• il y a 11 mois
La nouvelle ministre de l'Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castera, est déjà au cœur d'une polémique. Lors de son premier déplacement en tant que ministre, elle a visité avec Gabriel Attal une école où elle a décidé de parler de son choix d'avoir placé ses enfants dans le privé. Elle avait critiqué le fait que plusieurs heures de cours n'avait pas été remplacées dans le public. Or, une ancienne institutrice du fils de la ministre a démenti ces propos et depuis, les oppositions appellent à la démission de la nouvelle ministre de l'Éducation nationale. Amélie Oudéa-Castera se rendra dans l'école publique de Littré, dans le 6e arrondissement de Paris, l'ancien établissement de son fils. 

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Transcription
00:00 [Générique]
00:05 Avec nous pour en parler, Mathieu Croissando et Laurent Neumann,
00:08 et une pensée bien sûr pour les enseignants de l'école Littré qui vont recevoir donc ce matin,
00:12 en fin de matinée tout à l'heure, la visite de la ministre de l'Éducation nationale, Amélie Oudéa Castera.
00:17 Dominique Marie est devant l'école Littré.
00:20 Dominique, comment réagissent les parents d'élèves, les enseignants que vous croisez ce matin
00:25 avant cette visite ministérielle ? Qu'attendent-ils d'elles ?
00:28 Eh bien, il y a eu cette lettre, vous le savez, qui a été publiée effectivement dans le journal Libération,
00:35 auteure de cette enquête, qui d'une certaine manière contredit les explications des ministres
00:40 sur le placement de ces enfants en établissements privés,
00:45 qui dit qu'effectivement il n'y a pas eu de problème d'heures non remplacées dans ces établissements.
00:49 Un ministère qui dit effectivement que la ministre a sans doute eu un sentiment diffus,
00:54 il y a 15 ans. Les parents sont en train d'arriver ce matin.
00:58 C'est difficile de les saisir parce que beaucoup de gens sont assez pressés,
01:01 ils vont déposer leurs enfants à l'école. Mais on sait que la ministre doit arriver ici.
01:05 On voit que c'est un moment de communication parce que l'enseignante qui était en charge de son enfant à l'époque,
01:10 ici dans cette école publique, n'est plus là. C'est quelqu'un qui est parti à la retraite.
01:14 Mais il se trouve que les services du ministère ont opportunément retrouvé son numéro
01:18 et la ministre a pu discuter avec elle par téléphone.
01:21 Les deux ministres ont convenu que ce n'était pas une bonne idée de mettre en avant cet enfant
01:26 pour en une certaine manière régler ses comptes.
01:29 La ministre va donc rencontrer les enseignants ici tout à l'heure.
01:33 Elle a même dit qu'elle pourrait éventuellement rencontrer à son ministère l'enseignante de son enfant à l'époque.
01:38 Dans cette lettre, Laurent Neumann, les parents de l'école Littré écrivent
01:42 leur plus profond attachement à l'école de la République et notamment à notre école Littré,
01:47 si injustement mise en cause pour les besoins, madame la ministre, de votre situation personnelle et individuelle.
01:54 Elle s'enfonce, Amélie Oudéa-Casterat ?
01:56 Oui, de mon point de vue, pour une raison extrêmement simple.
01:59 C'est qu'en général, en politique, l'amateurisme plus le mensonge, ça ne pardonne pas.
02:03 Et là, on a les deux à la fois. Je vais vous étonner, mais cette polémique,
02:07 avant la nomination d'Amélie Oudéa-Casterat au ministère de l'Éducation,
02:11 elle était prévue, elle était prévue, anticipée, assumée.
02:16 La seule chose qu'on n'a pas anticipée, c'est la réponse.
02:18 Parce que très honnêtement, tous les ministres de l'Éducation, pas tous,
02:21 mais beaucoup, de Martine Aubry à Luc Châtel en passant par Blanquer,
02:25 Papin-Villaye jusqu'à Amélie Oudéa-Casterat, ils ont tous été confrontés à cette polémique.
