Alizé Cornet jouait son 68e Grand Chelem d'affilée à l'Open d'Australie. La Niçoise, qui a bénéficié de la wild-card française, a cependant buté sur la jeune qualifiée, Maria Timofeeva, 6-2, 6-4.
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00:00 -Lizé, c'était votre premier match de l'année.
00:02 Qu'est-ce qui vous a manqué ?
00:04 Qu'est-ce qui ressort ? Vous l'avez dit, vous êtes sade, frustrée.
00:08 Il y a beaucoup de choses qui passent par la tête.
00:10 -Là, pas grand-chose, franchement.
00:14 Ouais, je suis déçue d'être sortie du tournoi, déjà.
00:18 J'ai fait ce que j'ai pu sur le cours.
00:19 C'était pas mon meilleur match,
00:22 mais c'était pas mon pire match non plus.
00:24 Il y a eu un gros combat,
00:27 mais j'ai vraiment pas été assez présente sur les points importants.
00:31 Balle de break, balle de jeu,
00:32 j'en ai eu beaucoup plus que ce que le score peut montrer,
00:36 surtout au premier set.
00:38 Et ça se joue dans ces moments-là, où en général, je suis archi-solide.
00:42 C'est ma force d'être présente sur ces moments où il faut breaker,
00:45 il faut passer devant, il faut recoller au score.
00:47 Et là, j'ai jamais fait un de ces moments-là.
00:50 Donc, clairement, c'est pas vraiment jouer au tennis pur,
00:53 mais à la gestion de ces moments importants.
00:56 Et après, je suis à moitié surprise,
00:58 parce que j'ai fait une préparation qui a été bonne, mais courte,
01:02 avec ma blessure à l'épaule.
01:04 Ça a été compliqué.
01:05 J'ai quasiment pas fait de saison foncière.
01:09 Et voilà, c'était difficile de jouer mon premier match en grand chelem.
01:13 Il y a quand même de l'enjeu.
01:14 Et j'avais pas du tout de repère en Australie avant ça,
01:18 contrairement à elle, qui avait trois matchs dans les pattes.
01:21 Forcément, les qualifiées,
01:22 si elles arrivent à bien gérer leurs émotions,
01:24 c'est pas facile de jouer contre elles.
01:26 Donc voilà, c'est décevant.
01:29 C'est décevant.
01:31 -T'avais du mal à la déborder dans le jeu, dans les échanges ?
01:34 -Ouais, c'est vraiment ça.
01:36 J'avais vraiment du mal à la déborder, à faire des coups gagnants.
01:39 Elle avait toujours ce petit coup en plus où elle me faisait jouer.
01:42 Donc ça, c'est...
01:43 Bravo à elle.
01:44 Physiquement, elle a tenu la baraque.
01:46 Elle a très bien couru.
01:47 Moi, c'est vrai que physiquement,
01:51 j'ai été beaucoup mieux dans le deuxième set.
01:53 Le premier, je me suis un peu fait prendre par l'intensité du match.
01:56 Je me suis dit, voilà,
01:57 mais si chaque échange doit durer 50 frappes,
01:59 je vais pas tenir.
02:00 Et en fait, j'étais un peu diesel.
02:02 Je me suis sentie bien à partir de 4-0.
02:04 Forcément, quand on commence un match à 4-0,
02:06 c'est pas évident.
02:08 Mais voilà, c'est plein de petites choses à ajuster.
02:11 Physiquement, il faut que je me remette au travail.
02:16 J'ai fait qu'une semaine, finalement, de préparation.
02:18 C'était pas suffisant pour jouer dans ces conditions-là,
02:20 contre des filles qui sont toutes prêtes physiquement,
02:23 qui sont fortes.
02:24 Donc voilà, si je veux faire une saison correcte,
02:26 il va falloir que je me remette au boulot.
02:29 Et ça aussi, ça va pas être facile.
02:32 -Par rapport à ton épaule,
02:33 est-ce que t'étais encore gênée aujourd'hui ?
02:35 Ou pas spécialement ?
02:36 -Je suis sous-antien.
02:38 Donc à partir de ce moment-là, ça cache un peu la douleur.
02:40 Il faudra voir quand j'arrête les anti-inflammatoires,
02:42 est-ce que la douleur est toujours là ?
02:43 Je sais qu'elle est toujours là.
02:44 Je la sens et je la sens à l'entraînement chaque jour.
02:47 Là, pendant le match,
02:48 non, c'était pas une raison pour laquelle j'ai perdu.
02:53 Mais par contre, à long terme,
02:54 ça peut peut-être me gêner un petit peu
02:56 dans la suite de la saison.
02:57 Je vais voir comment ça évolue.
02:59 -Vous vous retrouvez un peu dans la même situation
03:01 que Richard Gasquet.
