Les 4 vérités - Alexis Corbière

  • il y a 8 mois
Guillaume Daret reçoit Alexis Corbière, député LFI de Saine-Saint-Denis sur le plateau des 4 vérités. 

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Transcript
00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans les 4V, Alexis Corbière.
00:04 Alors, on l'a appris hier en fin d'après-midi, la France et la Jordanie ont largué 7 tonnes d'aide humanitaire à destination des habitants de Gaza.
00:13 C'est ce que vous souhaitiez, est-ce que ça va dans le bon sens ?
00:16 Oui, ça va évidemment dans le bon sens.
00:19 D'abord, je voudrais souhaiter bonne année à tous.
00:21 On le dira pendant notre entretien, ça va être une année difficile et on commence par l'international.
00:26 Effectivement, le drame aujourd'hui que subit la population de Gaza. Que les choses soient claires, on a une pensée évidemment pour les 149 otages qui sont encore détenus par le Hamas et les otages israéliens.
00:36 Mais rien ne justifie, rien ne justifie la barbarie des bombardements où on compte aujourd'hui, ce sont les chiffres que nous avons, plus de 20 000 personnes qui auraient perdu la vie dans le territoire, dans la banque de Gaza.
00:49 5 300 enfants. Cette spirale folle dans laquelle est engagé le gouvernement Netanyahou, qui n'amènera rien d'ailleurs, qui risque encore de déstabiliser la région, de créer encore plus de violence,
01:00 de créer des générations entières de gens qui ont envie de mener la guerre, met en danger toute la région, à commencer par Israël.
01:07 Et met en danger d'ailleurs, me semble-t-il, les otages eux-mêmes israéliens qui sont censés être le but de cette spirale folle.
01:12 C'est-à-dire quoi ? Ce n'est pas suffisant d'aide humanitaire ?
01:14 Bien sûr, 7 tonnes, vous savez, pour un million et demi, deux millions de personnes, enfin je ne veux pas le résumer aux quelques grammes que ça représente par habitant.
01:20 C'est une bonne chose que la France, mais la France doit parler fort, de dire "cessez le feu immédiat, cessez le feu immédiat".
01:27 Et d'un certain point de vue, je suis favorable, avec mes amis de la France insoumise, à toutes les mesures qui agresseront une pression internationale sur Israël,
01:33 y compris des mesures de cessez d'activités économiques, de relations économiques.
01:37 Vous êtes pour cesser les relations économiques avec Israël ?
01:41 Pourquoi pas ? Je suis pour tout ce qui produit une pression diplomatique, économique, pour que le gouvernement israélien, de droite et d'extrême droite,
01:48 vous savez, la population en Israël n'est pas favorable à cette spirale qui se met en place.
01:53 Ce matin, vous nous dites "il faut boycotter économiquement Israël".
01:55 J'ai le mot "il faut exercer des pressions", j'ai dit, créer des conditions que le gouvernement israélien revienne à la raison.
02:01 Vous savez, M. Martin Griffiths, je crois que c'est un des responsables de l'ONU, a dit que Gaza est devenu un lieu de mort.
02:07 Je vous le dis, M. Darré, mais quel que soit là où on a son cœur, si je puis dire, même si les Français, évidemment, sont attachés au territoire national,
02:14 mais je vois bien, je ne suis pas naïf, qu'on a, certains sont plutôt pro-israélien, d'autres plutôt pro-palestinien.
02:20 Mais je vous dirais, rien ne peut justifier, je le répète, le fait que des bombardements continuent et que nous soyons à ce chiffre terrible.
02:26 Je viens de le dire, 20 000 morts, 100 journalistes ont perdu la vie dans les bombardements.
02:30 On s'en dirait que ce sont des chiffres qui sont communiqués par le Hamas, même si on sait qu'il y a énormément de chiffres.
02:39 Est-ce que l'action d'Emmanuel Macron vous semble à la hauteur ? On voit bien qu'effectivement, il a quand même évolué sur cette question-là.
02:45 Oui, non, mais moi, je ne veux pas m'égauter, comme on dit familièrement, 7 tonnes, j'ai cru comprendre que c'est aussi des médicaments, etc.
