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Anne-Cécile Mailfert, fondatrice et présidente de la Fondation des femmes, était l'invitée ce jeudi du Live BFM. Elle a réagi aux propos d'Emmanuel Macron sur Gérard Depardieu.

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Transcription
00:00 C'est le président de la République, il est le garant des institutions,
00:02 sa parole n'est pas n'importe quelle parole, on n'est pas au café du commerce.
00:05 Le président de la République, lorsqu'il dit quelque chose, ça produit des effets.
00:09 Lorsqu'il dit "je ne participerai pas aux chasses à l'homme",
00:12 il est en train de juger les femmes.
00:14 Il est en train de juger les femmes qui ont porté plainte,
00:16 les femmes qui ont témoigné.
00:18 Il est en train de les juger en disant que c'est elles
00:20 qui sont dans une démarche condamnable.
00:22 Mais la seule personne qui a parlé de chasse récemment
00:24 ou qu'on a entendu parler de chasse récemment, c'est Gérard Depardieu lui-même.
00:28 Il dit dans ce documentaire sur France 2 qu'il aime être le chasseur.
00:32 Il aime être ce prédateur et ce chasseur.
00:34 Et donc, ce qu'est en train de faire Emmanuel Macron,
00:36 et en tant que président de la République, c'est gravissime,
00:38 c'est de retourner les choses, de faire passer les femmes
00:41 pour des vengeresses qui vont poursuivre comme ça les hommes.
00:45 Alors qu'en réalité, là, en l'occurrence, c'est Depardieu lui-même
00:50 qui se définit lui-même comme un prédateur.
00:51 Il dit, le président de la République, les propos,
00:53 on en pense ce qu'on veut, je ne les cautionne pas,
00:56 mais présomption d'innocence.
00:58 Non, mais la présomption d'innocence, évidemment,
01:00 mais là, on est vraiment dans autre chose.
01:01 C'est le président de la République qui, déjà, à nouveau, condamne ces femmes.
01:05 Il dit que ce qu'elles font, c'est condamnable.
01:07 Donc, il ne respecte pas non plus la présomption d'innocence.
01:09 Il prend parti.
01:11 Et c'est dangereux au point que, il faut savoir que lorsqu'il dit ça,
01:14 comment ils vont faire les victimes demain quand elles vont aller voir la police ?
01:17 Comment est-ce que les policiers vont réagir ?
01:19 Ils vont dire "attention, il y a quand même des chasses à l'homme".
01:21 Donc, la manière dont ils vont prendre les plaintes,
01:23 est-ce que ce sera la même manière avant et après
01:25 cette intervention du président de la République ?
01:27 Et puis, ça a des conséquences réelles sur la vie des femmes.
01:30 Emmanuel Macron a une parole qui porte pour ces femmes-là.
01:34 Et puis, moi, je pense aussi à Emmanuelle de Bever,
01:36 qui s'est suicidée le jour de la diffusion du témoignage de France 2,
01:40 qui était une des actrices, une des premières à avoir témoigné de viol
01:44 de la part de Depardieu.
01:46 Elle a été enterrée il y a quelques jours.
01:49 Une femme qui en est morte.
01:51 Donc, la parole, et surtout du président de la République,
01:55 elle a un impact qui peut être quasiment létal, en fait,
01:57 quand on ne fait pas confiance,
01:58 quand en tant que président, garant des institutions,
02:01 garant du respect des traités internationaux,
02:03 et nous avons signé le traité international
02:06 qui s'appelle la Convention d'Istanbul,
02:07 qui impose à la France de prévenir les violences faites aux femmes,
02:10 de comprendre les violences faites aux femmes,
02:11 de soutenir les femmes victimes de violences.
02:13 Qu'est-ce qu'il dit le président de la République, là ?
02:15 C'est gravissime.
02:16 Vous lui demandez quoi au chef de l'État ce matin ?
02:18 De s'excuser ? De retirer ses propos ?
02:20 En réalité, moi, ce que je lui demande, c'est...
02:23 Alors, je ne peux pas lui reprocher une inconstance, on va dire,
02:27 puisque depuis 2017, il explique qu'il ne veut pas être
02:30 dans le quotidien de la délation, dans l'ère du soupçon en 2022,
02:34 il règle les problèmes de Darmanin en conversation d'homme à homme,
02:36 il nous explique que le masculin est neutre.
02:38 Donc, tout ça est très logique.
02:39 Moi, je n'ai pas vraiment beaucoup d'espoir, en réalité,
02:41 dans Emmanuel Macron.
02:42 Pour moi, ça n'est pas un président féministe.
02:44 Je n'ai plus beaucoup d'espoir en lui.
02:46 Par contre, ce que je lui demande, c'est, un,
02:48 de ne pas nous prendre pour des idiotes.
02:50 On a bien compris que c'était une diversion
02:53 par rapport au sujet de la loi immigration,
02:55 de la même manière qu'il a sorti la constitutionnalisation.
02:57 Un contre-feu, évidemment, ça n'empêche que nous devons réagir,
03:00 parce que c'est gravissime, mais c'est un contre-feu,
03:03 c'est une humiliation pour sa ministre,
03:05 et puis, surtout, il se dit défenseur de la cause des femmes,
03:09 la grande cause nationale.
03:10 860 femmes ont été tuées depuis le jour où il a été élu.
03:15 À quel moment il peut dire qu'il est irréprochable
03:17 dans son combat contre les violences faites aux femmes ?
03:19 À quel moment il peut s'exprimer de cette sorte-là ?
03:21 Moi, je suis vraiment...
03:23 Pour moi, l'interview d'hier, ce que, pour moi,
03:26 elle exprime assez clairement des convictions
03:28 qui sont fortes chez Emmanuel Macron,
03:31 et des convictions qui sont en réalité très proches
03:33 de l'extrême droite, et pas que sur l'immigration,
03:36 mais aussi sur la place des femmes,
03:37 qui doivent rester à leur place, qui doivent se taire,
03:40 qui ne doivent surtout pas remettre en cause
03:41 des hommes qui seraient géniaux,
03:43 soit politiquement géniaux, comme certains ministres,
03:46 soit artistiquement géniaux.
03:48 Et je crois que, voilà, ce qu'il a fait hier,
03:49 c'est qu'il assume pleinement une prise de parti,
03:53 une prise de position.
03:54 On n'est plus dans le "et" en même temps.
03:56 Là, on est clairement du côté des hommes
03:58 dont il ne veut pas faire la chasse.

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