ÉDITO - Qui pour succéder à Élisabeth Borne si remaniement: "La macronie n'a pas une très grande profondeur de banc, il n'y a pas grand monde"
L'Élysée a annoncé ce dimanche 31 décembre le report du Conseil des ministres prévu le 3 janvier à la semaine suivante. De quoi raviver un peu plus les rumeurs d'un remaniement. Le décryptage de l'éditorialiste politique, Matthieu Croissandeau.
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00:00 Conseil des ministres donc d'aujourd'hui annulé, on en parlait hier matin, et du coup évidemment les spéculations vont montrer autour de l'éventuel remaniement
00:08 et de la potentielle succession d'Elisabeth Borne à Matignon.
00:12 Oui c'est la question qui agite le landerneau politique en ce début d'année.
00:16 Qui pour succéder à Elisabeth Borne si Emmanuel Macron choisissait de s'en séparer ?
00:20 Je rappelle que le président de la République l'a si chaleureusement remercié lors de ses voeux que beaucoup y ont vu un adieu en bonne et due forme.
00:27 Et la réponse est pas facile entre nous parce que c'est une équation à plusieurs inconnue.
00:30 D'abord pourquoi faire ? Elisabeth Borne essaie de quitter de la feuille de route dans la douleur que lui avait fixée le président.
00:36 Il reste aujourd'hui plus grand chose dans les tuyaux.
00:38 Il y a un projet de loi sur la fin de vie, une décision à prendre sur le service national universel, quelques ambitions pour l'éducation, mais plus grand chose d'autre.
00:45 Le cap, ce fameux cap que réclament à corse et à cri les élus de majorité, il n'y a que le capitaine qui le sait, le capitaine c'est Emmanuel Macron.
00:52 Ensuite dans la constitution c'est le Premier ministre qui détermine et conduit la politique de la nation.
00:57 Dans la pratique c'est Emmanuel Macron qui décide de tout.
01:00 Est-ce qu'il voudra changer ? Est-ce qu'il voudra nommer un poids lourd, quelqu'un qui a une autonomie politique ?
01:03 Ou est-ce qu'il voudra un simple collaborateur ? C'est encore une question.
01:06 Autre question, normalement le Premier ministre c'est le chef de la majorité.
01:09 La majorité on le sait, elle est à la fois réduite depuis les législatives 2022 et bancale depuis l'adoption du projet de loi immigration.
01:17 On sait que la gauche, notamment de la majorité, a été très très bousculée.
01:21 Est-ce que le président de la République voudra envoyer un signal à cette aile gauche ?
01:24 Ou est-ce qu'elle continuera son virage à droite toute entamée depuis son arrivée à l'Elysée ?
01:29 C'est encore une question.
01:30 Puis la dernière inconnue, est-ce qu'il veut créer la surprise ou non ?
01:32 Il a nommé trois premiers ministres Emmanuel Macron.
01:34 Les deux premiers c'était carrément des surprises.
01:35 Vous vous souvenez, Edouard Philippe, un visage inconnu des français.
01:38 Jean Castex, un visage inconnu des français.
01:40 Elisabeth Borne, elle était déjà ministre.
01:42 Mais on sait que ce n'était pas le premier choix d'Emmanuel Macron en juin 2022.
01:46 Alors qui maintenant ?
01:47 Je crois qu'on a dit ça.
01:48 Ça fait plus grand monde parce que la Macronie n'a pas une très grande profondeur de banc,
01:52 comme on dit au football.
01:53 Il n'y a pas grand monde.
01:54 Il y a deux vrais poids lourds.
01:55 On le sait, Gérald Darmanin, qui était en position de force l'été dernier,
01:58 lors du précédent remaniement, lui, il est cramé depuis le vote de la loi immigration.
02:02 Peut-être pas pour toujours, mais là, ça serait carrément bizarre de le nommer.
02:05 Il y a Bruno Le Maire, le locataire de Bercy depuis 2017, qui s'y verrait bien,
02:09 même s'il dit le contraire.
02:10 En tout cas, ça c'est une option.
02:12 Il y a des outsiders.
02:13 Le ministre de la Défense, par exemple, Sébastien Lecornu, dont le nom revient beaucoup.
02:18 C'est un profil très politique, qui a la confiance du président de la République.
02:21 Il a un avantage, c'est qu'il est totalement inconnu des Français,
02:23 donc ça ferait une forme de nouveauté.
02:25 Et puis, dans la même veine, il y a son collègue de la transition écologique,
02:28 Christophe Béchu, qui lui est un proche d'Édouard Philippe,
02:31 et dont le nom circule aussi.
02:33 Alors, est-ce qu'on peut se dire aussi, est-ce qu'il y aurait des nouveaux transfuges de LR ?
02:36 À quoi ça servirait ?
02:37 Tous ces gens-là viennent déjà de LR, viennent déjà de la droite.
02:39 Ça c'est peu probable, à moins qu'un accord politique soit signé avec le parti LR.
02:44 Mais vu la fiabilité dont ils ont fait preuve l'an dernier sur la réforme des retraites et sur la loi immigration,
02:49 on voit moins comment tout ça pourrait se goupiller.
02:51 Après, on peut rentrer dans le bizarre, avec des profils de très très fidèles.
02:54 Je pense à Julien de Normandie, qui était un ancien ministre de l'Agriculture.
02:57 - Et potentiellement en réserve de la République.
02:59 - Voilà, en réserve de la République, mais lui aussi totalement inconnu des Français.
03:01 Il y avait l'hypothèse Catherine Vautrin, vous savez, présidente de l'agglomération de Reims,
03:04 qui avait été évoquée en juin dernier.
03:06 Mais la surprise pourrait aussi venir de la société civile, ou alors rien,
03:10 parce que le rien reste aussi une option.