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Peut-on simplement gagner sa vie grâce au tennis sans évoluer sur les circuits ATP, WTA ou ITF ? Manon Arcangioli en est la preuve. Comme la plupart des joueuses en dehors du Top 100, la Normande, montée jusqu'à la 268e place mondiale, s'est accrochée pendant de nombreuses années sans pouvoir vivre correctement du tennis. Depuis deux ans, la joueuse de 29 ans a trouvé "un second souffle". Ce bol d'air, c'est le circuit CNGT, le circuit national des grands tournois. Ces épreuves appartiennent à une catégorie de tournois bénéficiant du label fédéral. Elles offrent des points pour le classement français, un classement spécifique CNGT, et surtout des prize money intéressants.

Avec des récompenses comprises entre 600 euros et 2000 euros en cas de titre, les CNGT ont permis à Manon Arcangioli de respirer et d'être épanouie. Des sommes loin des dotations de tournois du Grand Chelem, mais qui permettent au moins de "s'en sortir". Pour Tennis Actu, la joueuse de l'US Lillebonne a accepté de nous présenter ce circuit et de nous détailler son quotidien, loin des tournois ITF en Tunisie, Turquie, ou encore Roumanie. L'occasion également de revenir sur les grands souvenirs de Manon, notamment à Roland-Garros...

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Sport
Transcription
00:00 Applaudissements bien délicieux au Manon Akagoui !
00:08 Alors Manon, tu viens de sortir de l'Open de Caen,
00:18 tu as été battue par la victoire gagnante, justement,
00:20 Varvara Gracheva, pour un bon morceau.
00:22 Comment ça va et comment ça s'est passé là-bas ?
00:27 En effet, j'ai fait un super match, j'ai perdu 6-4 au troisième,
00:31 et puis j'étais très contente de mon match.
00:35 Encore une fois, quand j'arrive sur les gros tournois comme ça,
00:39 enfin plutôt les gros matchs sur des gros cours,
00:43 c'est des terrains dont je n'ai pas l'habitude,
00:46 et forcément ça me met un peu la pression,
00:48 et j'ai toujours peur de prendre une tôle devant tout le monde.
00:51 Et finalement, je m'en suis très bien sortie,
00:54 et puis j'ai réussi à faire un super match,
00:56 donc j'étais plutôt fière de moi.
00:58 Alors tu n'as plus de classement WTA,
01:01 cette année on t'a vu une seule fois en ITF,
01:04 c'était chez toi, au Nebourg, enfin à côté.
01:09 Par contre, omniprésence dans le circuit CNGT,
01:12 28 tournois joués et le gain du classement final.
01:16 Déjà, est-ce que tu peux nous expliquer, pour ceux qui ne connaissent pas,
01:19 ce qu'est le circuit CNGT ?
01:21 Le circuit CNGT, c'est le circuit national des grands tournois,
01:25 ce sont des tournois français qui ont lieu en général le week-end,
01:29 il y en a pas mal à l'année,
01:30 on en joue en moyenne, je dirais, deux ou trois par mois.
01:34 Et voilà, ce sont des tournois comme des tournois open,
01:38 c'est-à-dire qu'on rentre dans le tournoi en fonction de notre classement,
01:41 et puis chaque branche retrouve la branche d'après, etc.,
01:45 jusqu'à la finale avec élimination directe.
01:49 Et donc là, ton année, j'ai envie de dire,
01:50 ton quotidien maintenant, il est tourné vers ce circuit,
01:54 vers ton organisation pour ce circuit, justement.
01:58 Oui, c'est ça, j'ai arrêté les ITF,
02:00 je joue juste l'ITF du Nébourg parce que c'est mon tournoi du cœur,
02:05 et je suis la marraine et je connais l'organisation là-bas.
02:08 Mais sinon, non, j'ai arrêté les ITF
02:11 et je me suis tournée vers les CNGT fin octobre, fin octobre 2021.
02:16 Et puis voilà, donc ça a commencé à devenir dur financièrement sur les ITF
02:22 et aussi le fait d'être tout le temps toute seule,
02:24 parce que le fait d'avoir quelqu'un avec soi, un coach,
02:27 ou bien même quelqu'un de sa famille, ça double les frais,
02:30 donc ça devient tout de suite très cher.
02:34 Donc moi, je sais que ça avait commencé à me peser,
02:36 ça devenait très compliqué, donc je m'étais tournée vers les CNGT.
