• il y a 11 mois
Il est possible de fabriquer des plastiques biodégradables et compostables à partir de déchets organiques. C’est ce que propose la start-up Dionymer, en s’inspirant de la nature : sa technologie de fermentation utilise des procédés biomimétiques. Les producteurs de biodéchets (agro-alimentaire, restauration collective et autres) peuvent ainsi valoriser leurs déchets et les industriels de divers secteurs peuvent remplacer leurs polymères à base de pétrole par des biopolymères.

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00:00 [Musique]
00:06 Smart Ideas avec Thomas Hennebel, bonjour.
00:09 - Bonjour.
00:09 - Bienvenue, vous êtes le cofondateur, président de Dionimer,
00:13 entreprise créée fin 2021 avec Antoine Brèges et Guillaume Charbonnier.
00:18 Vous êtes basé à Bordeaux.
00:20 Allez, Smart Ideas, c'était quoi l'idée de départ ?
00:23 - Alors l'idée de départ, on est ingénieurs chimistes tous les trois,
00:27 notamment spécialisés dans les matériaux polymères,
00:30 ce qu'on appelle généralement les plastiques.
00:32 Et aujourd'hui, ces matériaux-là, c'est 99% issus de la pétrochimie.
00:37 Et donc l'idée était de produire un matériau polymère qui ne soit pas issu du pétrole.
00:41 Et en l'occurrence, on s'est inspiré de ce qui se fait dans la nature
00:46 pour développer une technologie de fermentation à partir de bactéries
00:50 qui permet de transformer non pas du pétrole, mais des déchets organiques,
00:54 des déchets alimentaires par exemple, en matériaux polymères
00:58 pour de multiples usages, pour des usages cosmétiques,
01:00 des usages de plasturgie, des usages de textiles par exemple.
01:03 - Oui, donc plein d'usages, on y reviendra.
01:05 Depuis le 1er janvier, nous, on doit trier nos déchets organiques.
01:10 Qu'est-ce qui... alors ça fait partie, je pense, de votre chaîne de production,
01:13 mais qu'est-ce qui devienne...
01:15 Je voudrais bien qu'on rentre dans le détail,
01:16 comment vous transformez ça en bioplastique en fait ?
01:19 - Alors en fait, on utilise une bactérie particulière
01:24 qui est en capacité de digérer les déchets qu'on leur donne.
01:27 Donc quand on parle de déchets alimentaires,
01:29 on parle de fruits, de légumes, d'épluchures, etc.
01:32 La bactérie, elle est capable d'assimiler, de digérer ces déchets
01:36 et de les accumuler dans son corps, la bactérie, à l'intérieur de sa membrane,
01:40 un petit peu comme nous, on stocke de la graisse.
01:41 - D'accord.
01:42 - Et elle, elle l'accumule, mais elle l'accumule sous forme de polymère,
01:44 d'un polymère particulier qu'on appelle le PHA,
01:48 et qui est un polymère qui a des propriétés très similaires
01:50 à ce qui se fait à partir du pétrole.
01:51 Mais c'est vraiment les capacités de cette bactérie qu'on exploite
01:55 et donc qu'on développe la technologie à partir de fermentation.
02:00 Donc on met cette bactérie dans des cuves de fermentation,
02:02 un petit peu comme on fait de la bière,
02:04 mais on lui donne à manger des déchets et elle produit des polymères.
02:07 - Et elle produit des polymères.
02:09 Donc vous avez cité les secteurs intéressés, c'est très vaste en fait,
02:12 parce que c'est des secteurs qui aujourd'hui, quoi,
02:14 utilisent des plastiques classiques, c'est ça ?
02:16 - Oui, tout à fait.
02:17 - Et qui cherchent à décarboner leur activité ?
02:19 - Tout à fait. Aujourd'hui, la stratégie des entreprises,
02:23 quel que soit le secteur et de tous nos clients,
02:26 c'est de s'affranchir des ressources fossiles,
02:28 notamment dans ce type de matériaux.
02:30 Et donc, nous, on produit une poudre blanche,
02:33 qui peut être fondue, mise en forme,
02:36 utilisée telle quelle dans un certain nombre d'applications.
02:39 Et donc typiquement, si je cite les premières applications aujourd'hui,
02:42 nos marchés à court terme,
02:44 sont le domaine de la cosmétique sur lequel on est beaucoup sollicité
02:47 parce qu'on cherche à remplacer les polymères pétrochimiques
02:50 qui servent d'agent d'additif pour texturer,
02:53 pour donner la texture à la crème, pour donner des effets, etc.
