• il y a 11 mois
La France sous-estime t-elle la toxicité des pesticides autorisés dans l'agriculture ?
C'est ce qu'affirme un collectif, baptisé "Secrets Toxiques", rassemblant 80 associations et syndicats qui luttent pour exiger un vrai contrôle de la toxicité des pesticides avant leur commercialisation.

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00:00 - Definitivement des pesticides dans l'agriculture, c'est la question que l'on se pose ce matin. Vous donnez votre avis au 04 à 67 58 6000
00:06 notamment si vous êtes agriculteur. Dans l'héro,
00:09 les pesticides, on en parle justement avec notre invité Guillaume. - Et pour ce qui concerne notre sondage pour l'instant vous êtes alors 232
00:15 à avoir voté, ce qui est quand même pas mal, et vous répondez oui il faut s'en passer définitivement à
00:20 66 %, l'écart reste à peu près le même, et vous êtes 34 % pour l'instant à dire non. Bonjour Philippe Pierre.
00:27 - Bonjour Guillaume, merci de m'accueillir hors studio. - Oui parce qu'il faut préciser à nos auditeurs que vous êtes co-président du
00:35 collectif
00:37 Secrets Toxiques, mais vous êtes aussi exploitant agricole en Aveyron, et là en ce moment il y a beaucoup de neige en plus je crois en Aveyron.
00:42 - Oui tout à fait, on a 20 cm, on n'a pas d'électricité, mais ça va revenir. - Bon écoutez, au moins que ça tienne pour les
00:49 dix minutes que nous avons à passer ensemble Philippe Pierre,
00:52 merci d'avoir répondu à notre invitation parce que Secrets Toxiques a lancé, il y a déjà un petit moment de ça, décembre 2020 je crois, son tour
00:58 de France, des départements français pour présenter son film justement
01:02 sur le sujet qu'on va évoquer avec vous ce matin, et vous faites étape dans les rôles à ces jours-ci puisque le film est projeté
01:08 à plusieurs endroits, on y reviendra également. En deux mots, rappelez-nous d'abord Secrets Toxiques,
01:13 Philippe Pierre c'est quoi exactement, je parle pas du film, je parle de votre coalition, parce que vous appelez ça une coalition en fait.
01:20 - Tout à fait, c'est une
01:22 association d'associations, donc une coalition de 80, aujourd'hui on a à peu près 80 associations
01:27 de toute la France, de toute taille aussi, on peut avoir des grosses organes nationales comme la Confédération Paysanne, comme Génération Futur,
01:35 Agir pour l'Environnement, comme des petites associations locales comme Nature et Progrès Aveyron, comme Alternabio, voilà vraiment de toute taille, des gens
01:43 inquiets par
01:47 l'usage qui est fait des pesticides, et surtout de ce que l'on a démontré, la non-évaluation correcte
01:53 des mélanges tels qu'ils sont utilisés dans l'agriculture. - Oui parce qu'en fait depuis décembre 2020 vous vous battez pour
02:00 l'application effective de la réglementation européenne sur les pesticides,
02:04 réglementation qui est contournée aujourd'hui dites-vous ?
02:08 - Tout à fait, tout à fait, en fait on a une réglementation qui est,
02:13 quand on la lit dans le détail, la Cour de justice de l'Union Européenne en a fait une bonne relecture
02:17 en 2019,
02:20 elle nous dit ce qu'il faut faire pour mettre un
02:22 pesticide sur le marché et notamment ce que l'on dénonce c'est que,
02:26 le contournement que l'on dénonce c'est qu'il est obligatoire d'avoir une étude de
02:32 toxicité à long terme sur la formulation complète, donc la formulation complète faut bien comprendre c'est ce qui est
02:38 réellement utilisé, si on veut prendre l'exemple du glyphosate
02:42 puisque bon, l'actualité a été la sienne tout cet automne,
02:47 c'est jamais du glyphosate qu'on met dans un champ, c'est un produit à base de glyphosate, le glyphosate représente seulement 40%
02:55 de la formulation. - Et qu'est-ce que vous dénoncez très exactement Philippe Pierre ?
