• il y a 10 mois
Transcription
00:00 [Musique]
00:13 Merci à vous d'être venus nous soutenir, d'être venus écouter, d'être venus vous renseigner sur ce qui est le sujet d'aujourd'hui.
00:23 Alors aujourd'hui nous allons parler du panaméfricanisme et du communautarisme.
00:28 Oyez, oyez, braves gens, écoutez la voix de nos illustres orateurs.
00:33 Je suis Maudine Tamboué, femme active multifoulard, femme au regard centré sur les droits humains et la liberté des personnes.
00:42 Voilà moi, Omar Ba. Historien de formation, j'incarne la mémoire coloniale et forme des guides de musée qui connaissent la parole vraie.
00:54 Ouvrez vos oreilles à la parole de Seca Sisko, le roi du sans-abricisme, celui qui aide son prochain à trouver sa place et son toit et la légitimité d'exister.
01:09 Me voilà, Moni Mbouza. Je suis née du travail de mes aînés.
01:15 Je suis l'histoire qui se transmet d'un enfant à l'autre, anti-Guyane, Kerala et ailleurs. J'enseigne à l'autre afin qu'il grandisse et impacte la société.
01:25 Connaître son histoire te parle aussi de ta valeur, de ta puissance, de ta grandeur historique.
01:35 Les aînés ont posé des racines, à nous de faire pousser les branches.
01:42 Me voilà, moi, le panafricanisme, vieux de plus de 6000 ans. Je reconnais le droit aux déplacements libres et choisis.
01:51 Je suis le mouvement organisé qui libère l'être de ses chaînes. En fin du 19e siècle, j'ai aboli l'esclavage.
01:59 L'africain s'émancipe et ma première conférence se prépare. Je sème peu à peu les graines de l'indépendance.
02:07 Aux Amériques ou ailleurs, hommes et femmes agissent à la lumière ou à l'ombre.
02:13 Comme l'a dit Maudite à la fin du 19e siècle, c'était une conférence panafricaine qui avait plutôt comme objectif de regrouper les gens de la diaspora,
02:26 pour réfléchir sur comment se renforcer mutuellement et comment se rapprocher de leur héritage africain,
02:40 étant donné que c'est cet héritage-là qui les lie. La majorité des participants étaient des diasporas, des anciennes.
02:49 La deuxième phase, celle qui a perduré sur le temps mais qui a évolué aussi, c'est les congrès panafricains.
02:57 La première était une conférence et la deuxième, c'est là que les congrès ont commencé.
03:04 Le nom qui revient le plus souvent, ce que j'appelle l'homme le plus important de cette époque selon moi,
03:13 mais il y en a d'autres aussi, c'est Webb Dubos, qui était un académicien américain,
03:22 qui est le premier noir à avoir eu un doctorat en sociologie à Harvard,
03:27 et qui a joué un rôle majeur dans la création d'une infrastructure panafricaine.
03:35 On peut aussi prendre d'autres points de l'histoire, et là ce n'est pas forcément les peuples noirs,
03:39 c'est pour ça qu'on dit "panafricanisme" au niveau continental.
03:43 Dès le moment où il y a une oppression d'un peuple sur son territoire, il y a volonté de se libérer et de résister.
03:50 On l'a vu avec, j'oublie toujours son nom, je crois que c'est un Kabyle, ou un Amazigh.
03:55 - Un Amazigh avec un caribou. - Exactement.
03:59 Donc on voit qu'au niveau continental, il y a le besoin de se libérer.
04:03 Alors maintenant, lorsque vous additionnez le besoin de se libérer des nord-africains, des africains, des antillais, des afro-américains, des asiatiques,
04:13 à un moment donné, ils se disent "mais on a un ennemi commun, qu'est-ce qui nous empêche de nous réunir et de discuter de comment on organise cette libération ?"
04:22 C'est la conférence de Bandung. Ce jour-là, africains, asiatiques, nord-africains, antillais, afro-américains se sont retrouvés pour se dire
04:30 "l'ennemi commun, il est connu, comment est-ce qu'on s'organise politiquement ?"