03:02 Vous allez courir après le classement,
03:04 parce qu'il y a encore des beaux objectifs à aller chercher.
03:07 Comment vous voyez la suite, justement ?
03:11 -Justement, j'ai pas envie de courir, moi, après ça.
03:14 J'ai pas du tout envie.
03:15 J'ai couru toute ma vie
03:16 après cette histoire de classement, de trucs.
03:18 Évidemment que je pense aux Jeux de Paris,
03:21 mais c'est presque pas un objectif, en fait.
03:24 Déjà parce que je suis même pas dans la course, là,
03:27 avec mon classement.
03:28 Et puis il y a des filles devant moi aussi qui jouent très bien.
03:31 Et ça dépend pas que de moi.
03:34 Je peux faire une bonne saison
03:35 et finir quand même 5e française et pas y aller.
03:37 Donc ça dépend pas que de moi.
03:38 Et puis en plus, voilà, cette course, elle est épuisante.
03:40 Moi, j'ai envie de...
03:42 Putain, moi, je suis trop contente.
03:43 J'ai fait deux twinners aujourd'hui dans le match.
03:45 C'est ma petite victoire personnelle.
03:46 Je sais pas pourquoi je dis ça,
03:47 mais c'était un de mes rêves ultimes,
03:50 de faire un twinner un jour dans un match.
03:52 Putain, je me rappelle pas, j'en avais fait deux aujourd'hui.
03:54 En fait, c'est juste pour illustrer
03:55 que j'ai aussi envie de prendre ça avec un peu plus de légèreté,
03:58 même si c'est pas mon tempérament
04:00 et que je suis une bosseuse et que je suis une guerrière
04:03 et que j'ai de l'ambition
04:04 et que j'aurai de l'ambition jusqu'au bout.
04:06 Il faut pas se leurrer,
04:07 mais j'ai pas non plus envie de me mettre dans cette course
04:09 comme j'ai pu faire en fin de l'année dernière,
04:11 où j'ai joué tous les 125 000 de la Terre
04:12 pour pas avoir à demander une wallcard.
04:14 Et que ça m'a bouffé le moral, ça m'a bouffé la santé.
04:17 Et ça, j'ai pas envie de le vivre cette année.
04:18 Donc je le garde dans ma tête très loin,
04:21 mais je vais essayer de gagner le plus de matchs possible,
04:23 essayer de retrouver mon niveau physique et tennistique.
04:26 Et puis déjà, ce sera une victoire.
04:28 -On sent presque un peu de lassitude dans ce que tu dis.
04:32 On se trompe si on dit ça ?
04:34 -De lassitude, il y en a toujours eu.
04:36 En 20 ans de carrière, il y a toujours eu des moments
04:40 où il y a beaucoup de lassitude.
04:42 Après, c'est la capacité à rebondir,
04:44 après cette lassitude, à se remettre au travail.
04:46 Ça, je sais que j'en suis capable, je sais que je sais le faire.
04:48 Mais effectivement, oui, il y en a, mais c'est pas nouveau.
04:52 Ça fait déjà 2 ans que je me bats avec ça.
04:55 Et malgré tout, je fais les efforts au quotidien.
04:58 Je bosse, je travaille, j'essaie de faire mon mieux.
05:00 Et rien que pour ça, je suis fière de moi,
05:03 parce que je pourrais aussi baisser le drap,
05:05 dire "Allez, c'est bon, fin de carrière,
05:07 j'ai plus rien à prouver, j'ai presque 34 ans."
05:09 Mais j'ai envie d'aller au bout du bout,
05:12 d'aller au bout de mon potentiel, au bout de ce que je peux faire.
05:15 Et même si ça n'a pas joué en ma faveur aujourd'hui,
05:18 je continuerai coûte que coûte.
05:20 -Et ce record-là, il vous tient aussi, 68 ?
05:24 -Là, j'ai été aidée par la fédération.
05:26 -Est-ce que c'était votre dernière Open d'Australie ?
05:27 On se pose la question brutalement.
05:28 -Tous les ans, je me dis que ça peut être mon dernier Open d'Australie.
05:31 Je n'ai pas la réponse encore,
05:33 mais l'année dernière, il y a 2 ans, je me suis dit ça aussi.
05:36 Voilà, donc peut-être, peut-être pas.
05:40 Mais c'est plus quelque chose qui me tient,
05:42 parce que sinon, c'est infini, en fait.
05:45 Le record, si je reviens dans les 100,
05:47 je peux le continuer jusqu'à...
05:50 Et franchement, ce n'est pas ça qui me tient pour jouer.
05:53 Voilà, ce qui me tient pour jouer,
05:55 c'est d'essayer de faire encore des progrès,
05:57 de gagner encore des matchs, d'avoir des émotions.
06:00 Je joue pour l'émotion, moi.
06:02 Et de faire encore 2, 3 twinners, ça me ferait plaisir.