La Confédération paysanne s'exprime après son rendez-vous avec Gabriel Attal
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00:00 Du coup, on sort de cet entretien avec le Premier ministre et son conseiller agricole, je pense, comme les syndicats précédents.
00:08 Ça a été l'occasion pour la Confédération paysanne d'échanger au sujet de notre lecture, notre analyse de ce qui se passe en ce moment sur le terrain en France,
00:20 ces mobilisations des agriculteurs, cette colère que nous, Confédération paysanne, on sent cristallisée finalement. Elle est dite sur les barrages, elle se ressent très fort,
00:31 cette inquiétude sourde, cette difficulté réelle, cette colère autour du manque de rémunération des agriculteurs. Voilà, la considération globale, c'est une chose,
00:41 mais ce qu'on vit au quotidien sur nos fermes, sur les fermes, c'est ce manque de rémunération, ce manque de revenus, des prix qui ne correspondent pas à nos prix de revient.
00:50 Voilà, c'est un peu la lecture qu'on a pu partager avec le Premier ministre. Et du coup, de façon directe, avec ce constat, nos demandes principales portaient sur
01:03 une interdiction d'achat de produits agricoles en dessous du prix de revient. C'est pas ce qu'est aujourd'hui exactement la loi EGalim. Donc on demande vraiment une évolution.
01:14 Voilà, la question de la non-négociabilité, on en a vu ses limites. On voit aujourd'hui qu'elle n'est pas suffisamment opérante pour garantir de la rémunération aux paysans.
01:25 Ça permet parfois pas de couvrir ses factures à nos fournisseurs en termes de coûts de production qui ont fortement augmenté. Et ça permet souvent encore moins de nous payer
01:36 nous-mêmes sur notre travail. C'est pas normal que le travail des agriculteurs reste dans beaucoup de situations impayés ou sous-payés. Voilà, on a porté cette demande-là
01:45 auprès du Premier ministre sur les prix. Et l'autre demande qu'on a portée fortement, qui pour nous est la cause des difficultés des agriculteurs sur le terrain,
01:57 c'est la mise en concurrence directe des agriculteurs entre eux. Et c'est la conséquence directe de politiques qui s'appliquent en France, en Europe, dans le monde
02:07 depuis des décennies, cette mise en concurrence par la libéralisation de l'économie et d'avoir livré l'agriculture, l'alimentation à cette ultralibéralisation.
02:17 Et du coup, on demande un signal fort au gouvernement par l'intermédiaire du Premier ministre d'annoncer l'arrêt des négociations sur les accords de libre-échange
02:27 à venir, en particulier celui avec le Mercosur, même avec des clauses miroirs environnementales qui seront toujours très largement insuffisantes, insatisfaisantes,
02:36 pour protéger les agriculteurs français, tout comme les agriculteurs sud-américains, dans le cas du Mercosur. On a pu parler également, vous me complétez,
02:49 des besoins urgents, des difficultés pour les paysans français qui ont été touchés par les différentes tempêtes, tant en Bretagne que dans le nord de la France.
02:58 Voilà. Alors on a été rassurés sur un sujet, là, sur l'aide aux investissements, où il y a eu une espèce de difficulté pour des paysans qui avaient commencé
03:08 à investir pour remettre un peu leur ferme en état, en particulier en Bretagne, et qui n'auraient pas pu toucher cette aide s'ils avaient commencé des travaux avant le 12 janvier.
03:15 Ça, visiblement, ça va être rectifié. C'est une satisfaction, voilà, sur ce sujet-là. On a pu aborder également la prochaine...
03:24 — La crise du bio. — La crise du bio. Je te laisse faire ? J'y vais ? Voilà. La crise du bio, avec le constat qu'il y a eu des aides d'urgence qui ont été rallongées,
03:34 qui étaient indispensables. Mais on a réinsisté sur le besoin d'activer les leviers qui sont entre les mains du gouvernement. Le premier, c'est le respect de nouveau de la loi EGalim,
03:44 décidément, sur les 20% de bio en restauration collective, avec l'engagement qui avait déjà été pris, qui nous a été reconfirmé par le Premier ministre, de respecter ces 20% minimum
03:59 de bio en restauration collective déjà de façon très rapide dans ce qui correspond directement aux services de l'État. Après, il y a du travail avec les collectivités
04:08 territoriales également. On a évoqué le besoin d'avoir une aide structurelle type aide au maintien qu'on avait précédemment pour l'agriculture biologique. Voilà, ça a été évoqué.
