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Le projet Euratlantique est prolongé jusqu'en 2040, la directrice générale de l'Etablissement public d'aménagement Bordeaux Euratlantique nous explique pourquoi, et ce qui sortira de terre à l'avenir.

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00:00 Le projet EurAtlantique prolongeait de 10 ans, il devait s'achever en 2030 à Bordeaux.
00:05 Beigle, Floirac, ce sera finalement 2040 avec une rallonge financière à la clé.
00:09 Et on en parle ce matin avec Valérie Lassec, la directrice générale de l'établissement public d'aménagement Bordeaux-EurAtlantique.
00:15 Marie Rouarch.
00:15 Bonjour Valérie Lassec.
00:16 Bonjour.
00:17 Pourquoi 10 ans de plus pour ce projet EurAtlantique ?
00:20 Sans doute parce que 20 ans c'était excessivement court pour transformer tout un morceau de territoire, 740 hectares.
00:26 Et effectivement le projet était très ambitieux, il y avait énormément de travaux à faire et quelques complexités à affronter puisqu'on travaille sur des friches.
00:34 Donc dépolluer des terrains, les acquérir d'abord et les transformer en morceaux de ville, en quartiers de ville, ça prend du temps.
00:42 Et on s'est dit qu'il fallait mieux se donner du temps pour faire la ville qui va durer plutôt que de se précipiter sur des projets qui effectivement bouleversent le quotidien des Bordelais
00:53 et transforment de manière considérable ce sud de Bordeaux.
00:57 A l'origine Alain Juppé voulait une sorte de city à la Bordelaise, un quartier d'affaires qui fasse de Bordeaux une métropole européenne.
01:05 On a un peu changé de philosophie depuis ?
01:07 Complètement et d'abord c'est sans doute pas ce qu'on a fait.
01:10 On aurait pu créer effectivement une ville EurAtlantique, 50 000 habitants, 30 000 emplois à un endroit.
01:15 Ça aurait pu être la 29e commune de Bordeaux-Métropole.
01:19 On a plutôt travaillé une politique de quartier vécue à l'échelle du piéton en fait, de celui qui souhaite habiter en ville plutôt qu'avoir son pavillon au milieu du Médoc.
01:31 C'était effectivement l'envie de faire préférer la ville plutôt que l'étalement urbain, parce que l'étalement urbain a des effets vraiment délétères, en Gironde en particulier.
01:40 On consomme énormément de terres agricoles et naturelles et l'enjeu c'est de densifier la ville, de la faire aimer aussi
01:46 et donc de proposer des services, des équipements publics, des écoles, des commerces de proximité
01:51 pour que vivre en ville soit effectivement désirable, agréable et profitable aussi à l'environnement.
01:56 D'où il vient ce changement de paradigme ? Est-ce qu'il faut l'attribuer au changement de municipalité à Bordeaux par exemple ?
02:01 Alors nécessairement au bout de 10 ans on a fait un bilan, on a essayé d'objectiver ce qui s'est passé sur cette première décennie.
02:08 On était sur une trajectoire pour accueillir justement ces populations, mais l'enjeu c'est plus de faire la métropole millionnaire en fait.
02:15 Aujourd'hui, Alain Anziani parle de métropole à vivre. Effectivement on a eu ce droit d'inventaire à l'arrivée d'une nouvelle exécutive bordelaise
02:22 et il s'est passé aussi beaucoup de choses du point de vue climatique, du point de vue des règlements climatiques
02:29 et il fallait en tenir compte justement parce que la fabrique de la ville prend du temps, ça vaut le coup de s'arrêter sur le projet pour le réorienter.
02:37 C'est ce qui s'est passé, on a mis 18 mois pour retravailler effectivement les fondamentaux, vérifier qu'on était en phase avec les enjeux du moment.
02:45 - Vous le disiez Valérie Lassay, que c'est votre objectif, c'est la ville agréable à vivre.