04:35 C'est très important parce que la première chose qu'il faut faire vraiment pour qu'on puisse se connaître, c'est de parler.
04:43 Ils ont expliqué chacun dans le mot juste où il fallait que nous puissions comprendre c'est quoi le panafricanisme.
04:51 Et pour moi, c'est très très important. Et je crois que ça ne soit pas la dernière fois.
04:57 Regarde le peu de temps, il y a plein de questions, il y a des gens qui sont partis, qui avaient la volonté, qui voulaient poser des questions,
05:05 mais malheureusement le temps est très court. Le sujet est très important, très intéressant, et je pense que la prochaine fois, prenez un peu plus de temps, même toute une journée, pourquoi pas.
05:16 Derrière ces hommes-là, il y a aussi les femmes. Rosa Parks est un emblème dans le monde anglophone,
05:23 mais on a aussi celles qui soutiennent ces projets politiques du mouvement, mais dans l'ombre.
05:33 Et quand on recherche les photos, vous allez voir des femmes qui ne sont souvent pas nommées ou pas mises en exergue,
05:44 mais qui ont parfois, quand on parle de panafricanisme, c'est aussi les symboles de ça.
05:53 Ça veut dire qu'à un moment donné, on pense l'Afrique comme un grand État. Ça me fait toujours sourire.
06:00 C'est pour ça que je trouve que ça devrait être un échange, un échange en arpentage, je vais vous dire ça.
06:08 Par rapport à cela, c'est que le drapeau ou le fait de dire que l'Afrique n'est pas un pays ici, c'était un très très grand...
06:17 C'était un immense pays, parce que c'est la raison pour laquelle il n'y avait pas besoin de carte d'identité ou autre,
06:23 où la carte d'identité avait une autre forme. La carte d'identité portée sur le corps des gens.
06:29 Eux, ils ont réfléchi à l'environnement, parce que les cartes d'identité, aujourd'hui, les fabriquer et les recycler, c'est des déchets.
06:37 L'environnement, il en prend un coup. Les scarifications, ça en est. Les coiffures, ça en est. L'habillement, ça en est.
06:44 Le style de l'habillement, la couleur de l'habillement est aussi un marqueur d'identité personnelle, d'identité culturelle, tout à la fois.
06:54 Donc, pour moi, c'est ça vraiment, ce palafricanisme conçu comme un mouvement qui a vraiment une vision sociale, économique, culturelle et politique.
07:08 Et plutôt que de t'en donner une définition, c'est toujours dangereux les définitions uniques, parce qu'il faut se mettre d'accord après.
07:18 Je pense qu'il faut plutôt voir comment est-ce qu'on la pratique dans nos identités diverses.
07:25 Je suis Maudine Tamboué, cofondatrice de Path Belgium Observatory, qui est une organisation qui travaille sur la lutte contre les discriminations envers les personnes d'ascendance africaine.
07:38 Ce soir, il s'agissait de partager ensemble sur le palafricanisme et sur les questions liées au communautarisme.
07:49 Le palafricanisme, ce que c'est, c'est quoi, c'est quoi comme mouvement ?
07:55 On entend beaucoup de choses, il y a beaucoup de différentes définitions du palafricanisme et de voir son ancrage, son histoire et ce que ça veut dire pour nous aujourd'hui, diaspora africain en Belgique.
08:12 Pour les jeunes, je leur conseille vraiment, aujourd'hui, la question c'est du savoir, de connaître, d'apprendre.
08:20 On ne peut pas tout savoir, mais tout est disponible beaucoup plus facilement que pour nous autres et pour nos aînés.
08:27 Et donc, c'est vraiment de chercher les livres ou de chercher les personnes, ou revenir vers nous, vers votre organisation, pour savoir où se renseigner et où apprendre.
08:42 Il y a des professeurs d'histoire qui étaient là aujourd'hui, qui pour moi sont eux les experts, parce qu'ils vont vous donner les dates, ils vont vous raconter ça avec vraiment des détails et des subtilités,
08:54 pour que vous puissiez vous en nourrir et vous construire.
08:59 Parce que c'est ça qu'il s'agit aussi, c'est de pouvoir savoir qui on est, avoir sa position, pour avoir une vision sur la place qu'on veut avoir dans le monde.