02:52 C'est une bonne chose, évidemment, parce que c'était un drame. Vous avez fait beaucoup de reportages là-dessus.
02:57 Beaucoup de médecins qui sont sur le terrain décrivent les conditions terribles.
03:00 Je le répète, on ampute des enfants sans anesthésie, sans produit anesthésique. On en est là.
03:05 Je parle des enfants dans les territoires de Gaza.
03:07 La situation à Rafah, qui est la ville dans le sud de la bande de Gaza, est le lieu où il y a la plus forte concentration de population au monde aujourd'hui.
03:13 L'hiver arrive. Il y a une volonté, si on a bien compris, dans ce qui semble fou de la part du gouvernement Netanyahou,
03:19 c'est en gros de déporter une population, de la faire partir. Mais ça, c'est du point de vue du droit international.
03:25 Ça, il le conteste évidemment.
03:27 Mais quel est l'objet ? Qu'est-ce qu'il conteste ?
03:29 Il conteste le fait qu'on essaie de mettre une situation de pression pour que les populations palestiniennes quittent la bande de Gaza.
03:37 Je ne crois pas qu'on puisse contester ça.
03:39 Eux disent vouloir éliminer le Hamas.
03:41 Je termine là-dessus.
03:43 Puisque c'est la seule parole que je juge, qu'on essaie de comprendre.
03:49 Est-ce que les 20 000 personnes qui ont perdu la vie sont 20 000 militants du Hamas ?
03:53 Ou est-ce que c'est les 300 enfants qui ont perdu la vie ?
03:55 Donc, je vais dire, des crimes de guerre.
03:57 Il faut que le droit international se fasse respecter.
03:59 Sinon, c'est toute la région qui va s'embraser.
04:03 Donc, on a quelque chose d'irresponsable.
04:05 Et je le répète, et vous l'avez dit plusieurs fois sur votre antenne,
04:09 les familles israéliennes qui voient bien comment la logique folle, politicienne, dans laquelle M. Netanyahou est engagé,
04:15 met en danger les otages eux-mêmes.
04:17 Donc, cela doit cesser.
04:19 Je pense que la journaliste, si j'ai bien compris, marque une volonté diplomatique, d'action, pour dire maintenant que ça suffit.
04:23 Et qu'y compris la population française se mobilise pour réclamer la paix.
04:27 Je dis bien la paix.
04:29 Il y a encore des manifestations qui vont avoir lieu ce week-end.
04:31 Nous les soutenons. C'est une bonne chose.
04:33 Cesser le feu immédiat, je crois que c'est quelque chose qui est une exigence humanitaire,
04:37 en respect avec le droit international et conforme à ce qu'attendent les populations.
04:41 Alexis Corbière, un remaniement semble se dessiner en France.
04:45 Elisabeth Borne pourrait quitter Matignon.
04:47 Dans combien d'années vous tireriez de son passage si elle n'est plus Première ministre dans quelques heures ou dans quelques jours ?
04:52 Quel type de Première ministre aura été ?
04:54 Vous vous doutez de la réponse.
04:56 Madame Borne restera dans l'histoire comme celle qui a imposé aux Français deux ans de plus de travail,
05:02 en faisant, en plaçant la retraite à 64 ans.
05:05 Ce qui est une punition qui est infligée aux Français,
05:07 qui n'était pas juste, pas nécessaire par rapport à notre système de retraite.
05:11 Et on sait que de plus en plus de Français qui perdent leur emploi à partir de 55 ans
05:14 n'iront pas jusqu'à la totalité de ces semestres pour avoir leur retraite complète et verront leur pension baisser.
05:18 C'est quelqu'un qui a fait mal à des millions de gens.
05:20 Deuxièmement, c'est une Première ministre qui a imposé beaucoup de choses à coup de 49-3.
05:26 Ce que je veux dire c'est que vous m'interrogez sur le remaniement.
05:29 Déjà, honnêtement, la question ce n'est pas, est-ce que Pierre va remplacer Paul ?
05:33 Sébastien Lecornu, Julien Denormandie, Richard Ferrand, ça change quelque chose ou pas ?
05:37 Bien entendu que non, puisque la politique restera la même.
05:39 Ce ne sont pas les mêmes profils politiques quand même.
05:41 Écoutez, je ne veux pas avoir une formule trop piquante.
