Paul Duruisseau de Bassines Non Merci de la Vienne
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00:00 Bonjour Paul Durisseau.
00:02 Bonjour, merci pour l'invitation.
00:03 Alors vous êtes l'un des représentants de la Vienne de Bassines-en-Mercy.
00:06 Alors avant de revenir sur le dossier brûlant des Bassines, déjà,
00:09 quel regard portez-vous sur cette colère du monde agricole en ce moment ?
00:12 Cette colère, elle n'est pas nouvelle.
00:14 Nous, on comprend très bien cette colère au sein du monde paysan,
00:17 aussi bien sur les rémunérations que sur les conditions de travail, la reconnaissance.
00:21 Au sein de Bassines-en-Mercy, il y a des voisins de paysans,
00:25 des paysans aussi, des amis de paysans,
00:28 pas mal de personnes issues du monde agricole.
00:31 Donc nous, on comprend très bien cette colère,
00:33 on apporte notre soutien à tous ces paysans et paysannes qui sont en galère aujourd'hui.
00:37 Et voilà, on ne peut que soutenir ce mouvement.
00:40 Avec des représentants qui sont partis manifester ?
00:43 Avec des représentants qui sont partis manifester,
00:45 après on a vraiment un doute sur le fait qu'aujourd'hui,
00:49 la FNSEA reprenne en main et utilise ce mouvement,
00:53 notamment dans une perspective électoraliste,
00:55 parce qu'on sait qu'à la fin de l'année, il y a les élections de chambres,
00:58 et qu'on pense que la FNSEA est en grande partie responsable aussi de cette situation,
01:04 avec ses logiques d'accaparement des terres et de l'eau.
01:07 Alors justement, sur la question de l'eau,
01:09 c'est une inquiétude qu'on entend énormément chez les agriculteurs en ce moment,
01:13 qui disent être inquiets pour les prochaines années sur le manque d'eau en France,
01:17 et notamment dans le Poitou.
01:18 Alors si vous n'êtes pas d'accord forcément sur les solutions en face,
01:20 on sent quand même qu'il y a un mal-être et une prise de conscience
01:22 de toute la profession sur ces questions-là.
01:24 - Ah c'est clair, il y a un vrai problème sur la ressource en eau dans notre région,
01:29 depuis les années 90, ça a été reconnu par le Conseil d'État,
01:33 il y a un vrai déficit chronique sur la ressource en eau,
01:37 entre ce qui est pompée et nos besoins.
01:39 Après le problème c'est que le monde agricole a aussi fortement,
01:44 enfin en tout cas une partie des agriculteurs ont fortement contribué à cette situation,
01:48 en développant l'irrigation intensive,
01:50 et en utilisant à outrance des pesticides et les intrants chimiques,
01:55 qui ont fait qu'aujourd'hui il y a une partie des nappes dans notre région
01:58 qui sont contaminées par des fongicides.
02:00 - Oui on en parlait avec le préfet justement,
02:02 le gouvernement demande justement à ses agriculteurs
02:04 de réduire le nombre de produits phytosanitaires utilisés au quotidien.
02:09 - Oui c'est dans le discours, dans les faits,
02:11 le préfet de la Vienne récemment, il y a quelques semaines,
02:14 a empêché un contrôle sanitaire par une autre instance d'État,
02:17 qui était menée dans des fermes,
02:19 et qui a empêché un contrôle sur le fongicide chlorotadionyl,
02:22 qui a contaminé notamment la nappe de Cuyon et Saint-Jean-des-Ambières.
02:25 - Parce qu'il y avait des soupçons que potentiellement il était encore utilisé,
02:27 alors qu'il est interdit en France depuis 4 ans maintenant.
02:30 - C'est ça, depuis 2020 il est interdit,
02:32 il a été utilisé pendant plus de 50 ans dans notre région,
02:35 et ça c'est un gros problème.
02:38 Aujourd'hui nous on pense qu'il y a pas mal d'agriculteurs,
02:40 parce que c'est eux les premiers à impacter aussi,
02:42 qui sont prêts à faire ces changements,
02:44 mais on aimerait bien que ce soit la priorité,
02:46 plutôt que d'investir massivement dans des méga-bassines,
02:48 et de les massiver massivement,
02:50 pour qu'ils puissent changer de pratique agricole,
02:52 et qu'ils puissent sortir de l'usage de ces pesticides.
02:54 - Alors justement l'eau et ses bassines,
02:56 ça pourrait être ce mouvement un sacré coup d'accélérateur pour leur construction,
02:59 le ministre de l'Agriculture en l'évoquait,
03:01 a promis d'aller plus vite avec une présomption d'urgence,
03:04 pour que les contentieux soient jugés plus rapidement.
03:07 Comment vous les avez reçus déjà ces annonces du ministre ?
