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00:00 La guerre à Gaza et l'implication des Américains jouera-t-elle un rôle dans l'élection américaine ?
00:05 La pré-campagne a connu une accélération le week-end dernier,
00:08 avec notamment un discours ferme, virulent, du président Biden vis-à-vis de son principal opposant, Donald Trump, extrait.
00:13 Il traite ceux qui s'opposent à lui de vermines.
00:28 Il parle du sang de l'Amérique qui serait empoisonné.
00:31 C'est exactement le même langage qui était utilisé dans l'Allemagne nazie.
00:37 Il publie fièrement sur les réseaux sociaux les mots qui décrivent le mieux sa campagne de 2024.
00:44 Je cite « vengeance », je cite « pouvoir », je cite « dictature ».
00:48 Il n'y a aucune confusion sur qui est Trump.
00:54 Voilà pour ce discours qui risque de marquer les esprits. Dominique Simonnet, bonjour.
00:59 Vous êtes journaliste et écrivain. Votre dernier ouvrage, « Les grands jours qui ont changé l'Amérique »,
01:03 il s'adresse à qui d'abord, le discours de Joe Biden ?
01:06 Le discours de Joe Biden s'adresse à tous ces Américains qui sont un peu flottants, qui hésitent, qui sont perdus,
01:16 qui n'aiment pas trop le Joe Biden, notamment, enfin le candidat Joe Biden,
01:21 notamment parce qu'il est âgé et qu'il se demande s'ils ne vont pas voter finalement Trump.
01:26 On a une Amérique qui est très fracturée, qui est très divisée, qui s'interroge sur elle-même.
01:31 Et on voit que la violence politique avec Donald Trump a monté d'un cran.
01:36 On voit que Joe Biden est en train d'ailleurs de laisser un peu de côté son bilan économique,
01:41 parce que ça ne prend pas vraiment. C'est un bon bilan économique.
01:43 Mais entre les chiffres de la macroéconomie et le vécu des gens, il y a une différence.
01:50 Les salaires sont bas, le prix de l'essence est élevé et un certain nombre de gens se disent que ça ne marche pas avec Joe Biden.
01:59 Donc il y a ce souci maintenant pour les démocrates de transférer un petit peu le débat de la campagne sur l'enjeu démocratique.
02:08 Mais ça parle ça aux Américains, la notion de démocratie ?
02:12 C'est tout le pari des démocrates. Jusqu'à présent, ils pensaient qu'effectivement, ce n'était pas un thème très porteur.
02:18 On voit quand même que Donald Trump s'en saisit lui aussi, puisqu'il renverse les arguments pour dire que c'est Joe Biden qui menace la démocratie.
02:26 Donc on est sur ce terrain là. Je ne suis pas sûr, effectivement, vous avez raison, que ça convainque vraiment les Américains,
02:34 qui sont très préoccupés, comme tout le monde d'ailleurs, par leur pouvoir d'achat et par leur vie quotidienne.
02:39 Donc on est quand même assez loin d'une campagne idéale sur ce plan.
02:42 Les Américains et surtout les démocrates qui s'inquiètent, s'interrogent sur l'âge, l'état de santé du président Biden.
02:51 Oui, on a deux présidents âgés. Donald Trump n'est pas si jeune que ça non plus.
02:55 Mais c'est vrai qu'on voit que Joe Biden est fatigué et il y a un certain nombre de doutes sur sa capacité à assumer encore un nouveau mandat plein.
03:05 Mais il n'y a personne d'autre. Et les démocrates ont fait ce pari, ce pari risqué, de dire que le président est le meilleur placé.
03:12 C'est toujours le cas dans des élections. Le meilleur placé pour être le candidat et pour briguer un second mandat.
03:19 Il n'y a pas d'autre candidat démocrate. Et peut-être que le Parti démocrate a fait l'erreur, justement,
03:25 de ne pas préparer un candidat qui pourrait se substituer au président. Et Joe Biden est convaincu qu'il est le meilleur pour battre Donald Trump.
03:37 Donc on en est dans cette situation-là. Ce sont des candidats par défaut. Parce que de l'autre côté, au Parti républicain,
03:43 il y a un certain nombre de gens qui ne sont pas très contents non plus d'avoir un leader populiste
03:46 qui s'éloigne beaucoup des valeurs traditionnelles républicaines, mais qui tient le parti en otage d'une certaine manière.
03:53 Plusieurs rendez-vous à venir. Le début des primaires républicaines la semaine prochaine.
03:58 Mais surtout, peut-être, la décision de la Cour suprême de Washington qui a été saisie par Donald Trump.
04:03 Le 8 février, elle va devoir se dire si l'ex-président est éligible ou pas aux primaires du Colorado.