02:56 Ça, c'est des polymères issus de la pétrochimie qu'on met là-dedans,
02:58 dans nos ingrédients cosmétiques et qui génèrent des microplastiques.
03:02 - Et ce n'est pas seulement les emballages, c'est dans les produits ?
03:05 - Là, c'est en tant qu'ingrédients.
03:05 Donc, il y a les applications en tant qu'ingrédients
03:08 parce que ça génère des microplastiques.
03:10 Donc, il y a des fortes pressions réglementaires là-dessus.
03:12 Il y a de la plasturgie, plus classique.
03:14 On peut fondre cette poudre et la mouler, la mettre en forme,
03:17 sous forme de plasturgie classique.
03:19 Et c'est un matériau polyester qu'on fait.
03:22 Polyester, ça parle souvent au plus grand public
03:23 parce qu'on peut notamment en faire des fibres textiles, par exemple.
03:26 - D'accord. Quand on parle de bioplastique,
03:29 il y a une question importante, c'est la biodégradabilité.
03:32 Est-ce qu'ils sont vraiment biodégradables, vos bioplastiques ?
03:36 - Oui, en l'occurrence, la nature fait bien les choses.
03:40 On utilise cette bactérie qui est capable de produire ce polymère.
03:43 En l'occurrence, ce polymère est aujourd'hui un des polymères
03:46 qu'on connaît, qui est le plus biodégradable.
03:48 Qui est biodégradable surtout en conditions domestiques
03:51 et non pas en conditions industrielles,
03:52 comme c'est le cas pour certains d'entre eux.
03:54 Il est biodégradable en conditions domestiques,
03:55 donc si on le met dans notre compost,
03:57 si on a des utilisations de ce type-là.
03:59 Et sinon, justement, quand je parlais de cosmétiques, par exemple,
04:01 c'est un polymère qui est biodégradable dans des conditions marines
04:04 et dans les sols et donc qui ne génère aucun microplastique.
04:07 Donc ça, c'est prouvé, c'est prouvé et certifié.
04:10 Donc c'est un polymère qui est complètement biodégradable
04:13 par rapport à ce qui se fait aujourd'hui
04:15 et donc qui est très intéressant de ce point de vue-là.
04:17 Vous avez annoncé, je crois que c'était au mois de décembre,
04:19 une levée de fonds de 1,5 million d'euros.
04:23 Comment vous allez utiliser cet argent ?
04:25 C'est quoi l'objectif ?
04:26 Passer à la phase industrielle en quelque sorte ?
04:27 Alors, passer à la phase pré-industrielle.
04:29 Pré-industrielle d'abord.
04:30 Aujourd'hui, on a fait la preuve de concept de la technologie au laboratoire.
04:33 On est aujourd'hui passé sur un stade un peu plus gros de prototype.
04:36 Donc la preuve de concept, c'est vraiment pour dire quelques grammes.
04:39 Montrer qu'on arrive à faire ça avec nos bactéries.
04:41 Le prototype, aujourd'hui, on produit un kilo par mois
04:43 à partir de déchets alimentaires qu'on donne à manger à notre bactérie
04:46 qui produit les polymères.
04:48 Et cette levée de fonds d'un million cinq,
04:49 elle nous sert à passer à l'étape industrielle suivante,
04:52 c'est-à-dire de passer au stade pilote.
04:53 Donc là, on sort du laboratoire.
04:56 On a des vrais procédés pré-industriels
04:58 qui vont produire 100 kilos par mois à peu près.
05:00 Et donc ça, c'est l'étape précédant l'usine et l'unité de production industrielle.
05:05 C'est une montée en échelle progressive.
05:07 Vous vous donnez combien de temps pour arriver au stade industriel ?
05:09 - Cinq ans.
05:09 - Cinq ans pour y arriver.
05:11 On suivra ça, évidemment, avec Johnny Mair.
05:13 Merci beaucoup d'être venu vous présenter, Thomas Inbelle, votre procédé.
05:18 Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
05:20 Merci à toutes et à tous de votre fidélité.
05:23 Abyssmart, la chaîne des audacieuses et des audacieux.
05:26 À très vite sur nos antennes.
05:27 [Musique]

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