Nathalie Kaltenbach, Présidente d'Alsace Destination Tourisme

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00:00 On entre dans les tout derniers jours d'ouverture des marchés de Noël de la région
00:03 et le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils ont fait le plein cette année.
00:05 Alors on en parle ce matin avec la présidente d'Alsace Destination Tourisme.
00:09 Bonjour Nathalie Keltenbach.
00:10 Bonjour.
00:11 On n'a pas encore les chiffres définitifs, on les connaîtra en janvier.
00:15 Pour autant, est-ce qu'on peut déjà dire que c'est une année historique ?
00:18 Très certainement, puisqu'on parle partout d'une hausse de fréquentation de 15 à 20%
00:23 et ce, dans l'ensemble des marchés de Noël, donc pas seulement les grandes communes.
00:27 Mais cette année, c'était aussi une volonté de notre part, c'est une politique qu'on a lancée il y a déjà maintenant 3 ans.
00:33 C'est d'étaler les flux sur l'ensemble des marchés de Noël.
00:35 Et effectivement, cette année, toutes les communes, y compris les petites, ont connu un afflux de demandes.
00:40 Vous, vous l'avez vu, vous êtes maire de Barre, vous l'avez vu dans votre ville aussi ?
00:42 Oui, on avait donc un marché de Noël sur deux week-ends et effectivement, samedi dernier,
00:48 j'ai jamais vu autant de monde en fait dans notre rue commerçante.
00:51 Alors voilà, on est heureux si on fait ce genre de manifestation.
00:54 C'est effectivement pour faire connaître la commune, pour accueillir du monde.
00:57 Mais il y a un moment où on se fait un petit peu peur.
00:59 Ça fait un peu peur, vous le dites, quand vous voyez la foule à Barre,
01:03 il y a quand même quelque chose d'impressionnant.
01:06 Il y a beaucoup de communes qui disent qu'elles sont arrivées vraiment à la limite cette année.
01:10 Oui, il y a un seuil de saturation et c'est pour ça qu'il va falloir qu'on travaille aussi sur la manière d'accueillir les gens.
01:16 Alors, on a commencé à réfléchir un petit peu,
01:18 je sais qu'Eric Straumann a abordé peut-être le fait de faire payer l'entrée le week-end.
01:23 Bon, il a peut-être lancé ça comme ça, j'imagine mal, faire payer une entrée pour un marché de Noël.
01:28 Mais peut-être étaler les horaires d'ouverture, peut-être s'accorder entre communes voisines pour pas faire des marchés en même temps.
01:35 Après, il ne faut pas oublier non plus qu'il y a eu des afflux, il y a eu des pics,
01:40 alors essentiellement le week-end, il y a eu des bouchons sur autoroute,
01:44 mais il y en a aussi quand il n'y a pas forcément un marché de Noël.
01:47 Mais c'est vrai qu'on a quand même certains habitants qui sont agacés maintenant.
01:51 - Alors, je sais que vous êtes souvent prudente pour employer le mot "surtourisme",
01:57 mais là, quand on prend des situations très précises, par exemple le week-end dernier à Strasbourg, à Colmar,
02:02 les dernières lignes droites de décembre, est-ce qu'on peut là parler vraiment de surtourisme ?
02:07 - Encore une fois, c'est une notion qui est tout à fait relative,
02:10 et c'est une perception des choses. Le surtourisme c'est quoi ?
02:12 C'est à partir du moment où, en tant qu'habitants, on ne se sent plus chez soi.
02:16 Alors, je veux bien croire qu'effectivement, à Colmar, à Strasbourg, certains habitants ont eu ce sentiment-là,
02:20 mais encore une fois, c'est le week-end, c'est à certains moments, et ce n'est pas sur une période,
02:26 ce n'est pas sur le mois complet. On voit la semaine, les marchés sont totalement abordables,
02:32 il y a beaucoup moins de monde, on n'est pas serré comme des sardines.
02:35 - Ce qu'on entendait sur notre antenne ce matin, c'est que justement, d'habitude, c'est surtout sur les week-ends,
02:39 mais que là, par exemple à Strasbourg, en soirée, pratiquement tous les soirs de la semaine,
02:44 ça reste difficilement praticable.
02:46 - Alors, il y a peut-être plus de monde. Moi, je l'ai fréquenté en soirée à Strasbourg,
02:51 j'ai trouvé une place pour me garer, et puis c'était tout à fait agréable.
