tard.
22:29 -Faux. La bière.
22:31 -La bière, évidemment. -Bien sûr.
22:33 -Il appelait le "mai des rois". -C'était son expression.
22:36 -C'était plus sûr de boire de la bière que de boire de l'eau.
22:39 On avait moins de chances d'attraper une maladie.
22:42 Au Moyen Âge, tout le monde était bourré le soir.
22:45 On consommait plus de bière que d'eau.
22:47 -Ou le vin.
22:49 Dans les grandes expéditions, on mettait du vin dans les soutes.
22:52 -Avec l'alcool, ça tuait les microbes.
22:55 -Le thé, c'est vraiment ma boisson.
22:57 Je ne bois que du thé froid, chaud, à tous les repas.
23:00 -A tous les repas. -Oui, j'ai chez moi...
23:02 Je me fais... -Quel genre de thé ?
23:04 -Je bois pas d'alcool.
23:06 De tous les thés, je me fais des grandes infusions,
23:09 soit infusions, soit thé.
23:10 J'aime le Earl Grey le matin, mais ça, c'est mon tiche.
23:13 -Vos origines britanniques.
23:15 -Les thés parfumés, il y en a plein.
23:17 Je les fais refroidir dans des grandes carafes.
23:20 -Glacés aussi ?
23:21 -Oui, froid, parfois, avec un petit peu de menthe.
23:24 Un petit peu de citron.
23:26 Sans sucre.
23:27 Mes amis savent que quand ils viennent chez moi,
23:30 ils ouvrent le frigo, il y a des jars de thé froid.
23:33 -On poursuit avec le canard,
23:34 qui était une viande détestée par Victor Hugo.
23:37 Vrai ou faux ?
23:38 -Je vais dire oui.
23:40 -Faux, c'était même son péché mignon.
23:42 Il adorait le canard.
23:43 -C'est un peu gras, le canard.
23:45 J'ai du mal avec le canard.
23:47 -Ça sent un peu, quand on le prépare à la maison.
23:50 -Le canard, c'est pas très gras.
23:52 C'est une viande.
23:53 -On peut enlever le gras, si vous enlevez la graisse.
23:56 C'est une viande maigre.
23:57 -Si on enlève le gras, ça n'a pas d'intérêt.
24:00 -C'est le gras qui va donner ce goût.
24:02 Mais sachez aussi, pour la petite histoire,
24:05 que c'est quand même un bon gras.
24:07 Il vaut mieux manger de la peau de canard
24:09 que de la graisse de porc.
24:11 -Le lobby du canard paye très cher cette émission.
24:14 -Ce n'est pas dans le lobby du canard.
24:16 -Il est sponsorisé par la filière canard.
24:19 -Il y a des recettes scientifiques sur le foie gras.
24:22 C'est un peu les mêmes vertus que l'huile d'olive.
24:24 Manger de la graisse de canard et du canard...
24:27 -Quand je mange de la graisse de canard,
24:29 j'ai besoin d'une sieste de 3h.
24:31 Ca me... Ca me... Ca m'a scié.
24:33 -C'est plus nocif que les autres.
24:35 -Je veux pas vexer les canards.
24:37 -Ca a pourri l'ambiance.
24:38 Alexandre Dumas était fan du poulet à la ficelle,
24:41 recette qu'il avait lui-même inventée.
24:44 -Poulet à la ficelle ?
24:45 -Poulet à la ficelle.
24:47 -Je sais pas pour le poulet à la ficelle,
24:49 mais c'est le poulet à la ficelle du vitre dont il était fan.
24:53 Ma mère est grande fan d'Alexandre Dumas.
24:55 Je lui ai offert un bouquin, "Les recettes d'Alexandre Dumas".
24:59 Il raconte...
25:00 -Vous avez pas vu si le poulet à la ficelle était dans ce livre ?
25:04 -Ca devait être, non ? -C'est vrai.
25:06 C'est vrai. Ce poulet à la ficelle.
25:08 -Qu'est-ce qu'ils disaient ?
25:09 -Ils le suspendaient,
25:11 et puis tous les orifices étaient bouchés et cousus, etc.
25:14 Ils le pendaient... Le croupier, on l'aire.
25:17 -C'était un gros mangeur.
25:19 -Il mangeait dans des proportions différentes.
25:21 -C'est souvent autour de la table
25:23 que se racontent les meilleures histoires,
25:26 que se fait la petite et la grande histoire,
25:28 et c'est la brève de comptoir.
25:30 Alexis Michalik, on vous a demandé de réfléchir
25:33 à une anecdote autour d'un repas.
25:35 Pouvez-vous nous raconter quelque chose ?
25:37 -J'aurais bien aimé vous trouver une anecdote autour d'un repas,
25:41 parce que c'est ma passion, le repas,
25:43 mais j'ai pas d'anecdote particulièrement politique.
25:47 Ce que je peux vous dire,
25:48 et c'est un segment vers ma pièce "Passeport",
25:51 puisque la plupart du temps, c'est autour de la table
25:54 que les sujets politiques arrivent,
25:56 et que les engueulades arrivent aussi,
25:58 qui n'a pas été, au cours d'une fête de famille,
26:01 dans une engueulade avec une génération différente,
26:04 avec des points de vue différents,
26:06 l'un plus réactionnaire, l'autre plus progressiste.
26:09 En général, je suis du côté progressiste.
