Patrick Seguin, président de la CCI Bordeaux-Gironde

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00:00 France Bleu Gironde, il est 7h45, la centrale nucléaire du Blayais est une très bonne candidate pour accueillir deux réacteurs nouvelle génération, les fameux EPR2.
00:08 Il y a quelques mois sur France Bleu Gironde, le directeur action régionale d'EDF en Nouvelle-Aquitaine,
00:13 candidature aujourd'hui soutenue par les décideurs économiques girondins.
00:16 On en parle ce matin avec l'un de leurs représentants, le président de la chambre de commerce et d'industrie Bordeaux-Gironde, Marie Roarch.
00:22 Bonjour Patrick Seguin.
00:23 Bonjour.
00:24 Avant d'aborder cette question de la centrale nucléaire du Blayais, un mot tout de même de ce projet de loi Asile et Migration voté hier soir au Parlement.
00:32 Le texte ouvre la voie à la régularisation de travailleurs sans-papiers dans les métiers dits en tension,
00:37 sous des conditions plus restrictives qu'envisagées au départ.
00:39 Est-ce que c'est malgré tout une bonne nouvelle pour les chefs d'entreprise que vous accompagnez ?
00:44 Pour ma part, je considère que c'est une bonne nouvelle parce qu'il ne faut pas oublier qu'à une époque,
00:49 la France a été construite et reconstruite grâce à l'immigration.
00:53 Nous n'avions pas les compétences et les bras et les têtes en France.
00:57 Et aujourd'hui, nous sommes dans la même configuration.
00:59 Nous sommes à un peu plus de 7% de chômage, mais il y a 5% de chômage incompréhensible.
01:03 Donc, on est pratiquement au plein emploi.
01:05 Il manque des compétents dans tous les domaines.
01:08 Et je pense que sous réserve, que ce soit bien encadré, nous aurons besoin d'une main d'oeuvre nouvelle et qui s'intègre dans la France.
01:15 Par contre, je ne suis pas très... Je suis dépité de la position des élus politiques.
01:22 Quand on voit ce qui s'est passé à l'Assemblée, quand on voit ce qui s'y passe même dans nos conseils municipaux ici, c'est désolant.
01:28 On passe à cette question de la centrale nucléaire du Blayais, si vous voulez bien, Patrick Seguin.
01:33 Pourquoi ce soutien officiel des décideurs économiques girondins à la candidature de cette centrale pour accueillir deux réacteurs nouvelle génération ?
01:41 Alors, nous avons fait cette démarche à mon initiative. J'en garde la responsabilité, mais j'assume totalement.
01:48 Nous avons mis autour de la table l'ensemble du monde économique, les fédérations professionnelles, mais aussi les fédérations, les mouvements patronaux,
01:55 de façon à avoir une position unanime. Nous l'avons obtenue pour présenter une motion sur l'intérêt que nous portons à ces installations.
02:05 Ensuite, il faut savoir que nous sommes dans une concurrence nationale.
02:08 Il y a huit sites en France qui sont candidats. Il n'y en aura que quatre de retenue, dont un qui est déjà sûr dans le nord de la France.
02:15 Donc cette concurrence, elle va exister jusqu'à la décision qui sera en fin 2025.
02:21 Nous devons donc, je pense, nous avoir la responsabilité de nous bouger, si je puis dire, et de mettre autour de nous tous les gens qui sont favorables à cette démarche.
02:30 Cette démarche qui est bien sûr pour avoir une énergie verte, une énergie durable dans les décennies à venir.
02:39 Et nous voyons bien qu'il n'y a pas 36 solutions techniques.
02:46 Et nous avons eu la chance d'avoir à Brouillet-Saint-Louis un environnement très favorable pour recevoir ces OPA.
02:54 Et donc les EDF bien sûr, mais aussi les collectivités locales sont favorables.
03:00 Et nous avons, nous, en tant que représentants du monde économique, décidé de porter notre position.
03:07 Et nous allons faire des manifestations, des événements jusqu'en 2025.
03:12 - Du lobbying pour la candidature.
03:13 - Parce que nous sommes en concurrence, donc il faut être meilleur que les autres.
03:16 - Ça veut dire qu'une centrale avec deux réacteurs de nouvelle génération,
03:20 c'est un atout économique avant d'être un moyen de produire de l'énergie décarbonée, comme vous le disiez.
03:25 C'est un atout économique pour la Haute-Gironde et la Gironde globalement ?
03:28 - C'est les deux en même temps.
03:30 C'est que si ça ne se fait pas, la centrale actuelle à terme sera condamnée.
03:35 Donc ça sera l'effet totalement inverse.
03:37 La centrale actuelle, c'est des retombées économiques très importantes.
03:41 C'est à peu près un milliard de retombées économiques par an.
03:46 C'est énormément d'emplois.
03:48 Et les EPR, s'il y en a un ou deux, ce seront des potentiels de développement économique
03:54 pour bien sûr énormément de métiers, mais aussi durablement pour la région.
03:59 Et puis, il faut savoir ce que l'on veut.
04:01 C'est lorsque nos élus politiques veulent de l'énergie verte,
04:05 mais ne veulent pas d'éoliennes, ne veulent pas de panneaux solaires en grande surface.
