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Transcription
00:00 - 19h20, Europe 1 soir.
00:04 - 19h31, on est ensemble sur Europe 1 jusqu'à 20h et on continue évidemment à décrypter cette nomination,
00:10 celle de Gabriel Attal, le plus jeune Premier ministre de la Ve République.
00:15 À 34 ans, on est avec Louis de Ragnel, chef du service politique d'Europe 1,
00:20 avec Arnaud Bénédetti, rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire,
00:24 et Julie Gaillot, directrice du Pôle Society CSA qui nous a rejoints.
00:28 Merci d'être là. - Oui, merci à vous de m'accueillir, bonsoir.
00:31 - Bonsoir, si on vous a invité, si je vous ai invité ce soir dans Europe 1,
00:35 c'est pour revenir sur cette balise d'opinion que vous avez lancée aujourd'hui,
00:40 on va dire sur le terrain, entre 13h et 16h, pour mesurer la côte de popularité de Gabriel Attal.
00:47 Et à la question "faites-vous confiance à Gabriel Attal en tant que Premier ministre",
00:52 eh bien les réponses sont très partagées.
00:55 - Oui, finalement, ce n'est pas un résultat qui est extrêmement clair.
00:59 Vous avez 48% des Français qui font confiance à Gabriel Attal en tant que nouveau Premier ministre,
01:04 versus 52% d'avis contraires, où finalement on a à peine un Français sur deux
01:09 qui lui fait confiance bon an, mal an.
01:12 Alors c'est bien, c'est un capital sympathie qui est tout à fait honorable en début d'exercice.
01:17 - Mais c'est moins qu'Elisabeth Borg. - Mais voilà, finalement c'est bien.
01:20 Mais quand on avait posé exactement la même question à la nomination d'Elisabeth Borg,
01:25 elle avait 53%. Alors attention, toute chose n'était pas égale par ailleurs,
01:31 puisque Elisabeth Borg bénéficiait du souffle, de la propulsion si j'ose dire,
01:36 faite par l'élection, ou la réélection d'Emmanuel Macron.
01:40 Donc le contexte était un petit peu différent, mais elle n'avait pas non plus un gros état de grâce devant elle, voyez-vous.
01:47 Donc c'est un bon score, mais malgré tout de la part de l'enfant chéri des sondages,
01:54 qui caracole en tête de tous les baromètres de personnalité politique préférés des Français.
01:59 - On s'attendait à plus que ça. - On aurait pu s'attendre à mieux.
02:01 On aurait pu s'attendre à quelque chose d'un peu plus net, d'un peu plus fort.
02:05 Là, vous avez un Français sur deux, c'est bien, mais si j'ose dire, peut mieux faire.
02:09 - Benjamin Haddad, député Renaissance de Paris, est avec nous aussi en direct dans Repainsoir.
02:13 Bonsoir. - Bonsoir.
02:14 - Merci beaucoup de nous accorder quelques minutes. Une réaction déjà à ce sondage,
02:18 cette balise d'opinion réalisée par CSA pour CNews Europe, le journal du dimanche.
02:23 Est-ce que, quelque part, Gabriel Attal paye le rejet de la politique d'Emmanuel Macron ?
02:30 - Non, je crois que Gabriel Attal a été très populaire dans ses responsabilités,
02:36 notamment de l'Union de l'éducation nationale, parce que les Français ont vu que c'était un ministre qui agissait,
02:41 qui était capable de prendre des décisions courageuses, attendues, sur la baïa, sur le harcèlement scolaire,
02:47 de mettre en place des réformes structurelles aussi pour l'éducation, comme les classes de niveau, par exemple,
02:52 en français, en mathématiques, en étant capable d'embarquer aussi tous les acteurs de l'éducation nationale avec lui.
02:58 Et maintenant, c'est ce qu'ils attendent de lui en tant que Premier ministre,
03:01 à un moment où il y a encore des réformes structurelles majeures à entreprendre
03:04 pour atteindre le plein emploi de notre pays, où il y a un enjeu d'autorité, de réarmement civique.
03:08 C'est la priorité du Président de la République. Donc je pense que maintenant, les Français attendent des actions, des résultats,
03:13 mais ils ont vu, à la fois au compte public et à l'éducation nationale, que Gabriel Attal avait l'autorité, le courage aussi,
03:20 de prendre ce type de décision.