26:12 Et là, dans "Passeport", l'une des scènes centrales
26:15 où ça parle de l'arrivée des réfugiés en France,
26:18 mais ça parle aussi de l'autre côté.
26:20 On va suivre un gendarme qui s'appelle Lucas,
26:22 qui est noir, né à Mayotte,
26:24 mais qui a été adopté par un couple de Calaisiens,
26:27 Michel et Christine.
26:28 Michel est un ancien militaire, un petit peu raide,
26:31 un petit peu réac, peut-être. -Un peu réac, oui.
26:34 -Et Lucas, donc, ce jeune gendarme,
26:36 va rencontrer une journaliste qui s'appelle Jeanne,
26:39 noire aussi, de parents maliens, mais qui a grandi en France,
26:43 qui est beaucoup plus politisée,
26:45 qui a déjà fait son chemin vers l'identité,
26:47 et qui va pousser Lucas à se poser des questions,
26:50 car il est neutre sur le sujet,
26:52 ayant grandi à Calais, dans un environnement blanc.
26:55 Et un jour, il l'amène à table.
26:57 -Avec la jungle de Calais aussi.
26:59 -Absolument. Lui, il est gendarme à la jungle de Calais,
27:02 et son job, c'est de retenir les réfugiés
27:05 qui essayent d'en sortir et de passer en Angleterre.
27:08 C'est la seule fonction des CRS qui s'y trouve.
27:11 -Lucas amène Jeanne à dîner pour la présenter à ses parents,
27:14 en ayant omis de dire à Michel que Jeanne était noire aussi.
27:18 Et Michel va se retrouver un peu perturbé
27:20 et va s'en suivre une discussion autour de la table
27:23 sur le sujet de l'immigration.
27:25 Je vous laisse imaginer quels arguments
27:28 chaque camp va avoir.
27:30 Jeanne, ayant un peu étudié le sujet,
27:32 elle va démonter un peu les idées reçues de Michel
27:35 à grands coups de chiffres et d'exactitude.
27:39 Et puis, du coup, c'est une sorte de métaphore,
27:41 enfin, pas de métaphore, mais d'exemple même,
27:44 d'une conversation qu'on peut retrouver,
27:47 si tentée, qu'en face de ces idées reçues habituelles,
27:51 on ait vraiment une source documentée
27:54 et très claire sur ce qu'est l'immigration,
27:57 sur ce qu'elle apporte à la société
27:59 et sur ses bienfaits et son aspect positif.
28:03 -Ca se termine comment, ce repas entre Jeanne et Lucas ?
28:07 -Le ton monte. Pour savoir comment ça se termine,
28:09 il faudra venir voir la pièce "Passeport".
28:12 -Vous nous faites une transition formidable.
28:15 Vous avez mis en scène cette pièce "Passeport"
28:18 au Théâtre de la Renaissance, qui se joue depuis le 26 janvier,
28:21 où Issa, un jeune érythréen, laissé pour mort dans la jungle de Calais,
28:25 entame une longue quête pour obtenir un titre de séjour.
28:29 Sa seule mémoire est le passeport qu'il porte sur lui.
28:32 Vous avez un partenaire, l'Association des Cuistots Migrateurs.
28:36 On vous parle de la migration par la cuisine.
28:38 C'est le "Dessous des plats".
28:40 -Ils viennent d'Afghanistan, d'Irak, de Syrie, du Mali, du Sri Lanka,
28:48 arrivés en France après des périples de plusieurs mois.
28:51 Ces réfugiés, aux talents de chefs, de cuisiniers,
28:54 font partager leurs traditions culinaires et leurs cultures
28:57 au sein de ces cuistots migrateurs, services traiteurs,
29:00 mais aussi écoles de cuisine, solidaires, écologiques.
29:04 Tout ça est né en 2015.
29:05 C'est un reportage à Montreuil de Clément Perreault
29:08 et de Cléa Joano.
29:09 Musique douce
29:11 ...
29:13 -Le monde entier dans une cuisine.
29:15 Chez les cuistots migrateurs,
29:17 traiteurs événementiels installés à Montreuil,
29:20 tous les chefs et tous les cuisiniers
29:22 sont ou ont été des demandeurs d'asile.
29:24 Chacun est venu ici avec sa recette
29:28 pour composer une carte hétéroclite.
29:31 -Recette du népalais.
29:33 Une poudre de lait et un champignon Paris.
29:37 -On a mixé avec de la sauce, du gingembre et de l'ail.
29:40 -La recette, c'est rien.
29:43 C'est du casque.
29:44 C'est du beurre, du yaourt,
29:46 de la raisinon, du sel et du beurre.
29:50 -C'est consécutif.
29:52 Un lait, c'est mariné,
29:55 c'est bouillé en sauce. C'est bon.
29:58 Musique douce
30:00 -Les cuistots migrateurs se présentent
30:03 comme une entreprise sociale.
30:04 Ici, tous les cuisiniers réfugiés sont embauchés en CDI ou CDD.
30:08 -Tu en es où ?
30:09 -L'idée est d'aider à leur intégration
30:12 en leur fournissant un travail fixe.
30:14 -C'est une idée qui nous est venue à l'automne 2015.
30:17 On a vraiment été rattrapés par l'actualité.
30:21 La crise migratoire devenait un sujet quotidien.
30:23 Les migrants toujours représentés comme un poids,
30:26 comme une menace. C'est une question complexe.