02:49 Évidemment, qui dit gros chantier dit critique également.
02:52 On a demandé à nos auditeurs s'ils se voyaient vivre dans les nouveaux quartiers, il y a déjà à peu près 5000 logements qui sont livrés aujourd'hui dans le Progeur Atlantique.
03:00 On va écouter cette auditrice.
03:02 - Alors très peu parce que j'ai d'autres quartiers de prédilection, à côté de Darwin, etc. Les Chartrons aussi.
03:09 Mais en même temps, c'est des quartiers qui ont l'air plutôt attractifs. Ils ont prévu de faire pas mal de choses dans ce quartier.
03:15 Il y a pas mal de commerces qui vont faire un peu une vie de quartier, un petit peu comme la Rive-Droite qui se développe peut-être de plus en plus.
03:21 Donc pourquoi pas.
03:22 - Et sur Facebook aussi, vous avez témoigné, Lee nous dit tout simplement "non".
03:26 Pour Patrick, c'est trop impersonnel, il n'y a pas d'âme.
03:29 Pour Alexandre, ça manque encore pas mal de commerce et surtout d'une salle de sport.
03:33 Et puis d'autres hésitent encore un peu.
03:34 Uran nous dit que ça dépend, tout dépendra du prix au mètre carré.
03:37 - Alors évidemment, les avis sont partagés.
03:39 On a beaucoup dit que Rathlottic bétonnait la ville, faisait naître des tours, là où il y en avait finalement relativement peu, à Bordeaux.
03:47 Comment vous répondez à ces critiques aujourd'hui Valérie Lassèque ?
03:49 - Alors, une tour, c'est sans doute beaucoup dire.
03:53 D'abord, on n'a pas fait ni un quartier d'affaires, ni une cité-dortoire, justement pour avoir une ville à taille humaine.
03:59 Mais on a effectivement fait plus haut pour dégager le plus possible d'espace public au pied des immeubles.
04:06 Et donc c'est ce rapport entre la hauteur et les vides qui en urbanisme fonctionne plutôt bien.
04:11 Et nous a permis justement de végétaliser davantage le sud de Bordeaux qui manquait quand même cruellement d'espace vert.
04:16 Donc on est passé, on va passer sur la ZAC Saint-Jean-Belcier, la première ZAC rive gauche, de 3 hectares à 18 hectares d'espace vert.
04:23 Donc on va rééquilibrer en fait ces espaces de nature qui sont indispensables pour qu'on vive bien en ville.
04:28 Et c'est aussi indispensable pour lutter contre le dérèglement climatique.
04:32 C'est ça qui amène des îlots de fraîcheur au milieu effectivement des bâtiments.
04:36 Donc les bâtiments, ils ne sont pas nécessairement en béton, ils sont quand même sur une matérialité pérenne.
04:41 Donc on veut des façades lourdes pour éviter que ça se dégrade trop vite.
04:44 Mais derrière finalement ces façades, il y a souvent et de plus en plus des ossatures bois.
04:49 Donc finalement le bâtiment qui sort, il contient moins de carbone qu'une construction en béton classique.
04:53 Et c'est aussi ce qui fait la marque de fabrique de l'Atlantique.
04:55 On est sur des standards environnementaux bien plus élevés que ce que la réglementation exige.
05:01 C'est ce qui effectivement rend les choses aussi compliquées.
05:03 Le montage des projets prend du temps parce qu'on est sur des procédés constructifs innovants.
05:07 On a accueilli le congrès international de la construction bois.
05:11 C'était aussi pour montrer que d'un démonstrateur, on peut passer à d'autres modes de construction
05:15 qui sont beaucoup plus vertueux, beaucoup plus en phase encore une fois avec les tonnes de carbone
05:19 qu'il faut qu'on évite pour l'avenir.
05:21 - France Bleu Gironde, il est 7h50.