03:22 - Oui, mais, B.Mahadad, donc député Renaissance de Paris, en changeant de division comme ça,
03:26 en passant donc de l'éducation nationale au Premier ministre, il n'y a pas la même pression, les mêmes enjeux,
03:32 il y a quand même pas mal de chantiers à couvrir, et la balise d'opinion qu'on vient d'évoquer,
03:38 seulement 48% des Français qui adhèrent, en tout cas qui font confiance à Gabriel Attal en tant que Premier ministre,
03:46 ce n'est pas aussi claquant que ça pouvait l'être.
03:50 - Non, mais les Français ont raison d'être exigeants à nous de nous mettre au travail.
03:54 Avec le Premier ministre, il y a beaucoup à faire, encore une fois,
03:58 cet enjeu de réarmement sur le régalien, le président de la République en a parlé lors de ses voeux,
04:04 continuer les réformes économiques, continuer à faire un pays attractif pour les investissements,
04:12 on a le chômage qui est le plus faible depuis 40 ans, mais on doit continuer pour pouvoir atteindre le plein emploi,
04:17 il y a des enjeux sur la transition écologique, donc il y a beaucoup de chantiers sur lesquels le Premier ministre va s'atteler.
04:24 - Arnaud Benedetti avec nous, rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire,
04:28 une réaction aussi à cette balise réalisée par CSA pour Europe 1, CNews et le JDD,
04:35 la confiance des Français envers leur nouveau Premier ministre Gabriel Attal, 52% non, oui, 48% ?
04:40 - Vous savez, je veux dire, ça confirme une chose, il ne suffit pas de changer de Premier ministre
04:46 pour inverser des tendances qui sont des tendances installées dans l'opinion publique.
04:51 On sait très bien que maintenant, les codes de popularité du président de la République
04:57 sont des codes de popularité qui sont quand même lourdement grevés par une contestation, par des oppositions,
05:06 et inévitablement, ça rejaillit sur l'ensemble de sa majorité, et ça rejaillit évidemment également sur le Premier ministre qu'il vient de nommer.
05:16 Monsieur Attal était populaire, évidemment, parce qu'en tant que ministre de l'Éducation nationale,
05:23 l'entame, pardonnez-moi cette métaphore sportive qui avait été la sienne, était une entame que l'on jugeait réussie.
05:29 En effet, notamment par rapport au bilan de son prédécesseur, qui avait été contesté,
05:35 qui avait été beaucoup plus hésitant sur un certain nombre de sujets,
05:39 comme celui de la Baïa ou même celui du harcèlement scolaire,
05:42 et indéniablement, Gabriel Attal, de ce point de vue-là, avait réussi en tant que ministre de l'Éducation nationale.
05:48 Après, de le projeter en tant que Premier ministre, c'est une autre chose.
05:52 C'est une autre chose, et dans les représentations, si vous voulez, des Français,
05:56 évidemment, ils vont eux-mêmes vraisemblablement nuancer le jugement qu'ils peuvent avoir sur Gabriel Attal en tant que Premier ministre,
06:04 même si leur jugement était plutôt positif,
06:07 notamment par exemple dans un certain électorat conservateur, au sujet de Gabriel Attal.
06:13 Merci à Arnaud Benedetti, avec nous, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, pour ce décryptage.
06:18 Une réaction peut-être Julie Gayoche ? Vous voyez faire la grimace au début de la réponse d'Arnaud Benedetti.
06:22 Oui, parce que, attention, effectivement, Gabriel Attal, il fait un tout petit peu moins bien qu'Elisabeth Borne en mai 2022,
06:29 mais il fait beaucoup mieux qu'Elisabeth Borne en décembre 2023,
06:32 parce qu'en décembre 2023, elle a 24% de confiance.
06:36 Et c'est un des scores les plus bas qu'on ait jamais enregistré pour une première ministre.
06:43 Donc, elle, elle était, si j'ose dire, cramée.
06:47 Donc, oui, il fait quand même beaucoup mieux qu'elle, parce qu'on passe quand même de 24 à 48, il double le score.
06:52 Oui, en début d'exercice.
06:55 Donc, il y a quand même un nouveau souffle.
06:57 Maintenant, de là à inverser une tendance, on peut émettre un doute.
07:01 Arnaud Benedetti, un élément de réponse.
07:04 Je ne suis pas d'accord avec ce qui vient d'être dit.
07:07 Vous ne pouvez pas comparer une première ministre après 18 mois de mandat
07:11 avec un jeune premier ministre qui vient d'être nommé.