02:30 La polémique de mettre ses enfants dans une école privée.
02:34 Or, la réponse, en pareil cas, elle est d'une simplicité biblique.
02:37 D'abord, un, c'est un choix personnel. Deux, il y a deux millions d'enfants dans le privé.
02:42 Et trois, moi, ministre de l'Éducation, je suis ministre du public et du privé,
02:47 donc pas de garde scolaire. Pourquoi aller sur le terrain personnel ?
02:50 C'est absolument incompréhensible.
02:52 Et en général, en politique, quand vous faites un mensonge,
02:55 vous vous enferez pour cacher le premier, il faut en faire un second.
02:59 Et ça devient une affaire politique. C'est pour ça qu'au mensonge,
03:02 j'ajoute à titre personnel, l'amateurisme.
03:04 - Mais comment on sort de cette histoire, alors de cette polémique ?
03:08 Entre mensonge et amateurisme, on ne peut pas imaginer une seule seconde
03:12 qu'elle soit démissionnée.
03:14 - Non, alors généralement, vous pouvez faire un mea culpa,
03:16 mais un mea culpa qui ressemble à un mea culpa,
03:18 pas un mea culpa qui est fidandreux et qui ressemble à l'ajout d'un mensonge sur un mensonge.
03:21 Ensuite, l'exécutif peut difficilement se déjuger.
03:24 Elle a été nommée, il faut le rappeler, jeudi dernier.
03:28 Au bout de le lendemain, dès le lendemain, elle patauge dans cette affaire.
03:32 - Mais dans un périmètre très large.
03:34 - Dans un périmètre très large et qui avait été contesté,
03:36 puisqu'on lui avait adjoint au sport pendant une année olympique,
03:39 le chantier prioritaire de l'exécutif, c'est-à-dire celui de l'éducation.
03:44 Donc l'exécutif ne va pas se déjuger parce qu'il pense que de toute façon,
03:47 ce qu'elle a dit, parmi toutes ses explications, il y a un fond de vérité.
03:51 C'est-à-dire qu'il y a des parents qui font l'arbitrage entre le public et le privé
03:54 parce qu'ils ne se retrouvent pas dans le public.
03:56 Et parmi les raisons qui font qu'ils ne se retrouvent pas dans l'enseignement public,
03:59 il y a parfois ces affaires d'absence non remplacées.
04:02 Et donc, elle n'a pas dit de ce point de vue-là quelque chose de faux.
04:06 Simplement, en tant que ministre de l'Éducation nationale, c'est particulièrement compliqué.
04:10 Je disais, c'est difficile de se déjuger pour le président de la République.
04:12 Il vient d'annoncer, le seul qui a été viré, c'est comme ça, au bout d'un mois,
04:16 entre la première mouture du gouvernement et la seconde mouture du gouvernement,
04:18 c'était Damien Abad en 2022.
04:20 C'est quand même une autre affaire.
04:22 On vient de faire rentrer au gouvernement quelqu'un qui est mis en examen,
04:25 Madame Rachida Dati, et là, juste, on sait, elle, qu'on choisirait de virer 4 jours après.
04:30 Non, ça paraît compliqué.
04:31 En revanche, on peut lui adjoindre un ministre délégué,
04:33 plutôt qu'un secrétaire d'État qui soit costaud et crédible sur la question scolaire,
04:37 à moins que le dossier ne remonte à Matignon,
04:39 puisque le Premier ministre avait dit "j'emmène avec moi la cause de l'école à l'hôtel Matignon".
04:43 Mais ça paraît compliqué, parce qu'il va y avoir d'autres choses à faire.
04:45 Après, lors de ce rééquilibrage, vous savez, on va avoir nommé des secrétaires d'État,
04:48 des ministres délégués, peut-être qu'elle pourrait perdre le portefeuille de l'Éducation.
04:52 Oui, parce que le ministère de l'Éducation nationale mérite mieux qu'un ministère par délégation.
04:57 Il a échappé à personne que nous n'avions pour le moment que 14 ministres.