04:11 Donc, si on ne veut pas d'énergie renouvelable,
04:20 ou plutôt si on veut de l'énergie renouvelable et plus d'énergie fossile,
04:23 c'est-à-dire le pétrole et le charbon,
04:26 il faut bien qu'on accepte une énergie qui a quand même fait ses preuves.
04:30 On a toujours l'histoire de Tchernobyl en tête, mais c'est il y a 40 ans.
04:34 - France Bleu Gironde, il est 7h50.
04:36 Patrick Seguin, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie Bordeaux-Vieux-Gironde,
04:39 est notre invité, il répond à vos questions.
04:41 - En plus qu'on parle de cette question du nucléaire,
04:43 on va écouter Aurélie, étudiante à Bordeaux en psychomotricité.
04:47 - C'est mon avis personnel, mais pour moi, il ne vaut mieux pas privilégier l'emploi
04:51 face au développement des déchets et du risque nucléaire.
04:54 Je pense qu'il y a peut-être d'autres moyens de trouver des emplois,
04:59 alors qu'une fois que les risques environnementaux seront faits,
05:01 ça sera trop tard.
05:02 C'est un cauchemar.
05:03 Je n'y pense même pas, c'est plutôt anxiogène.
05:06 - Sur Facebook aussi, il y a des commentaires plutôt contrastés.
05:09 Pour Pierre, oui bien sûr, car on n'a ni mieux ni équivalent,
05:12 et ça fonctionne très bien, lui est plutôt pour.
05:14 Pour Patrick, pareil, il faut continuer avec le nucléaire,
05:17 d'autant plus avec l'augmentation de la demande d'électricité, les voitures,
05:21 voire l'Allemagne obligée de remettre ses centrales à charbon en fonctionnement,
05:24 c'est désolant.
05:25 Pour Gisleine, bien sûr, ça évitera de couper des milliers d'arbres
05:27 pour mettre des panneaux photovoltaïques.
05:29 Sur Facebook, vous êtes plutôt pour.
05:30 - Oui, effectivement.
05:31 C'est une énergie qui suscite des divisions qu'il a toujours fait, Patrick Seguin.
05:36 Mais aujourd'hui, est-ce qu'on peut dire que l'intérêt économique
05:38 prend le dessus sur l'aspect sécuritaire lié au nucléaire ?
05:41 - Non, non, il faut absolument que l'aspect sécuritaire soit sacré,
05:45 parce qu'on engage les décennies à venir,
05:50 mais aujourd'hui, on est les leaders mondiaux sur cette technologie.
05:55 Donc, il faut bien sûr, sous certaines conditions,
05:57 être capable de faire quelque chose qui va perdurer en toute sécurité.
06:01 Je rappelle que Brésil-Henri, la centrale, a beaucoup d'atouts,
06:05 mais nous n'avons pas d'autres positionnements, d'autres candidats.
06:09 Nous avons d'abord le foncier, qui appartient à EDF.
06:12 - Il y a de l'espace, oui.
06:13 - Nous avons la place.
06:14 Nous avons aussi le refroidissement avec la Gironde.
06:17 - Et un risque d'inondation aussi.
06:19 - Mais depuis les dernières inondations,
06:22 il y a des travaux qui ont été faits avec des digues,
06:24 et tout ce qui est secours a été mis sur les toits de la centrale,
06:28 et non pas par terre.
06:29 Enfin, il y a tout un tas de choses qui ont été faites.
06:31 Aujourd'hui, la centrale actuelle a été certifiée pour 30 ans.
06:36 Nous avons beaucoup d'atouts, et nous avons surtout le savoir-faire local.
06:40 Il y a 10 000 personnes qui vivent à travers cette centrale existante.
06:45 Donc, vous imaginez ce que ça représente pour le futur.
06:47 - Un tout dernier mot, Patrick Sveigin, on arrive à la fin de l'année 2023.
06:50 Est-ce qu'il est trop tôt pour qualifier cette année 2023
06:53 pour le monde économique Gironde ? Est-ce qu'elle a été bonne ?
06:56 - Elle a été contrastée.
06:58 Elle a été bonne, effectivement, cet été, au niveau des commerces
07:01 et des hôtels-restaurants.
07:04 Un très bel été, avec notamment la Coupe du Monde,
07:07 qui a ramené énormément de touristes.
07:08 On a eu à peu près 9 millions de touristes,
07:10 comme en 2019 dans notre région.
07:13 Aujourd'hui, c'est plus morose.
07:15 Malheureusement, on a une augmentation de 57% du nombre d'entreprises
07:19 qui se mettent sous la protection du tribunal,
07:21 ce qu'on appelle communément la dépôt de bilan.
07:23 Et ce sont surtout des TPE-PME, qui, après le quoiqu'il en coûte du gouvernement,
07:27 se retrouvent à avoir tout à payer.
07:29 J'ai un peu d'inquiétude sur le début de l'année,
07:32 mais on va accompagner toutes les entreprises
07:35 pour que personne ne reste sur le carreau.
07:37 - On en reparlera, bien sûr, avec vous, Patrick Seguin,
07:39 président de la Chambre de commerce et d'industrie Bordeaux-Gironde.
07:41 Merci d'avoir été avec nous ce matin. - Merci à vous.

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