30:29 On a appris qu'il y avait du positif dans tout ça,
30:32 qu'on pouvait créer du positif,
30:34 à partir du moment où on donnait la chance aux gens
30:37 de montrer ce qu'ils apportaient.
30:39 -Plat exotique, fibre sociale, la recette est gagnante.
30:42 De plus en plus d'entreprises font appel aux cuistots migrateurs
30:45 pour leurs cocktails et buffets.
30:47 Depuis 4 ans, ils ont aussi monté une école de cuisine
30:51 basée sur le même concept.
30:53 200 élèves, tous réfugiés, suivent les cours.
30:56 Aujourd'hui, la séance de travaux pratiques
30:58 porte sur la préparation d'une pâte à nouilles.
31:01 -A l'instant, on agglomère, on réunit.
31:04 A vous ?
31:05 Prenez chacun une balance.
31:06 200 g de farine, 2 oeufs par personne,
31:09 une grosse pincée de sel.
31:10 -Beaucoup de ces élèves n'étaient pas cuisiniers
31:13 avant d'arriver en France, comme Maya, syrienne.
31:16 -J'étais journaliste.
31:18 J'ai décidé de commencer en cuisine.
31:21 C'est culturel, c'est le partage.
31:24 Voilà.
31:27 -Ils sont très attentifs, motivés.
31:29 Leur niveau de français est bon.
31:31 Ils ont eu un mois de français intensif
31:33 avec une prof avant d'arriver en cuisine.
31:36 Mais ils pourront aller sur le terrain,
31:38 ils pourront vite achoper un poste,
31:40 et ensuite, d'avoir un appartement et tout ce qui s'ensuit.
31:44 Effectivement, s'intégrer à la France.
31:47 -85 % des élèves trouvent un emploi durable
31:50 à la sortie de cette formation.
31:52 -Comment avez-vous découvert les cuistots migrateurs ?
31:55 Ca remonte à quelques années, à leur naissance ?
31:58 -Je vous cache pas qu'au moment où on a mis la pièce en chantier,
32:03 il se trouve qu'on va suivre Issa, ce réfugié érythréen,
32:07 et sa tentative d'intégration en France.
32:10 Et quand on n'a pas encore de papier, il n'y a pas 1 000 options.
32:13 Il y a plusieurs possibilités.
32:16 Ils peuvent travailler sur des chantiers au noir,
32:18 ils peuvent se retrouver à travailler
32:21 dans des entreprises de livraison de nourriture.
32:24 Et souvent, ils se retrouvent en cuisine.
32:27 Donc, Issa et ses amis vont se retrouver en cuisine
32:30 et vont être dans l'univers de la restauration
32:33 et apporter aussi leurs origines, leur culture
32:37 au monde de la cuisine et finalement, peut-être ouvrir un restaurant.
32:41 Donc, on s'est dit que ce serait chouette
32:43 de tendre la main à des associations,
32:46 ou en tout cas à des...
32:47 à des associations... -Structures.
32:50 -Ou des structures qui vont dans le sens de la pièce
32:53 pour avoir un accompagnement à la sortie,
32:55 pour que les gens, en sortant de la pièce,
32:58 se disent "ce sujet m'a touché,
33:00 "qu'est-ce que je peux faire ?"
33:02 On a des pistes de réflexion.
33:04 On a un partenariat avec le musée de l'immigration,
33:07 ce qui est super.
33:08 Et ensuite, ça nous semblait logique
33:10 d'amener les cuistes aux migrateurs.
33:12 -Ca veut dire quoi ?
33:14 Qu'ils proposent une alimentation à la sortie du théâtre ?
33:17 -Ils ont fait le pot de première,
33:19 mais dans l'idée, ils vont mettre en place,
33:22 de toute façon, il y a toujours un petit barbe au théâtre,
33:25 et on va pouvoir vendre des planches,
33:27 un truc comme ça, avec une offre...
33:30 -Pas de la charcuterie, des plats syriens.
33:32 -Est-ce que vous pouvez nous dire ce que vous avez mangé ?
33:35 -Oui, c'est délicieux.
33:37 Après, il y a les goûts personnels.
33:39 Là, ils parlent des brochettes d'Anette,
33:41 avec l'Iran, moi, l'Anette, je peux pas,
33:44 mais il y a plein de trucs...
33:46 C'est comme ça.
33:47 Il y a plein de trucs super bons.
33:49 C'est un mélange de plats de...
33:51 -De simple, mais de plein de...
33:52 -Le chiffre 8, c'est le chiffre symbole des cuistots,
33:56 parce qu'il y a 8 cultures, 8,
33:57 qui sont représentées par les recettes culinaires.
34:01 -La cuisine, c'est peut-être le meilleur moyen d'intégration
34:04 pour vous ?
34:05 -Encore une fois, j'aimerais bien que ce soit le meilleur moyen
34:09 d'intégration. On s'en est un, en tout cas, c'est sûr,
34:12 et pour eux, c'est l'une de leurs seules options.
34:15 On a vu l'une des filles du reportage qui dit
34:17 "J'étais journaliste en Syrie, je suis cuistot",
34:20 et il y a beaucoup de réfugiés,
34:22 et c'est une idée reçue à combattre,
34:24 cette idée qu'ils arrivent et qu'ils ne sont pas qualifiés.
34:28 Ils sont qualifiés pour la plupart.