02:40 Et j'adore les années CNGT, les deux années CNGT que j'ai pu faire,
02:47 j'ai vraiment adoré parce que l'ambiance est vraiment différente,
02:50 c'est beaucoup plus tranquille, on s'entend bien avec tout le monde
02:53 et c'est beaucoup plus tranquille, ça fait du bien,
02:56 il y a beaucoup moins d'animosité et puis on perd moins d'argent.
02:59 Encore une fois, si on fait des mauvais tournois
03:01 ou qu'on n'a pas beaucoup de résultats, on ne va pas gagner beaucoup d'argent,
03:05 mais si on fait des bonnes années, on arrive à s'en sortir
03:08 et du coup, on a vraiment de la chance d'avoir ce cirque-là en France.
03:12 Voilà, donc ce qu'il faut dire, c'est aussi que c'est une alternative
03:16 pour ceux qui, comme toi, devaient s'accrocher pour gagner des prises monnaies
03:21 sur le circuit ETF, parfois des déplacements à perte.
03:24 Là, l'avantage de ce circuit en France, c'est que finalement,
03:27 tu peux assurer ton quotidien et te sécuriser un petit peu financièrement pour ta vie.
03:36 Oui, c'est un peu mieux là sur le circuit ETF, en tout cas les tournois que je faisais,
03:41 il fallait que je fasse demi-finale ou finale pour rentabiliser.
03:44 Je commençais le tournoi, j'étais à -500 euros avant même d'avoir joué le premier match,
03:48 donc c'est vraiment compliqué et ça met une pression supplémentaire.
03:51 Là, en CNGT, en général, à partir du tableau final ou de -15,
03:55 on est pris en charge l'hébergement, souvent les repas,
03:59 et donc en gros, on a notre billet de train à payer.
04:01 Et en général, à partir des huitièmes de finale, il y a déjà des petits prix.
04:06 Donc, on arrive avec ce prix-là à rembourser au moins notre billet de train.
04:09 Donc, comme je disais, si on ne fait que des premiers tours,
04:11 on ne va pas gagner forcément d'argent, mais si on passe des tours,
04:14 on arrive quand même à gagner un peu d'argent.
04:16 Et du coup, c'est vrai que c'est un second souffle par rapport aux dix années
04:20 que j'ai pu faire sur les ETF.
04:22 Pour que ce soit concret, quand tu gagnes un tournoi de circuit,
04:27 le chèque, il est d'environ combien ?
04:30 Alors, ça dépend des catégories de tournois.
04:33 Il y a une étoile, deux étoiles, trois étoiles.
04:35 C'est, on va dire, entre…
04:37 On va dire que le plus petit tournoi, il va y avoir 600 à la gagne,
04:41 et le plus gros, 2000, sachant qu'on est en indépendance,
04:44 donc on n'a pas vraiment ce chèque-là à la fin dans notre poche.
04:48 Mais en tout cas, sur le papier, c'est 600, 20 cœur pour les petits tournois,
04:53 et puis environ 2000 euros pour les gros tournois.
04:56 C'est-à-dire que dans le meilleur des cas, finalement,
04:57 tu peux avoir un SMIC sur un gros tournoi,
05:02 au moins t'assurer un SMIC dans un mois.
05:05 Oui, voilà, à peu près.
05:07 On essaie, comme je disais, il y en a à peu près deux, trois par mois.
05:10 Donc si on cartonne sur les trois, c'est sympa.
05:13 Après, tout dépend, encore une fois, de la catégorie du tournoi.
05:15 Mais on peut faire des mois sympas, comme des mois un peu plus calmes.
05:19 Par exemple, en novembre, il n'y a pas de tournoi.
05:20 En mai non plus.
05:22 On sait qu'en mai, il y a les matchs par équipe, par exemple.
05:24 Donc on sait que ce mois-là, il n'y aura pas de rentrée d'argent.
05:27 Donc c'est encore une fois,
05:30 dès qu'on arrive à gagner quelques tournois et à mettre un peu d'argent de côté,
05:35 on est content, mais c'est vrai qu'on ne sait jamais de quoi demain est fait
05:37 et nos résultats s'ils suivront.
05:39 Donc du coup, c'est toujours un peu compliqué,
05:41 mais au moins, on gagne un peu d'argent.
05:43 - Du coup, toi, comment ça se passe un petit peu pour toi personnellement ?
05:48 Tu alternes CNJT et tu donnes des cours à côté pour avoir un peu d'argent ?
05:54 Ou comment tu fais pour vivre, tout simplement ?
05:57 - Ma principale source de revenus, ce sont les tournois.
