• il y a 11 mois
Gérard Kierzeck et le Pr. François Olivennes se penchent aujourd'hui sur l'infertilité après qu'Emmanuel Macron a notamment pointé la baisse de la natalité en France. Comment lutter contre cela ? Ils vous expliquent tout. 

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Transcription
00:00 Et l'autre médecin qui est là, c'est le docteur Kirzak, évidemment, dès qu'il a entendu "médecine", tac, il s'est ramené.
00:04 – Il a squatté, il a squatté le pied.
00:06 – Ce sujet de la fertilité, professeur, c'est le tabou du siècle, a dit Emmanuel Macron,
00:09 est-ce que vous êtes d'accord avec ça et comment vous l'expliquez ?
00:12 – Tabou du siècle, je ne sais pas, mais tabou, c'est sûr,
00:15 je pense que les gens ont toujours eu une réticence à parler de ce problème.
00:22 Bon, chez les femmes, il y a ce côté un peu, je n'arrive pas à faire des enfants,
00:25 ça paraît une fonction très naturelle, on n'a pas envie de partager ça avec tout le monde.
00:29 Chez les hommes, il y a la petite confusion entre fertilité et virilité,
00:33 mais c'est vrai que moi j'ai toujours été surpris du fait que les gens n'en parlent pas,
00:38 des femmes n'en parlent même pas à leur mère par exemple.
00:40 – Oui, pardon ?
00:42 – Oui, non, c'est vrai que ça reste tabou, ça reste tabou,
00:45 c'est les moins qui ont 20 ans, mais ça reste tabou.
00:48 – Un enfant sur 4 a des difficultés, enfin un couple sur 4, pardon, a des difficultés pour créer,
00:53 un enfant sur 30 est aujourd'hui conçu par PMA,
00:55 est-ce que vous, vous constatez une aggravation de la situation de ces dernières années ?
01:00 – C'est difficile parce que moi j'ai mon cabinet,
01:02 mais disons, ce qu'on constate quand même clairement,
01:05 c'est que le décalage de l'âge où les gens font des enfants,
01:09 surtout l'âge de la femme étant le facteur principal de la fertilité,
01:14 ce décalage aboutit à une inflation de problèmes d'infertilité,
01:18 que ça soit des couples ou la femme, ou le couple d'ailleurs,
01:22 on dit toujours la femme, mais il faut arrêter de dire la femme
01:23 parce qu'une décision c'est à deux, il y a l'homme aussi,
01:26 donc des couples décident de faire des enfants tard,
01:28 et puis aussi vous avez quand même 60% de divorces,
01:31 donc des nouvelles unions avec des gens plus âgés,
01:35 et qui veulent faire des enfants dans leur deuxième union.
01:38 – Alors justement, parmi les mesures envisagées dans le grand plan,
01:41 voulu par le chef d'État, il y a la création d'un examen gynécologique pour les femmes
01:45 et d'un spermogramme pour les garçons à l'âge de 25 ans,
01:48 pris en charge à 100% par la Sécu,
01:50 qu'est-ce que ça changerait de faire ce test à 25 ans ?
01:52 Est-ce que ça serait vraiment un plus ou pas ?
01:54 – Alors moi, je pense que ce serait une bonne idée,
01:57 je pense que plutôt l'information, très jeune,
02:00 sur voilà comment ça se passe, comment ça marche,
02:03 qu'on peut décider de faire un enfant à 40 ans,
02:05 mais que si on est une femme, ce sera compliqué.
02:08 L'examen va permettre chez l'homme de dépister les hommes
02:11 qui ont un problème de sperme,
02:12 parce qu'on sait qu'il y en a entre guillemets de plus en plus,
02:14 et chez les femmes, c'est beaucoup plus compliqué,
02:18 on pourra donner une petite idée de savoir si la femme
02:20 a un très bon stock de follicules ou pas,
02:25 mais la prédiction de l'avenir reproductif n'est pas si facile.
02:29 – Mais pardon, mais chez un garçon,
02:31 s'il a un problème de sperme, ça se soigne ou c'est juste un constat ?
02:33 – Alors il y en a certains qui se soignent,
02:36 mais il y a aussi malheureusement cette fameuse idée
02:39 que les conditions de vie, le stress, les perturbateurs endocriniens
02:45 ont abouti progressivement à une baisse de la concentration du sperme.
02:49 Et puis les toxiques, les habitudes comme le tabac par exemple,
02:52 la consommation de cannabis, une mauvaise habitude de vie,
02:54 mais la bonne nouvelle c'est que c'est réversible chez les garçons,
02:56 et donc l'intérêt à 25 ans, c'est que ça peut permettre
02:58 de tirer un peu la sonnette d'alarme en disant,
03:00 "change tes habitudes de vie et ça te permettra
03:03 d'avoir une meilleure spermatogénèse".
