Marc Madiot, le manager général de la formation Groupama-FDJ au micro de Cyclism'Actu... et ça "dépote" !
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00:00 C'est vrai qu'on est une équipe qui est souvent ancrée dans la durée et dans la fidélité avec ses partenaires.
00:06 On a été pendant 5 ans avec Jidan, qui était la marque qui m'a élu en premier quand j'étais jeune coureur.
00:12 Donc ça nous ramène très loin dans le siècle précédent.
00:15 Ensuite, il y a eu une très belle et grande histoire avec Lapierre, que je remercie, il s'est lu au passage.
00:21 Et puis aujourd'hui, fait du hasard ou pas, je ne sais pas,
00:24 mais c'est une nouvelle histoire, une nouvelle aventure qui démarre.
00:30 Nouveau staff, nouveau coureur, départ des grands anciens et l'arrivée de Lidier.
00:37 Donc voilà, on est sur une nouvelle histoire à écrire ensemble.
00:41 Et ce que je peux vous dire, c'est que depuis les premiers échanges avec Lidier,
00:46 la première mise en place, on est ravis.
00:50 Salut Marc, déjà tous les voeux, bonne année 2024.
00:55 Bonne année à vous, à tous, à toutes et tous.
00:58 Quel changement ? On savait plus ou moins, on en a déjà parlé plusieurs fois sur Cyclistes Mactu.
01:04 Là, c'est du concret et c'est parti. Que de changements chez Groupama FDJ, c'est officiel ?
01:08 Beaucoup de changements, concours de circonstances,
01:10 ce qui fait que dans tous les secteurs d'évolution de l'équipe,
01:14 les lignes bougent au niveau de l'encadrement, au niveau du matériel et au niveau des coureurs.
01:18 Donc, nouveau chapitre, nouveau livre, nouvelle histoire.
01:21 On a vu votre club D5, ça me rappelle quand j'étais petit, quand je lisais le livre.
01:26 Ils ont l'agneau qu'ils sont motivés.
01:28 Comment ? Ils ont l'agneau qu'ils sont motivés.
01:30 Ils sont motivés, heureusement. C'est leur job, c'est leur passion.
01:34 Non, non, il y a de l'envie, de la motivation, de la détermination.
01:38 On a fait un bon stage de rentrée à Calpey.
01:41 On s'est mis en place et je n'ai pas d'appréhension particulière par rapport à l'arrivée de la saison.
01:46 Vous n'avez pas d'appréhension, mais s'il y avait un objectif, un objectif à cocher,
01:50 c'est cette fameuse étape sur le Tour de France, c'est ça ?
01:53 Non. Le but du jeu, c'est de gagner des courses, quel que soit l'endroit où la course.
01:58 Donc, non, non, moi je veux gagner des courses le plus vite possible, le plus souvent possible et les plus grandes possibles.
02:04 Moi, je n'ai pas d'appréhension par rapport à l'arrivée de la saison 2024.
02:08 On est prêt, on est frais, on est déterminé, on est enthousiaste.
02:12 Il y a un petit vent nouveau qui arrive et c'est bien pour tout le monde.
02:17 Vous l'avez rappelé lors de la présentation, sur les réseaux sociaux, ça taillait un petit peu, mais vous avez rappelé...
02:22 C'est une partie du jeu. Et puis moi j'aime bien provoquer un peu, titiller les réseaux sociaux.
02:26 Donc, ils sont dans leur rôle et puis moi je suis là aussi pour répondre quand on me pose la question.
02:31 L'équipe sans Thibaut Pinot s'est lancée, ça va faire bizarre quand même ou pas ?
02:37 Ça fait toujours bizarre quand des coureurs quittent l'équipe ou qu'ils mettent un terme à leur carrière.
02:43 Mais la vie fait bien les choses, on est déjà dans demain et on est tourné vers l'avenir.
02:49 Et si on ne veut pas régresser, il faut rester dans cette optique-là.
02:53 On a passé des grands moments, on a des beaux et grands souvenirs ensemble, que ce soit avec les coureurs ou avec l'encadrement.
02:58 Mais l'idée c'est d'être dans la continuité et dans le respect de ce que tous les anciens nous ont apporté,
03:03 qu'ils soient dans l'encadrement ou dans les effectifs de coureurs.
03:07 Ils ont véhiculé ce qui est à l'image de l'équipe Groupe Amal et Dégis.
03:11 On doit s'inscrire dans cette continuité-là, à l'image de ce que nous a dit Thibaut Pinot au soir du Tour de Dombardie.
03:16 Il s'est surtout tourné vers les jeunes en leur disant "prenez soin de l'équipe".
03:20 Donc notre engagement c'est de prendre soin de l'équipe.
03:23 Et prendre soin de l'équipe c'est aller chercher des résultats et gagner des courses.
03:27 Prendre soin de l'équipe, le cyclisme d'aujourd'hui change, est différent de ce que vous avez pu connaître.
03:34 On a vu cette intersaison, fusion, pas fusion, l'affaire Chianouch-Debruc etc.
03:39 Vous qui connaissez toute cette évolution du cyclisme, vous en pensez quoi ? C'est gênant ?