03:10 - Nous on pense qu'il faut plutôt accélérer la transition agro-écologique,
03:14 et que les bassines ne font pas partie des priorités
03:17 pour développer cette agriculture vertueuse pour le cycle de l'eau,
03:21 et tous les paysans et les paysannes.
03:23 - Mais ça vous inquiète quand il dit qu'on va aller plus vite sur la construction des bassines ?
03:26 - Est-ce que ça m'inquiète ?
03:28 Nous en tout cas on est sûrs de nos forces et du mouvement,
03:31 ça fait des années que ces bassines sont censées être faites,
03:34 et puis en fait on voit de plus en plus,
03:36 il y a une conscience dans l'opinion publique,
03:38 sur le fait que c'est un vrai problème de pomper massivement dans les nappes phréatiques,
03:42 pour remplir ces cratères bâchés.
03:44 - Le ministre dit qu'on ne peut plus attendre 10 ans pour qu'un projet voit le jour ?
03:47 - Là pour le coup il faudra qu'il attende un petit moment,
03:52 parce que la mobilisation est très présente,
03:55 on ne va pas s'arrêter, il y a encore une mobilisation qui est prévue l'été prochain,
03:58 dans les Deux-Sèvres, en tout cas dans le Poitou,
04:02 puisqu'il n'y a pas encore de lieu qui a été annoncé,
04:04 donc eux ils veulent accélérer,
04:06 nous on pense qu'il faut accélérer la transition écologique,
04:08 et on fera tout pour se mobiliser, pour empêcher.
04:11 - Est-ce que vous êtes inquiet, il y a 24 projets de bassines qui sont en cours dans la Vienne,
04:14 ça veut dire que potentiellement ça pourrait aller très vite dans les prochains mois ?
04:17 - Alors initialement il y avait 41 projets de bassines,
04:20 maintenant il n'y en a plus que 30, même peut-être moins maintenant.
04:23 - Oui parce que 6 ont été rejetés par le tribunal administratif.
04:27 - Voilà, il y a un recours, puisque le préfet a fait appel de cette décision,
04:32 ce qui prouve bien qu'il y a encore énormément de contentieux juridiques,
04:35 contrairement à ce qu'il dit.
04:36 - Justement, on pourrait aller plus vite sur les contentieux.
04:38 - Si on brade et qu'on ne prend plus en compte les enjeux environnementaux,
04:43 si on ne prend plus en compte la vie des citoyens et des citoyennes,
04:46 oui on peut aller plus vite, si c'est fait au détriment de la démocratie,
04:49 de notre santé, de la santé publique et de notre cadre de vie,
04:54 oui on peut aller plus vite.
04:55 - Notre invité ce matin est l'un des représentants de Bassines non merci dans la Vienne,
04:59 Paul Duruisseau, faut-il aller plus vite dans la construction des bassines ?
05:02 Faut-il stopper ces projets ? Vous avez la parole au 05 49 60 20 20.
05:06 - On a justement quelques réactions d'auditeurs sur notre page Facebook.
05:09 Cet auditeur qui dit "On regarde toute l'eau partir à la mer en ce moment,
05:12 ça fera des souvenirs quand il y aura une sécheresse".
05:14 Paul Duruisseau, sur le même sujet, je vous propose d'écouter le préfet
05:17 qui était hier à votre place et qui annonçait de nouvelles retenues d'eau
05:20 dans le département, plus petites, avec là la possibilité de capter directement dans les cours d'eau.
05:24 - Il faut avoir des stratégies multiples,
05:26 parce que tous les agriculteurs ne sont pas au bord d'un cours d'eau.
05:28 Et donc pour certains, il s'agira de pouvoir capter dans des nappes,
05:32 pour d'autres de prélever en cours d'eau.
05:34 Et on le voit bien, avec la pluviométrie de cette année,
05:36 ça aurait permis de remplir bien des espaces de stockage.
05:39 - Alors Paul Duruisseau, prélever dans les cours d'eau pour remplir les bassines,
05:43 est-ce que ça ne serait pas la solution finalement ?
05:45 - Alors la première chose, je pense, c'est qu'ils ont annoncé plus de 20 millions d'euros
05:48 pour accélérer ces projets.
05:50 - Pour le fonds hydrologique, effectivement.
05:52 - Il faudrait utiliser ces 20 millions d'euros pour donner des cours de hydrogéologie au préfet
05:56 et à quelques gros agriculteurs qui ont l'air de ne pas vraiment comprendre comment ça fonctionne.
06:01 Je pense que, est-ce que c'est intéressant de pomper dans les rivières ?
06:05 Ça, il faut se poser la question notamment au niveau de l'estuaire de la Loire,
06:08 parce qu'en fait, pomper dans une rivière,
06:10 et si on prend en compte l'impact cumulé de ces pompages sur l'ensemble d'un bassin versant,
06:14 en fait il faut voir quel effet ça a sur l'estuaire, sur l'ensemble du bassin versant de la Loire.