03:05 – Mais alors, on parle de l'âge, on parle des perturbateurs endocriniens,
03:08 à quoi est due cette infertilité qui est quand même croissante,
03:11 on a le sentiment, c'est quoi, c'est le mode de vie ++ ?
03:14 C'est Paris, ailleurs, c'est la pollution ?
03:18 – Chez l'homme, c'est effectivement la piste qui a été trouvée,
03:22 comme je viens de le dire, chez la femme c'est compliqué
03:24 parce qu'on n'a pas un spermogramme,
03:26 il faudrait analyser le nombre d'enfants par femme,
03:28 vous voyez c'est quelque chose de très long,
03:30 mais on constate de plus en plus de femmes assez jeunes
03:34 qui ont des ovaires moins performants,
03:36 et comme je le disais tout à l'heure,
03:38 il y a aussi ce décalage dans le désir d'enfant
03:41 qui aboutit à ce que la femme se "réveille" vers 38, 39, 40 ans,
03:48 et il y a une grande inégalité, c'est ça qu'il faut bien insister,
03:51 de dire qu'entre chaque femme il y a une énorme inégalité de fertilité,
03:55 on le voit à l'extrême, la ménopause quand la femme ne peut plus faire d'enfant,
03:59 c'est entre 40 et 60 ans, il y a 20 ans d'écart
04:03 dans l'âge de la survenue de la ménopause,
04:05 donc on imagine que l'infertilité c'est la même chose un peu plus tôt,
04:09 donc il y a des femmes qui sont fertiles à 45 ans, c'est rare,
04:13 et il y en a qui sont déjà infertiles à 35 ans.
04:15 – Alors en 2022, vous parliez de ce qu'ont mangé
04:17 des perturbateurs endocriniens,
04:19 de toutes ces choses qu'on ne devrait pas ingérer,
04:21 un rapport suggérait de créer un logo "Reprotoxique" sur les aliments,
04:25 un peu sur le modèle du Nutri-Score,
04:27 qu'est-ce que vous en pensez-vous les médecins qui êtes là ce matin ?
04:30 – J'ai un peu de mal à imaginer que les gens vont regarder
04:33 ce qu'ils vont acheter, voir "Reprotoxique",
04:35 non mais je pense qu'une campagne d'information à l'école,
04:39 de parler plus de l'infertilité, tout d'un coup ça devient la cause du siècle,
04:43 c'est le tabou du siècle, mais ça devient la cause numéro 1,
04:47 enfin une des causes numéro 1, mais ça n'est jamais été en France,
04:49 l'infertilité a été très mal traitée, entre guillemets,
04:52 en France il n'y a pas de moyens, il y a peu de campagnes,
04:56 le tarif d'une fécondation in vitro en France
04:58 c'est une des moins chères du monde si on n'a pas la Sécu.
05:01 – Comment vous expliquez qu'il y a si peu de campagnes ?
05:02 – Parce qu'on avait une super natalité,
05:04 qu'à mon avis les pouvoirs publics se sont toujours dit
05:06 "on est les meilleurs d'Europe", on n'a pas besoin de s'intéresser à ça.
05:11 – Docteur sur les logos, il y en a maintenant pour pas que les femmes boivent,
05:13 pour pas fumer, pour pas ceci, pour pas cela ?
05:15 – Oui et puis l'imputabilité elle est compliquée,
05:17 parce que c'est toujours plurifactoriel,
05:19 c'est pas parce que vous avez mangé tel aliment que vous allez être infertile,
05:22 donc c'est très difficile de remonter à la causalité,
05:25 et puis il y a d'autres choses beaucoup plus simples,
05:27 on parlera en France Chronique sur l'endométriose par exemple,
05:30 c'est une grande cause d'infertilité qui est sous-diagnostiquée,
05:33 donc il y a probablement d'autres moyens pour pouvoir dépister et diagnostiquer.
05:37 – Il y a une formule qui a été envoyée par le chef de l'État récemment,
05:40 qui est le réarmement démographique, il n'a pas plu à tout le monde,
05:42 qu'est-ce que vous en pensez vous ?
05:44 – Oui, j'ai entendu quelqu'un qui disait à la radio, j'ai bien aimé,
05:48 que pour faire des enfants vaut mieux faire l'amour que la guerre,
05:52 voilà je pense que c'est s'occuper de la…
05:55 moi ce que je voudrais c'est qu'il n'y ait pas seulement des annonces,
05:58 mais qu'il y ait vraiment des actes de l'argent, des personnes,
06:02 de la recherche. – Effectivement,
06:04 ça serait bien de s'y intéresser un peu plus, on ne le fait actuellement.
06:08 – Eh bien merci beaucoup Professeur Oliven,
06:09 je rappelle le titre de votre livre "Mille et un bébés" publié chez Grasset,
06:13 vous restez avec nous si vous voulez bien.
06:14 – Nous sommes aujourd'hui le 22 janvier 2024,
06:17 et ce matin pour vous renseigner…

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