03:43 Ce qui serait gênant c'est qu'on ressemble de plus en plus au foot, même si j'aime le foot.
03:47 Il faut qu'on sache garder nos valeurs, qu'on sache garder nos repères.
03:55 Moi je compte et j'attends beaucoup de l'UCI dans ce domaine.
03:58 Je les attends pas que sur la hauteur de la soquette, je les attends sur la régulation de notre sport,
04:03 le salarie cap, tenir compte aussi des avantages fiscaux qu'on peut avoir en France
04:12 pour remettre un peu d'équilibre dans la compétitivité des acteurs de notre sport.
04:17 Ca c'est quand même un élément important et déterminant si on veut que le cyclisme continue à se développer et à avancer.
04:24 Parce qu'à travers ce que vous avez dit concernant les fusions ou les transferts,
04:29 ça met quand même en évidence une certaine fragilité de notre sport qui paraît solide comme un roc et qui en fait repose sur beaucoup de sable.
04:38 On a fait une interview sur le cyclisme actuel avec l'agent de Pogacar, Alex Carrera, je sais pas si vous connaissez.
04:43 Il nous dit "ne vous inquiétez pas, le cyclisme ne sera jamais comme le football".
04:48 S'il le dit tant mieux.
04:50 Mais ça fait peur quand même.
04:52 Mais moi j'ai pas d'appréhension particulière par rapport aux agents.
04:56 Ce qu'il faut c'est qu'on arrive à réguler les situations.
04:58 Il faut surtout pas qu'on ressemble au foot et ce qu'il se passe dans le foot.
05:01 Vous avez des joueurs qui commencent la saison dans un club, à la période hivernale qui rechangent deux clubs,
05:06 mais qui appartiennent quand même à un autre club.
05:08 C'est bon, c'est plus du sport.
05:11 On a vu Stéphane Eloué évoquer le cas Chianouge-Debrouck, c'est quand même un peu choquant ?
05:19 C'est pas une histoire d'être choquant, on est dans un monde particulier.
05:23 Si ça s'est réalisé, c'est que ça pouvait se réaliser.
05:26 Ce qu'il faut c'est qu'on soit au niveau de l'UCI capable de réguler la situation pour que ça ne puisse pas se réaliser.
05:32 Ça sert à rien de raconter des salades, de dire "j'aime, j'aime pas".
05:36 Ce qu'il faut c'est que les gens qui sont censés nous gouverner, gouvernent.
05:41 Du coup, autre que les résultats, comment on prend le soin de son équipe Groupama-FDJ qui est toujours là,
05:46 mais qui budgétairement ne peut pas lutter contre les armadas comme Vismas, UAE, etc. ?
05:52 Oui, c'est un point du sujet, mais moi ce qui m'intéresse c'est d'utiliser au mieux les moyens que j'ai,
05:57 qui sont intéressants et conséquents, et d'aller au bout de ce qu'on peut aller avec nos coureurs, notre structure et notre organisation.
06:05 Si on tire 100% de ce que l'on a en magasin, on aura réussi notre travail.
06:09 S'il y a un message à faire passer à l'UCI, ça serait lequel ? Qu'est-ce qu'il faudrait que l'UCI fasse ?
06:15 Je pense qu'il faut que l'UCI observe et regarde ce qui se passe dans les autres sports, et ne fasse surtout pas ce qui se passe dans certains.
06:21 Un peu à l'image du foot, avec les agents, avec ces achats, ces reventes de contrats,
06:28 et ce qui se passe aussi dans d'autres sports, par exemple la Formule 1, il y a 2-3 voitures, et le reste sont derrière pour faire de la figuration.
06:35 Donc ça c'est pas bon non plus. Ce qu'il faut c'est qu'il y ait une incertitude, et qu'il y ait du suspense dans le déroulé du sport.
06:42 S'il y a du suspense, s'il y a de l'adrénaline, s'il y a de la concurrence, on sera tous gagnants.
06:49 Donc le rôle essentiel pour moi de l'UCI c'est ça, c'est de réguler les situations pour permettre à tout le monde de vivre et d'exister.
06:56 Et j'ajouterais quand même, in fine, le cyclisme, c'est aussi un sport de partage.
07:03 Et dans cette notion de partage, ça ne peut pas s'arrêter à une élite refermée.
07:10 On dit souvent que le cyclisme est le parent pauvre, et quand nous parlons du sport, ce temps est revolu pour vous ?
07:16 Il y a des moyens aujourd'hui dans le vélo. Après il y a quand même des appréhensions et des signaux d'alerte.
07:22 Il faudrait que je retrouve ça sur les réseaux sociaux, mais j'ai cru voir quand même qu'en France notamment,
07:29 la Fédération Française du Cyclisme n'était plus parmi les 10 premières fédérations en termes de licenciés.
07:35 C'est vrai ?
07:36 C'est très inquiétant.
07:38 C'est le foot et le tennis ?
07:39 Oui, mais on n'est pas dans les 10 premières fédérations.
07:46 Donc, et on a quand même un événement majeur chaque année qui est le Tour de France. Donc il y a un problème.
