Aujourd'hui, Lison est Gaëtan, professeur de théâtre
Le billet d'humeur de Lison Daniel dans le 7/10 (8h55 - 24 Janvier 2024) Retrouvez tous les billets de Lison Daniel sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-lison-daniel
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00:00 Lisons Daniel, bonjour ! Aujourd'hui vous êtes gaétant, professeur de théâtre.
00:05 Mouais, professeur, ça m'emmerde un peu, y'a un bidule pontifiant et surplombant là-dedans
00:11 qui me fout un peu les glandes.
00:12 Professeur, donc autorité, donc hiérarchie, donc bah le fascisme en fait, les nazis.
00:16 Bah ouais, relibreche Nico, pense-y.
00:18 Enfin non d'ailleurs, ne pense pas.
00:20 Saisis-toi des vocables et laisse-toi traverser Nico, m'explique rien.
00:23 Y'a du renoncement quelque part, faut qu'on le sente.
00:25 Mais ne me le commente pas, attention !
00:27 Waouh, c'est beau ce qui se passe là, vache.
00:30 Pardon, bref, professeur non, je suis juste médium quoi, je parle d'une sensibilité
00:34 à une autre et l'autre prend ce qu'il veut en fait, tu vois, je suis un self-service
00:37 de l'âme humaine en fait.
00:38 Alors qui suis-je en deux mots ? Je suis accompagnateur scénique depuis 1998, j'ai fondé ma compagnie
00:43 La forêt des âmes en 2005 avec le chorégraphe de Cri, Frédéric Muller, il est sicilien,
00:47 je sais pas si vous connaissez, non Mathilde ? C'est lui qui avait co-créé les assises
00:50 du théâtre debout à Colmar, c'était une mise en scène de 13h en bifrontale, même
00:54 David Villepie avait fini par devoir aller pisser, geste fort, de l'ordre du jaillissement.
00:59 Je parle du spectacle, et de pi, le nombre pi, la durée du spectacle reproduisait des
01:03 dérivés mathématiques, vous aurez adoré Claude.
01:05 Vous avez quand même quelque chose à nous dire ce matin Gaëtan ou pas du tout ?
01:09 Oulah, carrément quoi, pardon madame Salamé, ça te rassure je te fais les trois coups,
01:12 pour que tu sois bien rassurée sur les limites de l'espace discursif, toc toc toc.
01:18 Alors je vais dire, puisqu'il faut dire, je viens vous voir parce que suite à la conférence
01:22 de presse du bureau, je suis fendue en deux sur le plan idéologique.
01:26 C'est un déchirement.
01:27 Que faire, comme dirait Lénine en 1902 ? D'un côté, je ressens une détestation
01:32 atavique du bloc bourgeois et de tous les pouvoirs en place, ça c'est dans mon ADN.
01:35 Dans ma troupe, on a fabriqué une poupée vaudou de chaque président d'extrême droite,
01:39 et on a fait des rides sataniques sur les remparts d'Avignon tout le mois de juillet.
01:42 Mais en plus là, le gars nous fout d'hâtie, ce stade c'est plus un remaniement, son
01:46 truc c'est une installation in situ au palais de Tokyo.
01:48 C'est-à-dire on comprend rien, on a envie de tout casser.
01:50 Mais dans la même conf, le roi Crayon, c'est Macron-Claude, il veut qu'on donne des
01:55 cours de théâtre à tous les enfants de France et de Navarre.
01:58 Donc le théâtre devient obligatoire.
01:59 Et là ça me flingue, je me griffe les joues, je me bouffe la langue, ça me tord le bide.
02:03 Mais je suis bien obligée d'avouer que lui et moi on se retrouve sur un point.
02:05 Il faut confronter les jeunes, et tous les jeunes au théâtre.
02:08 Et je dis ça parce que ça va me faire des heures.
02:10 Mais putain, ça va me faire grave des heures.
02:12 J'assure mon intermittence pour des siècles et des siècles amène.
02:16 Alors pour retrouver mes esprits, essayer de le détester, je suis allée l'écouter
02:19 pour voir ce que ça donnait quand lui, jeune, défendait des textes à 15 ans.
02:22 Comme ça, au mitard, plateau nu, avec juste une poursuite de likes dans la tronche.
02:25 La qualité est pas gégée, tentez bien l'oreille.
02:28 "Qu'est-ce qui fait le plus peur aux hommes ? L'aboisement d'un chien, le nombre d'un homme."
02:37 Ah bah ça, ça m'a achevé, parce que c'est tout ce que j'aime.
02:39 Le con, ça m'arrache la gueule, mais y'a une emphase, on est dans la monstration assumée,
02:43 dans une lignée meilleur holdienne qui moi me passionne.
02:46 On prosaïse rien, on cherche pas trop de choses.
02:48 Et en même temps, le texte passe, ça nous parvient jusqu'au troisième balcon.
02:51 Voilà mon Nico, le drame cornélien, enfin mon dilemme cornélien.
02:56 Et dans un drame de corneille, à la fin, qu'est-ce qu'on fait ?
02:58 Bah on se bat.
02:59 Ou on meurt.
03:00 Alors je peux pas dire "je t'aime Macron", ça non, mais je vais dire "je ne te hais point, canaille".
03:05 Allez Rideau.
03:06 (Rires)