05:01 Donc, il va y avoir toute une série de nominations de ministres délégués, de secrétaires d'État.
05:05 On peut très bien imaginer qu'auprès de Madame Mudea Castera,
05:09 il y ait demain, après-demain, d'ici la fin de la semaine,
05:11 un ministre non pas, ou un secrétaire d'État non pas de l'Éducation nationale, c'est elle,
05:16 mais peut-être, par exemple, de l'enseignement public, pour désamorcer.
05:20 Désamorcer, parce que disons-le, et là, Mathieu a raison,
05:23 le président de la République et le Premier ministre vont souplir jusqu'au bout,
05:26 mordicus, leurs ministres. Ils ne peuvent pas se déjuger,
05:28 a fortiori, aujourd'hui, où le président de la République parle.
05:31 Mais par contre, au moment des nominations, on peut lui retirer une partie de son périmètre
05:35 pour une raison extrêmement simple, c'est que les prochaines réunions
05:38 avec les syndicats d'enseignants, mais ça va être bien violent.
05:41 Mais justement, le premier contact avec les syndicats d'enseignants a été un peu compliqué.
05:45 Elle a tenté d'en faire une affaire personnelle, en rappelant quelle était son histoire.
05:49 Ses convictions, nous lui avons dit que nous ne souhaitions pas aller sur le terrain personnel,
05:53 ce n'est pas une affaire personnelle, c'est une affaire de vision de l'école et de l'école publique.
05:58 Il faut des excuses publiques à tous les enseignants.
06:00 Elle a dit qu'elle allait réfléchir aux réponses qu'elle allait nous donner,
06:03 mais elle n'a pas du tout engagé d'excuses, elle ne s'est même pas excusée auprès de nous.
06:07 Elle n'a pas pris la mesure de ce que ça a provoqué comme honte de choc auprès de la profession.
06:13 Les personnels se sont sentis violemment insultés, les personnels de l'école publique.
06:18 Le problème, ce n'est pas du tout qu'elle ait mis ses enfants dans le privé,
06:20 même dans le privé à Stanislas, d'autres ministres faisaient ça avant elle.
06:25 C'est qu'elle a en fait tenu un message politique dans sa réponse.
06:30 Le problème, c'est d'avoir stigmatisé ces paquets d'heures non remplacés.
06:34 On vient d'entendre la réaction des enseignants.
06:36 Dominique, Marie, on va voir avec vous ce que disent aussi les parents d'élèves.
06:39 Vous êtes avec un papa de l'école Littré.
06:44 Je suis avec Thomas qui amène ses deux petits garçons ce matin qui sont sur des trottinettes et qui s'apprêtent à rentrer à l'école.
06:49 Vous savez que la ministre est censée venir tout à l'heure dans la matinée.
06:52 Comment vous avez regardé cette polémique puisque vos enfants précisément, vous, sont dans cette école ?
06:58 Je ne sais pas. Pour moi, ce n'est pas vraiment une polémique.
07:04 La ministre a le droit de mettre ses enfants à l'école où elle veut.
07:07 Comme nous, on aurait pu les mettre là-bas aussi.
07:09 Personnellement, je préfère les mettre à l'école publique
07:13 pour faire partie d'une communauté des gens qui habitent dans le quartier.
07:18 Mais il n'y a jamais eu de problème dans cette école.
07:20 Je ne sais pas où habite la ministre. Elle est censée avoir ses enfants à l'école ici ?
07:24 Non, ses enfants se sont inscrits à cette école il y a très longtemps, mais c'est très peu de temps.
07:28 Et puis, ils ont migré en direction de l'enseignement privé.
07:30 Il n'y a pas spécialement de problème, j'imagine.
07:32 Après, il y a les problèmes de l'éducation nationale qui sont les grèves en général.
07:35 Je ne peux pas dire la même chose que la ministre.
07:38 À un moment, quand on a une profession qui prend du temps,
07:41 c'est compliqué de devoir gérer plusieurs semaines des enfants qui ne vont pas à l'école.