02:55 Mais encore une fois, ça dépend des soirées.
02:58 Mais je pense que c'est vraiment concentré sur les week-ends, et là, il y a vraiment un travail à faire.
03:03 Donc nous, de toute façon, nous ferons le point, c'est l'objectif, avec l'ensemble des offices de tourisme,
03:07 avec les communes aussi, alors majoritairement les grandes communes,
03:10 pour voir comment on peut organiser les choses.
03:12 Parce qu'il ne faudrait pas qu'on arrive non plus à un dégoût ou à une insatisfaction des visiteurs.
03:17 Ce qu'on a envie qu'ils gardent, c'est un moment de magie, c'est un moment de bonheur en famille.
03:22 Donc voilà, il ne faut pas qu'on arrive non plus à un extrême.
03:26 - Vous avez pensé, vous, peut-être que c'était trop cette année ?
03:29 Vous avez envie de partager ce que vous avez vécu, peut-être, chez vous ?
03:32 Vous êtes habitant d'un village où il y avait un marché de Noël.
03:36 N'hésitez pas à nous appeler maintenant au 0388 25 15 15.
03:39 On en parle avec Nathalie Kaltenbach sur France Bleu Alsace ce matin.
03:44 - Nathalie Kaltenbach, qu'est-ce qui explique cette situation, ce retour en force de la foule ?
03:49 - Alors je pense déjà que nous avons lancé une bonne communication dès le mois de septembre,
03:53 puisque nous avions une conférence de presse à Paris, à la maison de l'Alsace.
03:56 Et c'est vrai que ça a été extrêmement bien relayé par la presse de manière générale,
04:02 que ce soit la presse nationale et même au-delà.
04:04 Et puis après, moi je dis toujours, il y a certainement un attrait de l'Alsace.
04:09 Il y a beaucoup de gens qui disent "Ah, ça fait longtemps que je voulais venir".
04:13 Donc oui, l'Alsace attire toujours. Pour nous c'est une fierté.
04:16 - Il y a le retour des touristes aussi, on a vu beaucoup d'Espagnols, beaucoup d'Américains.
04:19 - Exactement. Il y a vraiment un retour en force des Américains.
04:22 Alors des Belges qui s'étaient un petit peu perdus aussi, qui reviennent.
04:26 Des gens du Sud aussi.
04:28 Et puis encore une fois aussi, et ça c'était aussi un objectif,
04:32 c'était de faire ressortir les Alsaciens.
04:34 Donc on a énormément d'Alsaciens qui ont redécouvert aussi des marchés de Noël.
04:38 - Les réseaux sociaux ont aussi leur importance dans cette espèce d'Alsace mania en ce moment.
04:44 Il y a beaucoup d'influenceurs du monde entier qui partagent leurs clichés,
04:48 qui vont rêver partout dans le monde sur les villages typiques d'Alsace.
04:51 Vous ressentez vous cet effet réseau sociaux ?
04:53 - Alors oui, on a des influenceurs effectivement, qui mettent des photos,
04:58 et puis ça doit certainement aider.
05:00 On a la page de visite Alsace, Noël en Alsace, qui est extrêmement suivie aussi.
05:04 Après je ne pourrais pas dire quel est l'impact de ces réseaux,
05:07 mais c'est vrai que du coup ça se propage très facilement, très rapidement.
05:11 Alors les réseaux, la presse, et puis surtout le bouche à oreille aussi, qui marche très bien.
05:18 - On a l'impression que l'Alsace devient presque une marque en ce moment.
05:21 - J'espère ! J'espère ! On a bien notre hacker, notre marque Alsace.
05:26 Donc oui, et puis avec toute la discussion qu'il y a autour de la région,
05:33 on parle bien de la région Alsace, et puis on en est très fiers.
05:36 - On a vu sur des grandes chaînes de télé nationale dimanche dernier,
05:40 de 20h à 23h, c'était 100% Alsace.
05:44 Tout le monde surfe sur ça actuellement ?
05:47 - Oui, et puis en plus on est très heureux de voir que ce sont vraiment des reportages positifs.
05:52 C'est des reportages qui montrent notre patrimoine, qui montrent notre savoir-faire,
05:55 qui montrent notre terroir, les produits locaux.
05:57 Ce ne sont pas des reportages à charge, et c'est vraiment ça qu'on a envie de montrer.