06:00 Donc grâce à mes matchs, à mes victoires,
06:02 j'arrive à m'en sortir pour l'instant.
06:05 À côté de ça, j'ai, on va dire, une deuxième petite source de revenus,
06:09 c'est que je suis coach mentale et du coup, je suis deux, trois joueurs comme ça à côté.
06:15 Et puis, j'ai eu en mi-août ma certification de conseillère en nutrition.
06:20 Donc ce sera une troisième petite source de revenus
06:23 quand je commencerai à avoir des gens à suivre.
06:26 - Et du coup, c'est quoi l'idée ?
06:29 C'est de suivre des joueurs pros à haut niveau ou plutôt à proximité ?
06:36 - Non, pas forcément.
06:37 J'ai vraiment envie de suivre toutes les personnes qui souhaitent progresser
06:41 ou apprendre sur elles-mêmes.
06:42 Il n'y a vraiment pas de niveau minimum.
06:44 Ça m'est égal le temps que la personne est motivée.
06:48 Et motivée, moi, ça me va amplement.
06:51 - Alors on a vu, donc là, tu nous parles un petit peu aussi du futur,
06:57 mais sur le cours, tu es quand même encore percutante.
06:59 La page WTA et ITF, principalement, c'est une page qui est tournée pour toi ?
07:06 - Oui, c'est fini.
07:08 Je n'ai vraiment aucun regret.
07:09 J'avais peur quand j'arrêterais d'avoir des regrets
07:13 et de me dire si j'avais fait ci ou ça.
07:15 Mais en fait, non, j'ai vraiment réussi à me dire…
07:18 Ce qui m'a aidée, mine de rien,
07:19 c'est de faire une liste de toutes les petites victoires
07:21 que j'avais réussies à avoir, justement.
07:24 Et ça m'a aidée à me dire, finalement, j'ai plutôt réussi
07:28 parce que quand on arrête et qu'on n'a pas atteint notre objectif
07:31 qui est généralement élevé,
07:32 c'est vrai qu'on peut vite avoir tendance à se dire qu'on a raté.
07:35 Et c'était le premier sentiment que j'avais.
07:37 Et d'avoir fait cette petite liste en me disant,
07:39 non, j'ai quand même fait un grand flambeau,
07:41 j'ai été 11e princesse.
07:42 De faire une liste de toutes les petites choses
07:44 que j'avais réussies à accomplir,
07:45 ça m'a aidée à voir ma carrière d'un autre oeil
07:48 et de me dire, en fait, c'est loin d'être un échec.
07:50 Et c'est quand même très bien ce que j'ai fait.
07:53 Et du coup, ça m'a aidée à tourner la page.
07:55 Mais oui, aujourd'hui, c'est une page tournée.
07:57 Je n'ai pas du tout envie de me relancer sur le circuit.
08:00 - C'est quoi le plus dur ?
08:01 C'est de se convaincre que, finalement,
08:04 on a quand même réussi à aller au maximum de son potentiel
08:07 et de balayer un petit peu les regrets qui sont possibles.
08:10 - Comment ça ?
08:13 - Une fois que tu tournes la page,
08:16 est-ce que, finalement, pour positiver,
08:20 tu as réussi à te dire que tu avais fait le maximum,
08:22 que tu n'avais finalement pas de regrets,
08:25 rien à regretter de tout ce que tu avais fait,
08:28 aucun choix ?
08:29 - Oui, moi, c'est ça.
08:31 J'avais vraiment envie, le moment où j'arrêtais,
08:34 de pouvoir me dire, bon, j'ai fait tout ce que je pouvais.
08:37 Certes, si je reviens sur certains événements de ma carrière,
08:39 il y a des choix sur lesquels j'aurais pu faire différemment.
08:44 Mais je me dis, si ça s'est passé comme ça,
08:47 c'est que ça devait se passer comme ça.
08:49 Et la situation m'a forcément apporté quelque chose.
08:51 Et du coup, je me dis, non, j'ai vraiment aucun regret.
08:54 J'ai poussé jusqu'au bout de mon envie.
08:57 Et à la fin, j'avais vraiment plus de motivation.
08:59 Ça me rendait presque triste.
09:00 Et du coup, il était temps que je change.
09:02 - Alors, en 2020, juste au moment du Covid,
09:07 tu as expliqué que ton rêve, c'était de gagner ta vie grâce au tennis.
09:11 Donc, gagner sa vie grâce au tennis, ça veut quand même dire être top 100.