04:21 On n'a pas eu de réponse complètement là-dessus. On a parlé de la loi d'orientation agricole. Alors après, on reviendra sur les réponses qu'il apporte. Voilà. Du coup, on prend acte
04:34 qu'elle sera repoussée d'ici 6 semaines, 2 mois à peu près. Si c'était pour lui donner l'ambition nécessaire, indispensable à nos yeux de donner vraiment un souffle, un élan,
04:45 de la visibilité, de l'ambition pour l'agriculture française, c'est une bonne nouvelle de se donner ce temps-là. Pour nous, l'ambition dans la loi d'orientation agricole, elle passe
04:54 par plusieurs choses. C'est introduire des mesures qui permettent l'accès aux fonciers pour le plus grand nombre. C'est quand même la clé, le point-clé de l'installation du renouvellement
05:03 des générations. On a parlé de ce point-là. On a parlé de la question du guichet unique d'accompagnement aux porteurs de projets. On sait qu'on va devoir accompagner des gens issus
05:15 du milieu agricole, mais accueillir de façon massive des gens, des porteurs de projets, des gens qui ont envie de s'installer. Nous, on a envie de les accueillir sur nos territoires,
05:23 des gens qui sont non issus du milieu agricole et qui ont besoin d'être fortement et correctement accompagnés. Cette question du guichet unique géré par les chambres, pourquoi pas ?
05:32 Les chambres, c'est un espace qui pourrait être l'espace approprié avec de la gouvernance, une gouvernance appropriée avec l'ensemble des structures, l'ensemble des syndicats
05:42 représentatifs et l'ensemble des structures d'accompagnement. Du coup, on demande que la gouvernance des chambres soit révisée. Ça passe aussi, mais sur la question des prochaines élections
05:59 professionnelles qui se tiendront dans un an et de la répartie du travail sur la proportionnelle, est-ce qu'enfin, chaque voix de chaque agriculteur sera prise en compte ou est-ce qu'on gardera
06:09 cette prime aux premiers arrivés de 50% des sièges ? Est-ce que la règle, le financement alloué aux syndicats agricoles pour exercer leur travail, notre travail comme corps intermédiaire,
06:19 comme syndicat représentatif, est-ce que ce financement sera réparti en fonction des voix ? De façon tout à fait démocratique, comme ça existe pour les syndicats des salariés,
06:28 ou est-ce qu'il y aura encore une évolution encore plus néfaste pour la démocratie et les syndicats minoritaires d'allouer une grande partie de ce financement au nombre d'élus aux chambres d'agriculture
06:41 et pas sur les voix posées dans l'urne par les électeurs ? Ça, c'est une question qu'on a posée, sur laquelle on n'a pas eu de réponse. Voilà. Donc nos deux mesures phares,
06:51 je reviens à la raison pour laquelle le Premier ministre reçoit les syndicats aujourd'hui en toute urgence. Il y a urgence dans le monde agricole. Sur les accords de libre-échange,
07:00 visiblement, ce gouvernement poursuivra sur ce qu'on connaît un peu depuis toujours, à savoir poursuivre ces accords de libre-échange en y incluant des clauses miroirs liées à l'environnement.
07:14 Pour nous, c'est tout à fait insuffisant. Ça va vraiment dans le mauvais sens. Et on continuera de cette façon-là à perdre des agriculteurs en France et à avoir des gens
07:24 qui seront en très grande difficulté en termes de revenus. Et sur la question du prix, voilà, il y a des choses qui nous ont été présentées sur la trésorerie, sur du très court terme,
07:34 sur des mesures qui pourraient être vues à Bruxelles, sur les jages chers et tout, mais c'est vraiment pas, à notre avis, pour la Confédération paysanne, le cœur du sujet
07:44 et des réponses qu'attendent les agriculteurs. Et du coup, sur la LOA, il pourrait y avoir des mesures pour essayer de... et les négociations commerciales d'améliorer
07:54 la question du niveau de la négociabilité ou non-négociabilité des prix de base, mais tout ceci reste très incertain à l'heure où on se parle, très inquiétant.