06:01 Nous on est une région qui est juste magnifique, avec plein d'atouts, c'est ça qu'on a envie de communiquer.
06:05 Donc effectivement ces derniers temps, il y a eu plusieurs reportages de longue durée.
06:09 Là aussi, ça va faire venir du monde, et on l'espère.
06:14 - Pour les années à venir.
06:16 - Charge à nous aussi de voir pour l'été, parce que ce qui est intéressant aussi,
06:19 c'est qu'en hiver, on communique aussi sur "Revenez en Alsace".
06:23 - Qui dit marque, dit rentabilité.
06:27 On a l'impression que le pendant, c'est aussi que certains Alsaciens ont l'impression
06:32 que tout ça c'est simplement pour les touristes, c'est simplement pour faire de l'argent.
06:36 - L'intérêt aussi, effectivement, on compte sur les retombées économiques.
06:40 Lorsqu'on remplit les hôtels, lorsqu'un commerçant fait une année de chiffre d'affaires en un mois à la période de Noël,
06:47 évidemment qu'il y a un intérêt économique, ça il ne faut pas se le cacher.
06:50 - Et on a une idée des retombées pour les commerçants pour l'instant ?
06:53 - Non, pas encore.
06:54 - Nous avons Denis en ligne de Lingolsheim. Bonjour Denis.
06:57 - Oui, bonjour.
06:58 - Dites-nous, vous avez l'air d'être déçu, vous.
07:01 - Oui, tout à fait. Moi, je voulais vous parler du marché de Noël de Strasbourg.
07:06 Je trouve qu'il a été complètement dénaturé.
07:10 Ça n'a plus rien à voir avec un marché de Noël.
07:14 - C'est quoi ? Qu'est-ce qui vous fait dire ça, Denis ?
07:16 - C'est plus qu'un rassemblement de baraques répartis sur toute la ville.
07:21 Il n'y a plus aucune référence à Noël.
07:24 Noël, c'est une fête religieuse.
07:26 Normalement, il doit y avoir des décorations de Noël, de la musique de Noël, mais...
07:31 - Vous, c'est les stands plus alsaciens qui vous manquent ?
07:35 - Dans des pays d'un certain intégrité de la laïcité, Noël, c'est une fête religieuse.
07:41 - Denis, si vous êtes venu cette année, vous avez trouvé qu'il y a plus de monde que d'habitude ou pas ?
07:47 - Tout à fait. C'est impossible de circuler.
07:51 C'est des nuisances terribles pour les habitants de la ville.
07:56 Les habitants de la ville subissent des nuisances. Ils ne peuvent pas circuler.
08:01 Il y a les transports en commun qui sont gravement perturbés.
08:04 Les gens qui vont travailler n'ont plus leurs correspondances.
08:09 Par exemple, Passe-Broglie, il y a des stations qui sont fermées.
08:13 En plus, ce sont les habitants qui payent pour l'organisation de tout ça.
08:18 C'est des impôts des habitants qui servent à financer l'organisation du marché de Noël.
08:24 Tout ça peut avoir le plus grand bénéfice d'une minorité d'hôteliers, de restaurateurs, de marchands, de codificés.
08:31 - Ce n'est peut-être pas le meilleur marché de Noël pour vous, Denis, on l'entend.
08:34 Merci beaucoup de nous avoir appelés.
08:36 - Merci beaucoup, Nathalie.
08:37 Très bonne journée à vous.
08:38 - Nathalie Kaltenbach, sur la première partie de l'intervention de Denis,
08:41 il y avait cette question de l'authenticité qui pêche parfois dans les très gros marchés de Noël.
08:47 - Oui, le travail a été fait il y a quelques années dans les grandes villes pour retrouver des produits vraiment locaux.
08:54 C'est vrai qu'à Strasbourg, j'ai vu un stand qui m'a un peu choqué au pied de la cathédrale.
08:59 Maintenant, la majorité des stands, on retrouve quand même des produits,
09:02 les boules de Noël mazentales, les ténézones alsaciennes, etc.
09:06 Mais c'est ça qu'on cherche à trouver.
09:08 Pour répondre au deuxième point aussi sur la laïcité,
09:11 on a quand même beaucoup de communes, la mienne y compris, où on a mis des crèches.
09:15 Et c'est vrai qu'il ne faut pas l'oublier.