05:45 Le problème n'est pas le casting.
05:48 La question c'est quel est le scénario, de quoi s'agit-il ?
05:52 Est-ce qu'il s'agit de mener la même politique ou pas ?
05:55 Normalement, précédemment, l'usage était qu'on faisait souvent remaniement quand un gouvernement avait échoué.
06:00 Là, le président de la République, j'ai écouté ses voeux comme vous, nous dit qu'il a réussi,
06:04 il assume tout et il veut continuer.
06:06 Bon, donc il va continuer avec d'autres personnes parce qu'il voit bien que les gens sont usés.
06:09 De quoi sont-ils usés ? C'est que dans la population, ils sont rejetés.
06:12 Normalement, en démocratie, un gouvernement qui n'a pas de soutien populaire doit comprendre qu'il faut changer sa politique.
06:17 Il ne faut pas changer les gens.
06:18 Il faut faire quoi pourquoi alors ?
06:19 Mener une politique plus sociale.
06:20 Vous savez, aujourd'hui, on a 9,2 millions de Français qui sont sous le seuil de pauvreté.
06:24 Et on a les plus grandes fortunes françaises qui ont vu leur fortune augmenter de 58% depuis 2017.
06:29 Donc peut-être que vous voyez, sans être un grand économiste,
06:31 on peut se dire que moins de pauvreté d'un côté peut passer par le fait qu'il y ait moins de richesse qui s'accumule de l'autre côté,
06:36 par des mesures fiscales qui ne vont pas dans le sens, au contraire, de faire en sorte que les plus fortunés payent de moins en moins d'impôts,
06:42 mais au contraire, en organisant leur redistribution.
06:44 Le président de la République a utilisé ses voeux 13 minutes, où il a utilisé 7 fois le mot de "réarmement".
06:50 Moi, je dis que sa politique est un désarmement civique, affaiblissant les services publics.
06:55 Ils ont fermé 6 700 lits d'hôpitaux en 2022.
06:58 6 700 lits.
06:59 Vous savez, l'hôpital à Montreuil, chez moi, vous allez aux urgences,
07:02 si vous avez un enfant qui est malade, tout le monde le voit bien.
07:05 Bon, est-ce que c'est du réarmement républicain qu'affaiblir les services publics, ne pas aider l'école publique, etc.?
07:11 Vous allez avoir, avec votre parti, l'occasion de le porter, et ceux qui porteront vos couleurs,
07:14 notamment lors des élections européennes en juin prochain.
07:16 Pour l'instant, la liste de la France insoumise est créditée de 7 à 8 % des intentions de vote.
07:20 Certains poussent pour dire qu'il faut une tête d'affiche à la tête de cette liste,
07:23 et Jean-Luc Mélenchon qui doit l'amener. Ce serait une bonne idée ou pas ?
07:26 Mais personne ne pousse à ça.
07:27 J'ai une espèce de marronnier journalistique, moi, je ne crois pas que ce soit le but.
07:32 Non mais Jean-Luc Mélenchon, à ma connaissance, n'a pas du tout prévu de conduire cette liste.
07:36 Par contre, la question est la suivante.
07:39 Moi, ce qui m'intéresse, on est allé vite tout à l'heure,
07:43 mais il faut qu'il y ait un grand changement qui existe dans ce pays.
07:45 Vous savez, vous m'avez interrogé sur 2024, l'année qui vient,
07:48 ça peut être aussi l'occasion de parler, il va y avoir une possible inscription de l'IVG dans la Constitution.
07:52 Est-ce que ça passera par les européennes ?
07:54 Justement, moi, ce que je souhaite, c'est le changement qu'on passe de la 5e à la 6e République,
07:57 qu'on donne plus de pouvoir au peuple.
07:59 De quoi je suis en train de parler, du fait que les européennes ont leur importance,
08:02 mais c'est l'échéance 2027 qui m'intéresse.
08:04 Ce que je suis en train d'essayer de démontrer, et on termine notre entretien,
08:07 c'est qu'il faut que je suis favorable à l'union aux élections européennes,
08:10 je parle de la gauche et des écologistes,
08:12 pour essayer de montrer que ça n'est pas la marche inéluctable de la progression de l'extrême droite.