03:00 Non pas l'emploi de pesticides autorisés, puisqu'ils le sont autorisés, mais plutôt le fait que la
03:08 toxicité de ces pesticides qui sont autorisés donc par la France ou par l'Union Européenne
03:11 n'est pas bien étudiée, c'est ça en fait ? - Mais tout à fait, tout à fait, parce que l'esprit de la loi est très clair,
03:17 il dit on ne saurait autoriser la mise en marché de produits
03:21 pouvant porter une atteinte grave à la santé et à l'environnement.
03:25 Donc en fait elle nous dit
03:28 vous pouvez utiliser les pesticides, on peut les mettre en marché, à partir du moment où ils sont sûrs pour la santé publique,
03:34 sûrs pour l'environnement. Et nous ce qu'on s'aperçoit en
03:37 en ayant lu les dossiers qui sont déposés par les industriels et qui sont validés surtout par les agences européennes comme par les agences
03:46 sanitaires françaises et dans tous les états membres, c'est que ces dossiers sont incomplets. C'est-à-dire que cette
03:52 obligation d'étude sur les formulations complètes, donc vraiment la toxicité réelle de ce qui est utilisé,
03:58 il n'y a rien, il n'y a absolument aucune donnée dessus, contrairement à ce qu'exige
04:04 la réglementation. - Non seulement ça, mais vous dites que les agences de sécurité
04:07 alimentaire mettent en oeuvre, je vous cite, "mettre en oeuvre des méthodes qui aboutissent à une sous-évaluation de la toxicité réelle des pesticides".
04:17 - Tout à fait. - C'est même pas du mensonge par omission, c'est délibéré de leur part.
04:23 - Alors délibéré, si on
04:26 étudie un petit peu l'évolution de la science réglementaire, donc cette science qui est censée s'occuper
04:33 de la gestion de notre monde toxique, on va dire, depuis la pré-guerre, on voit bien que
04:40 ils essayent de se
04:44 de se dépatouiller pour avoir une acceptabilité
04:46 d'un empoisonnement
04:49 collectif. - Et se dépatouiller, oui, comment par exemple ? - Comment ? Bah du coup,
04:53 au lieu d'étudier simplement, je veux dire, ils le font sur les substances actives déclarées par les industriels, il y a des études
05:01 in vivo, donc on peut effectivement déplorer l'utilisation d'animaux de laboratoire pour tester ça, mais au résultat, ils le font sur une substance active
05:09 mais ils le font pas sur la formulation complète. Qu'est-ce qui empêche
05:12 de passer la formulation complète aux mêmes études qu'ils le font pour la substance active ? Ça serait très simple et
05:19 facilement réalisable.
05:22 Effectivement, il y a des rats de laboratoire utilisés, mais est-ce qu'on préfère 650 millions d'humains, rats de laboratoire, pour vérifier la non-toxicité
05:30 des pesticides ? Parce que c'est ce qui se passe à chaque fois. Vous voyez bien, ils sont autorisés pendant
05:34 20 ans et puis interdits parce qu'on s'aperçoit leur toxicité.
05:38 La question, je vous la rappelle, doit-on se passer définitivement des pesticides dans l'agriculture ?
05:43 0,467,58,6 mille. On aimerait avoir par exemple le témoignage d'un agriculteur dans l'héro, 0,467,58,6 mille.
05:50 Philippe Pierre, votre démarche se télescope un petit peu avec l'actualité, puisque hier on a appris que l'industrie agroalimentaire
05:56 était condamnée pour s'être mise d'accord, au dépend de notre santé, l'autorité de la concurrence a condamné une quinzaine de marques, je crois, hier,
06:03 aussi connue que Bonduelle, Andros ou Dossi, pour s'être entendue sur le dos des consommateurs à propos de la présence de bisphénol A.
06:12 Alors c'est un perturbateur endoclinien qu'on connaît bien, on est un petit peu sur un autre sujet, mais quelque part c'est aussi un petit
06:17 peu la même chose. Donc pour s'être entendue sur
06:19 l'utilisation de bisphénol A, c'est l'objectif aussi que vous vous recherchez à travers
06:26 votre démarche aujourd'hui, secret toxique ?
