Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, est l'invitée de BFMTV-RMC ce mardi.
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00:00 Moi je réagirai au propos d'Emmanuel Macron depuis un campement qui a été installé avec le DAL, l'association droit au logement,
00:09 depuis Noël avec une trentaine de familles sans-abri qui demandent des logements pérennes.
00:14 Vous êtes où exactement ?
00:16 C'est le campement à Solferino où je vais d'ailleurs dormir ce soir pour briser le mur de l'indifférence.
00:24 Je rappelle qu'il y a trois personnes sans-abri qui sont mortes de froid depuis le début de la pandémie.
00:30 En 1954, c'est-à-dire il y a 70 ans, résonnaient les mots de l'abbé Pierre qui disait "Mes amis au secours, cette nuit une femme est morte gelée"
00:36 et que 70 ans après, de nouveau, dans la 7e puissance économique au monde, on se retrouve avec des personnes qui meurent
00:43 et avec un nombre sans précédent qui n'a jamais existé dans notre pays d'enfants qui sont sans-abri.
00:49 Je veux d'ailleurs saluer toutes celles et ceux, souvent du personnel éducatif, souvent des parents d'élèves,
00:54 qui ouvrent les écoles pour faire en sorte de ne pas laisser les enfants dormir le soir.
00:58 Vous portez plainte contre l'État pour non-assistance à personnes en danger, pour ne pas avoir su sauver ces trois SDF.
01:07 Oui, parce que le collectif des morts à la rue dit que 620 personnes sont mortes l'année dernière de la rue,
01:15 probablement beaucoup plus parce que c'est dur à comptabiliser.
01:18 Ce n'est en rien une fatalité. Je rappelle juste des chiffres.
01:22 Nous avons 330 000 personnes qui sont sans-abri dans ce pays, c'est-à-dire deux fois plus qu'il y a 10 ans et trois fois plus qu'il y a 20 ans.
01:29 Vous avez des politiques qui sont menées, notamment la baisse des APL, la criminalisation des personnes sans-abri avec la loi Casbarian,
01:37 qui sont des politiques qui favorisent le mal-logement et le sans-abrisme.
01:41 Il n'y a aucune fatalité dans ce qu'on vit.
01:44 Je vais vous donner un autre chiffre qui va vous en convaincre. Il y a 3,1 millions de logements vacants dans ce pays.
01:50 Si on prend ceux qui sont dans les centres-villes, parce que parfois on nous dit qu'ils ne sont pas vacants de manière durable, etc.
01:56 Ceux qui sont dans les centres-villes, vacants de manière durable, et d'ailleurs c'est pour ça que le campement est à Solférino,
02:01 c'est parce qu'il est devant un immeuble où 80 % des logements sont vides de manière durable.
02:06 C'est 300 000 logements. Donc nous avons largement les moyens de réquisitiver ces logements.
02:11 Vous défendez aussi ce que Yann Brossin, qui est sénateur communiste,
02:16 demande la réquisition immédiate par les maires, par les élus, d'au moins ces immeubles institutionnels.
02:23 Sans aller jusqu'au logement personnel, les appartements, mais carrément les immeubles quand ils sont vides,
02:29 pouvoir immédiatement et sans attendre la réquisition.
02:32 C'est une mesure de bon sens. Je rappelle que quand c'est réquisitionné,
02:36 ce sont des mesures qui sont pour un an, qui peuvent être renouvelées six fois.
02:39 Donc ce sont des mesures temporaires. Par ailleurs, un propriétaire est indemnisé quand il y a une réquisition de l'Etat.
02:46 Donc je veux dire, c'est une mesure d'urgence de bon sens.
02:49 En plus, évidemment, de reconstruire le logement public, d'arrêter, puisqu'ils ont augmenté de 3,5 % les loyers l'année dernière,
02:55 de 3,5 % les loyers encore la nuit d'avant.
02:57 Il n'y a pas de ministre du logement. Au moment où on se parle, il n'y a plus de ministre du logement.
03:01 Vous vous rendez compte à quel point c'est incroyable ?
03:02 Il y a peut-être un secrétaire d'Etat qui sera, mais au moment où on se parle, il n'y a pas de ministre du logement.
03:06 Alors que trois personnes viennent de mourir en quatre jours de froid dans notre pays.
03:08 Je veux dire, vous vous rendez compte du niveau d'irresponsabilité dans lequel on est ?
03:11 Donc je le dis, ce soir, moi je dormirai dans ce campement, y compris pour lancer l'alerte sur cette question.
03:17 Je serai avec d'autres parlementaires insoumis, mais aussi d'autres groupes.
03:21 Et nous le disons à ce gouvernement, il doit agir d'urgence sur cette question.
03:25 Il est indigne d'avoir autant de personnes qui vivent à la rue dans un pays aussi riche que le nôtre.