09:17 On a tendance à dire maintenant "Joyeuse fête", il ne faut pas oublier de dire "Joyeux Noël",
09:21 parce que c'est effectivement avant tout une fête religieuse aussi.
09:23 Et on a eu toute cette polémique dans les communes où on n'a plus le droit de mettre des crèches, etc.
09:28 En Alsace, on s'est quand même rebellés un petit peu.
09:30 Et c'était important pour nous de mettre en place encore ces crèches pour rappeler l'origine de la fête.
09:36 Et le dernier point, si je peux me permettre, concernant le financement,
09:41 il y a quand même une grosse part de la taxe de séjour
09:44 qui sert à financer aussi l'organisation d'événements tels que les marchés de Noël.
09:48 La taxe de séjour, elle vient d'où ?
09:50 Elle vient des touristes qui payent leur chambre d'hôtel et sur laquelle on prélève une taxe.
09:53 - Mais il y a quand même ce sentiment d'être... - ...pris en otage.
09:56 Oui, en tout cas que c'est une minorité qui en profite, c'est ce que disait Denis.
10:01 Je n'ai pas de jugement là-dessus, mais effectivement je peux comprendre
10:04 que quand on habite en plein centre-ville et en plein marché de Noël, on ait des inconvénients.
10:07 Mais pas qu'en plein centre-ville, si les transports en commun sont perturbés,
10:11 finalement ça perturbe tout le réseau.
10:13 Oui, et ça fait des années que ça existe.
10:16 Il faut faire avec pour...
10:17 Il faut faire avec, ça fait des années que ça existe.
10:20 On le sait que ça va durer trois semaines, un mois.
10:23 Et on prend ses dispositions.
10:25 Mais comment on gère les années à venir si ça ne cesse d'augmenter ?
10:28 On a l'impression que là on avait déjà battu un record l'année dernière,
10:30 on va sûrement battre encore un record.
10:32 On ne va pas pouvoir continuer d'augmenter.
10:34 De toute façon, les trains sont saturés, les bus sont saturés,
10:37 les places de parking il n'y en a plus non plus.
10:39 Il y a un moment où on ne pourra pas absorber plus.
10:42 Mais vous êtes sur une ligne de crête.
10:43 Vous vous dites d'un côté que c'est super que l'Alsace attire autant
10:46 et de l'autre on arrive à saturation.
10:48 Oui, c'est tout le paradoxe en fait.
10:50 Encore une fois, on est très heureux que l'Alsace attire comme ça.
10:53 Mais après il va falloir jauger aussi,
10:56 ou trouver une nouvelle solution,
10:58 étaler un petit peu plus encore les marchés,
11:00 agrandir l'Alsace quoi !
11:01 Agrandir, écarter, agrandir les routes, enfin les rues.
11:04 En tout cas, peut-être faire plus de parking, prévoir des infrastructures.
11:07 Ou encourager encore plus l'avenir en train,
11:10 mais ce qui veut dire aussi mettre derrière en place les aires nécessaires.
11:13 Parce qu'il y a déjà plus de trains,
11:14 il y a déjà beaucoup de monde dans les trains.
11:16 Exactement.
11:17 En fait, à part, oui,
11:19 alors il y avait cette solution envisagée par Eric Strauman,
11:22 de faire payer,
11:23 mais qu'est-ce qu'on peut faire d'autre concrètement ?
11:25 C'est très difficile comme question.
11:27 Oui, on disait, peut-être décaler certaines dates de marchés de Noël,
11:31 peut-être en faire plus court aussi.
11:33 Mais là aussi, c'est vrai qu'il y a une histoire de rentabilité
11:36 lorsqu'on met en place des centaines de chalets.
11:39 Il faut quand même que ça reste en place à un certain moment.
11:42 Et puis, peut-être s'accorder avec certaines communes.
11:46 Il y a aussi eu beaucoup de communes qui ont fait des marchés de Noël.
11:49 On est quand même à 200 marchés de Noël en Alsace.
11:51 Là aussi, peut-être que certaines vont se poser des questions
11:54 et ne pas de renouveler.
11:56 Donc, il y a des pistes qui sont à l'étude en ce moment.
11:59 Merci beaucoup Nathalie Kaltenbach d'être venue nous en parler ce matin dans notre studio.
12:03 Merci, et joyeux Noël !
12:05 Et joyeuses fêtes !

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