06:29 - Oui, tout à fait, parce qu'en fait ce qui anime les
06:33 états et les agences
06:36 réglementaires, c'est d'avoir une balance entre un danger
06:40 évalué et un bénéfice. Voilà, le bisphénol A,
06:45 on en connaît les dangers, on a un bénéfice puisqu'il a énormément servi pour assouplir les plastiques,
06:52 donc il a été des emballages alimentaires, pour recouvrir les emballages, etc.
06:56 Les pesticides, c'est pareil, c'est à dire qu'on a un danger qui est évalué normalement, correctement, c'est ça le problème.
07:01 Et en fonction de ce danger évalué et le risque,
07:05 le bénéfice qu'on en tire, on
07:08 décide du risque quand on est prêt à courir. Donc si le risque est trop élevé,
07:13 on va se passer de ce produit, si le risque est jugé faible, on va accepter ce produit et on va donc du coup
07:19 accepter de s'exposer plus ou moins à ce risque. Sauf que
07:23 le problème c'est qu'on n'a pas d'évaluation correcte du danger, donc on ne peut pas calculer le risque correctement. Puisque le danger est
07:29 sous-évalué, on ne peut pas courir, on ne peut pas évaluer correctement le risque, donc on soumet les populations et notamment les premiers,
07:36 et j'aimerais bien que vous ayez des témoignages d'agriculteurs, les premières victimes sont les agriculteurs.
07:42 Parce que toutes les autres journalières admissibles qui sont calculées pour
07:47 dire quelle exposition, telle population, donc les utilisateurs
07:51 professionnels, ceux qui travaillent dans l'industrie,
07:54 les agriculteurs ou bien en bout de ligne les consommateurs et les riverains sont exposés, ces deux journalières admissibles, elles sont
08:02 calculées que sur la substance active.
08:05 - Pour terminer, Philippe Pierre. - Oui, je pense que c'est un petit peu important ça. La différence de toxicité
08:10 entre une formulation complète et une substance active, elle est de 10, 100, voire 1000.
08:15 C'est-à-dire que les deux journalières admissibles sont 10, 100, voire 1000 fois supérieures à ce qu'elles devraient être.
08:20 - Alors pour terminer, un mot de votre film "Secret Toxique" que vous projetez dans un certain nombre de salles à l'occasion de
08:26 projections, débats dans le département de l'Hérault. Ce soir c'est à
08:29 Saint-Martin de Londres, demain à Lodève, dimanche à Sète et Moguio, mercredi à Montpellier, jeudi à Clapier.
08:35 Vous retrouverez toute la liste avec les horaires
08:37 sur le replay de l'invité du 7/8 sur notre site ou sur notre appli, je le dis pour ceux que ça intéresse, il y a tout le
08:43 détail du programme. Qu'est-ce qu'on y voit dans votre film, Philippe Pierre ? Des témoignages, évidemment, j'imagine ?
08:48 - Voilà, le témoignage, en fait, le film présente l'enquête que l'on a menée pendant toute l'année 2021.
08:54 Le film est sorti en février 2022 et pour nous,
08:58 "Secret Toxique", comme vous l'avez dit, a démarré en 2020 et l'année 2021, c'était vraiment notre année d'enquête pour
09:04 montrer comment, enfin, nous comprendre comment fonctionnaient ces évaluations,
09:10 ces autorisations de mise en marché des pesticides au niveau européen et au niveau des États membres. Et donc le film montre ça.
09:15 - Et ce soir, vous êtes à 20h à Saint-Martin-de-Londres avec la projection de ce film "Secret Toxique"
09:20 à la salle de cinéma de Saint-Martin-de-Londres, place de la mairie. Demain, je le dis rapidement, je ne vais pas tout donner, mais demain,
09:25 samedi, vous êtes à l'Audev à 18h au cinéma Lutéva. Merci beaucoup
09:29 Philippe Pierrecoux, président de "Secret Toxique" et bon courage pour déblayer la neige en Aveyron.
09:34 - Merci beaucoup, Guillaume. - Merci à vous.

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