34:30 -Vous maîtrisez la langue. -C'est une grosse barrière.
34:33 Il ne faut pas oublier que les réfugiés
34:35 qui veulent passer en Angleterre,
34:37 qui se retrouvent à Calais, en tout cas, dans ma pièce,
34:41 c'est ceux qui n'ont pas la langue française,
34:43 c'est pour ça qu'ils veulent passer en Angleterre,
34:46 soit pour rejoindre leur famille,
34:49 et l'Angleterre paie la France pour les empêcher de passer,
34:52 donc ils se retrouvent dans une situation
34:54 où après avoir traversé des milliers de kilomètres,
34:57 ils sont bloqués à Calais et ils doivent se dire
35:00 "Qu'est-ce que je fais ?" C'est le début du parcours du combattant.
35:04 -La jeune Syrienne est journaliste,
35:06 mais elle est enthousiaste, elle a l'air passionnée.
35:09 -Et elle transmet aussi sa culture.
35:11 -Ils peuvent aussi se réaliser dans ce métier.
35:14 -Bien sûr, bien sûr.
35:15 -Ca oblige à changer.
35:17 -C'est vrai que quand on est docteur en Syrie
35:19 ou architecte en Irak et qu'on se retrouve cuistot,
35:22 ça peut être vécu comme une...
35:24 -Vous vous imaginez dans un pays dont vous ne maîtrisez pas la langue
35:28 parce que la guerre a éclaté ici et que vous êtes partis sur les routes
35:32 sans savoir si vous allez revenir un jour,
35:34 et vous vous dites "Qu'est-ce qu'il me reste à faire ?"
35:37 -Je parie sur Jean-Pierre, c'est le meilleur d'entre nous.
35:41 Il va se mettre en cuisine dans n'importe quel pays.
35:44 -Il va se mettre dans le décor.
35:46 -La cuisine, si on n'est pas à la plonge,
35:48 si on est cuisinier, si on peut faire transmettre son...
35:51 C'est un métier passionnant.
35:53 Quand on reçoit des grands chefs, ce sont des garçons passionnés.
35:57 On sent qu'elle est passionnée par son nouveau métier.
36:00 -Je vous propose qu'on regarde un petit extrait
36:02 des répétitions de votre pièce "Passeport".
36:05 ...
36:35 ...
36:55 On va l'écouter un peu plus tard,
36:57 mais dites-nous pourquoi vous avez décidé
36:59 de traiter ce sujet de l'immigration.
37:01 C'est pas facile.
37:03 On est dans une actualité très forte en ce moment sur ce thème.
37:06 -Je pars jamais d'un thème.
37:08 Je me suis pas dit "Je vais parler d'immigration, d'afflux."
37:12 Je pars toujours de l'histoire.
37:14 L'histoire m'est arrivée il y a trois ans.
37:17 J'étais en Guadeloupe.
37:18 J'ai eu l'idée de la fin de la pièce,
37:20 que je vais pas dévoiler, évidemment,
37:23 mais cette fin m'a fait remonter un peu le cours de cette histoire
37:26 et la construire à rebours.
37:28 Je me suis dit qu'il faudrait que ça commence
37:31 dans la jungle de Calais,
37:32 un endroit que je ne connaissais pas très bien.
37:35 Enfin, pas plus que ce que tout le monde croit savoir.
37:38 -Vous êtes allé sur place ? -Non, parce qu'elle a été démantelée.
37:42 Ce qui m'intéressait, c'était la période 2015-2016,
37:45 au pic de sa fréquentation,
37:46 où il y avait entre 6 000 et 10 000 réfugiés.
37:49 Mais j'ai commencé à m'intéresser,
37:51 à lire à la fois des témoignages, des sites, des bouquins
37:54 sur le sujet, sur Calais, sur les réfugiés,
37:58 sur l'immigration en France et en général dans le monde,
38:01 et au fur et à mesure,
38:04 se dessiner un peu une pensée plus précise
38:06 des sujets que je voulais aborder.
38:08 Et puis, au début d'une histoire simple de suivre un réfugié,
38:12 c'est devenu quelque chose de plus large
38:14 et d'essayer d'aborder un prisme, on va dire,
38:17 de différentes personnes racisées
38:19 à différents degrés d'intégration en France.
38:21 Et c'est comme ça qu'a commencé à se dessiner
38:25 mon thème et mon histoire.
38:27 Et voilà, et comme moi, j'ai l'impression
38:30 d'être tout simplement touché par le sujet
38:33 pour diverses raisons, d'abord par le fait
38:36 de, je pense, mes origines multiples,
38:38 qui, même si elles ne sont pas visibles,
38:40 et donc c'est la différence,
38:42 parce que j'ai jamais souffert du racisme...
38:44 -La couleur de peau, en tout cas.
38:46 -Il n'empêche que j'ai grandi aussi
38:49 dans un quartier à la fois populaire
38:51 et très...
38:52 et multiculturel,
38:55 qui était le 18e arrondissement,
38:57 voilà, on va dire, entre Blanche et Barbès,
39:01 et qui était...
39:02 Et qui est ma vision à moi de la société française
39:05 et qui est une société mélangée,
39:08 multiethnique, avec...
39:10 Et c'est ce qui fait toute sa richesse.
39:12 Et voilà, mes amis...
39:14 J'ai jamais souffert du racisme,
39:15 mais beaucoup d'amis l'ont,
39:17 et donc c'est quelque chose qui m'a toujours porté,
39:20 touché et interpellé.
