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00:00 Sur France Bleu Périgord, ce matin on reçoit Didier Couteau, le directeur de l'Agence régionale de santé en Dordogne.
00:05 Huit mois après la fermeture de l'accueil des urgences de Dordogne la nuit,
00:09 on fait le point avec lui sur le fonctionnement des hôpitaux pour cette année 2024.
00:13 Louis de Bergevin.
00:14 Bonjour Didier Couteau.
00:15 Bonjour.
00:15 La régulation, vous l'appelez comme ça, des urgences la nuit, ça veut dire que l'accueil est fermé, il faut appeler pour y aller.
00:21 Ce système a été mis en place en mai dernier en Dordogne.
00:25 C'est un système qui est adopté définitivement aujourd'hui ?
00:27 Alors, effectivement on peut le craindre, on va dire ça comme ça.
00:31 Bon, effectivement c'est une orientation qu'on prend pour cette année 2024,
00:35 c'est pas forcément une orientation que de l'ARS puisqu'on travaille évidemment avec les urgentistes,
00:39 donc ça fait partie des propositions.
00:41 Alors si on revient un petit peu, et pourquoi on a simplement mis en place cette expérimentation jusqu'au mois de septembre,
00:49 c'est qu'on voulait regarder les choses, on voulait voir comment évoluaient aussi les effectifs médicaux dans les hôpitaux.
00:54 Et aujourd'hui, force est de constater qu'il nous manque des urgentistes et qu'on va devoir faire avec.
01:00 Donc c'est aussi pour ça qu'on va travailler, qu'on travaille sur plusieurs pistes, la régulation en est une,
01:06 mais l'objectif derrière cette régulation, c'est bien de faire en sorte que les urgences se concentrent sur les urgences vitales
01:13 et qu'il y ait d'autres modalités de prise en charge par les médecins généralistes,
01:17 par un décalage des prises en charge à chaque fois que c'est possible.
01:20 - Alors on va revenir sur tous ces points, sur la fermeture de l'accueil des urgences la nuit,
01:26 ça veut dire que là c'est mis en place, il n'y a pas de date de fin ?
01:30 Vous ne voulez pas dire définitivement, mais en tout cas c'est mis en place jusqu'à ce qu'il y ait un changement ?
01:36 - Voilà, exactement, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, encore une fois, du fait de l'absence de médecins,
01:44 on est obligé d'innover, de prendre en compte ce qui existe,
01:48 et donc tant qu'on n'a pas d'évolution positive sur ces effectifs, puisqu'il nous manque un tiers des effectifs,
01:54 c'est absolument important, c'est aujourd'hui 36 médecins qu'on a sur une cible de 57.
01:59 - Pourquoi il manque des médecins ? C'est qu'on n'arrive pas à recruter ?
02:04 - Alors on n'arrive pas à recruter, la Loiriste n'a pas permis de revenir à un niveau important,
02:12 il y a aussi des souhaits, comme dans d'autres métiers, de pouvoir faire autre chose, de travailler différemment,
02:17 d'avoir moins de garde, donc c'est pour ça qu'on a du mal à recruter.
02:21 Et je voudrais en profiter aussi pour lever, pour tirer mon chapeau à toute la profession,
02:27 à tous les médecins, à toutes leurs équipes, parce que malgré tout, en 2023,
02:31 on a fait autant de passages, ou quasiment autant de passages, avec un tiers d'effectifs en moins.
02:37 - 7h47 sur France Bleu et France 3, notre invité ce matin c'est Didier Couteau,
02:41 le directeur de l'Agence régionale de santé en Dordogne,
02:44 et aujourd'hui on s'intéresse à l'organisation des hôpitaux pour cette année 2024, Louis de Bergevin.
02:48 - Vous dites "autant de passages" l'an dernier aux urgences que d'habitude,
02:52 alors que le but c'était d'avoir moins de passages, vous dites que c'est pour éviter les passages qui n'ont pas besoin,
02:59 les moments où on pourrait aller plutôt chez le médecin généraliste, la bobologie, c'est ce que vous dites,
03:03 mais ça, ça n'a pas diminué ?
03:05 - Alors effectivement, aujourd'hui on constate qu'on est sur une baisse vraiment très légère de quelques pourcents,
03:12 donc vraiment quasiment insinuant.
