Lucas, 25 ans, est mort à l'hôpital dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre en raison d'un choc septique. Sa mère estime qu'il résulte d'une mauvaise prise en charge par les services de secours. Elle témoigne sur BFMTV.
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00:00 On sait qu'il était déjà très mal, puisqu'on a eu la bande de l'appel au 15,
00:05 où le médecin prend conscience du fait que c'est urgent et dangereux ce qu'il a.
00:12 Et donc nous on sait qu'il est déjà en très mauvais état,
00:16 quand il arrive aux urgences ça va mal en fait.
00:19 On le sait d'après ça.
00:22 Vous avez tous ces éléments, vous avez ce que vous ont dit les personnels du SAMU,
00:27 comment va-t-on recueillir votre parole ? Est-ce que vous avez le sentiment d'être entendu ?
00:30 Est-ce que vous avez le sentiment que la situation est prise au sérieux dès le début ?
00:35 Non, mais nous on n'est pas du tout entendu en fait,
00:37 puisqu'on ne verra pas Lucas, on n'aura pas accès à lui jamais avant qu'il soit décédé.
00:42 On n'a pas accès à un médecin, on demande à parler à un médecin,
00:45 on demande à voir notre fils, on ne peut alerter personne sur cette situation
00:50 puisqu'on n'a accès à personne.
00:51 Les urgences sont fermées comme un bunker,
00:54 on n'a accès à rien, ni à personne, ni à notre fils.
00:56 Donc, après Lucas, lui n'est pas pris en charge, il est placé léger,
01:02 comme vous l'avez dit au début, il est mis sur un brancard et laissé de côté.
01:07 Margot faisait référence au message qu'il vous envoie,
01:09 qu'est-ce qu'il vous dit, qu'est-ce que vous vous dites via vos SMS ?
01:15 Alors nous, on s'inquiète déjà de la situation au départ,
01:17 et plus on reçoit des SMS et plus on s'appelle et plus on voit que c'est grave.
01:21 Il dit dans ses SMS qu'il prévient qu'il a du mal à respirer,
01:25 que personne ne fait rien, il souffre, il a les lèvres bleues,
01:30 il dit "c'est horrible maman, horrible".
01:32 Nous, on s'inquiète énormément,
01:34 lui il s'inquiète à l'intérieur, nous à l'extérieur,
01:36 et on voit qu'il ne se passe rien.
01:37 Il y a même un moment donné où on se dit "on va le sortir de là,
01:40 il faut l'emmener ailleurs".
01:42 Même lui, il veut partir en fait.
01:44 On ne prendra pas cette décision parce que quand on y pense,
01:47 ça fait déjà 4 heures qu'il attend, et on se dit si on le récupère,
01:51 on va encore perdre du temps pour l'emmener ailleurs,
01:53 et puis il va peut-être recommencer à être dans une file d'attente,
01:56 en attendant encore des heures.
01:57 Donc le temps qu'on se pose cette question, il vaut un médecin.
02:00 Donc là on s'est dit "ça y est, c'est fini, le calvaire est fini,
02:04 il est pris en compte".
02:05 Je lui pose la question par message "qu'est-ce que t'as dit le médecin,
02:09 qu'est-ce qu'il en pense, qu'est-ce qu'il va faire ?"
02:11 Et là il me dit "rien".
02:12 Il m'a vu vite fait, pardon, il m'a vu vite fait,
02:18 il m'a vu vite fait et il ne se passe rien.
02:21 On attend le résultat de la prise de sang,
02:23 qui en fait a été faite à 18h20 alors qu'il est arrivé à 8h50 aux urgences,
02:29 et qui n'arrivera au laboratoire qu'à 20h25.
02:32 Quand son état se dégrade, qu'il se sent de plus en plus mal,
02:35 qu'il a du mal à respirer, est-ce qu'il sonne l'alerte ?
02:37 Est-ce qu'il essaye de parler à des soignants ?
02:41 Oui, il dit "je me plains à tout le monde que j'ai du mal à respirer,
02:44 mais personne ne fait rien".
02:47 Vous allez être informé de cette situation par des témoignages,
02:50 notamment ce garçon Damien, dont parlait Margot à l'instant,
02:54 qui lui va assister à tout ce qui se passe.
02:56 Il est sur le brancard d'à côté, lui aussi aux urgences.
02:58 Qu'est-ce qu'il vous écrit, qu'est-ce qu'il vous dit ce garçon ?
03:02 Alors au départ Damien, on ignore qu'il est le voisin de brancard de Lucas.
03:06 Il est tellement choqué par ce qu'il a vécu,
03:08 la mort de Lucas en direct aux urgences d'hier,
03:11 qu'en sortant de l'hôpital, il va faire six lettres commandées,
03:14 entre autres au ministre de la Santé, à l'ARS.
03:18 Il va raconter ce qui s'est passé,
03:20 qu'il trouve complètement hallucinant, inadmissible,
03:23 la non prise en compte de Lucas qui est mort devant ses yeux.
03:26 Et donc nous, on arrivera à prendre contact avec lui plus tard.
03:31 Il nous racontera que Lucas souffrait, qu'il se tordait de douleur,
03:33 qu'il disait qu'il avait mal, qu'à un moment donné,
03:37 il fait un malaise sur son brancard,
03:39 qu'il n'ait même pas remarqué par personne sauf lui,
03:42 et qu'il fait appel à un infirmier pour dire "mais regardez, il fait un malaise".
03:47 On lui prend l'attention de 5-3.
03:50 Et même le médecin qui l'a vu à 20h, il dira "c'est pas un 5-3"
03:53 parce qu'elle vient le voir et elle lui demande "comment ça va monsieur ?"
03:57 et il fait "j'ai terriblement mal" et elle répond "ce n'est pas un 5-3"
04:02 puisqu'il parle "c'est pas un 5-3".
04:05 Une question pour vous de Margot de Frouville, la chef du service santé.
04:08 Bonjour madame.
04:09 Vous avez reçu aussi, je crois de façon anonyme,
04:11 en plus du témoignage de Damien, le dossier médical de votre fils.
04:16 Faisait-il état aussi de difficultés dans la prise en charge ?
04:18 Je crois qu'il y avait eu des alertes le soir même sur l'état catastrophique
04:21 dans lequel se trouvait ce service d'urgence.
04:25 Voilà, alors oui, c'est vrai que le médecin avait signalé
04:28 que le service était en surtention et que ça mettait en danger la vie des patients.
04:34 Visiblement, ce n'est pas la première fois que ce genre d'alerte est faite.
04:39 C'est récurrent, ce qui veut dire que ce n'est pas un cas,
04:42 ce n'est pas une situation qui était anormale dans le sens où c'était exceptionnel.
04:47 C'est une situation apparemment qui n'est pas du tout exceptionnelle justement,
04:50 puisqu'on m'a dit le samedi, c'est comme ça, on est en surtention,
04:54 du coup, il ne faut pas rentrer aux urgences le samedi.
04:57 C'est un problème plus large qu'une seule soirée du PMO.
05:05 Et on entend évidemment votre besoin de réponse, votre besoin de vérité.
05:08 Vous avez porté plainte, on espère que vous aurez ces réponses.
05:11 Merci beaucoup d'avoir témoigné en direct ce matin dans le Live BFM.
05:14 On vous souhaite évidemment bon courage pour la suite.