07:47 Il y a l'air d'avoir moins de problèmes dans l'école privée,
07:50 mais pour moi, ce n'est pas une raison suffisante pour aller dans le privé.
07:53 Peut-être que ça l'est pour la ministre.
07:55 Je ne connais pas sa vie, comment elle s'organise avec ses enfants, etc.
07:58 Vous êtes contente quand même qu'elle vienne auprès de la comitée scolaire
08:01 pour d'une certaine manière faire pénitence après ses démissions ?
08:04 Je ne sais pas si un ministre agit plus en montrant qu'elle fait pénitence
08:10 plutôt que de faire plus agir pour l'éducation nationale.
08:14 Ce que vous attendez, c'est qu'elle agisse.
08:16 Merci d'avoir été avec nous.
08:18 On sait qu'il y a des parents qui étaient un peu plus en colère,
08:21 déçus que leur école, celle de leurs enfants, soit pointée du doigt.
08:24 Ils l'ont dit dans cette lettre à Libération.
08:26 Comment la ministre peut recoller les morceaux avec les syndicats ?
08:29 Ça, ça va être très compliqué.
08:31 Elle les a braqués sur plusieurs plans.
08:33 Leur histoire d'or ne remplacer, c'est leur signifier.
08:35 Bande de fainéants, vous êtes tout le temps absents et vous êtes mal organisés.
08:37 Ensuite, de dire "mes enfants, je les ai mis là-bas, et depuis, ils sont heureux,
08:41 ils sont épanouis, ils sont en sécurité".
08:43 Une façon de dire aussi aux secteurs publics
08:46 "vous, vous ne savez pas, les gamins ne sont pas en sécurité,
08:48 ils ne sont pas épanouis, ils n'ont pas d'amis".
08:50 Ça va être compliqué.
08:51 Il y en a un qui avait braqué les syndicats, vous vous souvenez ?
08:53 Claude Allègre, 1997, il arrive, il dit "je vais dégraisser le mammouth".
08:55 À l'époque, il parle plutôt de l'administration centrale,
08:57 plutôt que des professeurs.
08:59 En fait, ça va bloquer son action au ministère de l'Éducation nationale.
09:02 Il va rester trois ans, mais il va y avoir des manifs,
09:04 il ne va jamais réussir à recoller avec les syndicats.
09:06 Et puis, ça va aussi acter une forme de divorce entre la gauche et les profs, à l'époque.
09:12 C'est quand même un événement majeur, mais juste différence.
09:15 Allègre, il le faisait pour des raisons politiques, il provoquait.
09:19 Elle, elle le fait pour des raisons personnelles, sur la défensive,
09:21 et elle, pas de tout.
09:23 Alors que Gabriel Attal, voilà, avait plutôt réussi.
09:25 Comment Emmanuel Macron va réussir à la défendre ?
09:28 Parce qu'on peut mettre un biais que ce sera la première question
09:30 qui lui sera posée ce soir à conférence de presse à 20h15.
09:33 Qu'est-ce que vous faites de votre ministre de l'Éducation nationale ?
09:35 Qu'est-ce que vous pensez de cette polémique ?
09:37 Il va tout simplement répondre que la guerre scolaire s'est finie depuis longtemps,
09:40 que les enfants, les parents ont le droit de mettre leurs enfants
09:43 dans le privé ou dans le public.
09:45 Et je le rappelle, parce qu'on a oublié ça depuis le début,
09:47 que la ministre, elle est ministre des deux,
09:50 des enfants et des enseignants du public, comme du privé.
09:54 Il y a deux millions d'enfants qui sont dans le privé.
09:56 Ce n'est pas tellement ça qu'on lui reproche aujourd'hui.
09:58 On lui reproche d'avoir menti sur le fait qu'il y avait des maîtresses non remplacées
10:02 dans l'école de son fils.
10:03 Et c'est pour ça que je trouve ça amateur.
10:05 19h, édition spéciale sur BFMTV, évidemment,
10:07 avant la conférence de presse du président de la République.
10:09 20h15, tout ça, évidemment, sur BFMTV.

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