06:18 - Alors sur un des chiffres qu'il a donné hier, par exemple il a dit que sur tout le flux d'eau,
06:21 tous les mètres cubes qui passent par le clin chaque année,
06:23 pour remplir les réserves, il en faudrait seulement 1,3% de l'eau qui passe par le clin.
06:28 Ça paraît très peu au final.
06:30 - Il faut bien savoir d'où est-ce qu'il prend ces chiffres,
06:33 et puis savoir vraiment s'il comprend...
06:37 - Mais ça, ce n'est pas sûr, parce que là on a vu des inondations de cet automne,
06:41 et même en début d'hiver, on a vu tous les cours d'eau déborder,
06:44 on a vu toute cette eau partir après à l'océan,
06:46 c'est vrai qu'on n'arrive pas à la capter,
06:48 ça pourrait être plus simple qu'à la capter directement dans les nappes,
06:51 où l'eau s'infiltre, prend plus de temps ?
06:53 - Alors plusieurs choses. Déjà, ces crues, elles sont utiles.
06:56 En fait, on a besoin des crues, elles participent de la recharge des nappes.
07:00 Donc en fait, ces crues, elles sont utiles pour la recharge des nappes,
07:05 et pour l'ensemble de la biodiversité,
07:07 et pour recharger les nappes dont on a absolument besoin pour vivre ici.
07:11 Ensuite, cette eau, elle part à la mer,
07:13 oui, en partie, la réalité c'est qu'on a besoin aussi qu'il y ait un débit
07:18 sur l'ensemble de ce bassin versant,
07:21 qu'il faut arrêter d'être centré sur un territoire extrêmement restreint,
07:25 et il faut plutôt prendre la question de ce débit sur l'ensemble du bassin versant de la Loire,
07:31 dont le Clun et la Vienne, la Creuse, sont des sous-bassins versants.
07:35 - 7h55 sur France Bleu Poitou, Théo Cobell, nous avons André qui nous appelle d'un grande.
07:40 Bonjour André ! - Bonjour André !
07:41 - Bonjour ! - Allez-y, vous pouvez poser votre question.
07:44 - Ma question, c'est pourquoi on n'arrive pas à faire des bassines dans la Vienne,
07:48 dans le département de la Vienne, des Deux-Sèves, des Charentes-Lorraine-Maritime,
07:53 pour permettre justement aux agriculteurs d'avoir de l'eau au moment des sécheresses,
07:59 et que cette eau puisse resservir dans les périodes de grande sécheresse ?
08:04 Il y a trop d'eau, c'est ce que vous avez dit tout à l'heure dans le Marais-Poit-de-Vin,
08:08 cette eau ne peut pas s'écouler.
08:10 A Paris, on a trouvé le moyen de mettre en amont des bassins de rétention,
08:15 pour ne pas inonder la ville de Paris,
08:17 et bien écoutez, on n'a qu'à faire la même chose ici, et cette eau servira à tout le monde.
08:22 Aux agriculteurs et aux consommateurs.
08:25 - Merci beaucoup pour votre question André-Paul Duruisseau, pour répondre à ce qu'il vient d'être dit.
08:29 Des bassins de rétention pour éviter les inondations, qui serviraient à la suite pour les agriculteurs ?
08:33 - En fait, il n'y a pas trop d'eau.
08:35 C'est vraiment une idée reçue, il n'y a pas trop d'eau dans le bassin du Klein.
08:38 En fait, le bassin du Klein est reconnu zone de répartition des eaux,
08:41 c'est-à-dire en déséquilibre chronique entre les pompages et les préliments depuis 1994,
08:46 et donc il n'y a pas un excès d'eau.
08:48 Et lorsqu'il y a des crues, en fait ces crues elles sont souvent dues à l'arrachage des haies,
08:53 à des aménagements qui sont inappropriés, qui favorisent ces crues dans des zones où on ne les voudrait pas.
08:59 Donc il faudrait développer et avoir une véritable stratégie pour empêcher le ruissellement excessif,
09:06 replanter massivement des haies et des arbres, comme nous on a commencé à le faire en décembre dernier.
09:11 Et donc déjà, commençons à faire ça, et pour les agriculteurs, oui, je suis d'accord,
09:16 il faudrait trouver des solutions, et dans tous les rapports, toutes les études,
09:19 toutes les études scientifiques, les bassines ne font pas partie des solutions prioritaires
09:25 pour résoudre le problème de l'eau dans le département.
09:28 Merci beaucoup Paul Durisseau, je rappelle que vous êtes représentant de bassines dans le département de la Vienne.
09:33 Merci à vous.
09:34 7h57 sur France Bleu Poitou, vous connaissez le groupe Queen, incontournable,
09:42 Allez-y, chantez !
09:44 *Bruit de tirs*