Immigration: les députés britanniques adoptent le projet de loi pour expulser des migrants au Rwanda

  • il y a 8 mois
Avec Alex Taylor, journaliste.

On décrypte le monde, tous les samedi matin à 8h16.

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##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2024-01-13##

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00:00 Un projet de loi surprenant qui a été adopté par la Chambre des communes cette semaine au Royaume-Uni.
00:05 Un projet qui permettrait d'expulser des migrants arrivés en Grande-Bretagne vers le Rwanda en Afrique,
00:13 presque à l'autre bout du monde.
00:14 On en parle avec notre invité, le journaliste européen Alex Taylor.
00:17 Bonjour à vous Alex Taylor.
00:19 Bonjour.
00:20 Quelle idée s'ogrenue que de vouloir envoyer des migrants qui veulent rejoindre le Royaume-Uni
00:26 au Rwanda, à l'autre bout du monde en Afrique ?
00:28 C'est d'autant plus s'ogrenu qu'ils n'y arrivent pas.
00:31 C'est déjà la troisième fois que les Britanniques, qui ont déjà dit pour ça,
00:36 enfin le gouvernement a déjà donné 290 millions de livres servis au Rwanda,
00:44 sans pour autant envoyer le moindre migrant ou réfugié.
00:48 Les seules personnes qui ont envoyé pour le moment,
00:50 c'est trois de leurs propres ministres de l'Intérieur pour faire des photos devant les endroits
00:56 à Kigali au Rwanda où ces migrants seraient logés si jamais on arrive à les envoyer.
01:02 C'est un gimmick pur qui ne marche pas.
01:04 Alors concrètement, le Premier ministre Rishi Sunak a eu énormément de mal à faire passer
01:09 ce projet qui doit encore être approuvé par la Chambre des Lordes.
01:11 Il y avait des divisions, notamment au sein de son parti, le Parti conservateur.
01:16 Sur quoi portaient les débats ?
01:18 Les débats au sein de son propre parti, si ce n'était pas aussi tragique,
01:21 si on ne parlait pas des destins de personnes qui traversent la Manche,
01:25 et encore une fois, on a eu je crois 600 personnes qui ont déjà traversé la Manche.
01:30 Vous voyez à quel point il fait froid en ce moment, peut-être pas chez vous, mais dans la Manche.
01:35 Et donc si ça, ça n'est pas une force de dissuasion de faire,
01:40 je pense que le fait d'être éventuellement envoyé au Rwanda,
01:45 parce que le gouverneur britannique lui-même dit que ça ne concernait que 1% des réfugiés
01:50 qui traversent la Manche, si ça, ça ne suffit pas, ils viendront toujours.
01:57 Et si ce n'est pas aussi tragique, c'est en même temps comique,
01:59 parce que les seules divisions au sein du Parti conservateur,
02:03 c'est de dire que le projet ne va pas assez loin.
02:06 Il y a le numéro 2 du Parti conservateur qui a démissionné mardi,
02:10 parce qu'il a dit "je vais voter contre" parce que ça ne va pas assez loin,
02:14 comme force de dissuasion, et puis il a essayé de voter contre,
02:18 il s'est allé dans la partie où les gens votent contre, c'est-à-dire les travaillistes,
02:22 mais qui se riaient d'Elvis, donc soudain il est resté,
02:26 et il s'est abstenu plutôt que de subir les rayeries de l'opposition.
02:31 C'est quelque chose qui, si ce n'était pas aussi tragique, ce serait comique.
02:35 En tout cas, ça montre aussi que les débats sont particulièrement enflammés
02:38 autour de l'immigration de part et d'autre de la Manche,
02:41 parce qu'on a vécu quelques scènes aussi cocasses à l'Assemblée nationale
02:44 lors des débats sur la loi immigration en France.
02:47 Donnez-moi un petit peu le mode d'emploi théorique de ce projet de loi,
02:51 s'il venait à être appliqué.
02:53 Concrètement, ce que cherche à faire le gouvernement, c'est quoi ?
02:56 C'est qu'un migrant qui traverse la Manche depuis la France pour arriver au Royaume-Uni
03:00 sera envoyé au Rwanda le temps que son dossier soit étudié, c'est ça ?
03:05 Ah non, c'est pas ça. Il serait de toute façon envoyé au Rwanda,
03:10 quoi qu'il en soit, avec très peu de chances de revenir.
03:13 Mais la raison pour laquelle, pour le moment, c'est la troisième fois que le gouvernement
03:17 s'est fait passer à cette loi, c'est parce que la Cour européenne des droits de l'homme,
03:22 dont le Royaume-Uni dépend toujours, ça n'a rien à voir avec l'Union européenne,
03:26 même si la plupart des Britanniques le pensent, a situé que le Rwanda n'est pas un pays sûr.
03:32 Donc, comme la Comte-Bretagne ne peut pas les envoyer en fonction de cette décision
03:38 de la Cour européenne, cette troisième tentative, c'était une loi qui définit le Rwanda
03:48 comme un pays sûr pour qu'on puisse les envoyer.
03:52 Mais même le Rwanda commence à désespérer en disant, vous savez, si ça oblige la Grande-Bretagne
04:00 à ne pas suivre la loi internationale, c'est-à-dire la Cour européenne des droits de l'homme,
04:07 on ne veut pas y participer non plus.
04:09 Donc, c'est le Rwanda qui se moque un peu de Londres aussi.
04:11 C'est difficile de vous dire à quel point tout ça est grotesque.
04:14 J'ai regardé une émission jeudi soir à la télévision, la principale émission politique,
04:18 c'est en public, et quelqu'un a demandé au public de lever la main s'ils étaient d'accord
04:24 avec cette politique du Rwanda.
04:27 Vous savez combien de personnes ont levé la main sur 200 ?
04:30 Deux personnes ont levé la main, parce que c'est devenu tellement grotesque.
04:33 Mais le Premier ministre le voit comme un totem et comme le reste de sa politique ne marche pas très bien.
04:40 L'inflation remonte en Grande-Bretagne, il y a beaucoup de manque dans les supermarchés, sur les rayons.
04:46 Donc, il a pris ça comme un totem pour dire je vais réussir à faire en sorte qu'il n'y ait plus de bateau.
04:51 Mais c'est la coopération internationale en Europe qui va faire ça, pas des gimmicks comme la politique du Rwanda.
04:57 Et puis l'autre enseignement de ces scènes, c'est que des années après le Brexit, les flux migratoires
05:03 ne se sont toujours pas taris vers le Royaume-Uni, alors même que c'était une promesse des partisans du Brexit,
05:08 il fallait sortir de l'Europe pour limiter l'immigration.
05:10 On veut le confirmer, Alex Teller ?
05:12 C'est trois fois plus haut, ils ont trois fois plus d'immigration.
05:14 Ils ont dit nous allons reprendre le contrôle de nos frontières.
05:18 Et depuis le Brexit, si on compte l'immigration illégale, avec l'immigration dont c'est en plus besoin,
05:26 puisqu'ils ont chassé tous les Européens qui étaient leurs infirmiers, leurs profs.
05:30 Donc ça a monté, c'était à peu près 200 000 quand ils étaient dans l'Union Européenne.
05:35 Maintenant, c'est 700 000. Donc c'est encore un mensonge de la part des Brexiteurs.
05:41 Ou à minima, une erreur. Merci beaucoup, Alex Teller, journaliste européen, d'avoir pris la parole sur Sud Radio.
05:47 On vous retrouvera une prochaine fois avec plaisir. A bientôt.

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