07:14 La situation politique est radicalement différente.
07:16 On pouvait conserver Madame Borne.
07:18 Le président de la République pouvait faire le choix d'user jusqu'à l'accord de sa première ministre
07:23 et d'attendre les élections européennes, d'ailleurs.
07:25 On verra si sa stratégie est payante.
07:27 Aujourd'hui, c'est trop tôt pour le dire,
07:29 mais on verra si sa stratégie est payante au mois de juin,
07:32 au moment des élections européennes.
07:34 Je pense que c'est à ce moment-là qu'on pourra juger véritablement
07:37 de la stratégie de remaniement du président de la République.
07:40 On va justement détailler, décrypter.
07:42 Je pense que vous serez d'accord là-dessus.
07:44 Cette balise d'opinion, c'est ça pour CNews, Europe 1 et le journal du dimanche.
07:48 Ça concerne les couleurs politiques.
07:50 Et l'adhésion, pour le coup, elle vient des personnalités de droite.
07:55 Voilà, des personnes interrogées de droite.
07:56 Effectivement, on voit qu'il réalise ses meilleurs scores,
07:59 bien entendu au sein du camp présidentiel,
08:02 avec les deux tiers des sympathisants du camp présidentiel
08:05 qui lui font confiance.
08:06 Mais il fait de bons scores aussi parmi les sympathisants LR,
08:09 à 63% de confiance.
08:12 Donc on voit effectivement que du côté droit de l'échiquier politique,
08:17 ça peut être un atout dans l'opinion,
08:20 en raison notamment de ce qu'il a fait en tant que ministre de l'Éducation nationale,
08:24 avec une image, une incarnation assez forte de l'autorité, de l'ordre à l'école,
08:30 et aussi l'interdiction de l'ABAIA,
08:32 qui a certainement marqué un certain électorat.
08:35 Et c'est ce qu'on voit là.
08:36 - Julie Gayot, directrice du Pulse Society, ça vous êtes d'accord, Louis Dragnel ?
08:40 Les enseignements de cette balise d'opinion.
08:42 - Je suis d'accord, c'est une photographie de l'opinion,
08:45 un instant T, que par définition, je trouve intéressante et que je ne conteste pas.
08:49 L'impression que j'ai, pour rebondir sur ce que disait le député Benjamin Haddad tout à l'heure,
08:53 c'est que les Français ont beaucoup aimé les positions,
08:58 ce qu'a dit et ce qu'a fait Gabriel Attal pendant son trop court moment à l'Éducation nationale.
09:03 Là-dessus, je pense qu'il n'y a pas de débat.
09:05 Il y a même un relatif consensus, même toute tendance politique confondue,
09:09 mais avec une focale effectivement sur les droites.
09:12 RN reconquête LR.
09:14 Et ensuite, il y a forcément une appréhension, une attente.
09:17 Les gens attendent de voir ce que va donner Gabriel Attal à Matignon,
09:21 parce qu'ils savent que le Gabriel Attal, ministre de l'Éducation nationale,
09:25 a peut-être une plus grande autonomie qu'un possible Premier ministre,
09:30 dont on ne sait encore pas grand-chose.
09:32 Il y a eu un discours de passation des pouvoirs tout à l'heure.
09:35 On attend de voir la composition du gouvernement,
09:37 les intentions et les priorités de Gabriel Attal de manière très concrète.
09:41 Et ce n'est pas un reproche qu'on peut faire à Gabriel Attal,
09:43 puisqu'en fait, il faut juste lui laisser le temps de prendre possession de son bureau et de ses dossiers.
09:48 Je pense que ce qui est intéressant, c'est que les Français sont un peu désabusés,
09:52 sont un peu lassés par la pratique du pouvoir d'Emmanuel Macron,
09:56 qui essaie très régulièrement de ressusciter de l'espoir.
10:00 Là, ils attendent de voir. Ils sont un peu attentistes.
10:03 Ils ont aimé Gabriel Attal, ministre de l'Éducation nationale.
10:05 Ils attendent de voir s'ils vont aimer le Premier ministre Gabriel Attal.
10:10 Donc je pense que...
10:11 - En tout cas, c'est le saut de l'ange, Gabriel, on peut le dire.
10:13 Parce que là, il bascule dans une autre dimension.
10:15 - Je suis plutôt un optimiste de nature.
10:17 Le message, moi, que j'interprète, qui est peut-être un peu différent du vôtre,
10:20 c'est que les gens attendent de voir.