39:21 Je me souviens d'avoir...
39:24 Ma passion étant le théâtre,
39:25 d'aller à la fois découvrir des oeuvres
39:28 ados de Peter Brook, Ariane Nouchkine,
39:32 qui eux-mêmes mettaient des castings divers, variés,
39:37 venant de chaque pays, chaque univers,
39:39 qui avaient une grande inclusion dans leur spectacle,
39:42 et d'aller aussi découvrir des oeuvres dans le théâtre privé,
39:45 où, à la fois sur scène et dans la salle,
39:47 il n'y avait pas de personnes racisées,
39:49 il n'y avait que des Blancs, et ça me choquait,
39:52 c'était une vision de la France.
39:54 Donc, depuis le début,
39:55 j'essaye d'avoir des acteurs
39:58 qui sont d'origines diverses et pas...
40:01 -Justement, on avait la même question avec Brigitte.
40:04 C'est des anciens migrants,
40:06 c'est des migrants ou c'est des vrais comédiens ?
40:09 -Non, c'est des acteurs.
40:10 -Comme nous, on a vu que... -C'est vrai.
40:12 Ce sont des comédiens que je connais pour la plupart.
40:15 Il y en a cinq avec qui j'ai déjà travaillé,
40:17 trois sur "Un train muro", deux sur "Le porteur d'histoire",
40:21 Kevin Razy et Manda Touré.
40:22 -Ils viennent tous d'horizons différents.
40:25 -Ils viennent tous d'horizons différents,
40:27 mais ils sont tous des comédiens et des comédiennes.
40:30 C'est assez joli, parce que c'est une troupe multiculturelle.
40:33 Il y a... Voilà, Jean-Louis,
40:35 il est martiniquais, Isman, elle est marocaine,
40:38 Feysal aussi, Manda, elle est d'origine malienne.
40:41 Chacun amène ses origines,
40:44 mais voir une troupe aussi diverse
40:48 sur une scène de théâtre privé aussi belle que "La Renaissance",
40:53 c'est quelque chose de suffisamment rare
40:55 pour en être fier.
40:57 -C'est une pièce qui est politiquement engagée.
41:00 Vous l'assumez, vous, de faire un peu de la politique ?
41:03 -Je vous avoue que moi, j'ai toujours dit
41:06 que je n'étais pas un militant,
41:07 mais je ne suis pas militant parce que j'ai l'impression
41:11 d'enfoncer des portes ouvertes dès que je dis quelque chose de politique.
41:15 Le fait de gauche, ça a toujours été mes convictions,
41:18 et ça n'a pas changé.
41:19 Ma pensée politique, elle est assez claire,
41:21 l'endroit où je me situe est assez clair.
41:24 Il se trouve que ce sujet-là,
41:26 forcément, me pousse à me positionner à un moment.
41:30 Mais ce qui est presque terrible et ironique et paradoxal,
41:35 c'est que ce que je raconte dans cette pièce,
41:38 pour tous mes potes de ma génération,
41:40 c'est pas quelque chose de révolutionnaire,
41:42 c'est quelque chose de simple et d'acquis.
41:45 Pour tous les comédiens de mon âge,
41:47 on fait partie de la même mouvance.
41:49 Les acteurs de théâtre sont tous à gauche.
41:51 Et donc, il y a quelque chose
41:54 où, pour nous, c'est pas fou,
41:56 mais il y a 20 ans, quand Jean-Marie Le Pen passait au second tour,
42:00 on était un million dans les rues.
42:02 Aujourd'hui, chaque élection, on a le RN,
42:04 qui passe comme une fleur au 10e tour
42:06 et qui grignote de plus en plus de voix.
42:09 On a la même rencontre.
42:10 -Vous voulez faire des spectacles,
42:12 des mises en scène qui soient plus engagées ?
42:15 -Non, c'est pas ça.
42:16 Non, non, non.
42:18 Chaque oeuvre a sa propre identité.
42:20 -Mais là, c'est un peu le hasard
42:22 que ce soit tombé en plein débat sur l'immigration au Parlement.
42:25 -J'ai eu l'idée il y a trois ans,
42:27 et elle sort vraiment...
42:29 -Ca résonne avec l'actualité qu'on a vécue
42:31 à l'Assemblée nationale.
42:33 -J'espère que la pièce va durer longtemps.
42:35 J'espère aussi que cette loi va passer,
42:38 mais c'est une autre histoire.
42:40 Surtout, je pense que c'est un sujet
42:43 qui est presque éternel.
42:45 C'est-à-dire que, plus récent, évidemment,
42:48 parce que les grandes migrations, ça commence au 19e siècle,
42:51 et puis surtout, on a eu, dans les années 70,
42:54 toute l'immigration nord-africaine
42:56 qui a changé le visage de la France.
42:58 Avant ça, dans les années 50,
43:00 il y avait déjà des migrations polonaises,
43:02 italiennes, belges, européennes,
43:04 qui se voyaient moins,
43:05 et le racisme était peut-être moins fort.
43:08 Néanmoins, mais bon...
43:10 Mon père, il a grandi, dans les années 50,
43:12 dans le Nord, c'était les salles polaques
43:14 et les salles ritales.
43:16 Il y avait déjà ce racisme.