09:14 Il faut quand même le rappeler,
09:16 parce que ce n'est pas évident au-delà du top 100.
09:20 Finalement, tu as trouvé une alternative
09:22 pour gagner ta vie quand même grâce au tennis.
09:25 Est-ce que ça te permet d'être totalement épanouie maintenant ?
09:30 - Alors, c'est vrai qu'au final, l'objectif est atteint
09:32 parce que j'ai gagné ma vie grâce au tennis.
09:35 Mais sur le moment, pendant le Covid,
09:37 c'est vrai que je ne pensais pas forcément au CNJT.
09:39 Je les avais dans un coin de ma tête en me disant
09:41 que si j'aimais toujours le tennis au moment où j'arrêterais les ITF,
09:44 je continuerais sur le circuit français.
09:47 Et au final, j'aime toujours la compète, j'aime toujours le tennis.
09:50 Et là, je suis bien plus heureuse maintenant que sur la fin des ITF,
09:54 en tout cas parce que, comme je disais, l'ambiance est sympa.
09:57 On ne perd pas d'argent.
09:58 Enfin, en tout cas, quand on fait des années correctes,
10:00 on ne perd pas d'argent.
10:01 Et du coup, je suis vraiment épanouie là-même avec les petits à côté
10:05 que j'ai commencé à façonner, on va dire.
10:08 Et du coup, je suis vraiment bien là.
10:11 - On sent que toi, il y a vraiment deux choses qui pesaient.
10:13 C'est la pression financière, ce qui est normal sur le circuit,
10:17 et aussi le côté ambiance.
10:19 Qu'est-ce que tu veux dire ?
10:20 Tu sentais qu'il y avait une concurrence un peu trop, on va dire, féroce
10:26 quand tu étais en ITF ?
10:28 - Moi, je trouve que peut-être que certaines personnes ne l'ont pas ressenti
10:31 comme ça, mais moi, j'ai trouvé que c'était vachement…
10:35 Il y avait pas mal d'animosité.
10:37 Et au-delà de l'animosité, c'était qu'on était très seuls.
10:40 Il n'y a pas vraiment d'ambiance.
10:42 On ne partage pas vraiment avec les autres joueuses.
10:44 Et je comprends parce qu'au final, on est là, on joue des grosses sommes d'argent.
10:49 La fille qu'on a en face de nous est potentiellement une adversaire
10:51 qui va nous faire rentrer chez nous.
10:53 Donc, en fait, je trouve qu'on développe quelque chose de très sombre
10:59 et on ne partage pas du tout.
11:00 Moi, je sais que les tournois que j'ai préférés, mine de rien,
11:03 c'était des tournois mixtes où le soir, on se retrouvait à la réception de l'hôtel.
11:06 On jouait tous ensemble aux cartes et c'était sympa.
11:09 Et ça, c'était dans la petite catégorie de tournois.
11:11 Donc, ça n'a rien à voir finalement avec le niveau du tournoi.
11:14 Mais en tout cas, moi, je sais que je trouve qu'on se sent très seul.
11:18 Tout le monde est… Je ne sais pas, on n'est pas très tourné vers les autres
11:21 et il n'y a pas beaucoup d'ambiance.
11:22 C'est assez froid et c'était dur à vivre, je trouve, à la fin.
11:26 Même avec les Françaises, finalement, ça ne formait pas un clan pour qu'on puisse…
11:31 Par moments, si.
11:32 Qu'on soit plus facile.
11:33 Entre Français, quand on est au milieu de nulle part
11:35 et qu'il y a une autre Française, ça crée des liens forcément.
11:38 Mais elles ne sont pas toutes nos meilleures amies.
11:41 Il y en a avec qui on crée plus d'affinités que d'autres.
11:43 Donc, quand on se retrouve avec celle-ci, c'est super.
11:45 Mais après, il y en a plein d'autres où ce sont juste des collègues
11:49 et on ne les connaît pas forcément.
11:51 Mais j'ai l'impression que de toute façon, il n'y a pas cet entrain
11:54 où les gens ont envie d'aller vers les autres et de créer éventuellement des relations.
11:58 Donc, au final, ça fait qu'on est très vite seuls.
12:00 Alors, il faut rappeler aussi, tu as quand même été 268e.
12:05 Tu as joué plusieurs fois Roland, une fois le Grand Tableau.
12:09 Est-ce que c'est un regret de ne pas avoir pu faire le cut qualif en Grand Chelem
12:17 et découvrir au moins une fois les autres tournois
12:20 ou tu as quand même réussi à l'accepter ?
