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00:00 Et pour en parler avec nous, Jean-Luc Perrin, vous êtes le président du syndicat de la FDSEA dans la Loire.
00:05 Quelle est selon vous la priorité justement parmi ces revendications ?
00:09 Oui, bonjour. La principale revendication, c'est la juste rémunération de nos agriculteurs.
00:16 Si on veut encore avoir des exploitations et de l'agriculture sur le territoire français et notamment sur le territoire ligérien,
00:23 ça passera par une juste rémunération de nos produits avec l'utilisation de nos outils que nous avons en place.
00:32 Pour illustrer justement ces difficultés dans la rémunération, on dit qu'il y a un agriculteur sur cinq qui est en dessous du seuil de pauvreté, vous confirmez ?
00:39 C'est vrai que les chiffres, on peut leur faire dire ce qu'on veut. Malgré tout, il y a une réelle difficulté par rapport en termes de revenus de nos agriculteurs.
00:49 Aujourd'hui, nous ne pouvons pas rester à la marge de la société. Il faut que nos entreprises dégagent des revenus.
00:57 Et ça, ça passe notamment par une juste rémunération de nos produits. Nos agriculteurs travaillent énormément.
01:02 Je pense par là à l'application de la loi EGalim avec la construction du prix en marchand.
01:10 Alors justement, cette loi EGalim, elle a été votée en 2018 pour apporter plus de revenus dans les exploitations.
01:15 Pourtant, vous avez encore bloqué le site de Lactalis la semaine dernière à Andrézieux-Boutéon parce que le prix n'y était pas.
01:21 Qu'est-ce qui ne fonctionne pas dans cette loi ?
01:22 C'est vrai qu'il y a longtemps que nous faisons remonter toutes ces mesures qu'on explique aux Français ces jours.
01:29 On fait remonter ça au gouvernement, au président de la République, au plus haut sommet de l'État.
01:35 On a une fin de non-recevoir. On a ciblé jusqu'à maintenant, on faisait que des opérations par à-coups.
01:43 Et la semaine dernière, on a ciblé Lactalis parce que c'est un transformateur qui ne respecte pas la loi EGalim.
01:55 Donc maintenant, on passe à un cap supérieur pour maintenir la pression.
02:01 On a passé une commande à notre Premier ministre. On a fait la liste de course.
02:05 Maintenant, on attend des réponses.
02:08 C'est sûr qu'il y a des réponses à court terme, mais il y aura des réponses à moyen terme et des réponses à long terme.
02:13 Est-ce que ça veut dire que vous n'êtes pas assez puissant face aux industriels ?
02:16 C'est pas qu'on n'est pas assez puissant.
02:18 Aujourd'hui, le système est fait de telle manière que c'est le distributeur qui fait le prix,
02:23 le transformateur qui prend sa marge et puis nous, on prend ce qui reste.
02:26 Tout le sens de la loi EGalim, c'est d'inverser la construction du prix et avoir un prix en marche avant.
02:30 Parmi les problèmes, on retrouve aussi les normes.
02:34 Qu'est-ce que vous leur reprochez à ces normes ?
02:36 On dit que l'agriculture française est la plus normée au monde.
02:39 C'est vrai, c'est vrai. L'agriculture française, malheureusement, est la plus normée au monde.
02:42 Alors c'est vrai que les normes, elles sont faites par l'Europe.
02:45 Mais l'Europe a sa part de responsabilité, mais malgré tout,
02:50 chaque état membre de l'Europe peut faire ce qu'il veut après avec ses normes,
02:53 mais pas diminuer par rapport à ce que dit l'Europe.
02:56 Il ne peut que les renforcer.
02:57 Que les renforcer. Et la France a ses facultés de les renforcer,
03:00 comme disait Coluche, d'être plus blanc que blanc.
03:02 Et ça, on dit un arrêt à la surtransposition des normes.
03:06 C'est ce qu'on appelle la surtransposition des normes.
03:08 Il faut arrêter ça, parce que nos exploitations deviennent
03:11 de moins en moins compétitives du fait de ces normes-là.
03:14 Et ça induit, du fait qu'elles sont moins compétitives,
03:18 de faire venir des produits qui traversent la moitié de la planète,
03:21 qui sont produits dans des standards de production
03:24 carrément différents des nôtres en termes sociétal, environnemental et sanitaire.
03:30 Et ça, on ne peut pas continuer comme ça.
03:32 Par exemple, quelles normes vous parlez, à Beyrond ?
03:34 Aujourd'hui, on veut nous classer nos territoires,
03:37 et notamment nos prairies, en zone humide.
03:39 Ça, c'est une directive européenne.
03:42 Le Danemark, 2% de la surface, l'Italie 1,3%.
03:45 Et nous, la France, on nous parle de 30%.
03:47 C'est une aberration.
03:48 Toutes ces surfaces qu'on va classer, on va figer nos exploitations.
03:52 Elles ne produiront plus rien.
03:54 Et si on produit moins, ça veut dire mieux de produits importés des autres pays.
04:00 Et moins de production, moins de revenus.
04:01 Forcément, c'est le serpent qui se mord la queue.
04:03 – Il y aura des blocages, demain dans la Loire, qu'est-ce qui est prévu ?
04:07 – C'est vrai que, bon, du coup, nous rentrons à un blocage.
04:09 Donc, on prend le niveau au-dessus.
04:13 Jusqu'à maintenant, on nous a fait plutôt des opérations ciblées.
04:15 Là, il faut à tout prix, c'est malheureux,
04:17 il faut qu'on bloque la France pour se faire entendre.
04:19 Ça, c'est vraiment désolant.
04:22 Donc, demain, nous bloquons la 72, à hauteur de la Fouillouse.
04:30 Pourquoi à cet endroit-là ?
04:32 Parce que c'est une autoroute qui arrive à la préfecture de la Loire,
04:37 qui est Saint-Étienne, donc c'est un point fort.
04:42 Par la même occasion, du fait que j'ai la parole,
04:44 je tiens à m'excuser sur les désagréments occasionnés par rapport à nos consommateurs.
04:48 Ce n'est pas eux qui sont ciblés, mais malgré tout,
04:50 malheureusement, comme je le dis, on est obligés de passer par là.
04:54 Nous avons décidé que ça ne dure pas très longtemps,
04:56 pas quelques heures, quelques heures pour notamment...
05:01 Le but, c'est de se faire entendre,
05:03 la rémunération de nos agriculteurs et nous laisser produire, à tout prix.
05:10 Merci beaucoup Jean-Luc Perrin d'être venu passer ses messages sur notre plateau.
05:14 Je rappelle que vous êtes le président de la FDSEA de la Loire
05:17 et face au blocage prévu sur la 72 à la Fouillouse demain,
05:20 la préfecture de la Loire demande aux automobilistes
05:22 de différer les déplacements non indispensables,
05:24 de privilégier le télétravail, de suivre les itinéraires alternatifs mis en place
05:29 et de rester calme au volant surtout.