43:17 -Il y a un homme de gauche,
43:19 Michel Rocart, qui disait
43:20 "on peut pas accueillir toute la misère du monde,
43:23 "mais il faut y prendre sa part".
43:25 -C'est une phrase citée dans la pièce.
43:27 Et Jeanne, le personnage, répond.
43:29 C'est pas vraiment la misère du monde,
43:31 car les pays les plus pauvres ont leurs travailleurs qualifiés.
43:35 On peut pas accueillir toute la misère du monde,
43:38 car le pourcentage d'immigrés en France, c'est 10 %,
43:41 la moyenne de l'OCDE, c'est-à-dire l'Europe et les Etats-Unis,
43:44 c'est 13 %, le Canada et l'Australie, c'est 20 %,
43:47 donc on en est loin.
43:48 -Vous regrettez que le RN monte,
43:50 mais en partie à cause de la politique migratoire,
43:53 de l'immigration.
43:55 Est-ce que cette immigration est bien gérée,
43:57 bien contrôlée, en France ?
43:59 -Je me réfère à ce que je raconte dans la pièce,
44:02 parce que je suis un auteur, donc...
44:04 Ma parole est là,
44:05 mais je vais reciter un peu ce que je dis.
44:08 Moi, je pense que le vrai coupable,
44:10 c'est l'Etat et sa politique d'intégration déplorable.
44:13 Depuis toujours, pas là récemment,
44:15 on a toujours eu des choix qui étaient des choix terribles
44:19 et qui n'ont fait que continuer à diviser une opinion.
44:23 La politique migratoire, si elle était meilleure,
44:26 mieux pensée, plus accueillante, plus intégrante...
44:29 -Vous dites "plus d'immigrés".
44:31 -Oui, déjà, je dis "mieux intégrés, mieux accueillis".
44:34 -Vous l'avez dit aussi.
44:36 -Oui, plus d'immigrés, sinon on n'aura pas de quoi
44:39 payer les retraites dans 20 ans.
44:41 L'immigration, c'est une source positive.
44:43 En revanche, ce que je constate,
44:46 c'est que, pour moi, le coeur du problème,
44:49 ce n'est pas une question d'immigration,
44:52 c'est une question d'inéquité sociale.
44:54 C'est le coeur de tous les problèmes.
44:56 Et ça devrait être, à mon sens,
44:58 hors débat sur l'écologie et la planète,
45:01 je me mets dans une case à part,
45:03 mais ça devrait être le seul sujet
45:05 qui devrait être traité tout le temps,
45:07 H24, pour tout le monde.
45:09 Je pense que c'est la source de tous les maux
45:11 de l'inéquité sociale.
45:13 Je pense que ça devrait être...
45:15 Tout le reste, pour moi, c'est de la tartufferie.
45:18 C'est des procédés politiques pour dire
45:20 "parlons pas d'équité sociale,
45:22 "parlons plutôt des immigrés.
45:24 "Qu'est-ce que vous pensez des immigrés ?
45:26 "Laissez court à votre racisme.
45:28 "Parlons plutôt des conflits,
45:30 "parlons de Gérard Depardieu
45:32 "et de Jean-Michel Blanquer."
45:33 Pour moi, l'inéquité sociale,
45:35 elle ne vient pas des immigrés,
45:37 elle vient de cette politique
45:39 qui fait qu'ils sont condamnés
45:41 à mettre deux ou trois générations
45:43 avant de pouvoir espérer une amélioration
45:46 de leurs conditions.
45:47 L'inéquité sociale, c'est ce qui fait
45:49 que la pauvreté et les écarts de richesse s'accroissent.
45:53 Et quand les écarts de richesse s'accroissent,
45:55 la grogne monte, la colère monte.
45:58 Aujourd'hui, l'ERN récupère le vote ouvrier.
46:00 -Qui a été délaissé par la gauche.
46:02 -Qui a été délaissé par la gauche.
46:05 Alors qu'on a des écarts de richesse
46:07 de plus en plus importants,
46:09 il n'y a plus de gauche pour fédérer.
46:11 Mais attendez, le problème,
46:13 est-ce que ce ne serait pas juste
46:15 de mieux répartir les richesses,
46:17 d'avoir moins de colère
46:18 et d'avoir une société plus juste
46:21 et plus intégrante envers les minorités
46:23 les plus atteintes ?
46:24 Pour moi, c'est des choses
46:26 qui me semblent évidentes.
46:28 -C'était pour la partie très politique.
46:30 On va parler du dry january,
46:32 qui touche à sa fin.
46:34 Vous allez pouvoir ressortir les bouteilles d'alcool,
46:37 à moins que vous ne décidiez de ne plus y toucher.
46:40 Si la consommation d'alcool baisse,
46:42 près de 24 % des 18-25 ans dépassent les repères de consommation.
46:46 On en parle et on met les pieds dans le plat.
46:49 Une nouvelle tendance, les saubreliers.
46:55 Ils remplacent les saumeliers
46:57 avec, comme leur nom l'indique, la sobriété.
46:59 Pas d'alcool, mais des boissons à base de plantes ou de fruits.
47:03 Elles attirent de nouveaux adeptes
47:05 avec des menus dégustation d'un nouveau genre.
47:08 Hélène Bonduelle et Marion Devauchelle
47:11 ont tenté cette expérience culinaire.
47:13 -Premier saubrevache pour accompagner
47:15 cette première séquence.
47:17 Il s'agit de l'eau de cacahuètes grillées,
47:20 des pommes fermentées sur un levain d'olive.