03:14 - Ça veut dire que ce n'est pas un échec ?
03:16 - Alors, si on parle de la nuit, effectivement on a quasiment le même niveau d'activité,
03:20 certains ont fait le choix d'une régulation plus dure, c'est-à-dire avec la prise en compte de moins de pathologies,
03:28 là nous ce qu'on demande c'est vraiment laisser la possibilité aux médecins régulateurs,
03:34 il y a deux médecins régulateurs, un médecin généraliste libéral et un médecin urgentiste,
03:40 c'est eux qui orientent, donc c'est aussi un choix qu'ils font, mais en tout cas il y a ce filtre,
03:45 et sans doute que si on n'avait pas ce filtre, peut-être qu'on aurait encore plus de passages,
03:49 et plus de passages spontanés, ce qu'on veut éviter.
03:51 - Mais il y a moins de passages inutiles aux urgences ?
03:54 - Voilà, peut-être, c'est ce qu'on peut retenir, oui.
03:57 - Vous parlez aussi d'une meilleure organisation, notamment avec les différents hôpitaux d'Ordone,
04:03 par exemple pour les transports, vous proposez aux SDIS, aux pompiers, de faire parfois les transports d'urgence,
04:08 ça ils veulent bien le faire ou ils n'ont pas envie ?
04:10 - Ce sont des propositions qu'ils nous font, effectivement.
04:12 - C'est eux qui vous ont proposé ?
04:14 - Oui, tout à fait. Si on a moins de médecins, il faut faire en sorte que ces médecins puissent être là où on en a vraiment besoin.
04:23 Donc ça veut dire qu'aujourd'hui, avec certaines technologies, avec des systèmes d'information,
04:28 avec de la téléconférence, visioconférence, on est en capacité de pouvoir armer d'autres véhicules,
04:33 donc les véhicules des pompiers, des véhicules aussi hospitaliers.
04:36 - Je voudrais vous poser une question importante là-dessus, parce qu'on peut se poser la question des pertes de chance pour les patients.
04:43 Il y a notamment des parents de Lanouaï qui ont porté plainte contre l'hôpital et contre un médecin régulateur du SAMU.
04:49 Mi-décembre, ils ont dû conduire eux-mêmes leur fils de 6 ans qui faisait une hémorragie interne jusqu'à l'hôpital de Périgueux.
04:55 Ça c'est un risque quand même ?
04:57 - Alors, moi je ne peux pas me prononcer évidemment sur une plainte comme celle-là.
05:02 - Mais la perte de chance c'est un risque ?
05:04 - C'est peut-être un risque, mais aujourd'hui avec moins de médecins, on a aussi moins d'équipages,
05:09 donc moins d'équipages tels qu'ils étaient avant, c'est-à-dire des SMUR.
05:12 Donc on se doit de toute façon d'innover pour faire en sorte qu'il y ait justement une perte de chance évitée.
05:20 Donc il y a d'autres formules qui se mettent en place.
05:22 - Mais vous dites que vous n'avez pas le choix, parce qu'il y a moins de médecins, on arrive moins à les attirer,
05:25 ça veut dire que les habitants de la Dordogne finalement, par la force des choses, seront moins bien pris en charge, moins bien soignés ?
05:32 - C'est difficile de répondre à ça. Comme on l'a dit, c'est aussi faire en sorte que les médecins ne sortent pas pour rien,
05:39 ce qui peut arriver parfois sur des transports SMUR, où finalement les pompiers sont déjà intervenus,
05:44 ont pu intervenir, ou des ambulanciers ont pu intervenir, en disant "bon écoutez, non, le patient est sécurisé, retournez".
05:51 C'est ce qu'on appelle la levée de doute.
05:53 Aujourd'hui la levée de doute, si elle peut être faite en proximité des habitants, c'est une nouvelle formule,
05:58 c'est des formules qui existent aussi en Europe, où il n'y a pas forcément un médecin qui sort d'emblée sur des équipages,
06:04 donc c'est quelque chose qu'on met en place progressivement et qui se mettra en place.
06:07 - Merci beaucoup Didier Couteau, directeur de l'agence régionale de santé en Dordogne,
06:12 merci d'être venu dans les studios de France Bleu Périgord ce matin.
06:14 - Merci à vous.