Mademoiselle Luna évoque sa récidive en janvier 2023.
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00:00 *Musique*
00:13 Bah oui écoute, presque arrivée au bout, j'étais pas très loin, il me restait un mois de traitement.
00:20 Bah voilà, c'est... Je pensais franchement, honnêtement, que voilà, j'avais tout bien fait pour que ça ne revienne pas.
00:31 On le sait, hein, qu'il y a un risque de récidive, surtout dans le triple négatif.
00:35 J'aime pas les chiffres, donc je vais jamais vraiment tabler là-dessus, mais c'est vrai que...
00:43 Tu te dis que voilà, t'as tout bien fait pendant un an, t'as été au bout des médicaments.
00:48 Il y a un moment où j'avais envie un peu d'arrêter ce dernier traitement parce que c'était difficile au niveau des effets secondaires,
00:52 puis je me suis dit "non, va au bout parce que si jamais il se passe quoi que ce soit, tu vas t'en vouloir".
00:57 Donc j'avais dit voilà, je m'étais promise d'aller vraiment jusqu'au bout du truc, et un mois avant la fin,
01:04 bah heureusement j'ai un oncologue incroyable qui surveillait toujours tous les mois, dont les prises de sang,
01:11 et c'est dans les prises de sang qu'on s'est rendu compte que les marqueurs, donc c'est vraiment l'indicateur des cellules cancéreuses dans le sang,
01:17 commençaient à remonter, donc il m'a dit "bon, on va passer à l'armée, peut-être que la chimiothérapie que tu prends encore par médicament peut influencer".
01:24 Et puis voilà, puis ça continue à monter, puis on a fait un PET scan, et puis le truc est tombé,
01:30 où on dit "bah, en un mois de temps, il y a des métastases plein les poumons, dans les ganglions".
01:37 Donc c'est...
01:40 Bah, j'avais dit à la première fois "c'est une bombe qui tombe dessus", la deuxième c'est...
01:45 Déjà il y a de l'injustice la première fois, mais la deuxième fois tu te dis "merde quoi, c'est pas juste, allez".
01:53 C'est très bizarre en fait, c'est paradoxal comme réaction, parce que d'abord,
01:59 bah t'as tout ton truc qui s'effondre une fois encore, parce que tu te dis qu'en un mois de temps, alors que t'es toujours sous toute chimiothérapie, malgré tout le truc...
02:07 Donc il faut bien préciser que c'est pas un cancer du poumon, c'est vraiment le cancer du sein,
02:11 les métastases qui sont partis, donc c'est les cellules cancéreuses qui ont continué à voyager,
02:15 il en restait peut-être une toute petite et elle s'est barrée ailleurs.
02:19 Donc c'est vraiment pas la même chose qu'un cancer du poumon.
02:24 Mais tu te dis "waouh, c'est vraiment, vraiment injuste", parce que t'as vraiment tout fait pendant un an,
02:31 t'as été positive, t'as véhiculé...
02:34 Tu vois une image de quelque chose de compliqué, mais que j'ai vécu, je trouve, et encore maintenant, avec le recul,
02:40 de manière positive et assez bien.
02:45 Je reprends la globalité dans l'ensemble, j'ai pas été mal, ça a permis quand même de continuer à faire beaucoup de choses,
02:51 et tu te dis "waouh, à quelle agressivité ce truc ?"
02:57 Et ça a été super vite, parce que c'est un mois, on a un mois de temps,
03:01 j'ai pas vu les images, mais je sais qu'il y en a quand même beaucoup et que ça a été super vite,
03:06 donc ce truc se multiplie.
03:10 Comment l'annoncer ?
03:13 Ça a été super dur pour moi.
03:16 Au début, je me suis dit "waouh, mais comment je vais l'annoncer ?"
03:21 Parce qu'il y a énormément de nanas qui sont dans mon cas, ou mon femme d'ailleurs,
03:27 qui ont un cancer, pas spécialement même que le mien, et je me suis dit "comment je vais l'annoncer ?"
03:33 "Comment je vais parler de ça ?"
03:36 Parce que je me mets à la place, je me dis "waouh, moi j'ai suivi quelqu'un,
03:40 parce que nombre de fois on m'a dit "vous avez été mon exemple, vous avez été ma force, vous avez été..."
03:44 Et je me dis "waouh, comment je... ?"