12:22 J'ai réussi à l'accepter, mais forcément, j'aurais adoré pouvoir voir les quatre Grands Chelems.
12:28 Il y a une année où j'étais, justement, quand j'étais 280e et quelques,
12:33 il me manquait 80 points pour faire les qualifs de l'US.
12:37 Donc, c'était à la fois pas grand-chose et à la fois compliqué
12:40 parce que c'est l'équivalent d'une victoire en Challenger presque.
12:43 Mais en tout cas, j'étais proche, mais à la fois loin.
12:47 Et j'aurais forcément aimé le faire.
12:49 Donc, j'essaie de me dire déjà, j'en ai fait un et ce n'est pas donné à tout le monde.
12:52 Donc, c'est cool, mais c'est comme ça.
12:55 J'ai fait ce que je pouvais et je n'ai pas réussi, tant pis.
12:58 Mais oui, forcément que j'aurais aimé pouvoir faire les quatre.
13:00 Et qu'est-ce que tu gardes de souvenir à Roland-Garros,
13:04 qui a quand même été plusieurs fois ?
13:06 Tu es passée deux fois proche d'un victoire en premier tour de qualif.
13:11 Qu'est-ce que tu gardes de tes souvenirs de Roland ?
13:16 Je garde surtout le match où j'ai eu les balles de match et j'ai perdu.
13:19 Mais en bon souvenir, c'est un des meilleurs de ma carrière,
13:21 mine de rien, parce que même si sur un moment, ça a été très dur de perdre ce match,
13:25 la défaite m'a beaucoup apporté parce que grâce à ça,
13:28 j'ai travaillé du coup mentalement et j'ai réussi à mettre deux, trois choses en place
13:31 qui m'ont permis d'avoir mon meilleur classement après.
13:33 Mais au-delà de ça, le moment lui-même, avant de savoir que j'allais perdre,
13:38 c'était ouf parce que tout le monde m'encouragait.
13:41 Ils avaient fait en fait, c'était sur un petit cours le 7
13:43 et ils l'avaient mis en plein grand avec plein de tribunes.
13:46 Franchement, c'était un super souvenir et j'avais tout publiqué avec moi.
13:49 Et je me souviens, j'avais des frissons sur le cours en me disant
13:52 « mais tu te rends compte, ils sont tous en train de t'encourager. »
13:54 Donc franchement, c'était dingue.
13:57 Et est-ce que tu as d'autres grands souvenirs, d'autres grands moments de ta carrière
14:02 qui a quand même commencé à, on croit, à 17 ans, si je ne me trompe pas ?
14:06 Est-ce que tu as un moment marquant de tout ce que tu as pu vivre en l'espace de 10 ans ?
14:13 Je n'en ai pas qu'un.
14:15 J'ai du mal à faire le tri et à me dire si je devais en prendre qu'un,
14:18 je choisirais celui-ci.
14:19 J'en ai plusieurs, des victoires comme des défaites,
14:22 parce que j'ai des défaites qui m'ont fait vraiment mal
14:24 ou avec lesquelles on se sent très seule
14:27 et du coup, qui ont pu aussi marquer, mine de rien, la carrière.
14:31 Ensuite, j'ai des victoires en double avec,
14:34 j'ai souvent joué en double avec des super copines.
14:36 Donc, toutes les victoires qu'on a pu partager, je les ai encore en tête.
14:40 C'était des super moments.
14:41 Ma victoire en 25 000 dollars, c'est le plus gros tournoi que j'ai gagné de ma carrière.
14:45 Il y avait le tournoi aussi à Jouer les Tours où c'était en 50 000.
14:50 J'avais été qualifiée de mille.
14:51 C'était un des meilleurs résultats aussi.
14:53 Donc, en fait, j'ai plein de petits bouts par-ci, par-là,
14:55 mais j'ai aussi, au-delà des résultats,
14:57 j'ai plein de fous rires avec mes copines en tournoi
14:59 quand on est parfois au milieu de nulle part.
15:01 Et en fait, au final, ça restera dans ma mémoire
15:05 et c'était que des moments…
15:07 Enfin, il y a eu plein de moments sympas malgré les difficultés.
15:10 Et est-ce que tu as un pire moment des dix ans ou pas forcément ?
15:17 J'en ai forcément, mais alors les sélectionner…
15:23 Il y avait un jour où c'était dur, j'étais en Roumanie.