08:15 Mais la gauche part désunie aux européennes.
08:17 Eh bien, je le regrette, je pense qu'il faudrait se rassembler, nous l'avons dit, sur une liste,
08:20 une liste qui rassemblerait la NUPES, pourquoi pas même d'autres forces qui viendraient la rejoindre,
08:24 et je souhaite qu'il y ait non seulement une alliance électorale, mais une alliance politique,
08:27 une alliance sociale, pour créer les conditions d'un espoir de partage des richesses, je l'ai dit,
08:32 de réponse écologique à la crise, de réponse démocratique,
08:35 parce que les 49.3 de Madame Borne, je ne l'ai pas suffisamment insisté,
08:38 22.43, c'est ça qui caractérise la crise politique.
08:41 On impose aux français des politiques qu'ils ne veulent pas.
08:43 Vous pouvez mettre, une fois de plus, Richard Ferrand, le corps nu, Normandie à la place de Borne,
08:47 si c'est de la politique du 49.3, les mêmes causes produisent les mêmes effets.
08:52 Vous êtes partie de ceux qui ont clairement fait part de leur critique ou de leur réserve
08:56 à l'égard de la façon dont était menée la direction actuellement de la France insoumise,
08:59 parce que 2024, ça va marquer votre départ de la France insoumise.
09:02 Et pourquoi je partirais de la France insoumise ? J'en suis un des animateurs, un des fondateurs.
09:06 Par contre, la consigne qui a été donnée par Jean-Luc Mélenchon, c'est faire mieux.
09:10 Je souhaite qu'elle fasse mieux, et donc je mène un débat à l'intérieur.
09:12 Il y a des choses qui me déplaisent.
09:14 Vous avez peut-être vu que la députée Raquel Garaydo a été sanctionnée.
09:17 Je souhaite que les sanctions soient levées, parce qu'elle avait fait entendre des choses
09:21 que je ne comprends pas pour quelle raison il y a ce type de sanctions.
09:24 Je pense que nous aurions pu avoir des paroles qui étaient plus compréhensibles
09:27 dans certains moments, plus favorables à créer les conditions du maintien de l'unité.
09:31 Vous savez, je ne suis pas naïf, l'unité, c'est toujours très compliqué
09:35 de faire tenir des partis les uns avec les autres.
09:38 La France insoumise n'est pas borte ?
09:39 Je ne l'espère pas, du moins, évidemment qu'elle est.
09:42 C'est même la force sans aucun doute la plus importante
09:44 dans le paysage politique de gauche et écologiste.
09:47 Par contre, elle doit faire mieux, je le répète.
09:48 Faire mieux, ce n'est pas faire pareil, c'est créer les conditions que nous rassemblons.
09:51 Faire mieux, c'est avec ou sans Jean-Luc Mélenchon ? Il faut se le dire franchement.
09:54 Il est là, il ne s'agit pas de l'évacuer.
09:57 Vous imaginez la situation dans laquelle vous vous posez.
10:00 Qu'est-ce que vous voulez que je dise ? Je ne veux pas être dans une...
10:02 Oui, dire ce que vous voulez.
10:03 Non, mais j'ai défendu trois fois Jean-Luc Mélenchon, je suis un de ses plus vieux compagnons.
10:06 La question, c'est comment nous arrivons à créer les conditions d'un rassemblement large,
10:10 notamment à l'occasion de l'échéance majeure de la cinquième république et l'élection présidentielle.
10:14 Qui c'est qui rassemblera tout ça ? Qui est le mieux placé pour en parler ?
10:18 C'est ça que je veux que cette discussion puisse être menée tranquillement.
10:21 Et dans ce cadre-là, moi, je ne veux exclure personne, je veux rassembler.
10:24 Et pour rassembler, comme on est la force la plus importante de tout ça,
10:27 nous devons nous créer les conditions que le plus de force possible se sente à l'aise dans ce rassemblement.
10:32 C'est un enjeu parce que sinon, c'est une possible politique encore plus brutale
10:35 qui se mettra en place avec Madame Le Pen si c'est ça qui arrivait en 2026, que je ne reçois pas.
10:40 Merci beaucoup Alexis Corbière. C'est à vous Samuel et Lucie.

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