09:11 La volonté de se libérer, elle est dans tous les peuples. On ne peut pas rester enfermé. Nous devons nous en sortir.
09:22 C'était comme ça que quand nous sommes arrivés ici, c'était en Onan, moi je suis arrivé en Onan, il y avait déjà ceux qui étaient déjà là,
09:32 même qui n'avaient pas de papiers. Et chaque fois on allait se visiter un tournoi, entre africains, chacun disait "moi aussi je n'ai rien".
09:42 L'autre, moi aussi il n'a pas de papiers. Les autres qui étaient en France c'est la même chose.
09:47 Un jour on va nous dire "voilà, en France les autres se sont révoltés, ils sont entrés dans l'église et ils ne sortent pas parce qu'ils exigent la réglementation avant d'en sortir".
09:58 Alors nous avons dit, partout, nous aussi on va faire ça. Et je pense que ceux qui étaient là, de ces années-là, vous avez vu que c'était maintenant dans toutes les villes.
10:10 Moi à Vervier, on a occupé cinq églises et pourtant Vervier c'est une petite ville. Ici à Bruxelles, beaucoup d'églises.
10:18 L'église de Bignage était le centre du mouvement. Mais il y en avait un peu partout. A Mons, en Anvers, et tout ça.
10:29 Mais qu'est-ce que nous avons constaté ? Nous d'abord, comme je vous ai dit, on croyait que c'était le problème des Noirs,
10:37 parce que les Noirs ont toujours des problèmes avec ceux qui ne veulent pas qu'on existe, qu'on avance, tout ça.
10:44 Alors, c'est le lendemain, on était dans l'église, on a vu les Blancs qui venaient aussi, qui n'avaient pas de papiers en bas.
10:52 Donc il y a aussi des personnes comme ça qui sont toujours "Oh non, moi je suis Marocain", l'autre dit "Je suis Gosselave", "Je suis Russe", "Je suis Romain", vous voyez ?
11:03 Donc, c'était ça notre force. Nous, les Noirs, notre force c'était les autres Blancs qui sont venus,
11:13 qui ont fait que les politiques ont dit "Attention ! Attention, maintenant il faut donner des papiers, sinon c'est tout ce monde-là".
11:24 Merci beaucoup de cette initiative qui, à mon avis, pourrait être répétée avec une suite, demandée, volontaire,
11:33 tant des intervenants qui étaient de qualité excellente, qu'on connaît de par leur passé académique, mais aussi d'engagement,
11:41 mais également de par les participants qui sont friands à vouloir se rencontrer sur une suite,
11:47 une dynamique qui va porter des fruits en termes de collaboration active sur cette question pan-africaine, pan +++,
11:56 si on le veut, dans le cadre de la dynamique dont vous avez parlé, qui va s'instituer ici auprès de BAM TV et Ensemble.
12:04 Absolument, merci beaucoup, j'ai beaucoup beaucoup apprécié.
12:08 À ce jour-là, cette connaissance que j'acquiers à travers la lecture, et c'est vrai, je n'en fais pas un cheval de bataille,
12:18 je me pose la question, est-ce que cette cite découle des mournons de libération africains, en sens très large, comme vous l'avez tous défini ?
12:27 Est-ce que cette cite a vu le jour au Moyen-Orient ? Qu'est-ce qu'il en est par rapport à l'introduction en Afrique du Nord ?
12:34 Est-ce que celle-ci a été développée en parallèle ? En même temps, je me pose vraiment la question,
12:40 elle a vu le jour où, dans quel contexte ? J'entends Nassem, qui aussi fait partie de ce courant-là.
12:46 Ça m'intéresse un peu de comprendre le lien entre le pan-africanisme, sens très largement décrit aujourd'hui,
12:55 intréprétable pour tout un chacun dans sa compréhension et son sens, et le pan-arabisme. Merci beaucoup.
13:01 La réflexion qu'on a eue aujourd'hui aussi avec les autres orateurs, de penser certains concepts et d'éviter certains pièges,
13:10 et aussi dissiper certains malentendus par rapport à certains principes et certains amalgames par rapport à des termes comme pan-africanisme.