05:23 Nous parlons d'aménagement et réaménagement urbain avec le projet Eure Atlantique.
05:27 Et Valérie Lassec, directrice générale de l'établissement public d'aménagement Bordeaux-Eure Atlantique.
05:31 Il y a des collectifs qui se sont créés contre certains aménagements du projet Eure Atlantique.
05:35 Je pense notamment au riverain du quartier Amédée-Saint-Germain.
05:37 Dans cette prolongation du projet Eure Atlantique, vous mettez un fort accent sur la concertation.
05:42 Il y aura davantage de consultations des gens qui vivent autour des nouvelles constructions ?
05:47 - Alors on est effectivement sur Amédée-Saint-Germain au contact de la ville de Pierre,
05:51 au contact du quartier Amédée-Saint-Crécœur, un quartier très habité
05:54 sur lequel il est indispensable effectivement de consulter la population,
05:58 de la faire participer aux aménagements futurs.
06:00 Et c'est sans doute ce qu'on n'a pas pu prendre le temps de faire au rythme où on allait à l'époque.
06:06 Donc on a réinvesti le sujet, travaillé, d'abord on a recruté une équipe qui est formidable.
06:11 On a aussi des partenaires qui nous accompagnent.
06:14 Et puis on va au contact des habitants, des usagers,
06:18 d'abord pour les interroger sur la première décennie, ce qui s'est passé dans leur quartier,
06:22 vérifier qu'on est à la hauteur de la promesse et vérifier aussi ce qu'il faut améliorer pour la suite.
06:27 Et puis projet par projet, on va aller régulièrement au contact des habitants
06:31 pour leur présenter la physionomie de leur nouveau quartier.
06:34 Je pense qu'effectivement ça a été un effet de sidération de voir ce projet sortir de terre,
06:38 il y a beaucoup de livraison en cours.
06:40 Et puis on va jusqu'au bout, on va mettre en vie les quartiers,
06:43 c'est-à-dire accompagner les commerçants, les habitants qui arrivent
06:45 pour qu'ils prennent possession des lieux et donner effectivement une âme.
06:49 La suite finalement de ces constructions, c'est que les quartiers soient vraiment habités.
06:53 - Mais ça veut dire qu'avec cette concertation,
06:55 les projets peuvent éventuellement être amendés en fonction de l'avis des citoyens ?
06:58 - Sur le secteur Amédée-Sud, le projet a largement été amendé, on l'a amélioré.
07:03 Il faut reconnaître effectivement que demain on aura un espace vert public plus important,
07:09 à la demande des riverains, soutenu par la ville, on a fait effectivement évoluer le projet
07:13 dans les limites des contraintes économiques et physiques de ce secteur,
07:19 qui n'est pas très grand, qui fait 2 hectares et demi.
07:22 Donc c'était effectivement des compromis à faire,
07:24 je crois qu'on est arrivé au meilleur compromis sur ce secteur-là.
07:26 - Alors certains de vos projets sont livrés, on le disait,
07:29 à peu près 5 000 logements déjà livrés pour ce projet.
07:32 Est-ce que vous avez déjà des retours sur la qualité de vie des habitants
07:34 dans ces secteurs déjà investis ?
07:36 - Alors d'abord parce qu'on est au contact des territoires,
07:38 on propose des balades urbaines,
07:40 on a des médiateurs qui nous font des retours à peu près quotidiens,
07:44 mais aussi on a lancé une enquête tous azimuts,
07:47 donc habitants, usagers, gens de passage,
07:49 pour qu'ils nous donnent ce retour d'expérience, ce ressenti de ces nouveaux quartiers.
07:53 On a jusque mi-janvier pour attendre leurs réponses,
07:57 donc voilà c'est une enquête qui passe par plusieurs vecteurs
08:01 pour toucher le maximum de personnes.
08:03 C'était important qu'on audite un peu ces différents quartiers
08:06 et qu'on améliore, là aussi qu'on corrige.

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