03:48 Je sais que j'ai fait flipper plein de nanas, ça je le sais, j'ai fait flipper plein de gens,
03:52 mais je pouvais pas non plus ne pas le dire,
03:55 et donc voilà, j'ai attendu d'avoir les nouvelles, j'ai attendu un mois avant de pouvoir le...
04:02 Je voulais que ce soit juste, je voulais que ce soit en phase avec la manière dont j'allais l'annoncer,
04:06 mais ça a été vraiment quelque chose qui m'a longtemps,
04:10 et j'en ai parlé d'ailleurs ici avec les équipes du Télévis, en disant aux filles "comment je vais..."
04:17 Elles m'ont dit "mais tu dois faire comme tu as toujours fait en fait, tu dois être transparente,
04:21 tu dois continuer à véhiculer le message comme tu l'as fait, la récidive elle existe, on le sait,
04:27 et d'ailleurs évidemment forcément j'ai eu beaucoup de témoignages dans ce sens,
04:31 beaucoup de femmes qui étaient inquiètes et qui m'ont dit "mais comment vous l'avez découvert ?"
04:35 qui ont flippé, qui ont été voir leur oncologue, et je les ai rassurées en disant
04:39 "enfin voilà, c'est pas dans tous les cas, moi ça s'est passé comme ça, c'est comme ça qu'on l'a découvert",
04:44 mais c'est vrai que ça a été quelque chose où ça m'a un peu longtemps...
04:50 tu relupiné ?
04:52 de savoir de la bonne manière, autant pour moi, parce que c'était d'abord pour moi,
04:59 et puis pour les autres, parce que je me souviens avoir eu une jeune fille au téléphone
05:03 qui venait de commencer, toute jeune, 25 ans, même cancer que moi,
05:08 elle venait de commencer ses chimios, et moi je venais de la prendre,
05:11 et j'ai pas pu lui dire sur le moment même, et je lui ai juste dit, et je le répète,
05:17 et ça c'est vraiment maintenant quand on me demande des conseils,
05:21 en fait il n'y a pas de manière de suivre spécialement ce que moi j'ai fait,
05:26 je pense qu'il faut vraiment se lever le matin en se disant,
05:29 "ok, aujourd'hui qu'est-ce que j'ai envie de faire ?"
05:32 le mot envie si tu le découpes c'est être en vie, et donc qu'est-ce que j'ai envie ?
05:36 et c'est maintenant la manière dont j'explique quand je donne des conseils,
05:39 je dis les filles, si vous c'est de ne pas travailler qui vous fait envie,
05:43 ne travaillez pas, si ça vous fait du bien de travailler, travaillez,
05:46 si ça vous fait... faites ce que vous avez envie,
05:49 et si lundi c'est une envie, et le mardi une autre envie, fais-le,
05:53 et je pense qu'on devrait tous le faire, malade ou pas malade,
05:57 je pense que c'est écouter et faire vraiment les choses qui nous font du bien,
06:01 mais là encore plus prioritairement dans notre cas à nous, fais ce que tu as envie.
06:06 Et moi souvent on m'a dit, mais Delphine tu travailles trop,
06:13 calme-toi et repose-toi, et je dis, mais les gars ça me fait du bien,
06:17 essayer de comprendre que moi ça me fait du bien,
06:19 être derrière mes platines ça me fait du bien,
06:21 partager la musique ça me fait du bien,
06:23 et donc voilà, de toute façon quand je suis fatiguée, je suis incapable,
06:28 je n'ai pas été mixée début janvier,
06:30 première fois je pense, ou deuxième fois de ma vie que j'ai annulé un booking,
06:33 je l'ai appelé à 20h, je lui ai dit je ne suis pas capable,
06:36 j'ai beau essayer d'aller chercher dans mes ressources,
06:38 et Dieu seul sait que j'en ai, je ne suis pas capable,
06:41 mon corps me dit non, quand je suis fatiguée,
06:44 il n'y a pas de jus dans mon corps, je peux me lever,
06:46 je vais traverser le couloir, je dois m'asseoir après parce que je suis crevée,
06:50 donc tu peux faire ce que tu veux,
06:52 vraiment je pense que la meilleure des solutions de résumer en deux mots,
07:00 c'est envie, et le mot veut dire ce qu'il veut dire, être en vie.
07:05 [Musique]