RTL ÉVÉNEMENT - À Saint-Omer avec un éleveur qui n'arrive pas à sortir la tête de l'eau

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Regardez RTL Evènement du 19 décembre 2023 avec La rédaction de RTL.

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00:02 Yves Calvi, Amandine Bégaud
00:05 RTL Matin en direct de Saint-Omer.
00:08 Et oui c'est l'événement ce matin, la matinale en direct de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais. Le département vous le savez a été très
00:16 sérieusement touché par les inondations du mois dernier.
00:18 265 communes impactées, 450 000 habitants et parmi eux il y a Olivier Merleau, éleveur à France et près du Touquet.
00:27 Son témoignage nous avait bouleversé, souvenez-vous.
00:31 On est inondé, on a une rivière qui arrive.
00:33 Ça monte encore. On est à 1m80, je ne sais plus rentrer dans les bâtiments, je suis sur la route, je ne peux pas rentrer dans les bâtiments.
00:38 Aussi bien à pied qu'avec mon engin. Les animaux vont mourir, même moi je vais mourir. Tout est à l'eau.
00:44 Tout est à l'eau. C'est impossible à imaginer, à expliquer. Vous ne passez pas avec votre voiture, vous ne passez pas avec vos bottes, il y a personne qui passe.
00:50 On ne peut pas rentrer. Aujourd'hui, là, ils vont mourir si ça ne va pas. Je vous laisse parce que j'attends des pompiers donc je vous laisse.
00:56 L'angoisse, la panique d'Olivier, ça c'était le 7 novembre dernier sur RTL.
01:01 Un peu plus d'un mois plus tard, Antoine Decarnes, vous êtes retourné voir Olivier. Bonjour à tous les deux.
01:05 Bonjour.
01:07 On vous retrouve en direct de l'exploitation d'Olivier. Et pour cause Antoine, en fait, Olivier ne peut pas quitter les lieux.
01:13 Oui, et il ne le peut pas car la crainte de nouvelles montées d'eau sur son exploitation est trop forte.
01:19 Il doit surveiller les tables dans lesquelles nous nous trouvons car l'eau est toujours là.
01:23 Devant nous, de grandes flaques sortent du béton après les trois inondations successives qu'il a subies.
01:28 Olivier a dû vider entièrement l'un de ses quatre bâtiments qui accueillait quelques-unes de ses 350 vaches charolaises.
01:35 Dans ce bâtiment, cette pompe continue encore de tourner 24 heures sur 24 pour pomper les eaux des nappes phréatiques.
01:42 Ces eaux qui remontent du sol depuis maintenant six semaines car les nappes phréatiques sont toujours pleines.
01:47 Et d'autant plus que l'exploitation d'Olivier est en contrebas de la vallée.
01:51 Les nappes sont donc alimentées en permanence par les eaux de ruissellement.
01:55 En fait, l'eau n'a encore jamais réellement quitté son exploitation.
01:58 Olivier, on l'entend, six semaines après ces inondations, le cauchemar pour vous continue.
02:03 Comment allez-vous ? Dans quel état d'esprit êtes-vous ?
02:06 On est au travail, malheureusement on n'a pas le choix.
02:09 On ne peut rien faire de plus, il faut pomper. On continue tous les jours de pomper.
02:13 Les pompes tournent, je ne peux pas quitter l'exploitation aujourd'hui, il n'y a pas plus d'une heure.
02:17 Donc c'est impossible pour m'amener avec vous à Saint-Omer.
02:20 Comprenez bien qu'aujourd'hui on est dans l'eau, l'eau est sous les bâtiments.
02:24 On a cette pompe qui tourne, on a des factures EDF qui sont désorbitantes aujourd'hui.
02:30 Pour nous c'est compliqué.
02:32 C'est compliqué aujourd'hui. Les assurances ont fait le travail.
02:36 Les politiques sont venues, mais pour l'instant, rien.
02:40 Pour l'instant rien. Vous avez été indemnisé par votre assureur ?
02:46 Oui, tout à fait.
02:48 L'assurance est très présente, mais par contre on a eu beaucoup de visites de politiques.
02:53 On nous a dit, aujourd'hui j'estime les pertes à au moins 50 000 euros
02:59 et tous les investissements qui sont à faire pour réparer à plus de 100 000 euros.
03:02 Mais concrètement on nous a dit, faites les travaux et on verra s'il y a des sous dans 6 mois ou dans un an.
03:06 Moi je ne sais pas, c'est comme ça que je travaille.
03:08 Comprenez bien que je ne peux pas investir 100 000 euros en disant on verra si on vous donne quelque chose.
03:14 Ce n'est pas possible.
03:16 On sera en direct au café André, ici même avec Xavier Bertrand, le président de la région,
03:22 dans une petite demi-heure maintenant.
03:24 Si vous aviez une chose à lui dire, à lui demander, qu'est-ce que vous lui demanderiez ?
03:28 Concrètement, lui dire à M. Bertrand, je l'invite à revenir, sa collaboratrice est venue chez moi,
03:33 mais je l'invite à revenir chez moi.
03:35 Mais me dire, dans un mois on est en train de faire les devises sur les travaux,
03:39 qu'on nous dise dans un mois, on va vous donner temps et puis c'est tout.
03:42 On ne va pas nous dire, on verra dans 6 mois s'il y a des cirés et des sous dans la caisse.
03:47 Et vos bêtes Olivier, vous en aviez 350, vous en avez vendu 50 je crois ?
03:52 Oui, tout à fait.
03:55 Pour libérer de la place parce que c'est impossible de les laisser dans l'eau.
03:58 C'est la survie de votre exploitation qui est en jeu, c'est ça ?
04:02 Oui, vous savez j'en fais tous les matins, j'en ai remis dans des étables,
04:05 j'en fais 60 à la main avec des brouettes qu'on faisait il y a 50 ans.
04:10 Je suis tout seul, je commence mon travail d'ouvrage il est 6h le matin,
04:14 et je termine il est 13h.
04:16 Vous voyez, pour donner à manger à 350 animaux,
04:18 donc on fait encore une partie à la brouette, comme on faisait il y a 50 ans.
04:23 Louis Baudin est à mes côtés, on entend ce que nous raconte Olivier,
04:28 c'est cauchemardesque, pourquoi c'est si long de faire baisser l'eau Louis ?
04:31 Monsieur le maire l'a dit tout à l'heure,
04:32 l'altitude moyenne ici c'est entre 0 et 3-4 mètres, pas plus.
04:36 Donc ça veut dire qu'on est au niveau de la mer,
04:38 donc ça veut dire que l'eau a du mal à s'évacuer.
04:40 Et puis ensuite il n'y a pas de pente,
04:42 il faudrait au moins qu'il y ait 10 cm de pente sur 1 km,
04:45 c'est ce que l'on estime pour permettant à l'eau de s'évacuer.
04:48 Là on n'a pas ça, donc ça veut dire qu'effectivement c'est particulièrement long,
04:51 et il faut l'usage des pentes.
04:52 Un grand merci Olivier d'avoir été en direct avec nous ce matin,
04:56 on vous souhaite bien sûr bon courage,
04:57 on pense à vous, à tous ceux aussi qui n'ont pas pu regagner encore leurs habitations,
05:03 ils sont plusieurs dizaines, monsieur le maire nous le disait.
05:05 Merci beaucoup aussi à Antoine Decarne, l'un de nos correspondants.
05:07 et à la prochaine.
05:08 [SILENCE]

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