Le pari indien d’Emmanuel Macron

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ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce jeudi, il s'intéresse aux enjeux de la visite d'Emmanuel Macron en Inde.   Retrouvez "L'édito international" sur : http://www.europe1.fr/emissions/vincent-hervouet-vous-parle-international LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video                                                                  Retrouvez-nous sur :                                 | Notre site : http://www.europe1.fr                                 | Facebook : https://www.facebook.com/Europe1                                 | Twitter : https://twitter.com/europe1                                 | Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts                                 | Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Transcript

00:00 - Mais d'abord l'édito international sur Europe 1, bonjour Vincent Herouet. - Bonjour Dimitri, on dit namasté.

00:05 - Ah oui c'est vrai, on dit namasté. En Inde où se rend Emmanuel Macron ? Il est en route, il y va pour deux jours,

00:11 aujourd'hui, demain, il est convié à la fête nationale.

00:14 - Alors évidemment on se demande ce que fait le président sur la route des Indes alors que les tracteurs

00:18 paralysent les autoroutes ici. A Delhi,

00:21 depuis 75 ans, un défilé militaire marque la journée de la République.

00:26 À chaque fois, un autre de marque est invité et tous les présidents français ont ainsi été honorés. Cette année,

00:32 Joe Biden aurait dû s'asseoir aux côtés de Narendra Modi,

00:36 in extremis l'américain a déclaré forfait. Il n'a pas donné de raison mais son agenda est surchargé. Il y a Gaza, il y a l'Ukraine, il y a les

00:44 primaires, il y a la fatigue accumulée et puis le FBI est furieux parce que les services secrets indiens

00:49 ont tenté de liquider un activiste Sikh aux Etats-Unis. En tout cas,

00:54 au débeauté, à la veille de Noël, Emmanuel Macron a accepté de le remplacer.

00:58 Difficile un mois après de se désister. Et puis,

01:02 Narendra Modi était à la Concorde le 14 juillet, Macron est à Delhi le 26 janvier. Il y a une logique à l'oeuvre, c'est la relation

01:10 stratégique privilégiée. Et c'est très concret, la France a ouvert ses portes,

01:15 ses portes de l'océan indien à la... ses ports, pardonnez-moi, de l'océan indien à la marine indienne.

01:21 Et elle lui a vendu des Rafales marines, des sous-marins Scorpène, elle est sur le point de lui en vendre d'autres.

01:27 Il s'agit pas seulement de signer des contrats comme il y en a déjà dans le nucléaire civil,

01:32 dans le spatial. 39 des entreprises du CAC 40 sont implantées en Inde. Il y a aussi un pari français,

01:39 un pari macronien,

01:41 accompagner la montée en puissance de l'Inde dans cette région devenue le centre du monde.

01:45 - Alors, cependant, il y a un prix à tout ça, ne rien dire sur les droits de l'homme et les droits des minorités.

01:49 - Le dernier président américain à assister au défilé, c'était Obama. En 2015, Narendra Modi venait d'accéder au pouvoir.

01:56 L'américain l'avait choqué en le mettant en garde sur les discriminations religieuses

02:01 sur les musulmans et les chrétiens traités en citoyens de seconde zone.

02:06 Depuis dix ans, Modi a mis en place un régime autoritaire qui exalte le nationalisme hindou.

02:12 85% des indiens sont hindous et le plébiscite, tout est fait pour effacer

02:19 l'humiliation coloniale, c'est-à-dire effacer les douze siècles où les hindous ont été dominés par des sultans musulmans,

02:25 puis par la compagnie des Indes, puis l'Empire britannique.

02:28 - Alors, il ne s'agit pas seulement de rebaptiser quelques monuments et de réécrire l'histoire, ça va assez loin.

02:33 - Cette semaine, un seuil symbolique décisif a été franchi.

02:38 Le premier ministre a célébré le rituel qui a rendu au dieu Rama le temple où il est né.

02:44 Grandiose cérémonie lundi dans la ville d'Ayodhya qui est comme le Vatican des hindous.

02:50 Une mosquée avait jadis été construite en lieu et place du temple,

02:54 comme dans toutes les villes saintes de l'Inde d'ailleurs, c'était au 16e siècle,

02:57 et il y a 30 ans des fanatiques l'ont rasé, ça a provoqué d'ailleurs un déchaînement de violence.

03:02 L'équivalence serait de raser l'esplanade des mosquées, d'y reconstruire le temple de Jérusalem ou de rendre Sainte-Sophie

03:11 aux orthodoxes. Lundi, Narendra Modi a dévoilé la statue noire du dieu Rama et il a décrété

03:18 l'avènement d'une nouvelle ère.

03:21 En fait, Emmanuel Macron ressemble un peu à Christophe Colomb qui croyait gagner les Indes et se retrouva aux Amériques.

03:27 Le président pense débarquer dans la plus grande démocratie du monde, une "start-up nation", une république laïque,

03:33 alors qu'en fait il plonge dans une nation qui a choisi de résister à la mondialisation en s'arc-boutant

03:39 sur son identité religieuse. Se méfier des apparences,

03:43 c'est une grande leçon indienne, mais il n'y a pas besoin d'aller dans un ashram au bout du monde,

03:48 regardez attentivement votre cochon d'Inde et vous verrez que ce n'est pas un cochon et qu'il n'est pas indien.

03:56 - Il a osé.

03:58 Signature Europe 1 Vincent Herouette. Merci beaucoup Vincent. 7h46.

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