47:22 -C'est vraiment surprenant.
47:24 C'est très bon, très doux.
47:26 -C'est beaucoup moins fort que ce que je pensais.
47:29 C'est un bel accompagnement.
47:30 -Deuxième saubrevache,
47:32 percolation de sarrasin grillé.
47:35 -Ce soir-là, les clients de ce restaurant
47:38 expérimentent un menu dégustation un peu spécial.
47:41 Un accord mets et boissons non alcoolisées.
47:45 -On a tout de suite un petit peu d'acidité
47:48 ou une note un petit peu plus haute du vin par rapport au plat.
47:52 Là, non, c'est vraiment le plat qui est exhalé par rapport à la boisson.
47:57 -C'est un choix de faire le dry-drainery
48:00 et de choisir un restaurant qui nous accompagne dans ce parcours.
48:04 -Ces breuvages, c'est Benoît Donofrio lui-même
48:08 qui les élabore.
48:09 Des fermentations, des macérations de fruits et céréales,
48:13 des infusions de légumes, de pain et d'épices.
48:17 Sommelier depuis 13 ans,
48:19 il est devenu ce qu'il appelle un sombrelier.
48:22 -Il m'est apparu de plus en plus insupportable
48:25 d'être une figure de restaurant
48:28 exclusive à une portion de gens
48:31 qui peuvent boire de l'alcool,
48:33 sachant que depuis que je fais ce métier,
48:35 j'ai toujours été confronté à des personnes
48:38 qui ne buvaient pas d'alcool.
48:40 Je me suis rendu compte que je n'avais pas prêté attention
48:43 à cette clientèle-là.
48:45 -Une clientèle de plus en plus nombreuse.
48:47 Le marché des boissons sans alcool a augmenté de 13 % l'an dernier.
48:51 -C'est nul.
48:52 -J'aime bien le souvenir. -D'accord.
48:55 -Cette boutique propose 500 références de boissons,
48:59 toutes sans aucun alcool.
49:02 -Vous avez tout ce qui est cocktail pour les refaire vous-même.
49:05 Du gin, du spritz, du rhum, de la maréto,
49:07 et plein de créations originales à base de plantes.
49:10 -Je viens chercher un cadeau pour un ami qui boit un peu trop d'alcool.
49:14 Il sera content d'avoir une bonne bouteille sans alcool
49:17 qu'il puisse apprécier.
49:19 Que du plaisir, quoi. Sans la gueule de bois, après.
49:21 -Mais ces boissons ont-elles vraiment de l'eau ?
49:24 Comme ce vin blanc désalcolisé, par exemple.
49:28 -Je suis assez surprise.
49:29 Il n'y a pas la longueur en bouche,
49:31 mais la première gorgée, ça ressemble quand même pas mal
49:34 à une version originale.
49:36 -Vous pourriez être tenté de faire un repas avec ce vin ?
49:40 -Oh oui. -Moi aussi.
49:41 -Oui, ça pourrait être une expérience.
49:45 -Peut-être si ça le permettait de boire moins d'alcool.
49:50 -Et un transfert, tout en ayant le plaisir
49:53 de baisser ma consommation d'alcool,
49:55 je pense que ce serait une bonne chose.
49:57 -Mon idée, à la base, c'était de dire que j'ai plus envie
50:01 de boire de l'alcool et de continuer à aller dans les bars,
50:04 sortir avec des amis en dîner, etc.
50:06 On est toujours limité à un jus de fruits,
50:08 à des sodas super secrets, et surtout proposer un nouveau récit.
50:12 Sortir du sang à l'alcool, qui est triste, punitif,
50:15 limité à la sécurité routière, etc.
50:17 -Et le concept fonctionne.
50:19 Le patron envisage même d'ouvrir
50:21 de nouvelles boutiques en France.
50:23 -Alors, vous, Alexis Michalik,
50:25 les accords "mais vin sans vin",
50:26 vous connaissez, vous êtes dry toute l'année.
50:29 -Je suis zéro alcool.
50:31 -Ca vous tente, ces concoctions-là ?
50:33 -On va goûter. -C'est le chef qui nous l'a préparé.
50:36 -J'aime pas le vin. -C'est du vin,
50:38 comme vous le voyez dans le reportage.
50:40 -C'est le même vin. -Vin blanc, désalcoolisé.
50:42 -Très bien. -Pas plus que ça ?
50:44 Vous aimez pas trop ? -J'aime pas le vin.
50:47 -Il y a pas d'alcool. -Il y a l'odeur.
50:49 Il y a un peu le nez du vin. -Je suis pas le vin.
50:51 -L'origine, qui est une... -Après, on bouche.
50:54 -Celui-là, on y va. -C'est le sobrelier
50:56 qui nous a concocté ça. -C'est le sobrelier.
50:59 -Il y a de la pomme, de l'olive... -Et surtout du clou de girofle.
51:02 -Attention, dégustation. -Il y a beaucoup de clou de girofle.
51:06 -Ca se sent. -C'est une concoction
51:08 à base de clou de girofle.
51:09 -Ca, c'était censé accompagner le couscous.
51:12 -D'accord, très bien. -C'est pour ça.
51:14 -Il faut le voir à corps-mets-boissons.
51:16 -Mets-plat. -Il faut aimer le clou de girofle.
51:19 Et vraiment, aimer beaucoup le clou de girofle.