07:57 Une gouvernance du sport peut-être a changé ?
08:00 Je pense que le sport, notamment en France, n'a pas bougé depuis l'époque du général de Gaulle dans ses fondamentaux.
08:11 Donc il y a du boulot. Moi par exemple, j'ai à bientôt avoir 65 ans, ça fait à peu près 45 ans que j'ai une licence,
08:21 mais j'ai jamais eu un bulletin de vote pour dire qui devait être mon président de fédé ou mon représentant auprès de la fédé.
08:31 J'ai jamais eu un bulletin de vote, j'en ai toujours pas.
08:35 Ce n'est pas propre aux cyclistes, c'est propre au sport en général en France.
08:41 Il faut que la France du sport se renouvelle afin de pouvoir lutter, faire des pays émergents comme l'Arabie Saoudite ou les Émirats Arabes Unis qui investissent beaucoup ?
08:50 Eux, c'est plus en termes d'investissement, mais la structuration du sport dans beaucoup de pays est autre que la nôtre.
08:56 Il ne faut pas rêver. Moi j'ai mon fils, il va à l'école.
09:01 Les premières années, il avait 2-3 heures de sport et plus il avance en âge, moins il adore le sport. C'est un problème.
09:11 Donc l'année 2024 avec les Jeux Olympiques en France, ça serait peut-être l'occasion idéale pour changer quand même pas mal de choses ?
09:17 Oui, mais il aurait peut-être fallu y penser avant 2024. Ça nous aurait peut-être permis d'avoir plus de médailles.
09:24 Mieux vaut tard que jamais ?
09:25 Mieux vaut tard que jamais. J'espère qu'on en tirera des enseignements.
09:28 Je pense qu'on ne fera pas l'économie d'une restructuration, d'une réorganisation du sport.
09:34 Ce n'est pas un problème de personne, c'est un problème de fonctionnement.
09:38 Si on revient à Groupama et FDJ, ça fait longtemps que cette équipe française existe au cœur du peloton.
09:45 C'est compliqué pour les équipes françaises de s'en sortir si on n'a pas de sponsors bien implantés comme Groupama et FDJ, comme vous avez la chance d'avoir et d'être allé chercher ?
09:57 C'est difficile. Le monde économique est difficile.
10:01 Et puis, encore une fois, on est quand même dans des situations plus difficiles à gérer en France que ça ne l'est à l'étranger.
10:08 Mais en même temps, on a cet avantage d'avoir des structures pérennes, structurées, organisées et solides.
10:15 Si on regarde un petit peu et qu'on gratte un petit peu, on s'aperçoit quand même qu'en France, la qualité de nos structures est quand même de premier ordre.
10:24 Donc, on a des points forts, mais on a quand même des points de faiblesse.
10:28 Je ne sais pas si vous avez remarqué, Marc, mais de mémoire, beaucoup de coureurs sont partis à la retraite à la fin de la saison 2023.
10:36 Et là, au début de l'année 2024, il y a plus d'une vingtaine de coureurs qui n'ont toujours pas de contrat avec une équipe.
10:45 Oui, mais ça, c'est le propre du sport. Il y a des années un peu plus, un peu moins.
10:50 À partir du moment où on est dans une compétition, il y a forcément des gagnants et des perdants.
10:56 Donc, ça fait partie du jeu. Ça fait partie du jeu que de se retrouver à un moment ou à un autre sur la touche.
11:03 Vous savez, moi, j'ai été coureur pendant 15 ans, une année, avant de signer chez RMO et de gagner Paris-Roubaix.
11:11 Le 15 décembre, je n'avais pas d'équipe.
11:14 Mais c'était une autre époque.
11:15 C'était une autre époque, mais le challenge d'être opérationnel et d'avoir une équipe, ça fait partie du jeu.
11:25 On n'est plus longtemps ancien ministre ou ancien sportif ou ancien coureur du Tour de France que ministre ou coureur.
11:32 On n'est plus longtemps.
11:34 Si on peut conclure, le cyclisme d'aujourd'hui, c'est bien, mais doit et peut mieux faire ?
11:39 Il est condamné à faire mieux.
11:42 Sinon, il sera bouffé par les autres sports.
11:46 Il y a aussi une chose qu'il faut bien prendre en considération et qu'on a souvent longtemps oublié dans le cyclisme.
11:52 C'est qu'on est dans une compétition mondiale entre tous les sports.
11:57 Il y a une compétition, il y a une lutte qui s'installe à travers les médias pour aller chercher du sponsoring, pour aller chercher des moyens.
12:06 On est en concurrence permanente les uns avec les autres.
12:10 On n'en parle pas beaucoup parce que chacun est dans son sport, mais on est quand même dans une concurrence.
12:16 Quel serait le vœu de Marc Madiot pour cette année 2024 ?
12:21 Le même que les années précédentes, gagner des courses.
12:24 Le plus de courses possibles, les plus grandes possibles, le plus souvent possible, dans n'importe quel pays, n'importe quand, n'importe comment.
12:29 Mais ce que je veux, c'est qu'on gagne.
12:31 Merci Marc.
12:32 Voilà, à bientôt.