08:09 Nous, à la Confédération paysanne, on se réunit demain pour savoir de quelle façon on donne corps, on participe, sous quelle façon aux mobilisations en cours.
08:20 On continuera à exprimer les demandes que je viens de vous formuler. Et du coup, on reste extrêmement attentifs aux signaux que pourrait envoyer le gouvernement.
08:30 On en a vraiment besoin sur le terrain. Je pense qu'on doit... voilà, le respect, la reconnaissance des agriculteurs, ça passe pas que par le symbole, ça passe pas que par des discours.
08:41 Ça va devoir passer par des actes très concrets pour obtenir de la rémunération pour tous les agriculteurs, toutes les filières et tous les territoires français.
08:50 — Le sentiment que vous êtes totalement satisfait ou plutôt fier de ce projet ?
08:57 — Oui, plutôt. Alors après, on pouvait pas attendre des réponses extrêmement concrètes. Alors on se parle. Ça, on peut l'entendre.
09:07 Les chantiers qui ont été proposés ici sont ce qu'ils sont. Ils sont intéressants mais probablement très insuffisants par rapport aux difficultés qu'on connaît aujourd'hui.
09:18 — Est-ce que vous avez le sentiment que c'est sur la simplification, l'allègement des contrôles que des leviers d'action rapides peuvent être activés ? On entend un peu ça parfois chez certains du gouvernement.
09:29 — Oui, c'est vrai que c'est un point à évoquer. Donc on a parlé de beaucoup de choses. Oui, ça a été évoqué. Alors la simplification est nécessaire.
09:36 On vit quand même des empilements de tracas administratifs. Simplification pour la Confédération paysanne, c'est indispensable.
09:44 Des normes, des réglementations doivent être absolument adaptées. Certaines sont ubuesques. Mais par contre, la simplification des normes plus adaptées, ça veut pas dire
09:52 pour la Confédération paysanne pas de normes. Des normes, elles peuvent être là aussi pour protéger la santé, protéger le sol et l'eau. C'est nos facteurs de production, en fait,
10:01 pour continuer à produire demain. Des normes, elles peuvent être faites aussi pour protéger les conditions de travail et la rémunération. Donc voilà, de la simplification, oui.
10:08 L'absence de normes, c'est pas possible pour la Confédération paysanne. Par contre, de la norme, il faut de la réciprocité. L'Europe doit pouvoir garantir cette réciprocité,
10:20 de se dire qu'on joue dans la même cour avec les mêmes outils et pas se mettre en difficulté. La Confédération paysanne, on y croit, à cette construction européenne, à cette possibilité
10:29 de pouvoir avancer ensemble et de se doter d'ambition et de normes communes. Le Green Deal, c'est un peu ça. Il y a sûrement des choses à améliorer. Mais c'est aussi de se dire ensemble.
10:38 On se donne des objectifs ensemble et de pas se mettre justement en distorsion les uns contre les autres. C'est ça, l'idée.
10:46 — {Une question sur l'achat en cours de pédagogie en France. Surtout à l'aspect cinéma, vous avez dit qu'on peut pas avoir de négociations commerciales.}
10:54 — C'est pas un nom définitif. C'est se dire aujourd'hui, on est dans cette phase jusqu'à la semaine prochaine d'essayer d'être performants sur les négociations
11:02 commerciales. On est quand même très dubitatifs sur des évolutions positives, obtenir vraiment l'interdiction... Enfin qu'il y aura pas... Aujourd'hui, il y a pas d'interdiction dans la loi,
11:13 mais en tout cas que les négociations commerciales en cours permettent d'obtenir ça, de garantir ces prix aux producteurs. On en doute beaucoup. Après, je pense qu'il y a
11:22 un chantier qui peut s'ouvrir sur ce sujet. — {Une question sur l'achat en cours de pédagogie en France. Surtout à l'aspect cinéma, vous avez dit que vous allez dire à vos sympathisants,
11:28 vos adhérents, de se mobiliser sur les barrages dès demain. Est-ce que vous envisagez comme d'autres d'aller à Bruxelles pour alerter les parlementaires européens ?