51:22 -Je suis assez de l'avis du clou de girofle.
51:24 C'est peut-être un peu trop clou de girofle pour moi.
51:27 Je préfère le vin à la rigueur, mais à consommer avec gendarme.
51:31 -Je peux attaquer le dessert ? -On va commencer le dessert.
51:34 -C'est intéressant, cette renouveau du sans-alcool,
51:37 de voir ces vins. -Vous vous sentez moins seul
51:40 en soirée ? -Je suis sans-alcool.
51:42 -Vous devriez vous en féliciter, au lieu de faire la fiche.
51:45 -Je vois ce qu'il veut dire quand il dit "dans les bars,
51:48 "qu'est-ce qu'on boit ?" On a peu de choix.
51:51 Moi, je serais pro infusion et thé.
51:53 C'est le mieux. -Par exemple, en soirée,
51:55 ou quand vous allez boire un verre au bar, au café ?
51:58 -Je ne bois pas d'alcool. -Vous n'y allez pas pour un thé ?
52:01 -Oui, mais il n'y a pas de thé. Thé chaud,
52:04 mais il faudrait toute une gamme de thé froid.
52:06 C'est facile à produire et c'est ce qui coûte le moins cher.
52:10 -Vous devriez développer ce genre de nouveautés.
52:12 -Et surtout, sans sucre. C'est ça, le plus important.
52:16 -Alors, tout le monde a fini. On passe au dessert.
52:18 C'est le péché mignon.
52:20 -J'attaque. -On va aller vite.
52:24 Alex et Michalik voulaient juste une salade de fruits.
52:27 Il y a des kiwis, des petits raisins qui ressemblent à des olives,
52:31 des pommes. Vous n'aimez pas les desserts ?
52:33 -Je n'aime pas les desserts. -Parlez des baklava.
52:36 J'aurais préféré vous faire goûter des baklava.
52:39 -C'est quoi, Jean-Pierre ? -J'aime trop les desserts.
52:42 -Ah, c'est pour ça. -Oui, j'essaye de me maintenir
52:45 dans une... Voilà, dans un...
52:48 -Un niveau de poids. -Un mode de vie correct.
52:50 -C'est le dry, mais jusqu'au dessert.
52:52 -C'est plutôt le dry sugar. J'essaye d'éviter le sucre,
52:55 parce qu'effectivement...
52:57 -Vous aimez beaucoup les desserts, en fait.
53:00 Vous freinez. -Justement.
53:01 Mais là, depuis janvier,
53:04 je fais ma cure sans sucre.
53:06 Donc, les fructose, oui, pourquoi pas,
53:08 mais j'essaie d'éviter. -Si vous avez le droit,
53:11 on oublie le dry. -Qu'est-ce que j'aime ?
53:13 -Qu'aimez-vous comme dessert ? -Tout, la profiterole,
53:16 les baklava, les desserts, les pâtisseries marocaines,
53:19 je suis fan. Tout, quoi.
53:21 On a la chance, en plus de vivre en France,
53:23 quand même, dans chaque boulangerie,
53:26 on a à peu près tout ce qu'il nous faut.
53:28 Non, voilà, j'aime tout le sucre, moi.
53:31 Je peux manger des cookies,
53:33 mais j'amenais des cookies à mes comédiens
53:35 pendant les répétitions, etc.
53:37 Je le vois, on est tous mal, en souffrance.
53:39 -Quel est votre secret ? Vous êtes fit.
53:42 -Ah, bon. -La salade de fruits.
53:44 -C'est bien vu, une salade de fruits
53:46 après un couscous. -C'est vrai que c'est léger.
53:48 -Même si les fruits, normalement,
53:50 il vaut mieux les consommer entre les repas
53:53 qu'à la fin d'un repas, car à la fin,
53:55 ils fermentent un peu et se digèrent moins bien.
53:58 -On termine toujours cette émission en musique.
54:01 Vous avez choisi celle-là.
54:03 Musique douce
54:05 ...
54:15 L'histoire de cette musique a un lien avec "Passeport".
54:18 -C'est Sly Johnson,
54:19 qui est un musicien émérite, talentueux,
54:21 beatboxer, qui touche à tout,
54:23 et qui était un ancien du "Science" au Pacro,
54:26 et que j'ai vu faire à l'occasion des musiques de pièces.
54:30 Je suis allé le voir en lui disant
54:32 "Est-ce que ça t'intéresse de faire la musique de "Passeport" ?"
54:36 Il a lu le texte et il m'a dit "ça me plaît".
54:38 Il était avec nous en répétition et il a composé
54:41 toute la BO de "Passeport". -En regardant vos répétitions.
54:44 -C'est la chanson finale,
54:46 qui monte sur les cinq dernières minutes
54:48 et qui arrive jusqu'aux applaudissements.
54:51 Je pense qu'il va la mettre bientôt en ligne sur...
54:54 -On va la faire écouter, annoter les spectateurs,
54:57 et on va se quitter sur cette belle chanson.
54:59 Cette belle musique. Merci à vous, Alexis Michalik,
55:02 d'avoir accepté notre invitation d'un point de vue à table.
55:06 Merci à vous tous de nous avoir suivis.
55:08 On se retrouve la semaine prochaine
55:10 pour un nouveau numéro de "Politique à table".
55:13 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
55:16 Générique
55:18 ...
55:26 [SILENCE]

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