Marie Heurtin, née sourde, muette et aveugle, a 14 ans et semble promise à un sombre destin. Dans la France de la fin du XIXe siècle, son incapacité à communiquer est considérée comme un signe de débilité. C'est alors que soeur Marguerite, une religieuse de l'Institut de Larnay, s'intéresse à son cas. Elle voit en Marie Heurtin une âme emprisonnée qui ne demande qu'à être libérée. Elle s'interroge sur sa capacité à vivre dans l'obscurité et l'isolement. Soeur Marguerite decide de prendre la jeune fille sous son aile, malgré la désapprobation et le scepticisme de la mère supérieure. Après de longs mois d'exercices et d'apprentissage de la langue des signes, l'adolescente communique pour la première fois...
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Court métrageTranscription
00:00 -Voilà, quand il y a ton pouce, le pouce il fait ça.
00:03 Hop !
00:04 Hop !
00:05 Voilà, le pouce, il...
00:06 -OK, merci.
00:08 -Un canard. -Un canard.
00:09 -Un canard. -Un canard.
00:10 -Et bien, retourne le canard et hop !
00:12 Super. -Très bien.
00:13 -Ma première surprise, c'est de voir que la langue des signes,
00:16 c'est pas quelque chose d'inaccessible,
00:19 qu'on peut se comprendre très facilement
00:21 sans passer par les cris,
00:25 qu'on peut voir des choses,
00:27 qu'on peut voir les cris, qu'on peut communiquer.
00:31 C'est d'ailleurs un des premiers mots que j'ai appris,
00:34 le mot "communiquer", "s'exprimer".
00:36 Ça, c'est "communiquer", et ça, c'est "exprimer".
00:39 "S'exprimer", c'est beau, quand même, comme signe.
00:42 Et voilà, la beauté poétique de cette langue.
00:45 Poétique, ça veut pas dire guirlande, quoi.
00:48 C'est vraiment des beaux gestes, quoi.
00:50 Je pense que ça vient du fait que moi, je voulais être danseuse
00:54 et que j'ai toujours eu ce regret,
00:57 parce que les mots, évidemment,
00:59 c'est chouette de pouvoir dire des textes au théâtre.
01:02 J'adore dire des beaux textes,
01:04 mais j'aime encore plus laisser le corps s'exprimer
01:07 sans rien dire.
01:09 Et j'ai jamais eu l'occasion de jouer un rôle muet.
01:12 J'adorerais ça.
01:14 Et là, tout à coup, d'avoir ces gestes,
01:16 comme des chorégraphies à apprendre,
01:18 je pense que ça m'a rappelé la danse et ce plaisir-là.
01:22 -Et... action.
01:25 ...
01:45 -Au début, Raphaël lui dit,
01:47 "La mère supérieure n'a pas tort."
01:49 Tu sais, comme la mère supérieure a dit à Marguerite
01:52 qu'elle s'y prenait mal.
01:54 Et là, Raphaël lui raconte,
01:56 "Les 4 premières années de ma vie,
01:58 "je les ai vécues dans le silence auprès de mes parents.
02:01 "Ils ne connaissaient pas le langage des signes,
02:04 "mais ils m'ont appris le reste."
02:06 Nous, on avait écrit avec Philippe Blasbant
02:08 "quel reste", mais en langue des signes, c'est "quoi".
02:11 C'est plus direct, c'est pas "quel reste".
02:13 Quand on pense que le signe lui-même n'est rien
02:16 sans l'expression du visage.
02:18 Donc c'est tellement lié au jeu,
02:20 aux acteurs, quand même.
02:22 - Tu as le même niveau de cheveux ?
02:24 - Oui, genre, j'en ai marre, j'ai trop de choses à dire.
02:27 J'ai des trucs à dire, quoi.
02:29 - Tu sors pas, tu joues encore avec nous.
02:34 - Eh ouais !
02:36 - D'accord.
02:38 - On peut ? - Oui, on peut.
02:40 - Répétons, s'il vous plaît.
02:42 - Allons-y, s'il vous plaît.
02:44 [SILENCE]