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Transcription
00:00 Je suis allée porter plainte parce qu'on m'a menacée de mort,
00:02 parce que je suis amoureuse.
00:03 Alors l'histoire de mon coming out médiatique,
00:06 ça s'est passé à quelques temps, quelques années sur le plateau de TPMP.
00:10 C'est Cyril qui m'a posé la question de savoir si j'avais quelqu'un dans ma vie.
00:13 Je lui ai dit oui, il me dit "ah bon, il est où, elle s'appelle comment ?"
00:16 Et je lui ai dit "elle s'appelle Noémie".
00:19 Et là il a regardé la caméra, il fait "bisous Nono" et c'est tout.
00:22 Et après il est passé à autre chose.
00:23 Et j'ai trouvé ça génial parce que justement c'était un non-sujet.
00:27 J'étais gay, je venais de le dire à la télévision,
00:29 devant plus d'un million de personnes.
00:30 Dans un premier temps ça s'est bien passé,
00:32 et ça a commencé à devenir un peu compliqué au bout d'un an.
00:34 Au début les insultes c'était "sad queen",
00:37 c'est des trucs que j'avais plus ou moins déjà entendus.
00:40 Là récemment il y a eu des menaces de mort.
00:44 Et les menaces de mort c'était "va t'égorger toi et toute ta famille,
00:47 prépare-toi gros boudin, tes jours sont comptés".
00:49 Je m'en souviens, j'étais assise dans mon KAP,
00:51 ma chérie dormait dans le lit,
00:52 et en fait j'ai toujours les notifications,
00:55 des commentaires ou des tweets qu'on m'envoie, j'ai rien enlevé.
00:57 Et donc je prends mon téléphone et là je vois écrit ça.
01:00 J'ai arrêté de respirer, j'ai pas compris.
01:02 J'ai fait une capture d'écran bien évidemment.
01:04 Et en fait ce qui était violent c'est qu'à l'inverse de d'habitude,
01:06 où sur Twitter c'est des têtes d'œufs qui m'insultent,
01:10 j'ai vu la photo de la personne.
01:11 C'était pas quelqu'un qui se cachait de son homophobie
01:14 et de son envie de me tuer, c'était quelqu'un de réel.
01:17 Et en fait c'est ça qui a été le plus violent je crois.
01:19 J'ai attendu que ma compagne se réveille,
01:20 je lui ai dit "écoute faut que je te parle d'un truc",
01:22 je lui ai montré.
01:22 Une heure plus tard, je suis allée porter plainte.
01:24 Ça fait très drôle d'arriver à la police et de dire "bonjour,
01:27 je suis personne et je viens porter plainte
01:29 parce qu'on m'a menacée de mort, parce que je suis amoureuse".
01:32 Ils ont essayé de me rassurer.
01:34 Et en fait, parfois il m'arrive,
01:36 et je pense que ça arrive à tout le monde,
01:38 d'être dans le bus par exemple ou dans le métro
01:41 et de me dire "si ça se trouve, le mec qui est assis à côté de moi,
01:44 il me hait, il veut me tuer et je le sais pas.
01:47 Donc je peux pas me défendre".
01:49 C'est-à-dire que si le mec veut m'agresser,
01:51 je peux pas le savoir.
01:52 Parfois, j'ai des petites bouffées d'angoisse,
01:54 puis parfois j'y pense pas du tout.
01:56 J'ai toujours pas compris en fait,
01:57 j'ai beau analyser le truc,
01:58 je n'ai toujours pas compris pourquoi on nous déteste autant.
02:01 Je n'ai toujours pas compris comment des gens sont allés dans la rue
02:05 manifester pour qu'on ait pas le droit de se marier,
02:07 pour qu'on nous empêche d'avoir un droit que eux, ils ont.
02:10 Je vais prendre l'exemple de Noem et moi,
02:12 on est juste deux personnes qui sommes ensemble depuis bientôt 8 ans,
02:16 on va fêter nos 8 ans,
02:17 qui avons un chat et qui vivons normalement.
02:20 Parce que moi je pense aux gamins de 14 ans.
02:22 La société leur a tellement dit que l'homosexualité n'était pas normale,
02:26 qu'il faut que nous on leur dise,
02:27 c'est notre responsabilité de leur dire "regarde, je suis normale".
02:32 Ça veut dire que toi aussi,
02:33 il faut banaliser au-delà de la sexualité, l'amour.
02:36 Parce que moi vraiment c'est une question d'amour.
02:38 La vie elle est super courte.
02:40 On peut tous sortir demain et se prendre un bus et mourir
02:42 et on se dira "et quoi ?
02:43 En fait j'aurais passé mon temps à détester les gens sur Internet
02:46 et à pas vraiment vivre le grand amour".
02:48 Ce serait con quand même.
02:49 Je suis juste une femme amoureuse qui a une vie normale
02:51 et qui vient d'un tout petit village.
02:53 C'est ça qui me définit.
02:54 C'est pas avec qui je couche.
02:56 Ce que je dirais aux jeunes en général
02:58 et à la jeune Émilie en particulier,
03:00 c'est que c'est pas grave d'être gay.
03:02 Moi je m'en suis rendue compte grâce à ma meilleure amie.
03:04 Quand vraiment j'ai ouvert les yeux,
03:06 j'ai fondu en larmes dans les bras de ma meilleure amie
03:07 et je lui ai dit "ça va, je te dégoûte pas ?"
03:10 Et elle m'a regardée et elle m'a dit "mais t'es complètement con".
03:13 Et ça m'a fait du bien.
03:14 Alors ouais, j'ai perdu des gens.
03:16 Mais j'ai mes parents, j'ai cette chance-là.
03:19 Et au final, les personnes qui vous tourneront le dos,
03:21 c'est tant pis pour eux.
03:22 Parce qu'ils se rendront pas compte
03:24 que de la personne extraordinaire que vous êtes.
03:28 Parce qu'à partir du moment où on s'assume et on s'aime,
03:30 on devient quelqu'un d'extraordinaire.
03:32 C'est l'amour qui triomphera.
03:34 Sous-titrage Société Radio-Canada
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03:42 Merci à tous !
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