La COP28 s’est achevée mercredi 13 décembre. Malgré l’annonce en fanfare de la concrétisation du fonds « pertes et dommages », le continent africain reste sur sa faim, notamment sur la question du financement. Les nouvelles promesses d’engagement pour 2030 visant à financer la transition énergétique africaine restent floues. L’analyse du directeur de la rédaction de Jeune Afrique, François Soudan, au micro de RFI.
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00:00 Bonjour François Soudan. Bonjour Catherine. Pour Jeune Afrique il s'agit d'un mauvais bilan africain, pourquoi un tel pessimisme ?
00:11 Très clairement Catherine, ce n'était pas cette COM 28, une COM dont l'Afrique peut se satisfaire. Pas plus je dirais que celle qu'ils ont précédé, à l'exception peut-être de celle de Paris en 2015.
00:20 D'ailleurs comme s'il le présentait, peu de chefs d'état africains ont fait le déplacement. Alors certes il y a eu l'annonce en fanfare de la concrétisation du fonds pertes et dommages.
00:29 Bon, même si ce fonds s'inscrit dans un cadre qui ne prévoit aucune obligation de la part des pays riches et même si les contributions de lancement sont pour l'instant très limitées,
00:38 c'est un premier pas dont les pays africains les plus vulnérables peuvent espérer tirer profit. Le vrai problème Catherine, ce sont les moyens financiers pour l'adaptation à la transition énergétique africaine,
00:48 ce qu'on appelle la finance climat. Et là une fois de plus, le compte n'y est absolument pas si ce n'est via de nouvelles promesses d'engagement à l'horizon 2030 dans ces conditions
00:57 demandées sans compensation adéquate aux pays du bassin du Congo par exemple qui est la seule région absorber net de carbone de la planète ou à des pays comme le Nigeria, le Sénégal, le Mozambique,
01:07 ne serait-ce que de ralentir leur rythme d'exploitation des énergies fossiles alors que 600 millions d'Africains sont encore privés d'électricité comme on le sait.
01:15 C'est à la fois injuste et passablement absurde.
01:18 Et de plus, ce qui est souvent présenté comme l'une des solutions clés pour l'Afrique, c'est-à-dire les crédits carbone utilisés pour financer la transition énergétique,
01:28 cette solution donc ne vous rend pas plus optimiste ?
01:32 Difficile de faire un autre constat. 13 ans après l'accord de Paris, le système de l'ONU est toujours incapable d'établir la méthodologie et les règles claires concrètes d'un marché souverain du carbone
01:43 qui est le seul qui soit moral et transparent. C'est pour cette raison d'ailleurs que la tentative gabonaise de mettre sur le marché 90 millions de tonnes de crédit carbone en 2022
01:52 s'est soldée par un échec. Alors résultat, le continent est la proie d'un marché volontaire du carbone, complètement dérégulé, une sorte de Far West avec ses cow-boys comme la société Emirati Blue Carbon
02:03 qui propose des deals opaques où elles captent 70% des revenus pendant 30 ans.
02:07 Et cela avec d'autant plus de facilité que la quasi-totalité des pays du continent ne dispose d'aucune loi, d'aucune réglementation concernant la vente et la taxation des crédits carbone.
02:17 On attendait que la COP se penche sur ce problème. Elle a à peine effleuré, Catherine.
02:22 Dernier point, François Soudan. Emmanuel Macron a voulu faire preuve d'initiative pour l'Afrique en annonçant la conclusion de paquets forestiers avec deux pays du bassin du Congo.
02:33 Alors de quoi s'agit-il exactement ?
02:35 On sait que la préservation des puits de carbone, la biodiversité, c'est l'un des nouveaux mantras d'Emmanuel Macron, particulièrement depuis le One Forest Summit de Libreville au début de cette année à Dubaï.
02:45 Il a effectivement annoncé avec différents partenaires l'amorçage de deux paquets forestiers, l'un de 62 millions de dollars avec l'Afrique du Congo, l'autre de 50 millions avec le Congo, Brazaville.
02:56 Ce qui est très bien, mais là encore, on ne connaît pas avec précision la provenance de ces fonds, quand et comment ils vont être mobilisés, comment et avec qui ces partenariats ont été négociés.
03:05 tenter qu'il l'ait été réellement et avec les bons interlocuteurs.