10:22 Et globalement, je trouve que ça suscite de l'intérêt.
10:25 On a envie de se dire, tiens, à 34 ans, comment ça va se passer ?
10:28 Est-ce qu'il y aura des actes d'autorité qui vont être posés ?
10:31 Par exemple, est-ce que Gabriel Attal va imposer
10:34 qu'un sujet d'actualité qui, jusqu'à aujourd'hui, était inexploré par le gouvernement, soit mis en priorité ?
10:40 Est-ce que, comme autre acte d'autorité,
10:43 un ou plusieurs ministres de l'actuelle équipe d'Emmanuel Macron,
10:47 est-ce que Gabriel Attal va demander leur tête ?
10:50 Est-ce qu'au contraire, il va imposer l'arrivée de quelqu'un au gouvernement ?
10:53 Tout ça, moi, je reconnais, après, c'est notre métier, on suit la vie politique,
10:56 on adore ça, on est passionnés.
10:58 Moi, c'est des choses que j'ai envie de voir.
11:00 - Oui. Louis Ragnal, évidemment.
11:02 Julie Gayot, dans quelques instants, juste une réaction avec vous.
11:04 Benjamin Haddad, député Renaissance de Paris,
11:06 sur ce soutien de personnes de droite à l'endroit de Gabriel Attal.
11:11 - Oui, moi, je trouve que c'est très intéressant.
11:13 Déjà, Gabriel Attal, c'est quelqu'un qui incarne vraiment le dépassement
11:17 qui a été l'ADN politique d'Emmanuel Macron depuis la création d'En Marche.
11:21 Il vient historiquement de la gauche,
11:23 il est monté politiquement avec le président de la République.
11:27 Et aujourd'hui, en effet, il parle aussi à cette électorat de droite,
11:32 de centre droit, avec des positions très fortes sur l'autorité,
11:36 l'ordre, la défense de la laïcité à l'école.
11:39 Il a parlé tout à l'heure de l'ordre de la passation du pouvoir,
11:42 du soutien aux entrepreneurs, de la liberté économique.
11:46 Et je crois que ce sera un atout important, notamment à l'Assemblée nationale,
11:49 où, je vous rappelle, on est en majorité relative,
11:52 on doit construire des majorités texte par texte,
11:54 de projets avec les oppositions.
11:56 Parmi ces oppositions, au premier plan desquelles,
11:58 les Républicains, avec qui on a su travailler récemment,
12:00 par exemple, sur la démigration, je m'en félicite,
12:02 mais aussi sur beaucoup de textes, comme la réforme de l'assurance-chômage,
12:05 la création de France Travail,
12:07 et encore l'augmentation des budgets de la défense, la sécurité ou la justice.
12:11 Il faudra continuer à travailler avec toutes les oppositions républicaines,
12:14 donc ça inclut aussi les socialistes, les écologistes,
12:17 avec qui on a pu bosser sur les énergies renouvelables.
12:20 Mais en effet, je crois qu'il y aura du travail à faire avec les Républicains,
12:22 et je pense que Gabriel Attal est bien placé pour le faire.
12:25 - Merci beaucoup Benjamin Haddad, nous avons encore quelques minutes,
12:28 député Renaissance de Paris, ce soir dans Europe Un Soir.
12:31 Julie Gayot, un mot peut-être sur ce qui vient d'être dit ?
12:33 - Oui, moi ce que je vois, en fait,
12:35 c'est que les Français ont aimé Gabriel Attal à l'éducation nationale,
12:38 parce qu'il a imprimé sa marque sur l'éducation nationale,
12:42 et ça, ça leur a plu.
12:43 Mais moi maintenant, j'ai l'impression qu'ils ont peur
12:46 que ce soit Emmanuel Macron qui imprime sa marque sur Gabriel Attal
12:51 en tant que Premier ministre.
12:52 Vous voyez, c'est comme si l'impopularité des réformes
12:55 et de la politique d'Emmanuel Macron
12:57 risquait un peu de cannibaliser la confiance en Gabriel Attal,
13:02 alors que ce n'était pas vraiment le cas à l'éducation nationale,
13:05 car comme vous l'avez bien dit, il y avait quand même une certaine autonomie,
13:08 une marque, un style, une liberté, entre guillemets bien sûr, encadrée,
13:13 et là, on doute un peu.
13:15 - En tout cas, ça met du sel dans ce feuilleton politique
13:19 qui nous anime en ce début janvier.

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