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Michel Mayor et Didier Queloz, derniers prix Nobel suisses récompensés en 2019 pour leur découverte de la première exoplanète, sont-ils des grands mangeurs de chocolat? Selon une étude (bidon, vous allez voir), on pourrait faire un lien entre prix Nobel, et gourmandises chocolatées.
Transcription
00:00 Fait numéro 1, la Suisse est parmi les pays qui contiennent le plus de prix Nobel par habitant.
00:04 Fait numéro 2, la Suisse est aussi parmi les pays qui mangent le plus de chocolat.
00:08 Mais alors, manger du chocolat fait-il gagner des prix Nobel ?
00:12 Pas de chance.
00:13 Je vais vous décevoir d'entrée, manger du chocolat ne rend pas plus intelligent,
00:17 ni ne permet d'amadouer le jury des Nobel.
00:19 Ce que vous voyez là, ce sont deux données auxquelles on a essayé de faire dire quelque chose qu'elles ne disent pas.
00:25 Et pour brocarder cette erreur commune, on a coutume de dire "correlation n'est pas causalité".
00:30 L'expression "correlation n'est pas causalité" est un principe fondamental en statistique
00:35 qui signifie en fait que le simple fait d'observer une relation entre deux variables
00:38 ne signifie pas nécessairement qu'une de ces deux variables est la cause de l'autre.
00:43 Je vais vous donner des exemples, ça sera plus clair.
00:46 Des liens étranges entre deux données, il y en a plein.
00:48 Par exemple, lorsque les ventes de crème solaire augmentent,
00:51 le nombre de noyades dans les piscines augmente également.
00:53 Doit-on conclure que la crème solaire rend les gens plus enclin à se noyer ?
00:57 Absolument pas.
00:58 D'ailleurs, des chercheurs belges ont reproduit le même genre de recherche.
01:01 Plus un pays a de magasins Ikea, plus il a de chances d'héberger des Nobel.
01:05 Mais alors, comment on prouve un lien entre deux faits ?
01:07 Il y aurait plein de manières de le démontrer, et même si elle n'est pas tout le temps applicable, en voici une.
01:12 On pourrait faire appel à un échantillon de personnes pour faire ce qu'on appelle un essai contrôlé randomisé.
01:16 En gros, on rassemble des jeunes Suisses ayant un profil diversifié et on les divise en deux groupes.
01:21 A l'un, on leur donne du chocolat. Du Suisse ou pas, d'ailleurs.
01:24 Au deuxième groupe, on leur fait croire qu'on leur donne du chocolat.
01:27 Mais détail important, ils ne doivent pas savoir que ce n'en est pas,
01:31 et ils ne doivent pas savoir ce qu'on essaye de prouver pour éviter tout effet placebo.
01:34 Quelques années plus tard, en fonction du nombre de prix Nobel dans nos échantillons de personnes,
01:39 on pourra déterminer si le chocolat fait gagner des Nobel.
01:42 Et pour légitimer ces résultats, il faudra ensuite reproduire ces expériences avec d'autres groupes.
01:47 Mais c'est vrai, dans la majorité des cas, cette expérience n'est pas fejable.
01:50 Et parfois, deux événements peuvent être liés au hasard, sans qu'il n'y ait aucun lien de cause à effet.
01:54 Mais si on veut vraiment vérifier le lien entre deux variables,
01:57 on peut aussi se tourner vers les critères de Bradford-Hill.
02:00 Ces critères aident les chercheurs à déterminer de manière critique la preuve disponible
02:05 pour déterminer si une relation de corrélation est effectivement un lien de cause à effet.
02:10 On analyse par exemple la temporalité, la cohérence et le caractère plausible.
02:14 Et à part ça, comment expliquer que la Suisse domine et les Nobel et la consommation de chocolat ?
02:18 On a donc deux possibilités.
02:19 Soit les scientifiques sont de grands gourmands,
02:21 soit on consomme un peu plus de chocolat dans les pays riches et développés.
02:25 Et c'est aussi dans les pays riches et développés que nous avons un meilleur niveau d'éducation,
02:29 une recherche scientifique plus développée,
02:31 une innovation qui attire les talents étrangers et de meilleurs investissements dans la recherche.
02:35 Mais la science, c'est bien sûr beaucoup plus compliqué et parfois, on ne peut pas tout démontrer.
02:39 [Musique]

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