04:09 Rappelons peut-être que trois juges ont été nommés par Donald Trump, trois jours de la Cour suprême.
04:13 Est-ce qu'ils seront tentés de rendre une décision politique et non pas judiciaire ?
04:18 Neuf juges, dont six juges conservateurs. Et parmi eux, vous venez de le dire, trois juges nommés par Donald Trump.
04:23 C'est aussi toute la question. Est-ce que les juges vont se tenir à la hauteur de leur fonction et de leur décision,
04:30 qui est pour le coup très très importante, parce qu'ils peuvent décider de ne pas présenter,
04:34 que le candidat favori, à la fois dans les primaires républicaines et aussi dans les sondages pour l'élection de novembre,
04:41 ils peuvent décider que ce candidat-là ne serait pas éligible. Donc c'est une décision politique extrêmement grave.
04:47 Toute la question est effectivement suspendue à la capacité de ces juges à s'élever au-delà de leurs attaches partisanes
04:57 et puis de décider, on aura mes consciences, moi je pense qu'ils vont botter en touche, qu'ils vont sans doute dire que
05:04 la décision ne dépend pas des États, peut-être envoyer la décision au Congrès,
05:11 mais je ne crois pas qu'ils puissent se risquer à prendre une décision politique pour dire par exemple que Donald Trump ne serait pas éligible.
05:18 Vous imaginez ce que ça représenterait comme séisme dans le pays.
05:21 Rappelons que Trump est accusé par ces juges du Colorado et d'autres d'avoir participé et d'avoir encouragé l'assaut du Capitol.
05:31 Il se prévaut d'une immunité présidentielle. Fantasme ou réalité ?
05:36 C'est un débat juridique sans chein qui dure depuis des semaines et des mois.
05:40 Peut-il, en tant qu'accusé mais qui n'est pas condamné d'insurrection par exemple, peut-il être éligible ?
05:51 C'est l'objet d'un article de la Constitution 14-3 qui est en débat.
05:57 Est-ce que s'il est condamné pendant les procès, il y a quatre procès au pénal qui vont arriver avec deux calendriers,
06:03 le calendrier des primaires et le calendrier des procès qui s'entrechoquent.
06:06 Est-ce qu'il est condamné ? Est-ce qu'il peut continuer ? Est-ce qu'il y a une immunité présidentielle qui peut prévaloir ?
06:13 En fait, ce que font Trump et ses avocats, c'est de gagner du temps.
06:18 Et il n'y a à mon avis aucune chance qu'aucune décision de ce type ne soit prise avant l'élection.
06:24 Et ces inculpations, ces accusations, c'est le Fonds de commerce de Trump ?
06:29 Oui, c'est-à-dire on voit bien d'ailleurs à chaque fois qu'il est accusé, qu'il a eu un nouveau chef d'inculpation,
06:34 une nouvelle inculpation, il va s'en prévaloir dans les meetings et ça lui profite.
06:40 Ça lui profite pour le moment jusqu'à un certain point.
06:42 S'il fait effectivement, il y avait une décision de la Cour suprême qui lui soit défavorable,
06:46 s'il y avait un certain nombre de condamnations dans les procès à venir,
06:52 il n'est pas impossible quand même qu'il y ait une partie de l'opinion, notamment les indécis,
06:56 qui se disent "oh là là, ça va trop loin, je ne suis pas sûr d'aller voter pour lui".
06:59 Voilà, mais c'est un feuilleton que l'on va y commencer.
07:03 Excusez-moi, il pourrait se retourner vers qui alors ? D'autres candidats républicains ou Joe Biden ?
07:10 D'autres candidats républicains, il n'y en a pas pour l'instant. Il n'y en a pas d'acceptables.
07:16 Donc la seule chose, c'est que les indécis peuvent soit ne pas aller voter, ce qui n'est pas impossible,
07:23 une partie de la jeunesse d'ailleurs le fera, soit effectivement peut-être voter pour Joe Biden.
07:29 Mais Joe Biden est handicapé par plein d'autres choses, notamment par sa jeunesse qui s'en détache,
07:34 handicapé par toute une partie de ce wokisme qui d'une certaine manière décrédibilise les démocrates.
07:42 Donc ce n'est pas gagné pour lui non plus.
07:43 Handicapé par la guerre à Gaza aussi ?
07:46 Absolument, il y a une partie des associations musulmanes ont demandé à leurs adhérents de ne pas voter Joe Biden et même de voter contre.
07:54 Merci beaucoup Dominique Simonnet d'avoir été avec nous sur France 24.
07:58 Votre dernier ouvrage, "Les grands jours qui ont changé l'Amérique".