• il y a 11 mois
Eric de Riedmatten reçoit chaque week-end un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Question que tout le monde se pose, est-ce que l'immobilier va enfin baisser ? On en parle avec la FNAIM.
00:05 Bonjour, vous êtes avec nous Loïc Cantin, président de la Fédération Nationale des Agents Immobiliers.
00:10 Cette baisse pour cette année, elle serait de combien ?
00:15 Une baisse tant attendue. Après 15 années d'augmentation ininterrompue des prix de l'immobilier,
00:20 oui les prix vont baisser. Alors ils ont peu baissé encore en 2023,
00:25 mais ils sont appelés à finalement être régulés de façon importante au cours de l'année 2022.
00:30 Oui mais combien ?
00:31 On estime nous à la FNAIM 5 à 7 % de baisse sur l'ensemble des marchés et en moyenne sur l'ensemble du territoire.
00:37 7% ce n'est pas énorme.
00:39 Ce n'est pas énorme, mais quand on compare aujourd'hui en 2023, on a vu une baisse de 1 % sur l'ensemble du territoire.
00:45 Paris a baissé de 5,7. D'autres grandes villes aussi.
00:48 Donc il y a une variation très différenciée selon les territoires.
00:51 On a une variation qui n'est pas la même partout. Vous avez des villes même qui affichent encore une augmentation de prix.
00:57 Nice, plus 3%.
00:59 Oui mais ce n'est pas ça qui va permettre d'acheter son logement.
01:02 Il faut devenir propriétaire et on n'y arrive pas.
01:04 Il faut être patient.
01:05 Je crois que d'abord en économie immobilière, on a toujours une baisse des volumes avant d'avoir la baisse des prix.
01:11 On a connu la baisse des volumes de façon tout à fait récente,
01:14 puisque 2023 est la première plus forte baisse des transactions en 50 ans.
01:21 On a chuté, on est passé de 1,2 million de ventes à 875 000.
01:25 Vous imaginez ?
01:26 Donc là, on peut dire que c'est un marché en chute libre, c'est ça ?
01:29 Un marché en chute libre qui se régule et maintenant à la régulation.
01:32 L'année 2023 a été l'année de la baisse des volumes et l'année 2024 va être l'année de la chute des prix.
01:37 De toute façon, c'est inévitable.
01:39 Vous savez, on a connu une période où on a connu des taux d'intérêt qui étaient régulièrement à la baisse
01:44 et qui ont traîné et qui ont dopé un marché avec des prix en élévation totalement et en permanence à la hausse.
01:49 On vit aujourd'hui le contraire.
01:51 Une augmentation des taux d'intérêt va entraîner une baisse des prix inéluctable.
01:55 Et donc, ça veut dire que ceux qui s'intéressent à l'immobilier, soit pour acheter, pour se loger,
01:59 soit pour vendre parce qu'ils ont besoin de réaliser une opération, ça reste bloqué aujourd'hui ?
02:04 Ça ne reste pas bloqué parce que vous savez, quand on est déjà propriétaire,
02:07 vous êtes déjà propriétaire de votre maison, vous voulez acheter, faire une nouvelle opération, ce n'est pas un souci.
02:13 Quand vous vendez, hier vous vendiez plus cher, mais vous achetiez également plus cher.
02:18 Demain et aujourd'hui, vous allez vendre moins cher, mais vous allez acheter aussi moins cher.
02:22 Le vrai blocage qu'il y a, c'est pour les primo-accédants, pour ceux qui ne sont pas propriétaires, et c'est là qu'il y a une difficulté.
02:27 Oui, parce que les jeunes ne peuvent pas emprunter facilement aujourd'hui, on sent qu'il y a quand même un blocage.
02:32 Il y a un moment, il y a près de dix ans d'ailleurs, la politique du logement n'a jamais été au rendez-vous des élections présidentielles.
02:39 Ça n'a jamais été une forte préoccupation de nos prétendants à la présidence.
02:44 Et surtout qu'aujourd'hui, il n'y a pas d'aide pour les primo-accédants.
02:48 Il n'y a pas d'accompagnement de l'État pour favoriser l'accession à la propriété des jeunes, et c'est fondamental.
02:53 On ne peut pas imaginer qu'un Français, à l'échéance de sa retraite, n'ait pas un toit au-dessus de la tête.