13:19 Parce que pan-africanisme, à la base, comme je l'ai bien explicité tout à l'heure, c'est un mouvement politique.
13:25 C'est un mouvement qui n'a pas pour vocation d'être raciste, ce n'est pas un mouvement qui a pour vocation de diviser,
13:32 ce n'est pas un mouvement qui a pour vocation d'instaurer une forme de suprématie, qu'elle soit culturelle, idéologique ou autre.
13:40 C'est un mouvement qui, à l'origine, était un mouvement d'affirmation d'un groupe contre une oppression,
13:48 et qui aujourd'hui, en fait, est un mouvement d'appel à l'unité.
13:52 Donc le pan-africanisme ne peut pas être un mouvement communautaire, mais le pan-africanisme est un mouvement d'union,
13:59 un mouvement d'invitation, un mouvement d'inclusion, un mouvement qui veut que l'Afrique puisse enfin jouer son rôle.
14:09 Son rôle de leader, mais son rôle aussi qui peut inviter le reste du monde à conjuguer leurs efforts afin de créer un meilleur monde.
14:21 Parce que je suis convaincu que l'Afrique a pour vocation, l'Afrique c'est l'origine de l'humanité, l'Afrique c'est aussi la finalité de l'humanité.
14:30 Pas la finalité dans la déchéance, non, c'est la finalité de l'humanité dans sa grandeur, dans son unité, dans sa force.
14:44 Et le pan-africanisme a pour objectif de grandir l'Afrique, et une Afrique grande c'est un monde grand.
14:50 C'est une Afrique qui va rappeler au monde l'humanité, notre humanisme, et donc le pan-africanisme c'est de l'humanisme plutôt que du communautarisme.
15:03 La première chose que je dirais c'est que le tigre ne débache jamais de sa tigritude.
15:07 Il sait qu'il est tigre, il agit en tigre, et que tu n'aimes ou que tu n'aimes pas, il est tigre et il restera tigre.
15:13 Donc ce que je conseille de manière pratique à tout enfant, à toute personne d'origine africaine, c'est d'abord 1) de connaître l'origine de ses parents,
15:20 ensuite de ses grands-parents, quel peuple, quelle culture, quelle langue, quelle croyance, quelle spiritualité,
15:25 et ainsi remonter de fil en aiguille et on arrive toujours à avoir des connexions avec d'autres peuples d'Afrique.
15:30 Et à ce moment-là ça nous permet de dépasser le côté en clôture coloniale, moi je suis du Bénin, du Togo, du Mali,
15:36 et ça nous permet de voir qu'on a des ramifications avec d'autres et que l'histoire qui nous a formatée par rapport à cette nation,
15:43 par rapport à cette nationalité, n'est pas forcément l'histoire qui est la nôtre.
15:46 Donc c'est-à-dire que l'Africain, l'enfant africain, doit être curieux, se poser les bonnes questions,
15:51 et aller chercher les bonnes réponses auprès des personnes de référence qui peuvent leur recommander soit des cours,
15:56 soit des livres, soit alors des conférences.
15:59 En tout cas, il ne faut pas attendre que l'information vienne à toi.
16:02 Va chercher l'information, va creuser, parce que dans l'Afrique ancestrale, ce qu'on faisait c'est qu'on n'initiait pas,
16:07 on ne transmettait pas la connaissance, le pouvoir à n'importe qui.
16:11 L'ancien cherchait d'abord qui est le jeune qui est le plus curieux,
16:14 et lorsqu'on voit ce jeune qui est curieux, qui pose des questions, on sait que c'est celui-là qui va devenir mon disciple, que je vais initier.
16:20 Tant que tu ne poses pas de questions, l'ancien ne va pas venir te dire "Viens, je vais t'initier".
16:24 Pose des questions aux anciens, suscite l'intérêt, à ce moment-là il y aura une connexion qui se fera,
16:29 et l'ancien voudra te transmettre quelque chose.
16:32 Soyons curieux de nous, et donnons-nous les moyens d'accéder à cette information.
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