15:28 Finalement, je pense à plusieurs, mais j'étais en Roumanie
15:32 et c'était le jour de mon anniversaire et j'avais perdu.
15:34 Et j'étais toute seule et c'était nul comme tournoi.
15:38 C'était vraiment paumé au milieu de nulle part.
15:40 Et ça m'a rendu triste parce que je me suis dit,
15:42 « Ouah, j'ai fait un mauvais match, j'ai perdu, je suis toute seule,
15:45 je suis en Roumanie, dans un lieu paumé. »
15:48 Donc, je sais que c'était un peu dur ce moment-là.
15:52 Après, il y avait aussi un jour où je devais atterrir à Moscou,
15:56 finalement, à cause du vent.
15:58 Mon avion est parti atterrir à Saint-Pétersbourg.
16:02 On a attendu 11 heures dans l'aéroport.
16:04 C'est des petites galères comme ça.
16:07 Après, il faudrait que je fasse un tri parce qu'il y en a forcément d'autres.
16:10 Mais là, c'est les deux qui me reviennent à l'esprit.
16:12 À ces moments-là, parfois, tu t'es dit, « Stop, il faut que j'arrête. »
16:16 Cette question-là, tu t'es posée plusieurs fois au cours de ta carrière ?
16:20 Oui, je me la suis posée parce que la première chose qui m'a pesée,
16:23 c'est le fait d'être toute seule.
16:25 Donc, c'est vrai que quand on fait les 11 heures d'escale
16:28 parce que l'avion ne repart pas, qu'on est tout seul, c'est compliqué.
16:31 Après, les défaites, c'est le quotidien aussi d'un joueur de tennis.
16:35 On est plus là à perdre qu'à gagner.
16:37 En général, on va peut-être perdre toutes les semaines.
16:39 Donc, il faut savoir rebondir.
16:40 Mais c'est vrai qu'il y a des défaites qui font mal.
16:42 Il y a beaucoup de remises en question.
16:43 Il y a pas mal de moments aussi où je me suis dit,
16:46 « Est-ce que je ferais mieux d'arrêter ? »
16:49 Mais au final, j'avais cette sensation de ne pas avoir terminé ce que j'avais à faire
16:54 et qui m'en restait encore sous le pied jusqu'au jour où vraiment j'en avais plus.
16:57 Mais en tout cas, toutes les petites questions que j'ai pu me poser,
16:59 je me disais, « Non, mais si j'arrêtais maintenant, je m'en voudrais. »
17:02 Donc, j'ai vraiment poussé jusqu'au bout du bout.
17:05 On a parlé un petit peu du passé pour parler de WTA et ATF.
17:09 Mais il y a le présent quand même encore en CNGT.
17:13 Tu comptes encore briller sur ce circuit tant que tu peux jouer un haut niveau ?
17:21 En tout cas, je repars pour une année.
17:24 Pour l'instant, ça me plaît.
17:26 Donc, je continue.
17:28 Je me suis refixée le fait de finir dans le top 5.
17:31 Ensuite, on verra.
17:33 Je sais que ce n'est pas éternel et qu'il y a un moment où ça s'arrêtera.
17:36 Mais pour l'instant, je prends du plaisir.
17:38 Mon corps suit.
17:39 Donc, je continue, oui.
17:40 L'idée, ce sera de voir maintenant année par année comment ça se passe,
17:44 comment tu te sens, et puis aussi voir peut-être à côté ta vie pro,
17:48 si ça se développe, si tu as un choix à faire, justement, comment ça se passera.
17:52 Tu n'hésiteras pas à écarter maintenant les cours ?
17:57 Tu es joueuse, je veux dire.
17:59 On verra. Je pense que pour l'instant, je peux faire les deux de toute façon
18:02 parce que le coaching, je n'ai pas forcément besoin d'être H24 avec la personne.
18:07 Donc, en soi, pour l'instant, je peux combiner les deux sans problème.
18:11 Et je pense que la vie fera bien les choses et que quand il faudra tourner la page,
18:16 on tournera la page.
18:18 Mais pour l'instant, je peux avoir le tout.
18:20 Donc, j'en profite.
18:22 2024 arrive.
18:23 Pour conclure, qu'est-ce qu'on peut te souhaiter pour cette année 2024 qui se profile ?
18:29 De m'épanouir autant que 2023 et puis de réussir ce que j'entreprends.
18:38 Écoute, c'est tout le mal qu'on te souhaite.
18:40 Et puis, on va continuer à te suivre sur le circuit CNGT en 2024.
18:44 C'est gentil. Merci.

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