• l’année dernière
La mobilisation des agriculteurs s'est amplifiée ce mercredi et s'est étendue à d'autres régions, dans le but d'obtenir des réponses du gouvernement sur la question de leur rémunération, l'accumulation de normes ou encore sur la taxation du gazole non routier

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Transcription
00:00 Oui absolument, depuis environ 17h cet après-midi,
00:03 l'A35 au niveau d'un échangeur très stratégique ici autour de Strasbourg
00:07 a été bloqué par environ 400 tracteurs.
00:10 Pour vous donner une idée, c'est 4 à 5 fois plus que les mouvements
00:14 des années précédentes. C'est pour vous dire le niveau du ras-le-bol ici
00:17 chez les agriculteurs dans le Barin.
00:19 Alors beaucoup de monde ici, c'est très organisé.
00:21 Il y a des braseros, il y a des barbecues,
00:24 il y a des endroits pour pouvoir passer la nuit ici ce soir.
00:27 Un peu de vin rouge aussi, on ne va pas se mentir, il faut quand même
00:30 se rafraîchir et rester de bonne humeur pour la nuit.
00:32 Et puis il y a eu des prises de parole, notamment du président de la FDSEA
00:36 du Barin, qui a parlé de deux revendications principales ici.
00:39 D'abord, le plus de souplesse sur ces fameuses normes dont on parle
00:43 depuis maintenant plusieurs jours, et notamment pour s'adapter davantage
00:47 aux aléas météo par exemple, pour s'adapter aussi
00:50 au reste des pays européens qui parfois ont beaucoup moins de normes
00:53 qu'ici en France. Il y a aussi une autre revendication très importante,
00:56 c'est celle de la maîtrise un peu plus de l'inflation
01:00 pour pouvoir amortir par exemple le prix de l'engrais à céréalier.
01:05 On me disait tout à l'heure que le prix de l'engrais a été multiplié par 3
01:08 depuis la guerre en Ukraine. L'inflation sur les produits de nourriture
01:13 aux animaux, voilà leur revendication principale.
01:15 Mais on va en parler un petit peu aussi avec Joana Traou,
01:17 qui est une jeune agricultrice, éleveuse de bovins viande
01:21 et céréalière aussi. Vous avez repris l'exploitation de votre famille
01:24 il y a maintenant 6 ans. Quelle est votre revendication principale
01:29 à vous principalement ? Pourquoi vous êtes ici ce soir sur la 35 ?
01:32 Je suis là parce que je veux vivre de mon métier.
01:34 J'ai repris effectivement l'exploitation familiale,
01:37 mais au-delà d'être une passion, c'est quand même mon activité,
01:40 c'est mon entreprise et j'ai envie de pouvoir la transmettre également
01:42 à mes enfants. Du coup, pour moi, vivre de mon métier, c'est important.
01:46 Et aujourd'hui, malheureusement, on n'arrive plus à vivre de nos métiers.
01:48 Vous me disiez que l'administration aujourd'hui vous prend une journée
01:51 alors qu'il y a encore quelques années, c'était 2-3 heures par jour.
01:53 Ça veut dire moins de temps passé avec vos animaux et dans votre activité principale ?
01:57 Effectivement, l'administratif, il y a encore une dizaine, une quinzaine d'années en arrière,
02:00 c'était effectivement 2-3 heures par semaine qui étaient consacrées.
02:03 Aujourd'hui, ça devient de plus en plus lourd et ce temps-là,
02:05 c'est du temps qu'on ne passe pas avec nos animaux, qu'on ne passe pas
02:08 sur notre tracteur, dans nos cultures. Et c'est vrai que ça pose un problème
02:11 de surcharge de travail pour nous aussi, sachant que c'est déjà un métier
02:15 où on ne travaille pas 35 heures par semaine à la base.
02:17 Il y avait un exemple que vous teniez absolument à préciser,
02:20 celui des tournesols. L'huile de tournesol dont on a manqué
02:22 juste après le Covid, on s'en souvient bien. Expliquez-nous.
02:25 Effectivement, c'est vrai qu'après le Covid, on est reparti sur le produit local.
02:29 On a manqué d'huile de tournesol, la pénurie dans les supermarchés,
02:32 ça avait beaucoup marqué les gens. Cette année, en Alsace,
02:34 on a fait énormément de tournesols parce qu'effectivement,
02:37 c'était une culture qui était porteuse. L'année dernière,
02:39 on avait un cours du tournesol qui était au-delà des 800 euros de la tonne.
02:42 Et c'est vrai que forcément, en se disant qu'on va produire local,
02:45 on va remplacer une pénurie, enfin, on va solutionner une pénurie
02:49 en le produisant localement. Des agriculteurs se sont lancés
02:52 dans une nouvelle culture. Donc, ils ont appris,
02:53 ils ont investi parfois dans du matériel, etc. Et derrière, en fait,
02:56 à la récolte, on s'est retrouvé avec un prix de vente qui a été divisé par deux,
03:00 donc qui était d'environ 400 euros la tonne.
03:03 Et c'est vrai que cette différence, on a voulu produire localement,
03:06 on a voulu faire français pour pallier à des pénuries comme ce qu'on a connu
03:09 pendant le Covid ou pendant le début de la guerre en Ukraine.
03:12 Mais c'est vrai que derrière, en fait, celui qui en paye les frais
03:14 et qui voulait à la base bien faire, c'est l'agriculteur.
03:16 Et du coup, aujourd'hui, on ne peut malheureusement pas vivre
03:18 avec un coût de production qui, à la base, la semence, l'engrais
03:22 étaient tout aussi chers que l'année précédente.
03:24 Par contre, à la fin, on vend notre produit moitié prix
03:26 que ce qui valait l'année dernière.
03:28 - Joanna, dernière question. Est-ce que vous vivez de votre activité aujourd'hui ?
03:30 - Alors, on vit toujours de notre activité,
03:33 mais c'est de plus en plus difficile. On doit faire plus sur nos exploitations,
03:37 plus de surface, plus d'animaux, etc. pour réussir à sortir
03:40 à un revenu décent et du coup, effectivement, pouvoir continuer
03:43 à vivre de notre entreprise, parce qu'au-delà de ça,
03:45 une exploitation agro-agricole, c'est une entreprise
03:47 et c'est important de pouvoir vivre de son entreprise,
03:49 sinon, en fin de compte, on met la clé sous la porte.
03:51 Et aujourd'hui, c'est de plus en plus compliqué d'en vivre
03:53 et du coup, on essaye, mais c'est vrai qu'entre la surcharge administrative,
03:57 les prix qui baissent, ça devient très compliqué.
03:59 - Sans parler des sacrifices que vous faites, notamment dans votre vie privée,
04:02 puisqu'il faut combler justement cette perte de revenus.
04:05 Voilà toutes ces revendications, vous l'avez compris,
04:07 très importantes pour ces agriculteurs du Barin
04:09 qui comptent se mobiliser ici jusqu'à au moins demain soir.

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