11:38 Qu'est-ce que vous envisagez maintenant ?} — Alors à la Confédération paysanne, c'est des décisions qu'on prend collectivement. On est demain, je vous le disais, réunis en comité national.
11:45 Et c'est ensemble qu'on analysera la situation et qu'on prendra ses décisions. Quel mot d'ordre ? Se mobiliser, ça peut vouloir dire rejoindre les mobilisations déjà en place.
11:55 Ça peut vouloir dire faire des mobilisations sur un autre ton, à d'autres endroits, en département ou ailleurs. On répondra demain. Voilà. Ce travail de construction collective, il est essentiel
12:06 pour nous à la Confédération paysanne. — Et des dirigeants des réconforts politiques qui ont ciblé les normes environnementales, est-ce que vous pensez passer à côté du problème ?
12:15 — Prendre que cet angle-là, c'est passer à côté du problème. Effectivement, pour la Confédération paysanne, des normes adaptées et protectrices, elles sont indispensables.
12:25 Et on peut pas attendre. On peut pas attendre d'avoir du revenu. Il faut vraiment en même temps – c'est vraiment le mot de par ici – avoir des normes de protection, de régulation
12:36 et en même temps du revenu. Si toutes les fermes étaient plus confortables au niveau du revenu, étaient correctement rémunérées, la question des normes serait beaucoup moins compliquée.
12:49 Cette question de la transition écologique-environnementale, climatique, la majorité des agriculteurs, ils sont favorables. J'ai reçu aujourd'hui le résultat d'une enquête qui a été menée
12:59 avant ce crise, enfin en novembre-décembre, qui dit que 85% des agriculteurs interrogés pensent que la transition est nécessaire et peut être favorable.
13:08 Ça veut dire en étant rémunérés, forcément. Et l'autre exemple, c'est un exemple sur lequel on a énormément travaillé ces dernières semaines, c'est l'engagement massif d'agriculteurs
13:16 dans les mesures agro-environnementales et climatiques. Alors s'il y a des journalistes de la presse générale, ça va être un peu compliqué, mais c'est des mesures volontaires que souscrivent
13:24 les agriculteurs au moment de leur déclaration PAC en disant « Moi, je m'engage dans une mesure agro-environnementale et climatique. Je vais faire révoluer mon système, faire révoluer mes pratiques
13:34 ou les maintenir pour m'adapter le plus possible ». Il y a un engouement qui a été majeur à tel point que la France, dans ses arbitrages, dans ses différentes lignes budgétaires de la PAC,
13:44 n'avait pas les moyens de répondre à des gens qui avaient coché la case et qui ont commencé dès le printemps à mettre en place des pratiques de transition. Donc la majorité des agriculteurs en France
13:54 sont prêts à s'éloigner de la mesure parce qu'on le sait tous sur nos fermes qu'on en a besoin. On voit bien ce qui nous arrive en termes d'évolution climatique. On en a besoin.
14:02 On est prêts à le faire. Et s'il y a du revenu, ce sera vraiment faisable. Mais on ne peut pas attendre d'avoir du revenu pour avancer. Sinon, on n'y arrivera jamais. Il faut que les deux choses avancent en même temps.
14:12 — La Confédération paysanne, pourquoi ça tombait à la mesure de ce qu'on appelle l'énergie, l'électricité, ce qu'on appelle les épaules ?
14:20 — Alors ça fait partie des chantiers qui ont été évoqués par le Premier ministre, d'essayer de voir ce qu'il peut faire. Pour la Confédération paysanne, cette mesure, c'est fiscale pour alléger la fiscalité sur le GNR.
14:34 Je ne comporte que le GNR, pas de gaz naturel. Et parfois inopérante, déjà, pour certaines fermes qui ne demandent même pas. Et en fait, elle est surtout bénéficiaire aux très très très gros consommateurs de GNR.
14:47 Nous, on a porté – certains d'entre vous le savent – au moment des amendements du projet de loi de finances, on a porté une mesure de continuer à protéger les premiers volumes,
14:57 5 000 litres par actif, par exemple, qui puissent continuer à bénéficier d'une détaxation et qu'ensuite, elle soit progressive, que l'abaissement de la détaxation, en fait, soit sur les plus gros volumes.
15:09 C'est aussi une incitation quelque part à un peu de sobriété.