02:59 Ça n'est pas possible. Et justement, c'est ce qui pose un problème sur ce marché.
03:02 Et c'est quoi la recette miracle ? Le ministre du logement, qu'est-ce qu'il doit faire ?
03:07 Je crois qu'un homme seul ne fera rien. Ce n'est pas un sixième ministre du logement qui va pouvoir changer la donne.
03:13 Il faut avoir une feuille de route claire. La feuille de route, elle incombe au président de la République.
03:18 Le président de la République doit donner sa feuille de route.
03:21 - Et ça, il n'en a pas parlé à la conférence de presse.
03:23 - Il n'en a pas parlé à la conférence de presse. Il a effleuré le mot logement.
03:27 Mais simplement, c'est une feuille de route et une véritable prospective sur 20 ans.
03:31 Vous savez, on est un changement, je dirais, sociétal très important au carrefour de profonde transformation.
03:37 Et il faut que le président de la République donne sa feuille de route.
03:40 Mais attention, en France, on est encadré par Bercy. Je crois que ce sont les finances qui commandent.
03:46 Et vous savez, quand les recettes de la France sont exsangues, l'État ne peut plus avoir une fonction redistributrice
03:53 pour pouvoir aider les ménages face à la question logement.
03:55 - Vous voulez dire par là qu'ils n'ont plus les moyens aujourd'hui de faire des gestes fiscaux pour accéder au logement ?
04:01 Il y avait à l'époque la loi Meigneurie.
04:02 - Ni mesure d'accompagnement pour l'accession à la propriété, parce que le quoi qu'il en coûte,
04:07 maintenant, s'il en coûtera rien et même, il en coûte de moins en moins.
04:10 Et concernant, bien évidemment, l'investissement locatif, le PINEL va prendre fin au 31 décembre 2024.
04:16 On n'a aucun dispositif de substitution.
04:19 C'est une vraie catastrophe pour la construction d'oeuvres quand elle a été habituée pendant 38 ans après des mécanismes de réduction d'impôts.
04:24 C'est-à-dire qu'on a une véritable contraction et aujourd'hui, on a une production locative qui ne sera plus au rendez-vous.
04:30 C'est un vrai souci.
04:31 - C'est-à-dire qu'on ne construit plus suffisamment non plus.
04:33 Les promoteurs tirent la langue, il n'y a plus de permis de construire en nombre suffisant.
04:37 On a l'impression qu'on est dans une crise totale.
04:39 - Une crise totale à la fois qui touche le parc social,
04:43 à la fois qui touche le parc locatif privé et public, bien évidemment,
04:46 à la fois l'accession à la propriété et le renouvellement du parc via la construction.
04:50 On est, je crois, à la croisée, on est finalement à la fin d'un modèle.
04:53 Et ce modèle, il faut le repenser différemment.
04:55 Vous savez, on avait cru un moment dans le conseil national de la refondation qu'avait initié Emmanuel Macron
05:01 et qui n'a débouché sur rien.
05:03 Et je crois que l'ensemble aujourd'hui des acteurs de l'écosystème du logement et de l'immobilier
05:08 a créé une alliance pour le logement avec les bailleurs sociaux, avec la FFB, avec l'FPI,
05:12 tous les syndicats professionnels.
05:13 Nous sommes extrêmement déterminés sur l'urgence et la conviction qu'il y a urgence
05:17 à prendre des dispositions adaptées pour soutenir le logement des Français.
05:20 Je crois que ce sera la plus grande crise après la Seconde Guerre mondiale.
05:25 Vous savez, je crois qu'on va fêter prochainement l'appel de l'abbé Pierre,
05:29 les 70 ans de l'appel de l'abbé Pierre.
05:31 Et il disait "Gouverner, c'est gérer son peuple".
05:34 Je crois, j'adresse ce message à Emmanuel Macron.
05:37 Finalement, c'est loger son peuple.
05:40 Je crois qu'aujourd'hui, on est dans une situation extrêmement compliquée
05:43 et tous les secteurs du logement sont affectés et demandent des solutions urgentes.
05:47 - Eh bien, espérons qu'il vous recevra, personnellement, vous Loïc Quentin, président de la FNAI.
05:51 Merci d'être venu sur CNews.
05:53 Restez avec nous.
05:55 (Générique)
05:59 [SILENCE]

Recommandations